La réduction de l’âge dénoncée au sein des clubs de football est un mal qui touche d’autres secteurs de la vie de la société camerounaise.
62 joueurs du championnat local viennent d’écoper d’une suspension pour fraude sur l’âge. Certains noms tels que Nathan Douala sélectionné à l’équipe nationale pour la CAN 2023 reviennent, en raison des conséquences de la décision sur le plan international. Ses 17 ans faisaient déjà polémique en janvier dernier. Même si son club le défend en mettant en avance une probable erreur de la part de la fédération, il est connu que le phénomène de la falsification des âges est général et ne date pas d’aujourd’hui.
En effet, au Cameroun, de nombreux citoyens nés une seule fois comme tout être humain, disposent de plusieurs années de naissance dans des documents officiels. Ces personnes sont de trois catégories. D’abord, ce sont celles dont les parents pour une raison ou pour une autre, n’ont pas déclaré la naissance auprès des autorités en vue de l’établissement de l’acte de naissance. Partant de ce défaut-là, la plupart, au moment de se rattraper, profite devant l’officier ou le secrétaire d’état-civil de réduire l’âge de l’enfant concerné.
Ensuite, certains, ayant constaté le retard accusé au cours de leur évolution scolaire, décident en fin de cycle primaire ou secondaire ou même en cours, de ramener l’âge vers le bas. Cette catégorie de personnes a souvent présenté des examens officiels plus d’une fois. La première fois étant avec sa propre identité acquise à la naissance et les autres fois, avec une nouvelle identité, celle conjoncturelle acquise en fonction des enjeux.
La troisième catégorie de personnes, qui n’est pas loin de la deuxième, baisse le nombre d’années après la naissance après avoir constaté qu’avec l’âge normal, elles ne pourront pas atteindre certains objectifs. C’est par exemple le cas d’un jeune qui aspire à intégrer les Forces armées ou la Police. Constatant qu’il n’aura pas l’âge pour se présenter au concours, trouvera un moyen de réduire son âge. C’est aussi le cas au football. Les jeunes ont tendance à réduire de plusieurs années leur âge. L’autre technique est d’utiliser l’acte de naissance d’un cadet ou d’une connaissance décédée.
Conséquence, les faux actes de naissance portant de faux âges circulent au pays. Des personnes réussissent à trouver l’emploi avec ces faux âges, au public comme au privé. Le phénomène prospère à l’initiative des parents, des jeunes concernés, avec la complicité de certains officiers ou secrétaires d’état civil ou encore grâce au favoritisme et à la tolérance qui caractérisent les administrations.