Société



Des coupures de 2000F, 5000F et 10 000F mises en circulation en décembre 2022, sont de plus en plus falsifiées.

Le récit est de Cameroon Tribune. Bernard Badang, boutiquier au quartier Elig-Essono à Yaoundé, avait presque perdu son latin en fin de semaine dernière. Il venait en effet de recevoir d’un client parti précipitamment, une coupure de billet de 2000F de la gamme de 2020 mise en circulation en décembre dernier.

Mais plutôt que de se réjouir de l’opération qu’il venait d’effectuer, il s’est lancé dans un monologue, débitant des paroles à peines audibles. « Il m’a eu ce malhonnête. Comment n’ai-je pas pu m’en rendre compte. Que vais-je faire avec faux billet ?», susurrait-il. Attentif à l’attitude de Bernard, Léonard E, son voisin menuisier, va se rapprocher de lui, question d’en savoir plus. «Mon frère, laisse-moi comme ça. J’ai reçu un client qui a fait des achats pour 2000F. Je n’ai pas réalisé à l’instant que le billet qu’il m’a remis est faux. Je viens de le constater », confie, abattu, ce boutiquier.

Sur le caractère faux de ce billet, Bernard, renseigne qu’il était léger, ne portant aucun signe de sécurité. Comme Bernard, ils sont de plus en plus nombreux, ces Camerounais qui se retrouvent avec de fausses coupures entre deux mains.

Gaston Tchinda, tenancier d’un call box, a aussi fait l’amère expérience d’empocher, sens le savoir, un paquet de faux billets. « J’ai un client qui est venu me faire un déport de 300 000F en coupures de 2000F. Sur le coup, je n’ai pas pris la peine de vérifier, étant donné que j’avais d’autres clients devant moi. Une fois rendu à la maison le soir, je me suis mis à compter cet argent pour noter qu’il y avait de faux billets dans les liasses », raconte-t-il. Gaston ajoute que ces fausses coupures sont reconnaissables au toucher. «  Elles sont légères quand on les touche contrairement aux bons billets qui sont plus durs », explique-t-il.

Grégoire Essomba, chef de famille, n’avait que ses yeux pour pleurer à la descente d’un taxi samedi dernier. Après avoir été déposé au lieu –dit Amadou vers Ekié, il s’est retrouvé avec un faux billet de 5000F. « Il m’a       simplement fallu regarder ce billet de près pour constater que sa couleur était différente des autres. Il était plus blanchi », lance-t-il, la mine grave.

Le phénomène prend de l’ampleur à travers le pays. Le 24 avril dernier, c’est le sous-préfet de Pitoa, localité située dans le département de la Benoué, région du Nord, qui sonnait l’alerte. En effet, dans un communiqué radio, Joseph Densou portait à la connaissance des populations de son unité administrative qu’un vaste réseau de faux billets a été démantelé grâce à la collaboration des autorités locales. Sans pour autant indiquer le montant, il s’agissait précisément des coupures de 10 000F (série n° 0177632485°) et de 5000F (série N° 0205911941). Ces billets, souligne le sous-préfet, étaient en circulation dans les marchés.

L’administrateur civil principal a saisi cette occasion pour demander aux populations de « faire preuve de vigilance au quotidien lors de leurs transactions financières », tout en invitant à dénoncer auprès des autorités publiques toute personne impliqués dans un tel réseau.

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