S’il existe aujourd’hui une affaire Martinez Zogo, c’est parce que Martinez était avant tout un journaliste qui faisait bien son travail. Il dénonçait les pratiques du régime de Yaoundé.
Il a été horriblement assassiné par des agents de ce même régime qui auraient été commandités par un homme d’affaires soupçonné de bénéficier de ces pratiques du régime de Yaoundé. S’il y a eu assassinat, c’est donc pour tuer la vérité. La vérité serait donc l’objet du crime. Un autre journaliste, Jean Bruno Tagne, a diffusé des audios contenant des informations sur un journaliste également assassiné, il est convoqué par le régime de Yaoundé. A bien y regarder, c’est la vérité qui pose problème au régime de Yaoundé. Et comme être un bon journaliste c’est dire la vérité, Martinez Zogo était un bon journaliste, Jean Bruno Tagne est un bon journaliste.
Ce que l’on comprend avec ce nouvel épisode de l’affaire Martinez Zogo, celui de la convocation des journalistes, c’est que si jusqu’à présent aucun influenceur, aucun journaliste n’a été convoqué, c’est bien qu’ils ont eu un rôle à jouer dans le dispositif du régime de Yaoundé premier accusé dans cette affaire, aussi bien dans les révélations de ses pratiques que par l’assassinat lui-même. La convocation de Jean Bruno Tagne est la fin de la trêve accordée aux journalistes dans cette affaire, confirmant que le régime de Yaoundé et la vérité ne font pas bon ménage.
Le véritable ennemi du régime de Yaoundé est donc le journaliste. L’assassinat de Martinez Zogo s’inscrit donc dans sa logique, celle de faire taire les journalistes. Et la boucle est bouclée. Cette convocation qui n’aurait jamais dû avoir lieu parce que c’est un journaliste qui a été crapuleusement assassiné par des bras du régime constitue un deuxième assassinat de la vérité, voire un troisième. Ce qui est clair, c’est que si la mobilisation pour Martinez Zogo ne leur a pas servi de leçon, il faudrait envisager de monter au créneau pour leur faire comprendre qu’on ne touchera plus jamais à un journaliste.