Ce phénomène qui dégrade le portefeuille des banques à pratiquement quadruplé. Alors qu’ils n’étaient que de 495 milliards en 2012, ils totalisent 1917,9 milliards de Fcfa en 2022.
Une créance en souffrance est un crédit bancaire qui n’a pas été payé à l’échéance prévue, en raison des difficultés de l’emprunteur à rembourser. Selon la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), le gendarme du secteur bancaire dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA), ce taux des créances en souffrance atteint plus de 17% des crédits bruts des banques à fin mars 2025. Ce chiffre est révélé dans le communiqué ayant sanctionné la concertation annuelle du président de la Cobac avec la profession bancaire et financière de la Cemac, organisée le 23 juin 2025 à Bangui, la capitale de la République centrafricaine.
Selon la Cobac, les créances en souffrance sont constituées des créances immobilisées, des créances impayées et des créances douteuses. « Les créances immobilisées sont des créances échues depuis plus de trois mois, mais dont le recouvrement final, sans être compromis, ne peut être effectué immédiatement (…) Les créances impayées sont des sommes non payées à l’échéance normale.(…) Les créances douteuses sont des concours de toute nature, même assortis de garantie, qui présentent un risque probable de non-recouvrement total ou partiel », détaille le régulateur bancaire.
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Le phénomène des créances en souffrance, qui dégradent le portefeuille crédit des banques, est d’autant plus préoccupant dans l’espace Cemac que leur volume a pratiquement quadruplé au cours de la décennie 2012-2022. Selon la Revue de stabilité financière 2022, publiée par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) le 8 janvier 2024, ces crédits bancaires non remboursés ont totalisé 1917,9 milliards de FCFA en 2022, alors qu’ils n’étaient que de 495 milliards de FCFA en 2012.
Selon la BEAC, l’institut d’émission des six pays de la Cemac, l’accroissement du volume des créances en souffrance s’explique à la fois par des facteurs conjoncturels et structurels. Au plan structurel, la BEAC pointe l’insuffisance des dispositifs de gestion des risques et de gouvernance au sein des banques. La banque centrale accuse notamment les établissements de crédit de concentrer les efforts sur les aspects commerciaux, au détriment d’une analyse rigoureuse du risque.
Au plan conjoncturel, la fragilisation des équilibres budgétaires des États de la Cemac et la baisse sporadique de l’activité économique sont mis à l’index. Dans la mesure où cette situation induit une accumulation des arriérés de paiement par les États. Ce qui met généralement en défaut de paiement nombre d’entreprises débitrices auprès des banques.