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Gestion publique : le Fonds mondial retire près de 17 milliards de Fcfa de sa subvention au Cameroun

Le directeur de la division de gestion des subventions, Mark Eldon-Edington, dans une correspondance, pointe en cause, des multiples cas…

Le directeur de la division de gestion des subventions, Mark Eldon-Edington, dans une correspondance, pointe en cause, des multiples cas avérés de mauvaise gestion.

Le Fonds mondial a décidé de réduire drastiquement sa subvention destinée à la lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose au Cameroun. Cette enveloppe, prévue pour la période 2023-2025 dans le cadre du 7e cycle de subvention (GC7), passe ainsi de 297,05 millions de dollars (environ 164,4 milliards de Fcfa) à 267,17 millions de dollars (près de 148,6 milliars de Fcfa). Soit une coupe nette de 29,87 millions de dollars, équivalant à près de 16,6 milliards de Fcfa. Ce qui correspond à une réduction de 10% du montant initial.

Une décision actée le 27 juin 2025, dans une correspondance du directeur de la Division de gestion des subventions du Fonds mondial, Mark Eldon-Edington, adressée à Manaouda Malachie,  ministre de la Santé publique à la présidente de l’instance de coordination nationale (ICN), Dr Djanabou Bakary, ainsi qu’au représentant de la société civile, John Essobe.

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Dans la nouvelle répartition, la lutte contre le VIH recevra désormais 120,6 millions de dollars (environ 66,9 milliards de Fcfa), contre 97,5 milliars de dollars pour le paludisme (54,1 milliards de Fcfa) et 17,8 millions de dollars pour la tuberculose (9,9 milliards de Fcfa). Le programme VIH est donc le plus durement affecté par cette coupe.

Le même courrier précise que toutes les activités précédemment suspendues dans le cadre des mesures d’adaptation introduites en avril  2025 resteront gelées, sauf approbation express de leur remise en œuvre. Pour le Fonds mondial, il s’agit d’ « une décision difficile mais inévitable », en raison des nombreux manquements attribués au Cameroun : mauvaise gouvernance, cas avérés de mauvaise gestion des fonds alloués, non-paiement des fonds de contrepartie, entre autres.

Les répercussions de cette décision pourraient être lourdes, s’accordent à dire plusieurs médecins de santé publique. A court terme, une recrudescence des cas de VIH, de tuberculose et d’autres infections sexuellement transmissibles est inévitable. A moyen terme, plusieurs programmes nationaux de lutte pourraient être contraints de fermer, faute de financement. « Cette perspective pourrait conduire à la mise en place d’un comité multisectoriel de crise, placé sous la tutelle du Premier ministre ou du Chef de l’Etat », confie un médecin. A long terme, le retrait partiel du soutien international impliquera une reconfiguration budgétaire : des ressources nationales, initialement prévues pour d’autres priorités économiques ou sociales, devront être redirigées vers des besoins sanitaires devenus urgents.

Mark Eldon-Edington indique être « dans l’obligation de réduire l’allocation au titre du GC7 pour le reste de la période de mise en œuvre des subventions ». Le Cameroun, à travers l’ICN, peut accepter les nouveaux montants indicatifs ou proposer une révision, en tenant compte du financement nécessaire pour maintenir les interventions vitales et en faciliter l’accès, précise le Fonds mondial. Les membres de l’ICN ont jusqu’au 14 juillet 2025 pour répondre à cette notification. A défaut de réponse dans ce délai, les nouveaux montants seront considérés comme acceptés.

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