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Cameroun : ce qui ressort des états généraux sur la gestion des déchets sur le plan financier

Des mesures concrètes ont été proposées pour renforcer les capacités des collectivités territoriales décentralisées (CTD) et assurer une meilleure allocation…

Des mesures concrètes ont été proposées pour renforcer les capacités des collectivités territoriales décentralisées (CTD) et assurer une meilleure allocation des ressources lors des états généraux tenus les 6 et 7 mai 2025 dernier à Yaoundé.

Entre 2020 et 2024, la Direction générale des douanes a collecté environ 291,6 milliards de FCFA au profit des CTD, via les Centimes additionnels communaux (CAC) et les droits d’accises sur les ordures. Plus précisément, les droits d’accises ont généré 8,6 milliards FCFA en 2020, 14 milliards FCFA en 2021, 29 milliards FCFA en 2022, 34,9 milliards FCFA en 2023 et 31,4 milliards FCFA entre janvier et novembre 2024 .

Malgré ces efforts, les fonds restent en deçà des besoins réels. À Yaoundé par exemple, une étude de la Banque mondiale de 2016 estimait à 15 milliards de FCFA par an le budget nécessaire pour assurer une collecte efficace des ordures. Or, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) ne dispose que d’environ 4 milliards de FCFA par an, principalement financés par l’État, laissant un déficit de plus de 10 milliards de FCFA à combler .

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Vers une réforme du dispositif de financement

Pour remédier à ces insuffisances, les États généraux tenues les 6 et 7 mai derniers, ont proposé plusieurs mesures parmi lesquelles : la création d’un compte spécial d’affectation pour assurer le transfert effectif des ressources (droits d’accises et autres subventions) aux Communes et Communautés urbaines; la réforme globale du dispositif de financement pour mieux cibler les sources de production des déchets ménagers et assimilés. Un groupe de travail composé de représentants des ministères concernés et des maires devra faire des propositions au gouvernement dans un délai de trois mois; la mise à contribution des guichets de financement Climat, dont celui du FEICOM, pour appuyer les Communes; l’augmentation de la part des Communes et des Communautés urbaines dans les opérations de pré-collecte et de collecte, dans leur budget et enfin la préparation par les Communautés urbaines des contrats de collecte des ordures en année n-1, ou le recours aux accords-cadres (article 65 du Code des marchés publics).

La réforme vise également à renforcer l’autonomie des communes. Actuellement, la plupart des villes camerounaises dépendent fortement de l’État pour la gestion des déchets. En attribuant des compétences claires et des ressources sécurisées, le gouvernement entend stimuler la responsabilité locale.

Les États généraux recommandent aussi d’associer les CTD aux décisions budgétaires concernant l’assainissement, d’encourager la participation des citoyens à travers des mécanismes fiscaux incitatifs (comme une redevance basée sur le volume de déchets produits) et de professionnaliser la filière de pré-collecte.

Cap sur la mise en œuvre

Afin d’assurer le suivi de ces réformes, un Comité interministériel de suivi de la feuille de route sur la gestion des ressources en déchets sera mis en place dans les prochaines semaines. Parallèlement, les associations de maires seront invitées à constituer des groupes de travail techniques pour accompagner l’implémentation des mesures adoptées.

Ces assises marquent un tournant décisif : il ne s’agit plus seulement de constater l’ampleur des défis, mais d’engager des réformes structurelles sur le long terme. Le financement devient ainsi le levier essentiel pour amorcer un véritable changement de paradigme dans la gestion des déchets au Cameroun.

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