Politique



Une session parlementaire non-productive au Cameroun

Députés et sénateurs sortent d’une session de 30 jours sans examiner un texte de loi ni interroger le gouvernement.

L’Assemblée nationale et le Sénat tiennent ce 03 avril des séances plénières de clôture de la session ordinaire de mars 2024. Première session de l’année législative, elle est consacrée d’abord au renouvellement des bureaux de Chambres et ceux des commissions générales. Les deux Chambres du Parlement ont respecté cette exigence légale.

A ce sujet néanmoins, l’on a observé que le renouvellement des bureaux est intervenu le vendredi 22 mars, soit 17 jours après l’ouverture de la session. Entre la séance d’ouverture et ce renouvellement, députés et sénateurs n’ont tenu aucune activité dans le cadre du travail parlementaire, le tout étant conditionné par la mise en place des bureaux définitifs. Aussi, lors du renouvellement de ces derniers, aucun changement majeur n’a été observé. Tout ce temps perdu n’a abouti qu’au remplacement des membres décédés par de nouveaux membres. Les bureaux définitifs sont les mêmes.

Leur reconduction ne devrait pas prendre autant de temps, si le président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, 89 ans, était présent dès l’ouverture des travaux. En attendant son arrivée après une non-présence de trois mois, le travail a été bloqué. A l’occasion de son discours de clôture ce 03 avril, le chef de la Chambre haute accuse le temps. Pour lui, les sénateurs n’ont pas accompli leurs missions constitutionnelles « faute de temps ». Or la session ordinaire a toujours duré 30 jours.

Par ailleurs, la session de mars 2024 est stérile dans la mesure où aucune proposition de loi, aucun projet de loi n’a été soumis au Parlement. Les membres de cette institution chargée de voter les lois n’ont donc ni examiné ni adopté un quelconque texte. Comme si tout allait bien au Cameroun, et qu’aucune question n’était urgente. Or, des questions politiques, économiques et même sociales qui mettent le quotidien des Camerounais à rude épreuve méritent d’être traitées avec célérité. La doyenne d’âge de l’Assemblée, Laurentine Koa Mfegue, en a soulevé certaines à la plénière d’ouverture, en mettant une emphase sur l’incompétence des députés face à leurs misions.

La fin de la session surprend davantage dans la mesure où ni à l’Assemblée nationale ni au Sénat, les parlementaires n’ont interrogé aucun ministre. Ils ont le pouvoir et la mission de contrôler l’action gouvernementale à travers les questions orales et bien d’autres techniques. Mais, en dépit du fait que l’eau potable coule à compte-gouttes, l’électricité est clignotante, le panier de la ménagère est à moitié vide, l’inflation reste élevée, les rues sont pleines de nids de poules dans les centres urbains, les poubelles font suffoquer dans les villes, la session est close. personne n’a demandé les comptes. Aucun membre du gouvernement n’a répondu de ses actions ou missions. Ils étaient tout de même présents à l’ouverture, à la clôture et au Congrès convoqué pour recevoir le serment des membres du Conseil constitutionnel. Jusqu’en juin prochain, mois de la prochaine session, aucun changement n’est envisagé.

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