L’attention des citoyens est orientée vers l’évolution des tensions entre le ministère des Sports et de l’Education physique et la Fédération camerounaise de football. La mobilisation observée autour de l’enrôlement des électeurs passe au second plan.
Depuis deux mois environ, les disputes entre le gouvernement et la Fécafoot au sujet de la désignation de l’équipe d’encadrement des Lions indomptables tient les Camerounais en haleine. Avec la persistance de la crise, tout autre sujet concernant la vie de la nation ne bénéficie pas de la même ferveur populaire. Les débats, discussions, causeries et même des disputes, tournent autour du même sujet. Pour en avoir une idée plus claire, l’on a observé plus de 20 000 spectateurs au stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé lors de la séance d’entrainement des Lions le 05 juin. Une effervescence que des curieux trouvent plutôt anormale.
En effet, certains, comme ce citoyen, sont ceux qui, ayant constaté la frénésie autour des points Eelecam, amènent les autres à comprendre que « la crise Minsep contre Fecafoot n’est que distraction. On ne parle même plus des inscriptions sur les listes électorales. Le foot a confisqué l’actualité ». Un autre insiste à ce sujet en faisant comprendre que « l’inscription sur les listes électorales, voilà l’enjeu du moment. L’affaire ‘’Hiboux_Eglise’’ ne changera rien dans notre quotidien ». L’enjeu du moment, l’élection présidentielle étant prévue pour octobre 2025, les municipales et législatives pour février 2025, la campagne d’inscription de 2024 s’achevant le 31 août prochain.
Pourtant, bien avant cette actualité sportive, les partis politiques en tête desquels le PCRN de Cabral Libii, le MRC de Maurice Kamto, le RDPC de Paul Biya, le PURS de Serge Espoir Matomba, la société civile ainsi que d’autres acteurs politiques, et même les leaders d’opinion comme les hommes d’église, ont réussi à convaincre les Camerounais, plus que par le passé, à s’inscrire sur les listes électorales, en prenant pour exemple le Sénégal avec la mobilisation ayant conduit à l’élection du jeune Bassirou Diomaye Faye.
La sensibilisation et l’adhésion massive ont alors conduit à mettre la pression sur Elecam afin que ses équipes réaménagent leur emploi de temps pour satisfaire la demande. L’objectif étant pour certains comme le PCRN, de partir de 7,5 millions d’électeurs déjà inscrits à au moins 10 millions avant la convocation du corps électoral par le chef de l’Etat. Devant les points d’enrôlement, l’on a ainsi observé une affluence inhabituelle nécessitant parfois une intervention des autorités administratives ou municipales à Yaoundé et Douala, soit pour calmer les ardeurs soit pour imposer l’ordre ou « intimider » les citoyens, comme l’ont dénoncé des leaders politiques.
Face à cette pression grandissante, il aura fallu la réaction du directeur général des élections, Erik Essousse, pour rappeler que les inscriptions se font de lundi à vendredi avec une possibilité exceptionnelle d’étendre le travail les samedis et dimanches. Dans la même mouvance, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a pour sa part, rappelé à l’opinion que « l’inscription sur les listes électorales est facultative ». Nul ne doit, par conséquent, obliger un citoyen ou groupe de citoyens à aller s’inscrire.
Cette même pression a abouti, après réclamations des partis politiques d’opposition et de potentiels électeurs, au lancement des inscriptions dans des ambassades du Cameroun à l’étranger (Chine, Arabie Saoudite, Italie, Japon, Afrique du Sud…) au cours du mois de mai.
Par ailleurs, Elections Cameroon continue de rappeler qu’au Cameroun, les points fixes et mobiles d’enrôlement restent ouverts et attendent les citoyens âgés de 20 ans et plus, détenteurs d’une carte nationale d’identité ou du récépissé. A l’étranger, les ressortissants camerounais de la même tranche d’âge détenteurs du Passeport, de la carte consulaire et de la carte de résident peuvent se diriger vers les ambassades pour se faire enrôler.