OpinionsOpinions, Tribune



EN CE MOMENT


Fécafoot : Nadio Fotso décrit Jean Bruno Tagne « d’intellectuel en peau de lapin »

Suite à la sortie de son ouvrage critique de la présidence de Samuel Eto’o à la Fécafoot intitulé L’arnaque, Jean…

Suite à la sortie de son ouvrage critique de la présidence de Samuel Eto’o à la Fécafoot intitulé L’arnaque, Jean Bruno Tagne ne cesse d’essuyer nombreuses remarques.

Programmé pour njitaper

Cher Jean Bruno Tagne,

Je suis d’autant plus à l’aise pour vous faire cette lettre publique que je ne cache pas que votre prochain livre est une opportunité pour enfin dire plus haut et clairement ce qui ne doit plus être tu. Il n’est nullement question que d’étaler mesquinement sur la place publique une vieille rancune personnelle mais de vous reprocher, presque avec tristesse, une hypocrisie dangereuse et des pirouettes insidieuses. Elles sont beaucoup trop ravageuses et infectieuses pour n’être que rusées, pragmatiques, et vénales. Comme d’habitude, il sera affirmé que je ne suis qu’une handicapée détraquée en colère contre tout le monde pour ne pas entendre et gommer cette femme qui boite mais ose aller au contact parce qu’elle sait que pour écraser l’infâme, il faut commencer par le dénoncer même en se mettant en danger. Notre différence est là : je n’ai jamais su mettre de l’eau sale dans mon vin sachant qu’on ne dilue pas un millésime exceptionnel surtout pas avec de l’odontol. Entre nous, il y a surtout cette complaisance et cet amoralisme que votre genre, votre métier et sans doute votre camerounité vous permettent mais que mon handicap, mon patronyme et la haute idée de mon art m’interdisent.

Habituée à la cour obèse de mon père, ses courtisans et ses charlatans, l’arnaque, je l’ai pressentie et vue venir. Mais votre image publique et votre culture m’ont induite en erreur ; ce n’est véritablement qu’en vous voyant si confortable près d’Ernest Obama derrière Samuel Eto’o que j’ai compris que vous pouviez vous accommoder du faux et des échecs programmés tant qu’ils vous faisaient entrer dans la lumière en vous donnant du lait. Toutefois, j’avoue avoir ébahie par votre extrême souplesse idéologique et professionnelle qui masque habilement le fait que vous soyez ce que Mongo Beti appelait un « intellectuel en peau de lapin. » Servir de la bouillie réchauffée parce qu’on manque le courage moral de mettre les pieds dans le plat mais qu’enfoncer des portes ouvertes paye. Votre modèle camerounais semble être de Mamie Nyanga puisque le plus important en tout est les milliards et une réussite financière ostentatoire. Le mien est Ambroise Kom. Comme lui, je sais qu’avoir des milliards ne veut nullement dire qu’on a raison et qu’on peut tout !

 

En fermant les yeux, en vous bouchant le nez et en taisant peut-être les objections de votre esprit, pour boire, manger, grimper et paraître, vous avez suivi un milliardaire en faisant croire qu’il avait changé, que vous pourrez le guider et qu’ensemble avec la pensée magique vous accomplirez l’impossible dans un pays agonisant. Face à cette farce violente, j’ai pu enfin accepter notre différence, Monsieur Tagne, et saisir pourquoi lorsque je me suis tournée vers vous pour essayer de sauver Fotso Victor, vous avez joué puis choisi, comme visiblement il est de votre habitude, le camp de l’argent. Il vous semblait puéril et imbécile pour une fille de milliardaire de ne pas la fermer et continuer de manger même si cela voulait dire accepter le viol et l’humiliation de son père. Trop obnubilé par mon patronyme et mon handicap vous permettant de m’infantiliser, tels tant d’autres de journalistes et d’avocats, vous vous êtes vendu pour assister au festin. Cette nyangasition du Cameroun où tout est image et communication explique pourquoi il est encore possible pour vous d’avoir de la crédibilité et de faire aujourd’hui du revenge porn. Dans un pays normal, vous ne pourriez pas attaquer le Président de la Fecafoot en le prenant de plus haut que vous n’êtes puisque que vous êtes trop confortable avec des arnaques qui vous rapportent !

 

Votre livre aurait du sens si vous étiez son sujet en montrant que vous pouviez faire de l’autocritique ou juste un sincère mea culpa pour avoir servi de la daube avariée en infectant d’Etoophylis les sociétés camerounaises. Règne grandiloquent de la bêtise, de la médiocrité, du tapage et du njitapage. Défaite programmée et célébrée de l’intelligence. Vous n’avez, Monsieur Tagne, absolument aucune excuse, vous saviez mais avez pensé, avec un égo aussi surdimensionné que de celui que vous condamnez, que votre seule implication faisait d’une imposture flamboyante une aventure constructive, patriote, et noble. You knew better and yet, did the absolute worst!

Je me souviens de ces images de vous jubilant comme un planton lorsque votre ancien patron a remporté une victoire accordée avec fraude. Elles sont terribles pour vous ces images et inoubliables. Vous ne pourrez jamais les effacer car elles confirment l’unique différence entre Ernest Obama et vous : vous pensez que votre culture et autres qualités ne peuvent pas faire de vous une simple prostituée. Mais c’est le contraire. Avoir un tel complexe de supériorité en faisant le tapin explique pourquoi l’amour ne pouvait pas durer même seulement trois ans entre Eto’o et vous. Les DSK du village surtout quand ils ne sont que de petits voyous que tout l’argent du monde ne nettoie pas finissent toujours par prendre la pute qui ne leur fait pas du sale en citant la bible.

