La représentation camerounaise a accordé une subvention à TC en vue d’une mission de veille sur les élections présidentielles
Assurer la veille des opérations électorales
Transparency International (TI) au c ur du processus électoral camerounais. Les représentations camerounaises de l’Union Européenne et de TI, ont signé jeudi 28 juillet 2011 un contrat de subvention. Le contrat d’un montant de 196 millions de francs CFA oblige Tansparency Cameroon à observer et assurer le suivi de l’élection présidentielle prévue cette année à l’effet de s’assurer que le scrutin sera libre et transparent. Les missions de TI dans cet engagement sont la sensibilisation des citoyens aux enjeux des élections, l’incitation des populations à l’inscription sur les listes électorales, l’information et la formation des journalistes d’investigation à l’effet de rendre compte de l’élection de manière professionnelle et enfin de veiller à la transparence électorale sans oublier la formation et le déploiement des observateurs sur le terrain. Le contrat dure sur une période de huit mois. Il représente une partie de la somme globale du programme européen d’appui au processus électoral au Cameroun. Le gouvernement camerounais et l’UE ont signé une convention y relative au début du mois de juillet 2011.
La démocratie n’est pas une chose acquise, il faut constamment la travailler, et de nombreux évènements sont toujours là pour nous le rappeler. Mais au final, c’est aux peuples qu’il appartient de décider de leurs avenirs respectifs. Pour nous c’est un plaisir de soutenir TI-Cameroon, ils ont déjà fait leur preuve.
Raul Mateus, représentant de l’Union Européenne
L’enveloppe globale de ce programme est de plus d’un milliard de FCFA. La même enveloppe devrait apporter du soutien à ELECAM et d’autres organisations de la société civile. Satisfaction de Charles Nguini, le président de Transparency Cameroon. « Je tiens à remercier l’Union Européenne pour cette marque de confiance, et je peux déjà dire que ce soutien financier et une dette que nous nous devons de rembourser en étant à la hauteur de notre mission », a-t-il déclaré.
Une situation électorale encore confuse
Cette subvention intervient alors que la date des élections n’est pas encore connue au Cameroun. A deux mois de la fin du deuxième septennat du président Biya au pouvoir depuis 29 ans, aucun des candidats des partis considérés comme les plus grands n’est encore officiellement connu. Dans les coulisses on annonce des tractations au sein du RDPC pour mobiliser les troupes autour de leur Chef et candidat naturel, Paul Biya. Dans de nombreux médias, l’unanimité est presque faite sur la probabilité d’un report des élections et de nombreuses divergences persistent encore. Beaucoup de personnes dans l’opposition considèrent une candidature de Paul Biya illégitime. Dans cette frénésie, Transparency se veut un observateur neutre. Pour Me Nguini, il n’est pas question qu’un parti fusse-t-il de l’opposition, ne se conforme pas à la loi durant ces élections.
Les moyens ne nous permettent pas un déploiement à l’étranger, je ne crois pas que même ELECAM (l’organe en charge d’organiser les élections au Cameroun) aura la possibilité d’intervenir efficacement de ce côté-là.
Charles Nguini, le président de Transparency Cameroon
Le mandat de Transparency ne couvre malheureusement que le territoire national. Pourtant plusieurs observateurs politiques le disent, c’est à l’international que pourrait intervenir la masse des fraudes car le nombre de camerounais concernés par le vote de la diaspora est très mal connu. ELECAM ne pouvant pas se déployer à l’international, ce sont des représentants de l’administration nommés par décret ou arrêté, qui devront faire le travail d’organisation des votes, avec une expertise limitée.
Des représentants de l’Union Européenne et de transparency Cameroon Journalducameroun.com)/n
Jean Baptiste Nguini Effa a été appréhendé avec des coauteurs présumés
Le tribunal devrait statuer aujourd’hui
La presse locale ne lui avait donné à raison, que quelques temps de liberté. On l’a souvent revu sur les plateaux de télévision, parlant de sports, et surtout de l’équipe de football dont il était le promoteur. De sources policières, Jean Baptiste Nguini Effa a été arrêté mercredi à Yaoundé pour détournement de fonds publics présumé. Les mêmes sources indiquaient qu’il devrait être déféré ce jeudi devant les tribunaux. Six anciens collaborateurs de l’ancien Directeur Général, ont aussi été arrêtés. Tous sont soupçonnés de détournements de deniers publics à la SCDP, l’entreprise parapublique camerounaise en charge des dépôts pétroliers.
