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Faciliter l’accès au financement des PME/PMI en Afrique : un impératif socio-économique

Le Banquier Alban ETHO place les PME et PMI au coeur de la transformation économique en Afrique. Dans le paysage…

Le Banquier Alban ETHO place les PME et PMI au coeur de la transformation économique en Afrique.

Dans le paysage économique africain, les PME et PMI sont au cœur d’une stratégie de transformation, destinée à propulser le continent vers une diversification économique. Selon une étude du Centre du Commerce International (ITC), ces entreprises constituent plus de 90 % du tissu économique, un véritable vivier d’opportunités d’emploi pour près de 60 % de la population active. Pourtant, un gouffre sépare ces entreprises de leur potentiel réel : l’accès au financement.L’accès au financement pour les PME/PMI en Afrique, et plus spécifiquement au Gabon, se révèle être un parcours parsemé d’embûches, de malentendus et d’une méfiance persistante de la part des institutions financières. Plusieurs défis majeurs entravent l’accès au financement pour ces entités : une asymétrie de l’information significative entre les entrepreneurs et les institutions financières, le manque de garanties des PME, un déficit de compétences en gestion d’entreprise, une opacité persistante au sein de l’écosystème financier, et la mise en œuvre de politiques gouvernementales adaptées freinent l’accès au financement de ces entreprises dans la région.

Garantir le risque par des mécanismes adaptés

Dans cet écosystème financier où le risque est omniprésent, la mise en place de mécanismes financiers appropriés revêt une importance capitale. L’un des mécanismes les plus utilisés est celui du partage partiel des risques, où les banques collaborent avec des institutions financières internationales, des fonds d’investissement ou des organismes de développement pour réduire leur exposition aux risques associés aux prêts octroyés aux PME/PMI. Plusieurs initiatives ont été lancées pour soutenir le financement des PME/PMI en Afrique. Parmi celles-ci, on trouve des instruments financiers tels que le Fonds de Garantie Malgache, le Small Business Credit Guarantee en Namibie, le Fonds Africain de Garantie, ou encore plus récemment la Société de Garantie du Gabon. Ces outils gouvernementaux incarnent l’engagement des autorités du continent à créer un environnement favorable à l’investissement, à l’entrepreneuriat et à l’éclosion de champions nationaux.

Au sein de l’économie gabonaise, la Société de Garantie du Gabon (SGG) se positionne comme un pilier incontournable. Fondée en 2022 par le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) et portée par Okoumé Capital, elle incarne un partenariat solide au service du développement financier des entreprises. Unique Fonds régulé par la COBAC, sa mission principale est de soutenir le développement des PME/PMI en facilitant leur accès au financement, en garantissant partiellement les prêts accordés par les établissements bancaires. Son dispositif prévoit une couverture du risque allant de 50 % pour les projets classiques et jusqu’à 75 % pour ceux liés à l’entrepreneuriat féminin et à la transition écologique. ce dispositif permet aux PME/PMI d’accéder aux financements indispensables pour leur développement et leur expansion, tout en réduisant le risque d’aléa moral.

Toutefois, malgré leur intention louable, ces initiatives sont parfois confrontées à des obstacles majeurs. Dans la zone CEMAC, l’une des contraintes rencontrées réside dans la limite d’exposition, fixée à 25% par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC).

Bien que cette limite vise à réduire les risques pour les institutions financières de ces pays, son caractère restrictif peut entraver la capacité de la SGG à répondre efficacement à la forte demande de couverture sur les financements que les banques souhaitent accorder aux porteurs de projets. Pour remédier à cette situation, il est crucial d’adapter laréglementation en vigueur de la COBAC, qui n’avait pas envisagé la présence d’un fonds de garantie dans la région. De plus, il convient d’envisager une limitation adaptée selon que l’on soit une banque octroyant des crédits directs et indirectsou un fonds de garantie émettant uniquement que des engagements par signature. Cette approche offre la flexibilité nécessaire pour répondre aux besoins spécifiques de chaque instrument financier, garantissant ainsi une allocation optimale des ressources financières en faveur des PME/PMI. Du point de vue opérationnel, il est manifeste que cet écosystème est entravé par un manque criant de collaboration réelle entre les différents acteurs.

Vers une synergie des acteurs et des compétences 

Il est important de reconnaître que ces dispositifs politiques ne peuvent à eux seuls résoudre les défis liés à l’accès au financement. En effet, l’obtention d’un financement initial ne garantit pas nécessairement la pérennité d’une PME/PMI. Souvent, les dirigeants et cadres de ces organisations ne possèdent pas les compétences requises en gestion financière, en anticipation des risques et en saisie des opportunités de croissance. Ainsi, même avec un financement initial, ces entreprises peuvent faire face à des difficultés financières et opérationnelles qui compromettent leur survie. C’est pourquoi il est crucial d’investir dans la formation et l’assistance technique adaptées permettant de répondre aux besoins des PME/PMI africaines. En dotant les entrepreneurs des qualifications pouvant renforcer la viabilité et la résilience de leurs entreprises à long terme. En collaborant étroitement, les entreprises, les institutions financières, les gouvernements et les organisations de développement peuvent identifier et promouvoir des solutions innovantes répondant aux besoins spécifiques des PME/PMI africaines.

 

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