Lettre ouverte aux parlementaires, à propos du budget

Par Dieudonné Essomba, Ingénieur statisticien

Honorables Parlementaires,
Je me permets de vous adresser cette lettre ouverte, après celle adressée à l’attention du Chef de l’Etat en 2012, dans laquelle je mettais les pouvoirs publics en garde contre l’amplification irréversible de la sous-consommation des crédits, montrant alors l’impossibilité technique de surmonter ce phénomène si des solutions relatives à l’architecture économique du Cameroun n’étaient pas prises. J’ai pensé qu’en m’adressant à vous, Députés et Sénateurs, dignes représentants de la Nation camerounaise, plus libres et moins procéduriers que la bureaucratie, vous prendrez mieux la mesure du problème et pourrez imposer les mesures nécessaires pour redresser la situation. En effet, comme je l’ai démontré à maintes reprises au MINEPAT où j’ai été cadre avant ma retraite, comme je l’ai soutenu dans un grand nombre de médias, et comme je l’ai expliqué dans ma correspondance ci†dessus évoquée au Chef de l’Etat, ce que nous appelons «sous†consommation des crédits» est l’une des conséquences directes du déficit commercial du Cameroun qui, en 2013, a atteint le montant effrayant de 1300 Milliards, soit 50% des recettes d’exportation! Le lien entre le budget et le déficit commercial se comprend aisément si on imagine que le Cameroun fonctionne avec une monnaie inconvertible, comme c’est le cas pour un grand nombre de pays: tous les pays d’Asie du Sud†Est, y compris la Chine, mais aussi la majorité des pays africains ne faisant pas partie de la Zone Franc (Ghana, Nigeria, Kenya, Zimbabwe, Maroc, etc.)

Si le Cameroun était dans ce cas de figure, il achèterait les biens à l’extérieur, non plus avec son argent, mais avec ses devises, c’est†a†dire, l’argent de ses principaux partenaires gagné à la suite des exportations (et aussi des modiques transferts de sa Diaspora, des dons résiduels et des maigres recettes touristiques): l’euro, le dollar, le yen ou la livre sterling. Nous aurions donc un stock d’argent extérieur qui nous apparaîtrait clairement comme notre capacité réelle à importer les biens des autres. Nous comprendrions alors plus facilement que si nous dilapidons ce stock de devises en achat de bibelots que nous pouvons produire sur place, mais aussi en importations de bouteilles de champagne et de véhicules luxueux, il n’y aurait plus rien pour acheter les bulldozers ou les turbines qui relèvent de l’investissement productif.

L’impossibilité de réaliser les investissements avec de tels achats nous apparaîtrait de manière si claire et si indubitable que nous prendrions automatiquement des mesures pour consacrer nos devises à l’utile, à savoir les machines productives et quelques biens technologiquement trop évolués pour nos capacités. Or, quoique nous ne le sachions pas, le Cameroun est dans le cas de figure d’un pays qui dilapide ses devises pour des achats inutiles. La seule nuance est qu’avec le CFA, la contrainte n’apparaît pas de manière aussi visible qu’avec une monnaie nationale non convertible. Le CFA nous permet en effet de consommer un peu plus en utilisant la crédibilité de la Zone, mais évidemment, ce surplus qui prend la forme de déficit commercial est une dette. Malgré sa souplesse, le CFA ne révoque pas le principe fondamental des échanges qui veut qu’un pays ne peut acheter à l’extérieur qu’à concurrence de ce qu’il a vendu, car dans ce monde dur et méchant, il n’y a pas de place pour les pays parasites et mendiants.

