Dans le septentrion où les manifestations sont en cours pour contester les résultats de la présidentielle, les affiches de campagne du Rdpc sont détruites de manière spectaculaire.
Jamais ces trois dernières décennies de présidence du chef de l’État Paul Biya, une telle rage à son encontre n’a été observée dans les régions du Nord, de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua. Dans ces régions, comme dans les autres, le président de la République a bénéficié du respect et des honneurs des élites et forces vives, suscitant la crainte au sein du peuple de cette partie du pays. De même, ses effigies presque omniprésentes, n’ont souffert d’aucune réelle contestation.
Mais, ces deux dernières semaines, tout a basculé. Le lien d’amour qui unissait l’homme d’État à certains Camerounais du Septentrion semble ne tenir que sur un fil. Dans les rues des grandes villes et des villes secondaires, le nom du président que les uns chantaient pour indiquer que c’est « notre président » laisse la place à : « Issa Tchiroma Bakary, président ». Les portraits géants apposés sur les panneaux dans les villes de Maroua, Mora, Kaele, Mokolo, Garoua, Guider, Ngaoundéré et autres, sont la cible des manifestants. Ces derniers, organisés en groupes, les décollent et les brûlent ; les déchirent et les fouettent comme s’ils étaient la personne même.
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Les premiers signes de cette violence étaient déjà visibles pendant la campagne électorale, période où dans certaines villes ou localités, des individus ont été aperçus jetant des projectiles sur des portraits géants du chef de l’État. Au moins une personne a été interpellée et conduite au poste de police pour répondre de ses actes après avoir détruit des affiches de campagne du candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).
Alors que les résultats de l’élection sont attendus, la ligne de démarcation semble tracée entre le Septentrion et le président Paul Biya, lui qui été lâché, à la veille de l’élection, par ses alliés de poids issus du Grand Nord. Sur le terrain et dans les urnes, au regard des tendances, Bello Bouba Maïgari n’a pas pu faire le poids contre son ancien allié pour qui il a servi comme Premier ministre et ministre d’État. Issa Tchiroma Bakary par contre, bénéficiant du soutien de la masse critique nationale et de la diaspora prête à tourner la page du régime sortant, a opposé un contre poids qui secoue le système.
L’offensive contre les portraits géants du président démontre d’un désir ardent des manifestants d’assister à la chute du régime et à la prise de fonction d’un nouveau président. Cependant, les ardeurs pourraient pousser à la montée d’une crise post-électorale instaurant une cassure de l’axe Nord-Sud.