15 ans à la tète de la structure
Avant son limogeage en juin dernier, Jean baptiste Nguni Effa avait passé Quinze ans aux commandes de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP). Une gestion qui a été marquée par des hauts et des bas. A son arrivée à la direction de la structure, il a engagé des projets de modernisation, l’augmentation de la capacité de stockage, les travaux de sécurisation des sites de dépôts. C’est aussi sous sa direction qu’a eu lieu la catastrophe de Nsam. 150 personnes avaient trouvé la mort en allant récupérer du carburant qui s’échappait d’un train déraillé. Le directeur avait essuyé de nombreuses critiques, mais avait obtenu la confiance du conseil d’administration. mars 2009, le Conseil de discipline budgétaire et financière (CDBF) du conseil supérieur de l’Etat lui impute des fautes graves de gestion, et le condamne à rembourser près de 800 milliards de francs CFA et à payer 2 millions d’amende.
Sur la pression des bailleurs de fonds, le gouvernement camerounais a lancé en 2004 l’opération anti-corruption Epervier qui a déjà entrainé l’arrestation et la condamnation ou la mise en détention de plusieurs hauts fonctionnaires et d’anciens ministres. Des efforts que de nombreuses ONG locales, une majorité de la presse locale et certaines représentations diplomatiques trouvent insuffisants. Ils estiment que le niveau de la corruption demeure élevé au Cameroun et que la volonté politique de la combattre est très limitée. Si l’ex DG passe aujourd’hui devant le juge, ses complices et lui devrait se retrouver à la prison centrale de New-Bell à Douala, pour une détention qui durera un temps très long.
Fils de… Il a refusé d’adhérer à la religion du luxe tapageur qu’il considère comme celle des parvenus. Portrait
Le comité national de lutte contre l’inertie, une Organisation de la société civile a jeté son dévolu sur Eric Mathias Owona Nguini. Les artisans de cette initiative ne sont autres que Mbombog Mbog Bassong, égyptologue et Joseph Marie Eloundou, président du Comité national de lutte contre l’inertie et président de la coordination pour la défense de la démocratie et de la constitutionnalité. Portrait.
La position sociale de ses parents aurait pu lui procurer un train de vie épicurien. Mais, il a choisi sa trajectoire : celle des idées et de la science. Ma mère me raconte que lorsque j’étais enfant, je me plaisais très souvent à feuilleter les journaux et les magazines à la maison. Une attitude pour le moins inhabituelle pour un être de cet âge là. Pourtant, et il le dit d’ailleurs lui-même: ma vocation était dessinée depuis l’enfance. Aujourd’hui encore, les livres et les écrits occupent la plus grande partie de son temps. C’est dire si sa trajectoire est sans ambigüité: Il est un être intellectuel.
Né le 28 Février 1969 à Paris, Mathias Eric Owona NGUNI fait l’essentiel de ses études maternelles, primaires, secondaires et universitaires au Cameroun. Le petit Mathias qui s’accoutume à la lecture de Jeune Afrique et du Nouvel Observateur dès l’âge de 6 ans n’a aucun mal à étudier ses leçons. Il engrange tous les diplômes de son exceptionnel cursus. En 1979, il décroche le Certificat d’Etudes Primaires et Elémentaires (CEPE), ceci, après avoir survolé la classe de CMI. Quatre ans plus tard, il obtient le Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC). En 1985, il est reçu au probatoire A4 Espagnol et complète son cursus secondaire avec un Baccalauréat A4 Espagnol. Il engage ensuite un parcours universitaire sans faute et glane une licence en Droit Public en 1989, un diplôme de Maîtrise à l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux parallèlement à une Maîtrise en Sciences Politiques à l’université de Yaoundé II en 1990. En 1991 à 22 ans, il acquiert sans coup férir, un diplômes d’Etudes Approfondies (DEA) en Etudes Africaines. Un véritable marathon académique couronné par un doctorat de Science Politique Nouveau Régime qu’il soutient le 26 Septembre 1997 à Bordeaux IV avec la mention Très Honorable. Sa thèse de doctorat qui porte sur la sociogenèse de l’ordre politique au Cameroun, entre autoritarisme et démocratie est une gigantesque production intellectuelle de 1700 pages. L’université de Yaoundé II lui ouvre les portes en 1998. Il est recruté en Mars de cette année là et devient chargé de cours assistant en Juin de la même année. En 2000, il est promu chargé de cours. Scientifique de haut vol, il est extraordinairement fécond en nombre et en qualité pour ce qui est des publications scientifiques. L’universitaire révèle qu’il est incapable de déterminer avec exactitude le nombre de ses productions scientifiques. Des articles scientifiques pour la plupart qu’il écrit avec « toute la puissance » de son être. A-t-il des préférences pour quelques uns de ses travaux ? « Pas vraiment » répond t-il mais se dit tout de même fier d’avoir écrit sur « les juristes savants et l’Etat de droit » ainsi que sur « le pouvoir perpétuel en Afrique Centrale ».
