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Du sentiment anti-français à l’éloignement de la France

En analysant l’expression "sentiment anti-français" chère à Macron que le sociologue Gabonais Joseph Tonda décrit comme un "chantage affectif »,…

En analysant l’expression « sentiment anti-français » chère à Macron que le sociologue Gabonais Joseph Tonda décrit comme un « chantage affectif », on retrouve dans le même registre, l’expression de Sarkozy « la France, tu l’aimes ou tu la quittes ».

Dans une tribune libre le cinéaste Jean-Pierre Bekolo fait l’analyse suivante : En psychanalyse, le chantage affectif implique souvent une tentative de manipulation émotionnelle visant à obtenir une validation ou une réponse spécifique de l’autre partie.

Dans ce contexte, Tonda suggère que la France cherche à susciter des sentiments d’amour ou d’attachement de la part de ses anciennes colonies, notamment des Africains. On peut interpréter cela comme une tentative de manipulation des émotions pour maintenir une relation particulière.

Pour Joseph Tonda le simple fait de se plaindre du « sentiment anti-français » révèle une part de narcissisme persistant dans la relation entre la France et ses anciennes colonies. La France semble vouloir se « reconnaître » et s’aimer à travers le regard des « Noirs » d’Afrique. Sur le plan psychanalytique, cela renvoie à un besoin de gratification narcissique de la part de la France, qui cherche une image positive d’elle-même reflétée dans le regard ou l’approbation de ses anciennes colonies. Cette quête de validation découle d’une certaine insécurité et d’une fragilité narcissique.

La France cherche ainsi à se « reconnaître » et à s’aimer à travers l’image que les « Noirs » d’Afrique lui renvoient, ce qui reflète un désir de renforcer son propre sens de l’identité et de l’estime de soi en se servant de ses anciennes colonies comme d’un miroir. Cela crée une forme de dépendance émotionnelle de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies pour maintenir son estime de soi.

En utilisant des concepts de la psychanalyse tels que l’inconscient, la projection et l’identification collective de Freud, on peut considérer que la France tire sa supériorité de l’infériorité supposée des Noirs d’Afrique. Quant à Lacan, davantage axé sur la structure du langage, Macron se sert du terme « sentiment anti-français » pour façonner l’identité nationale française, tout comme Sarkozy d’ailleurs.

Dans ce contexte, où l’on a d’un côté un Français narcissique et de l’autre un Africain humilié par la colonisation, le racisme et les abus, l’idée du « sentiment anti-français » peut être comprise comme une tentative de manipulation émotionnelle des Africains. La France tente d’influencer les émotions en jouant sur des sentiments tels que la culpabilité, la loyauté ou l’affection.

Ce chantage émotionnel  dont parle Tonda est une tentative de faire en sorte que les Africains se sentent redevables, aimés ou dépendants de la France émotionnellement, afin de maintenir son influence ou de minimiser ses critiques. En psychanalyse, ce type de dynamique peut être étudié sous l’angle de la manipulation émotionnelle, de la dépendance affective et des stratégies de pouvoir.

Désormais, il incombe aux Africains d’anticiper les réactions qui vont découler de cette dynamique de « chantage émotionnel » dans les relations entre la France (représentée comme narcissique) et les anciennes colonies africaines (ayant un sentiment anti-français).  L’épisode du Niger nous donne un avant-gout du type de relations qui s’annoncent entre l’Afrique et la France. Tout d’abord nous allons assister  à un renforcement des stéréotypes négatifs, ce qui pourrait alimenter davantage les préjugés et les ressentiments.

À titre d’exemple, les déclarations de Macron, telles que « on vit chez les fous » illustrent cette tendance. De plus, cet épisode du Niger a mis en lumière une autre réponse prévisible, marquée par des réactions émotionnelles fortes, notamment de la colère face au chantage exercé par la France. Cette colère s’est exprimée sous la forme de défiance envers la France, en particulier sous la présidence de Macron. Toujours avec le Niger cette tension a conduit à la rupture des relations diplomatiques entre le Niger, et la France. Cette rupture qui est la politique de l’«éloignement »  ou la « non-relation » seule réponse à ce « narcissisme polarisant » qui est en fait la véritable « épidémie » dont les coups d’Etat ne sont que le moyen d’organiser cet éloignement économique, diplomatique, culturel  et militaire, de la France.

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