L’usage des langues officielles et autres langues étrangères inscrits aux programmes scolaires se fait au détriment des langues locales.
En milieu jeune au Cameroun, les langues maternelles n’ont pas leur place assurée. Les jeunes filles et garçons se plaisent à communiquer en français, en anglais, en espagnol, en allemand, en arabe, en chinois. Certains se donnent à fond pour maîtriser plus d’une de ces langues. Mais, quand il s’agit d’emprunter l’ewondo, le basa’a, le duala, le ghômala ou une autre des 250 langues locales environ que compte le Cameroun, des jeunes ne s’en sortent plus. Le nombre de ceux qui maîtrisent une seule langue locale est marginal, en particulier dans les centres urbains.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce recul des langues maternelles. D’abord, partant de la cellule familiale, certains jeunes rejettent la faute aux parents. « A la maison, certains parents ne parlent que des langues officielles aux enfants », constate Monique Ngoh. « Ils n’ont pas suffisamment d’autorité pour faire apprendre à leurs enfants la langue maternelle. Les parents sont concentrés dans la recherche des faveurs sociales pécuniaires en contexte de vie économique difficile, si bien qu’ils n’ont pas de temps à consacrer à l’apprentissage des langues maternelles », soutient Janvier Mballa Effa, député junior et écrivain.
De ce fait, les enfants sont au contact du français et de l’anglais tant à la maison que hors de la maison. En grandissant, certains se trouvent dans l’incapacité de s’exprimer en langue maternelle lorsqu’ils sont entourés d’autres jeunes. « Ils ont honte de parler leurs langues maternelles. Ils ne veulent pas que le public sache de quelle ethnie ou tribu ils sont », constate Ibrahim, jeune étudiant qui reconnait être de cette catégorie de jeunes.
Cependant, Lucie Menyeng a plutôt honte de répondre aux parents en français lorsqu’ils l’interrogent en langue eton. Elle dit pour cela apprendre sa langue maternelle pour ne pas perdre ses racines. « Je me dis qu’en sachant parler ma langue maternelle, je peux apprendre plus sur mes origines, ma culture », déclare la jeune étudiante.
D’autres raisons du recul des langues se trouvent dans les politiques éducatives appliquées au Cameroun pendant une bonne période. Dans les programmes scolaires, l’on a privilégié les langues officielles et autres langues des puissances étrangères. L’introduction officielle des langues locales date de quelques années. Or, l’enseignement des langues locales contribue à la préservation du patrimoine culturel des peuples. « Si nous perdons nos langues, nous perdons nos cultures et traditions et nous serons à la merci des autres », prévient le député junior.
La journée internationale dédiée à la langue maternelle, se présente comme une exhortation à l’accroissement de l’apprentissage de ces langues tant en milieu scolaire et universitaire qu’au sein des familles.