Le candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary a commencé à publier le 19 octobre les procès-verbaux de 18 départements représentant, selon lui, 80% de l’électorat. Mais en face, les soutiens du camp présidentiel y révèlent des incohérences. Le comité de compilation du candidat explique.
L’affrontement idéologique né depuis le soir du 12 octobre dernier et mettant aux prises deux camps politiques adverses atteint le plus haut niveau au Cameroun. Issa Tchiroma Bakary, après avoir revendiqué sa victoire à l’élection présidentielle sur la base des procès-verbaux issus des bureaux de vote a promis de publier ces documents. Récemment, il a déclaré qu’il détenait les procès-verbaux de 18 départements sur 58, concentrant 80% de l’électorat national.
Le 19 octobre, alors que la commission nationale de recensement des votes boucle son travail au Conseil constitutionnel, le candidat du FSNC rend publics les premiers documents contenant les résultats. Les procès-verbaux publiés présentent une avance du candidat sur son adversaire du camp présidentiel. Mais, ces documents suscitent de nombreuses critiques.
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D’abord peu avant, le secrétaire général adjoint du Comité central du Rdpc, le ministre Grégoire Owona a demandé à son ancien collègue devenu opposant ce qu’il faisait des électeurs des autres départements la diaspora qu’il semble négliger et mépriser. Il lui demandait alors de publier les procès-verbaux des 58 départements et de la diaspora pour faire court. Le ministre se positionne en opposition contre Issa Tchiroma pour démontrer que 18 départements ne peuvent pas concentrer 80% de l’électorat.
Ensuite, dans les réseaux sociaux, la brigade virtuelle du camp présidentiel a attaqué les procès-verbaux publiés par le candidat de l’opposition en y présentant des incohérences. Celles-ci sont entre autres le total des pourcentages qui atteint jusqu’à 102% ou 105%, le taux de certains candidats ayant obtenu moins de suffrages qui sont supérieurs à ceux ayant obtenu plus de suffrages ; le logo du FSNC placé là où devait se trouver le logo d’Elecam, etc. Ces remarques ont aidé la brigade soutenant le candidat sortant, le président Paul Biya, à conforter sa position pour crier à la manipulation.
Mais le camp d’Issa Tchiroma Bakary explique dans sa déclaration publiée ce matin, que les chiffres ne sont que le reflet des données portées dans les procès-verbaux remis aux représentants du FSNC après la clôture du scrutin dans les bureaux de vote. « Les documents que nous mettons en ligne ne sont pas des synthèses inventées. Ce sont des scans/photos des PV originaux tels qu’ils ont été établis et remis aux représentants dans les bureaux de vote », peut-on lire.
Le comité de compilation du candidat déclare qu’ils n’ont pas fabriqué des chiffres. Ils en ont fait une retranscription fidèle. Pour ce qui est des incohérences sur les pourcentages, le comité explique qu’elles « proviennent des irrégularités commises avant ou pendant le dépouillement : bourrages d’urnes, personnes ayant voté plusieurs fois, PV modifiés après coup, ou erreurs délibérées ». Le comité explique aussi comment l’équipe a procédé pour obtenir les résultats compilés par département et invite les citoyens à consulter les photos des procès-verbaux mis en ligne.
Ainsi, le camp de Issa Tchiroma Bakary n’entend pas s’arrêter en chemin. Il compte atteindre son objectif d’exposer de façon factuelle et vérifiable les chiffres tels qu’ils figurent sur les procès-verbaux originaux. La publication du reste de documents va donc se poursuivre alors que le Conseil constitutionnel va siéger dès jeudi prochain à l’effet de vider le contentieux et proclamer les résultats.