Le 15 mai 2025, le Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat (MINPMEESA), Achille Bassilekin III, a inauguré le Village Artisanal Spécial (VAS) de Ndikiniméki, dans le département du Mbam-et-Inoubou, région du Centre.
Un nouvel équipement, le treizième du genre au Cameroun, qui s’inscrit dans une stratégie nationale ambitieuse visant à structurer et valoriser un secteur artisanal en pleine expansion, mais encore largement informel.
Un nouvel édifice pour formaliser le secteur artisanal
Bâti sur une superficie de 2 000 m², le VAS de Ndikiniméki offre des infrastructures modernes et adaptées : 16 boutiques sécurisées, 6 bureaux climatisés dont deux avec sanitaires internes, deux salles modulables en salle de conférence ou de fête, un hall polyvalent, huit toilettes réparties entre le rez-de-chaussée et l’étage, une rampe d’accès pour personnes à mobilité réduite, ainsi que des dômes vitrés pour un éclairage naturel optimal. Cette infrastructure vise à améliorer l’organisation des activités artisanales, faciliter la commercialisation des produits locaux et encourager la formation des artisans.
Placée sous la supervision du MINPMEESA, la gestion du village est assurée par un Comité de Gestion présidé par le Préfet du Mbam-et-Inoubou. L’équipe opérationnelle est dirigée par M. Nkono Meyong Isidore Willy, coordonnateur, assisté de M. Baban Georges, coordonnateur-adjoint, avec le soutien de cinq chefs de section. Ce dispositif garantit un pilotage stratégique et administratif structuré pour maximiser l’impact économique du village.
Le choix de Ndikiniméki s’explique par la richesse de son patrimoine artisanal. La région, influencée par les cultures Bassa, Yambassa et Banen, concentre des savoir-faire traditionnels et innovants, allant de la sculpture sur bois, la poterie à Ombessa, la vannerie, le tissage de pagnes traditionnels à la fabrication de savons artisanaux, bijoux en perles, objets de décoration et design contemporain. Ces filières représentent un potentiel important pour la création de richesse locale et l’emploi.
Sur le plan national, le secteur artisanal emploie des dizaines de milliers d’acteurs, estimés à plus de 70 000 selon une note technique du MINPMEESA (2024), dont près de 80 % œuvrent encore dans l’informel, freinant ainsi leur accès aux marchés formels et à la protection sociale. Selon l’Institut National de la Statistique (INS), le revenu moyen dans le secteur informel est de 83 409 FCFA par mois, avec un différentiel marqué entre zones urbaines (96 367 FCFA) et rurales (59 520 FCFA). La structuration par des villages artisanaux comme celui de Ndikiniméki représente un levier majeur pour formaliser ces activités, augmenter les revenus des artisans, et stimuler la croissance locale.
L’inauguration s’inscrit dans une politique plus vaste : depuis 2019, plusieurs villages artisanaux régionaux ont été ouverts à Ngaoundéré, Foumban, Bafoussam, Mbalmayo, renforçant la couverture territoriale. Ces infrastructures sont complétées par le Centre International de l’Artisanat à Yaoundé, seul village de catégorie internationale. Cette carte permet de valoriser le savoir-faire local, d’encourager la production artisanale standardisée et de préparer les filières à la conquête des marchés nationaux et internationaux, avec l’appui notamment de l’Agence des Normes et de la Qualité (ANOR).
Sur le plan économique, le rôle de l’artisanat est fondamental. Selon le Rapport d’activités 2023 du MINPMEESA, 19 651 PME ont été créées en 2023, portant à 393 166 le total des unités économiques formelles au Cameroun. Ces entreprises représentent 97 % des structures économiques du pays et participent activement à la création de plus de 137 000 emplois. L’artisanat y contribue largement, notamment dans les zones rurales où il reste souvent la principale source de revenus.
Le Ministre Achille Bassilekin III a résumé ainsi l’enjeu :
« Le village artisanal spécial de Ndikinimeki […] participe à l’affirmation stratégique de l’artisanat comme levier essentiel de la transformation structurelle de l’économie […] et le développement de l’artisanat local et régional ».
Le VAS de Ndikiniméki n’est donc pas un simple bâtiment. Il symbolise un engagement fort de l’État pour la formalisation, la professionnalisation et la valorisation du secteur artisanal. Par cette initiative, le gouvernement espère dynamiser l’économie locale, réduire la pauvreté et faire rayonner le patrimoine culturel camerounais, tout en favorisant une croissance inclusive et durable.