On en déduit qu’un pays technologiquement dépendant, qui cumule un déficit commercial aussi abyssal comme le Cameroun, n’est plus capable de réaliser son budget d’investissement,
car il ne dispose simplement plus de quoi payer les machines à l’extérieur. Malheureusement, une mauvaise compréhension des mécanismes économiques plombe le Cameroun dans un budget réaliste dans son volume, mais totalement irréaliste dans son contenu en devises. Cette mauvaise démarche a été favorisée par une perception très amatrice de l’Economie, l’illusion que la seule volonté politique peut entraîner le développement au mépris des lois fondamentales de l’économie, mais elle a surtout été alimentée par les explications erronées et
soporifiques de faux économistes qui écument le Cameroun, prétendant que le Cameroun disposent des réserves en devises! On confond la trésorerie avec la situation financière d’un pays! Une entreprise peut disposer d’un compte créditeur sur lequel elle tire des chèques pour assurer quelques paiements immédiats, mais cela ne signifie pas qu’elle n’est pas surendettée. Il y aura bien un moment où ces dettes viendront à échéance, et l’entreprise se retrouvera en faillite.

C’est exactement le cas du Cameroun dont le compte en devises peut maintenant apparaître créditeur, simplement parce que ses engagements ne sont pas encore à terme. En définitive, ce que nous appelons sous†consommation des crédits d’investissement n’est que l’expression d’un manque de devises, consécutif à la dilapidation des maigrichonnes recettes par une élite jouissive. Nous avons créé une élite impotente, bloquée dans des activités de paperasse et de bavardage, qui se fait appeler «classe moyenne», au mépris de la signification sociologique et économique du concept: la classe moyenne est celle qui produit ce qu’elle consomme. Ainsi, si les ouvriers qualifiés, les techniciens et les agents de maîtrise dans les pays émergents et développés sont considérés comme une classe moyenne, c’est simplement parce qu’ils fabriquent les biens qu’eux-mêmes consomment: congélateurs, voitures, téléviseurs, etc.

Au Cameroun, la prétendue «classe moyenne» est formée d’individus qui s’imaginent que leurs diplômes leur donnent le droit de s’emparer des maigres devises travaillées par les paysans (cacao, café, coton.) pour alimenter un mode de vie parasitaire et somptuaire, alors que leur apport économique est nul. Or, depuis que ce problème est apparu il y a cinq ans et que le Chef de l’Etat lui†même l’a dénoncé, l’administration s’est bornée à organiser des séminaires dispendieux où se retrouve une cohue de «bayam sallams» aux foulards multicolores, des chefs traditionnels recouverts de chéchia et des fonctionnaires prétentieux, un véritable cirque où des clowns rabâchent leurs puériles et simplistes explications: immaturité des projets, lourdeur des procédures, faiblesse du privé local, etc.

Des explications tout à fait surréalistes et qui laissent de côté deux questions essentielles:
Première question: le Cameroun a exactement 54 ans. De 1960 à 1987, alors qu’il sortait d’une guerre éprouvante d’indépendance, que le niveau intellectuel était faible, avec des Directeurs et des Ministres qui avaient au mieux le niveau du CEPE, une seule Université en construction, une population essentiellement analphabète et paysanne, le pays a pu réaliser pratiquement toute son infrastructure productive actuelle: les grands stades Omnisport, les immeubles ministériels, le Transcamerounais, les grandes routes transrégionales bitumées, les Ecoles de Formation, et plus de 200 puissantes entreprises d’Etat. A contrario, au cours des 26 années suivantes, soit de 1988 à 2014, les quelques maigres réalisations se sont limitées au domaine social, le moindre investissement productif réclamant des efforts surhumains. Est†ce à dire que les premiers Camerounais étaient plus compétents pour faire des projets matures et alléger des procédures que les Camerounais actuels?

