Cameroun : les femmes d’affaires d’Ecam dans le doute

La fusion entre Entreprises du Cameroun (Ecam) et le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) n’évoque pas le sort de cette représentation exclusivement féminine.

La fusion actée entre le Gicam et l’Ecam n’a pas fait que des heureux. « La dernière photo d’Ecam au féminin », lancent des adhérentes d’Entreprises du Cameroun (Ecam) au féminin au sortir de son assemblée générale qui s’est tenue le mercredi 12 juillet 2023 à son siège à Douala.

En effet, la fusion entre Ecam  et le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) laisse planer certaines inquiétudes au sein de ce démembrement totalement féminin, à en croire Datacameroun. Ceci après la signature  du traité de fusion entre les deux patronats le 5 avril 2023. Seulement, approchée, aucune des adhérentes sollicitées n’a souhaité en parler.

Selon Fernande Akoa Evina, l’une des responsables d’Ecam au féminin, il est question d’aller « dans le sens d’une fusion création(…) Toutes les entités gardent leurs apports, leurs contrats, leurs activités, leurs adhérents. Tout ce qui est pertinent sera conservé, nous ne ferons désormais qu’un.» A ce sujet, Pr. Pierre Alaka Alaka, conseiller fiscal siégeant au Conseil d’administration d’Ecam précise : « désormais, nous entrons dans une période transitoire dans laquelle beaucoup d’éléments seront discutés. On tiendra compte de tout cela . D’ailleurs, nous tenons à toutes nos spécificités et cette centrale au féminin en fait partie. Une commission va être créée. »

En effet, cette union est l’occasion pour ces entrepreneures d’augmenter leur effectif, d’avoir plus de voix dans l’entrepreneuriat féminin et d’envisager la création d’une fédération de femmes entrepreneures au Cameroun comme en Afrique de l’Ouest, a affirmé Fernande Akoa Evina.

Depuis sa création en 2019, cette section féminine d’Ecam compte 81 adhérentes issues de divers domaines d’activités, sur près de 450 entreprises que compte ce groupement patronal. C’est ainsi que lors de cette assemblée générale, 96,7% d’adhérents ont approuvé ce projet de fusion-création.

Un processus qui devrait aboutir en janvier 2024, après la dissolution de deux des plus importantes entités patronales du Cameroun, à la création d’une nouvelle centrale . « Un jour nouveau se lèvera grâce à votre vote pour le patronat camerounais. Ce 12 juillet, c’est autour d’Ecam Pme, Ecam au féminin, Ecam small entreprises de dire oui à la fusion création avec le Gicam », déclare Protais Ayangma, président du Conseil d’administration Ecam.

Cameroun : Gicam-Ecam, fusion actée

L’Assemblée générale extraordinaire du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) s’est déroulée ce 11 juillet 2023 dans un contexte particulier.

 Réunis en assemblée générale extraordinaire (AGE) ce 11 juillet à Douala, les adhérents du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) ont voté pour la mise en œuvre du traité de fusion paraphé le 5 avril dernier entre leur organisation et Entreprises du Cameroun (Ecam). Au décompte final, le camp du « oui » enregistre un score de 73,7% contre 25,3 % pour les adversaires de cette fusion. Ce vote signifie que l’AGE marque son accord pour dissolution du Gicam dans la perspective de fusionner avec Ecam pour donner naissance à une nouvelle organisation patronale. Il faut maintenant que les membres de Ecam se prononcent aussi pour savoir la suite à donner au processus.

Pour le président sortant du Gicam, Célestin Tawamba, c’est forcément une victoire. C’est lui qui a initié cette fusion qu’il s’est évertué de défendre auprès des patrons depuis la signature du traité. À quelques jours de la tenue de cette assemblée générale extraordinaire, il a multiplié les messages aux patrons. Certains de ses proches avouent même qu’il a mené une campagne de porte-à-porte auprès des adhérents.

Mais cette victoire n’est pas encore complète, à en croire Stopbalbalcam. En effet, des procédures contre la fusion restent pendantes en justice. Afin de faire échec à ce projet, un groupe de quatre membres du Gicam, avec pour chef de file Emmanuel Wafo, président de la commission économique et du développement des entreprises du Gicam, auquel une certaine opinion prête l’ambition de vouloir briguer la présidence de cette organisation patronale, a engagé une bataille auprès des tribunaux de Douala.

Au moins quatre procédures judiciaires ont été ainsi engagées à partir du mois de juin 2023, dont l’une au tribunal de première instance de Douala-Bonanjo, visant à suspendre l’assemblée générale du Gicam de ce 11 juillet 2023. Mais, l’audience en référé d’heure en heure du 10 juillet 2023 a finalement débouché sur un renvoi, ouvrant ainsi la voie à la tenue de l’AG qui a finalement adoubé la fusion Gicam-Ecam.

Cameroun : de la nécessité de l’équité dans la fusion GICAM-ECAM

En 2008, le patronat camerounais n’aurait jamais dû se diviser. Il aurait dû se restructurer pour répondre aux aspirations et craintes des uns et des autres.

