Le célèbre avocat au Barreau du Cameroun règle ses comptes avec les membres de l’opposition camerounaise qui ont manqué de saisir l’occasion de la présidentielle pour congédier le régime qui gouverne depuis 43 ans. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? L’homme de droit leur demande des explications dans le texte ci-dessous.
« Mesdames, Messieurs, membres actifs ou non de l’opposition politique camerounaise,
Bien que les braises de la (nouvelle) crise post-électorale née du scrutin présidentiel du 12 décembre 2025 soient encore incandescentes,
Et avant de nous retrouver pour d’autres combats,
J’ai quelques comptes à régler avec vous : vous avez raté une occasion d’entrer dans l’histoire et avez fait rater à notre cher et beau pays le Cameroun une chance de tourner une page de son histoire et de s’offrir une perspective plus réjouissante. Vous en assumerez la responsabilité.
Alors que tous les indicateurs permettaient d’espérer la défaite du camp présidentiel, vous n’avez pas su vous montrer à la hauteur de la chance qui s’offrait sans que vous ayez rien fait pour cela :
– un président affaibli par l’usure du pouvoir, dont le règne pendant les sept dernières années a été spectral et dominé par l’absence : pas de conseil de ministre, pas de conseil supérieur de la magistrature, incertitudes constantes sur la présence au défilé du 20 Mai, maquillage de ses faiblesses physiques par le protocole d’État dans les images lors de ses rares apparitions publiques
– Déconnexion totale avec le peuple qui ne voit jamais son président, lequel le snobe, le craint et l’évite,
– désorganisation totale de la haute administration d’État qui ne sait plus faire chorus derrière un homme, une idée, un parti
– absence totale de coordination gouvernementale
– manque patent de management et de leading
– influence néfaste des maux quotidiens dans l’opinion (déliquescence de la notion de service public, corruption généralisée, relents de nominations sur fond de tribalisme, népotisme, favoritisme, clientélisme), manque de performance des grandes entreprises d’État, insuffisance des infrastructures routières, scolaires, universitaires, hospitalières, etc.), institution judiciaire vassalisée et privatisée, absence de justice sociale, perte d’influence sur la scène internationale, etc.
– une gouvernance par procurations diverses (formelle et informelle)
– une mobilisation inédite du clergé et de nombreuses élites,
– etc.
Tous ces indicateurs permettaient d’entrevoir une victoire de l’opposition…
Pourtant, vous avez préféré privilégier vos égos surdimensionnés. Si ce n’est pas vous, alors ce ne sera personne d’autre de l’opposition. Il vaut mieux moi que le Cameroun.
Cela ne vous glorifie pas et je me demande si, le score « officiel » de M. Tchiroma à l’élection présidentielle bien que rabougri par les officines ne constitue pas la seule preuve de votre traîtrise lors du jugement de l’histoire.
On a eu beau vous mettre en garde contre le fait que le jeunisme ne pourrait constituer un programme politique pour des électeurs qui ne votant qu’au faciès, seront prêts à privilégier un visage auquel ils sont habitués depuis, plus de 4 décennies, vous n’en avez eu cure…
La faiblesse physique du titulaire de la fonction ne pouvait être le seul argument pour espérer le déloger de son poste à une élection à un tour dans laquelle il a une maîtrise sans partage sur l’ensemble du dispositif électoral.
Les tricheries évidentes, les brimades infligées à l’un d’entre vous, n’ont pas servi de détonateur pour vous rebeller et vous coaliser
Même devant les allégations de bidouillage des résultats, vos voix sont restées si silencieuses.
Peut-on vous faire confiance pour la suite? Vous nous devez des explications… »