Deuxième question: au Cameroun, le circuit de la collecte des recettes est différent du circuit de la dépense; et le fait que les dépenses n’aient pas été réalisées n’empêche pas la collecte des recettes prévues. Alors, si les routes et les écoles prévues n’ont pas été réalisées et qu’au même moment, les recettes ont été collectées comme l’affirment péremptoirement les collecteurs d’impôts (Douane, Impôts), où est donc parti l’argent qui a été collecté pour les réaliser? Comme il est de notoriété publique que les caisses de l’Etat sont dans un état souffreteux, on ne peut envisager que trois hypothèses:
†soit les projets finissent par être réalisés, auquel cas nous nous trouvons devant un simple décalage dans le temps, ce qui se verrait et ne justifierait plus les préoccupations ; †soit il y a effectivement sous-consommation des crédits, auquel cas le Gouvernement doit justifier l’inexistence des sommes décaissées;
†soit, la vraie raison échappe aux économistes administratifs, ce qui à notre sens, est plus que vraisemblable. Plus vraisemblable en effet, car lorsqu’on regarde notre pays, on se rend compte que nous importons tout, y compris des choses aussi élémentaires que le Cameroun produisait il y a cinquante ans, et quelquefois, avant même l’Indépendance! Les ustensiles de cuisine, les babouches, les sacs, le mobilier, les réfrigérateurs, les postes radio, les vélos.

Nous importons tout, y compris les balais et les cure-dents! Les choix de nos pouvoirs publics ont transformé le Cameroun en un toutou entre les mains des idéologues mondialistes de Brettons†Woods, notre politique économique se bornant à ânonner des concepts mystérieux comme la compétitivité. Notre pays est devenu une poubelle à ciel ouvert, dans laquelle le monde entier vient déverser ses rebuts, réduisant à néant toute possibilité de créer une industrie manufacturière, seul secteur capable de répondre à une demande explosive de l’emploi dont la demande grossit à l’effarant rythme annuel de 260.000 emplois. La seule perspective d’y répondre se borne à quelques maigres strapontins mal payés dans l’administration publique, le reste allant grossir l’armada en guenilles des distributeurs de la brocante européenne et de la pacotille chinoise. Le pays est rongé par le phénomène de Verrou de la Contrepartie Extérieure, une situation pathologique où le moindre point de croissance se traduit par une massive hémorragie des devises, le système productif étant incapable de retenir le pouvoir d’achat qu’il tente de créer.

La conséquence est un déficit commercial explosif qui prend une dimension abyssale, générant la perte de crédibilité internationale du Cameroun, l’effet répulsif sur les Investissements Directs Etrangers, le refuge de l’épargne nationale dans les Banques, l’incapacité de réaliser le budget d’investissement, une croissance statistique sans impact sur le bien†être, et, en filigrane, un autre ajustement structurel. Dans ces conditions, il est techniquement impossible que le Cameroun atteigne un taux de réalisation de 25% de son budget d’investissement en 2015. Il faudrait craindre pire, car le système productif est devenu tellement malade que même les dépenses de fonctionnement seront gravement affectées, aggravant l’oisiveté qui se constate déjà dans les administrations publiques, faute de ressources. Même le paiement des salaires, dernier point d’honneur du Gouvernement, court un risque considérable de retard, voire d’interruption et, au rythme actuel, on ne voit pas très bien ce qui pourrait arrêter la spirale infernale. Il est impératif de mettre fin à cette dramatique fuite en avant qui n’est dans l’intérêt de personne et qui, par ailleurs, sera imputée non seulement au Chef de l’Etat et son Gouvernement, mais à vous aussi qui êtes les représentants de la Nation. Votre responsabilité n’est pas moindre que la leur, car vous bénéficiez d’une légitimité nationale analogue et de plus, vous avez la mission d’encadrer leur action.