Contexte

La question est donc de savoir si, avec la fusion annoncée, les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets. Est-ce qu’aujourd’hui, la fusion du GICAM et d’ECAM est synonyme du respect de ces aspirations qui s’exprimaient à l’époque ?

Pour les uns, la division pilotée par le régime en place permettait d’affaiblir un monstre comme le GICAM qui pesait déjà très lourd dans les négociations. C’est ainsi que pour narguer le GICAM, les membres d’ECAM ont été très rapidement intégrés dans le protocole d’État. Dieu seul sait comment c’est compliqué pour une simple organisation au Cameroun d’être reconnue immédiatement au sommet de l’État.

Pour les autres, la gestion du GICAM n’était pas inclusive, ce qui mettait l’organisation au service de quelques individus, voire d’une communauté ethnique. Est-ce que ce sont ces mêmes individus qui étaient aux affaires à l’époque qui se lèvent en bouclier aujourd’hui contre le retour d’ECAM ? Dans tous les cas, la politique du « diviser pour mieux régner » a été consommée et le patronat s’est affaibli. Je vais y jeter un regard technique mais, en arborant mes lunettes sociales-démocrates. Je vais donc cibler l’équité.

Problème d’équité

Je ne regarderai pas les choses d’un point de vue communautaire. Il faudrait plutôt regarder la nature des organisations qui s’unissent. Il s’agit d’une part du mouvement des Grandes Entreprises (GICAM) et d’autre part, du mouvement des PMEs/PMIs (ECAM). Le problème d’équité qui peut se poser est que, dans un même bassin, les gros poissons ont l’habitude de manger les petits poissons.

En clair, les grandes entreprises et les petites entreprises ne poursuivent pas les mêmes intérêts et ne bénéficient pas des mêmes facilités au Cameroun. Les grandes entreprises camerounaises sont intéressées par les facilités d’importation massive et de rapatriement des fonds, alors que les petites entreprises camerounaises sont asphyxiées par les conditions de production ou de transformation locale des matières premières camerounaises.

Sur ce plan, le tissu économique des petites entreprises camerounaises est entièrement détruit dans certains secteurs comme celui de l’agro-industrie par l’extraversion des grandes entreprises qui importent les matières premières et qui leur font par conséquent une concurrence déloyale sur le marché nationale. Cela engendre le plus souvent la fermeture/faillite de beaucoup de PMEs/PMIs.

Pour le Cameroun, l’intérêt public se trouve du côté de la promotion des PMEs. Elles représentent plus de 98% des entreprises nationales. Ce sont elles qui créent le peu de richesses qui existent alors que les grandes entreprises participent plus à la création des richesses à l’étranger, dans les pays fournisseurs. Par conséquent, l’État du Cameroun ne devrait pas avoir intérêt à ce que les PMEs/PMIs soient menacées voire phagocytées par les grandes entreprises.

Sauf que le gouvernement camerounais n’est pas pro-citoyen et pour des raisons politiciennes, il est même intéressé par la disparition de toute organisation qui porte des revendications légitimes. Cette approche extravertie est néfaste pour notre économie nationale.

Futur GICAM unifié

Si les patrons veulent en effet que leur voix compte, alors ils auront intérêt à s’unir. Sauf que l’ambiance électorale au GICAM ne semble pas être propice pour mener cette réflexion. Pour que le patronat camerounais soit fort, il faut qu’il soit uni et inclusif. L’inclusion ici n’est pas forcément identitaire. Elle concerne plutôt l’intégration de toutes les catégories professionnelles dans la prise de décision notamment, les PMEs.

Le GICAM devrait se restructurer pour intégrer le système de double-majorité. Cela signifie que pour qu’une décision soit prise, elle requiert à la fois la validation de la chambre des PMEs/PMIs et celle de la chambre des Grandes Entreprises. Il faudrait donc déjà créer ces deux chambres au sein du Conseil d’administration. La double-majorité permet de garantir la défense des intérêts de toutes les parties. Au cas contraire, ECAM ira légitimer la défense des intérêts égoïstes au sein du GICAM et ce sera contre-productif. L’avenir nous dira.

 

Cameroun-Patronat : le Gicam et Ecam en fusion

Un communiqué de Célestin Tawamba, président du Gicam informe ses adhérents de la fusion des deux organisations patronales.

Le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam) vont fusionner pour devenir un seul regroupement patronal. C’est la substance d’une note datant du 31 mars 2023 que le Président du GICAM, Célestin Tawamba, a adressé aux adhérents avec pour objet « fusion du Gicam-Ecam ».

Il s’agit d’une instance mise en place le 17 janvier 2019 par les deux organisations patronales afin, indiquait-on, d’« agir pour la mise en place des politiques efficaces qui restaurent et boostent la compétitivité et la croissance de l’économie camerounaise, sans préjudice de la conduite des activités propres au Gicam et à Ecam  ».

En décidant de fusionner, écrit le président du Gicam, les deux organisations sont convaincues que « la marche vers l’unité patronale que consacre cette fusion densifiera davantage notre plaidoyer, et renforcera notre capacité de persuasion dans notre lutte permanente pour l’amélioration de la compétitivité des entreprises en général et des Petites et moyennes entreprises en particulier ».