Être un intellectuel total
C’est entre ses prestations académiques à l’université de Yaoundé II, les conférences qu’il anime au Cameroun et à l’étranger, les débats dans les médias nationaux et internationaux auxquels il participe, la Fondation Paul Ango Ela où il effectue des recherches qu’il passe le clair de son temps. Une véritable surcharge dans un emploi de temps très serré où il y a à peine de la place pour sa femme Hélène Laure avec qui il est marié depuis le 31 Décembre 2005. Celle-ci, conscient de ses passions et de sa vocation essaie de s’y adapter. D’ailleurs, son capital scolaire et intellectuel qui s’élève au niveau doctoral, l’amène à comprendre. Si Hélène Laure doit gérer les absences et les multiples occupations du docteur en Sciences Politiques, elle doit aussi gérer le caractère iconoclaste de ce conjoint qui s’illustre par des prises de position souvent incendiaires vis-à-vis du régime gouvernant au Cameroun. En effet, Mathias Eric Owona Nguini est bien connu pour ses positions très critiques vis-à-vis du régime de Paul Biya. Une véritable rupture avec son père Joseph Owona qui est l’un des barons de ce régime. Entré au gouvernement en 1986 comme secrétaire général adjoint de la présidence de la République, Joseph Owona a été ministre à l’Education nationale, à la Santé publique, à la Jeunesse et Sports, au contrôle supérieur de l’Etat, à l’Enseignement supérieur. Il a aussi secrétaire général de la présidence de la République. Une très longue aventure dans le sérail qui prédispose Owona fils à faire preuve de complaisance à l’endroit du régime de Paul Biya. Mais, le Doc tient à marquer son indépendance. Ce n’est pas parce que mon père était un hiérarque du système que je suis obligé de le suivre ou de reproduire sa propre trajectoire déclare t-il. Une indépendance d’esprit qui, on peut le présumer, n’est pas du goût de son père avec qui, les relations ne sont pas au beau fixe pour le moment. Et si certains l’accusent régulièrement de « s’être servi à la table du système », il répond sans ménagement que ceux qui tentent de l’intimider ou de le dissuader sont voués à l’échec. Pas même son épouse Hélène Laure ne pourrait réussir à influencer ses prises de position même si, reconnaît-il, elle le fait « par souci de protection de son conjoint ». Pour lui, un intellectuel doit exercer une fonction critique vis-à-vis de la société dans laquelle il vit. Une fonction critique qui l’expose pourtant à d’éventuels démêlées. Toutes choses qu’il ne craint pas. Je n’ai pas à craindre, j’ai à penser. C’est la puissance de la pensée qui me pousse. Ça veut dire que même si je veux trahir mes convictions, je ne pourrai pas le faire martèle t-il. A l’endroit de ses collègues universitaires qui font allégeance au pouvoir, il est particulièrement amer. Ce sont des courtisans lettrés, ce ne sont pas des intellectuels. Ils ne sont pas dotés d’une raison éclairante lâche t-il. Le doc tient à se démarquer et précise pour l’analyse : Au Cameroun, on s’attend à ce que les universitaires ne soient pas toujours critiques. On s’attend même à ce qu’ils soient notoirement complaisants. Cette intellectualité s’exerce par un militantisme de rue ou de terrain.