C’est pourquoi vous voudriez bien exiger du Gouvernement une politique claire qui rétablisse la balance commerciale dans les plus brefs délais, condition indispensable pour restaurer les capacités d’investissement du Cameroun et élargir le volume d’emplois décents. Pour ce faire, une démarche consisterait à interdire purement et simplement l’importation de tous les biens que le Cameroun est capable de produire, car contrairement aux thèses mensongères des imposteurs, aucun de ces biens ne relève de la saine compétition promue par les règles de l’OMC. Dans un grand nombre de pays, la brocante est interdite et son importation est punie par la peine de mort, car aucun pays sous†développé ne peut bouger avec ce mode d’approvisionnement. De telles mesures s’opposent à la logique de la démagogique «lutte contre la pauvreté» qui ouvre les frontières au motif que les biens importés coûtent moins cher, mais qui détruit toute marge de man uvre du pays, assèche toutes les possibilités de production et d’emploi, et finit à terme par rattraper les auteurs.

Il faudrait aussi limiter ce train de vie somptueux des élites locales qui confine à l’agression et à l’injure, car la prétendue liberté sur laquelle on prétend mener ce mode de vie ne se fonde absolument sur rien, et il est parfaitement criminel de jouir d’une prétendue liberté qui bloque indéfiniment la communauté dans la misère, avec le risque de détruire l’ensemble du fragile édifice. Le Cameroun est un pays en construction, et sa démocratie doit être une démocratie de création d’une richesse qui n’existe pas encore, contrairement aux démocraties occidentales qui sont des systèmes dont la vocation est de gérer une richesse déjà créée.

Binarisation de l’économie camerounaise.
Un tel choix demande une gouvernance intelligente et des sacrifices de court terme qui seront
rémunérés à moyen et long terme, des sacrifices utiles et acceptés, afin d’éviter les conditionnalités rugueuses du FMI qui ne manqueront pas de venir si nous persistons dans nos erreurs. Mais si, pour des raisons politiques ou opérationnelles, ces mesures dures vous rebutent, vous pourrez obtenir le même résultat par la binarisation du système productif. Dans ce cas, vous voterez une loi obligeant le Gouvernement à émettre une deuxième monnaie qui circulerait ensemble avec le Franc CFA, mais qui aurait la caractéristique de n’acheter que les biens locaux, ou les dépenses locales contenues dans un bien. Par exemple, le ciment fabriqué au Cameroun pourrait être vendu soit avec un billet de 5000 FCFA, soit avec un billet de 2.000 FCFA et 3.000 en cette monnaie locale. Pour crédibiliser cette monnaie, il suffirait de fixer les parts possibles à utiliser pour payer les services publics (impôts, amendes, inscriptions dans les Lycées, etc.) et les grands services contrôlés par l’Etat (électricité, eau, téléphone filaire, voyage par trains, etc.).

D’un point de vue technique, une telle monnaie est un système de bons d’achat, qui rappelle les bons d’essence, mais avec un champ d’usage plus grand et l’apparence d’une monnaie véritable. On pourrait adopter les mêmes coupons que le CFA, en la spécifiant avec une barre rouge ou des couleurs différentes. Le système n’a rien d’exotérique puisqu’il existe des analogues en Suisse où on utilise le WIR et le Franc Suisse, à Ithaca aux USA (dollar et Hour), en Bavière en Allemagne (le Chimgaüer et l’Euro), dans beaucoup de régions au Brésil, au Canada, etc.

Une délégation de Parlementaires pourrait faire un tour dans ces endroits pour se convaincre des capacités d’un tel système, dans le but de l’ériger au Cameroun en un modèle institutionnel de gouvernance économique. Evidemment, la mesure s’accompagnera de mesures spécifiques pour créer au plus vite une production locale, ce qui ne présente pas de grande difficulté dès lors que le système est mis en place. La Monnaie Binaire réalise une protection absolue impossible de fracturer, à l’opposé des autres formules de protection. Le titulaire d’un tel argent ne peut rien faire d’autre que de l’utiliser pour les biens locaux, que cela lui plaise ou non, ce qui génère un marché captif totalement hermétique et capable de faire survivre une industrie nationale viable, même au milieu de la compétition la plus rude et la plus irrégulière. Son immense avantage est qu’elle paralyse les chiens de garde de la mondialisation que sont l’OMC, le FMI, la Banque Mondiale et neutralisent les mesures suicidaires des APE, tout en clouant le bec aux perroquets locaux qui répètent le charabia de la compétitivité pour être bien vus de leurs mentors, et bénéficier des stages, des per diem et des financements pour des prétendues recherches qui ne sont que des triturations intellectuelles des théories dévoyées. De fait, nous n’interdisons à aucun commerçant et à aucun producteur, étranger ou local, de ne pas prendre cet argent; mais il le ferait à ses risques et périls, car cet argent ne sort jamais du Cameroun.

