La diminution des réserves de change explique – en partie – la hausse des prix sur les produits de grande consommation.
Le 12 mars dernier au ministère du Commerce, un importateur de riz tente d’expliquer la flambée de cette denrée sur le marché. Selon Paul Nyodog, le problème « c’est le manque de devises ».
« Nos comptes sont tellement fournis, mais nous ne pouvons pas payer nos fournisseurs. Si nous payons nos fournisseurs, nous fermons. Le problème actuel, ce n’est pas le riz, ce ne sont pas nos fournisseurs, ce sont les devises », martèle-t-il.
Appelé avec les autres acteurs de la filière, par le ministre du Commerce du Cameroun, pour tenter d’endiguer la hausse du prix du riz, cet importateur parmi les plus importants du secteur explique : « Nous n’avons pas réussi à payer un seul fournisseur depuis 67 jours. La dernière fois qu’on a payé un fournisseur, il était question qu’on paye 1 90 000 000 FCFA. Nous n’avons pu payer que 300 millions FCFA, parce que c’était tout, en termes de devises, ce que la banque avait dans ses coffres ».
Résultat, il est impossible pour les importateurs de payer les fournisseurs à l’extérieur. Ce qui entraine inflation sur les stocks disponibles au Cameroun.
« On a eu la visite de nos fournisseurs qui sont venus nous demander où est leur argent. On leur a donné des levers de compte. Ils sont partis dans nos banques constater que nous avons plein d’argent, mais nous ne pouvons pas payer parce que nous avons un problème de devises », conclut-il.
Pour acheter à l’extérieur, la banque utilise des partenaires dans les pays fournisseurs – les devises étrangères – et règle en monnaie locale. Or, ces devises sont de plus en plus rares pour le Cameroun.
La sècheresse des devises dans les banques est due, selon un rapport de Nkafu Policy Institue sur le budget 2019 du Cameroun, à la chute des cours du baril de pétrole sur le marché international.
La vente du pétrole constitue en effet la principale source de devises étrangères pour le Cameroun.
« La réserve de change est en nette diminution en raison notamment de la chute du prix du pétrole, qui se situait actuellement à 3,1 milliards de dollars, contre 3,6 milliards en 2010 », établit le rapport la Nkafu Policy Institute.
Selon ces chercheurs, « c’est une baisse de près d’un demi-milliard de FCFA. En d’autres termes, le Cameroun a moins de devises étrangères disponibles dans sa banque centrale pour payer ses importations ».
Cette situation a déjà provoqué des frictions entre le patronat et la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) au mois de février. Les patrons d’entreprise accusent le manque de devises à la Beac. Celle-ci pointe la collusion entre banques et chefs d’entreprises pour ne pas déclarer la totalité de leurs importations.