 

Je tape aussi fort parce que contrairement à beaucoup, vous pouvez comprendre les enjeux civilisationnels du combat que je mène contre l’inculture et cette abdication intéressée et vénale sans être toujours intéressante de l’intelligence devant elle. Monsieur Tagne, les véritables coupables des maux camerounais sont ceux qui voient, savent mais ferment les yeux, banalisent, vulgarisent en jouant un jeu dangereux qui nous dévalorise en faisant le pays et même le continent africain régresser. Ces analyses faciles, convenables, convenues, cette pertinence ou une impertinence gentillette qui buzz mais détruisent montrent qu’il y a pire que les journalistes du Hilton, il y a les journalistes écrivains fonctionnaires qui se prennent pour Edwy Plenel mais ne sont que des Jean Lambert Nang du quartier. Votre couardise fait tache parce qu’elle est conséquente et fait du Cameroun une usine qui ne fabrique plus que des arnaqueurs et des suiveurs pour qui être, c’est paraître et avoir par tous les moyens ! Avec ce livre, vous confirmez cette difficulté que vous avez, comme trop de camerounais, à dépasser les individualités pour parler et défendre des valeurs communes. Eto’o fait et n’a jamais fait autre chose que du Eto’o. Mais vous, Monsieur Jean Bruno Tagne, êtes ce vendeur de drogue qui a vendu de la cocaïne aux enfants puis fait un livre voyeuriste sur ses aventures calamiteuses.

Aujourd’hui ou plutôt demain, avec des pages écrites d’avance sur la façade et les meubles du Titanic, vous êtes telle une vieille vierge effarouchée outrée de découvrir que les chauds gars du Cameroun et d’ailleurs sont rarement des hommes sérieux ou juste des gentlemen. Passez-moi la formule, mais vous me rappelez ces femmes de Fotso qui l’ont épousée convaincues qu’elles seraient celles qui le changeraient et lui apprendraient enfin à devenir fidèle alors que tout montrait que les seules qu’il ne pouvait tromper étaient Maptué et Bandjoun.

 

Jean Bruno Tagne, laissez donc Eto’o tranquille. Tous les sachants et les pensants savent comment son aventure à la Fecafoot s’achèvera et qu’il finira comme Icare. L’arnaque, c’est de se concentrer sur le symptôme de la déchéance camerounaise comme s’il était la maladie. C’était une faute impardonnable d’avoir fait croire aux camerounais que la magie était possible et qu’il suffisait de mettre Samuel Eto’o à la tête de la Fecafoot entouré de communicants et « d’experts » après une mascarade bien organisée pour que tout change et aille mieux. Le fond est ce qui manque le moins mais sur lequel on ne vous entend pas parce que vous avez appris non pas la langue de bois mais le langage tellement sirupeux du faux et de la jonglerie que maîtrisent parfaitement des personnes que vous prenez plaisir à interviewer telles Madeleine Tchuente. Ce sont ces postures et évitements qui causent le mal camerounais et détricotent les liens si fragiles d’un pays en pleine crise existentielle dont les pensants embourgeoisés gavent la populace d’en bas et d’en haut de frivolités et de distractions : kongossa, foot et luxure.

 

Lorsque Samuel Eto’o a fait de vous son directeur de campagne, je lui ai fait une lettre ouverte qui vous était également adressée. Je pensais à ce débat que nous avions mon père et moi particulièrement à la fin de sa vie. Il avait du mal à admettre l’arnaque de certains enfants dont un avait réussi sans aucune formation ou expérience à se faire passer pour un banquier. L’autodidacte illettré qu’était Fotso Victor ne savait pas accepter qu’il y ait des choses impossibles même avec tout l’argent du monde. Des gens tels que vous lui faisaient pourtant croire qu’acheter des diplômes à ses enfants et prendre d’autres raccourcis étaient acceptables et productifs. Je disais à mon père que notre patronyme condamnait à l’excellence et que son histoire nous interdisait la facilité, la médiocrité et les impostures arrivistes. Tout est là : le génie qui, même avec toutes les bonnes intentions du monde et des milliards, se trompe, se perd et échoue parce que trop lui disent oui et que c’est si difficile quand on sait être génial dans un domaine particulier, d’admettre qu’on puisse être inapte dans d’autres. Cela finit toujours mal.

 

Le responsable n’est pas le héros devenu gourou convaincu d’être l’envoyé de dieu mais ceux qui le lui chantent et ont permis à sa secte d’exister en légitimant son messianisme. Eto’o lui croit au moins en son bullshit et est dans son film. La véritable arnaque, je le dis avec regret, c’est vous Jean Bruno Tagne ! Il est tellement révélateur que vous vous fassiez un SAS à la Gérard de Villiers accompagné d’un vacarme crasseux et clownesque sur ce qui est vendeur mais inconséquent pour continuer hypocritement d’être acteur dans un système qui asservit et pervertit l’excellence. Il a fait de Fotso Victor, de Samuel Eto’o et de vous, à des degrés, bien entendu différents, des Tchindas. Fotso Victor avait au moins l’excuse d’avoir un empire à protéger et d’être limité par son analphabétisme, son âge et les croyances de son époque. Le Ngambé a celle d’être prisonnier de sa légende et handicapé fatalement par son besoin d’être à vie Papa Eto’o qui ne lui permet pas de comprendre que le but de la vie n’est pas que de marquer des buts. Quelle est la vôtre, Jean Bruno Tagne ?

Njitapera bien qui njitapera le dernier !

 

Suivez l'information en direct sur notre chaîne