Sur le plan des coûts, les seules dépenses se réduisent à l’émission de ces titres dont le volume maximum représente 20% de la masse monétaire. Ce volume est suffisant pour nettoyer le Cameroun de tous ces bibelots qui aspirent la substance productive du pays comme autant de tiques. L’expérience de Monnaie Binaire est également réversible, car si des problèmes importants se posent, il suffirait de retirer la monnaie locale qui n’est tout compte fait, que des bons d’achat gagés sur le CFA. Elle est également divisible, ce qui permet son expérimentation à l’échelle d’une région ou d’un secteur d’activité. La Monnaie Binaire présente également un immense intérêt macroéconomique sur trois plans :

En premier lieu, elle donne la possibilité au Cameroun de mener une politique monétaire d’une qualité nettement supérieure à celle de la monnaie souveraine, légitimement revendiquée par un grand nombre d’économistes. Avec elle, on peut équilibrer la balance courante sans recourir à la dangereuse dévaluation compétitive qui peut basculer dans une spirale récurrente et détruire la monnaie, mais en jouant simplement sur la modification des deux masses monétaires. Par exemple, pour réduire le déficit actuel, il suffit de retirer une partie de CFA normal en lui substituant une quantité équivalente de monnaie locale.

En second lieu, elle autorise une politique de relance par la consommation, à travers notamment l’augmentation des salaires publics et la restauration des bourses dans les Universités locales, sans la crainte de voir cet argent se déverser à l’extérieur en achats de riz thaïlandais, de jouets chinois ou de vieux habits européens, entraînant l’endettement du pays. En troisième lieu, elle permet de sortir le Cameroun du piège actuel des arriérés de paiement, car il suffirait de remettre au créancier des Obligations à Coupons Zéro comme dans les années 1990, avec un terme de paiements en CFA, mais avec la possibilité de les reconvertir immédiatement en monnaie locale.

Un autre intérêt évident de la Monnaie Binaire, et non des moindres, est qu’il serait d’une extrême imprudence de confier la gestion d’une monnaie souveraine à l’élite administrative actuelle dont la cupidité est passée dans la légende et qui s’est signalée par une incapacité radicale à résister à l’attrait des ressources publiques. La Monnaie Binaire est une opération technique dont l’efficacité potentielle est immense, mais son apport réel dépendra de la qualité du dispositif visant à le mettre en uvre. C’est pour cette raison que vous demanderez au Gouvernement de réduire l’excessive politisation et d’imposer une plus grande professionnalisation de la chaîne de décision économique, aujourd’hui égarée entre les mains d’amateurs bouffons perdus dans leurs illusions primaires qu’ils prennent pour des réalités économiques.

Voilà, Honorables Parlementaires, ce que vous propose un citoyen assez éclairé pour voir la bourrasque de feu dont les lueurs pointent déjà à l’horizon. Il n’est ni de l’intérêt du Chef de l’Etat et de son Gouvernement, ni des Parlementaires, ni du peuple camerounais tout entier que notre pays bascule dans la contestation insurrectionnelle que caressent et attisent nos ennemis, pour n’avoir pas su fournir des solutions idoines au dramatique problème de l’emploi et du pouvoir d’achat des citoyens que vous êtes censés représenter.

Dieudonné Essomba
Journalducameroun.com)/n