Le regard critique que jette Mathias Eric Owona Nguni sur la société camerounaise n’est pas orientée sur qui que ce soit en particulier aime t-il souvent rappeler. L’exercice de la critique vise à interpeller plutôt qu’à jeter l’anathème. Je n’en veux à personne en particulier souligne t-il, comme pour répondre à ceux qui penseraient qu’il est un opposant au président camerounais Paul Biya.
Un authentique bourgeois
Fils d’ancien ministre et d’ancien secrétaire général à la présidence de la République, Mathias Eric Owona Nguini étonne par ses allures et son mode de vie. C’est avec surprise que je le vois souvent dans un Taxi. On ne peut pas dire qu’il n’a pas les moyens de s’acheter une voiture s’étonne Simon, un étudiant. Pour Owona Nguini, la démarche est pourtant claire, ne pas céder à l’obsession du « fétichisme matériel ». si je roulais en Hummer, on dirait que c’est nous qui avons pillé le pays. Voilà que maintenant, on se plaint de me voir emprunter les taxis. Avec un peu d’effort, je peux m’acheter une voiture. Pour Owona Nguini, c’est une attitude normale pour lui de dominer les besoins matériels et basiques. Une attitude qu’il rattache à ses origines bourgeoises. « Sans prétention aucune et sans modestie surfaite, je crois que je fais partie de la première génération camerounaise des bourgeois authentiques au sens de Weber ». Au sens de Weber explique t-il les bourgeois authentiques sont ceux qui, de part leurs origines aisées, ne s’intéressent plus aux biens matériels. Moi, je ne suis pas obsédé par le fétichisme des biens matériels et de consommation clame t-il. Pour lui, ceux qui s’illustrent par un étalage notoire de leur richesse sont des parvenus. « Ce sont des gens qui ont vécu la menace de la pauvreté et ont peur d’y retourner » analyse t-il, ajoutant que, une bonne partie de notre élite a des origines prolétaires mais n’en a pas moins développé l’arrogance d’une classe de parvenus. Une carrière politique ou administrative en vue? Le doc n’en rêve pas. « Je suis un esthète, un stratège, un organisateur, un penseur. Je ne suis pas formaté pour être un homme patrimonial de bureau » répond t-il sans hésitation.
La pertinence des analyses sur les questions de droit, de sociologie et de politique tant nationale qu’internationale, lui ont valu d’être un interlocuteur de choix, très sollicité par les médias En effet, il ne se passe plus une seule semaine sans que sa voix déjà bien connue au Cameroun ne résonne dans la champ médiatique national et même international. Mais, Mathias Eric est surtout réputé pour sa parfaite maîtrise de la langue française et singulièrement pour les pirouettes sémantiques qu’il sert régulièrement à ceux qui l’écoutent. Il appelle cela un « ton seigneurial ». Certains apprécient et sont même subjugués par la dextérité langagière de cet universitaire dont l’art oratoire fascine, d’autres auditeurs et lecteurs par contre trouvent que son style est trop aérien et que ses propos sont très peu accessibles. A ceux là, il répond : Quand j’écris, je le fais avec toute la puissance de mon être. C’est pourquoi, mon écriture peut paraître plus exigeante. C’est aussi parce qu’elle exprime la subtilité et la complexité de mon regard sur le monde. C’est parce qu’elle est enfin la trace d’une vaste culture qui s’est forgée en moi. D’ailleurs, le doc dit être « sur terre ». « J’ai été élevé avec une fibre populaire et même populiste. Ce qui veut dire que je n’ai pas du mépris ou regard paternaliste sur les gens ordinaires. » Une modestie qu’il doit en grande partie à ses parents qui ne l’ont jamais coupé des racines.
Quoi qu’il en soit, Mathias Eric est un personnage atypique qui est, et sera, éternellement rattrapé par le brillant parcours politique et administratif de son père et surtout l’appartenance de celui-ci au régime politique actuel. Même si l’option de démarcation sociale et idéologique qu’il a choisie est parfaitement visible, ses origines bourgeoises continuent d’être le prisme à travers lequel la société le regarde. Il se demande régulièrement s’il pourra s’en départir.