Le politologue Njoya Moussa et le président national par intérim du MRC, Mamadou Mota remettent en cause la stratégie sécuritaire sur des bases identitaires.
La réaction de Mamadou Mota à la nouvelle selon laquelle une équipe d’éléments des forces de défense et de sécurité a été déployée pour arrêter Issa Tchiroma Bakary et l’emmener à Yaoundé manu militari ne s’est pas faite attendre. Le citoyen camerounais a envoyé un message au ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji. Ce, pour dénoncer avec fermeté « ses méthodes tordues » excédant les « bornes de la légalité ». Le président par intérim du Mouvement pour la renaissance du Cameroun fait savoir que « Tchiroma est dans son fief à Garoua ». Et que « toute tentative d’arrestation en cette terre est un pari insensé sur la stabilité nationale, une provocation dont les conséquences seront imputables, sans équivoque, au régime de Yaoundé ». Et par conséquent, il demande au ministre de cesser « cette funeste arrogance ».
Le ministre, avant l’élection, a au cours d’une conférence de presse le 10 octobre dernier, a prévenu tout candidat qui allait s’autoproclamer vainqueur de l’élection présidentielle. L’auteur devait s’attendre à des mesures de rétorsion. Il insistait sur ce point en prévenant qu’aucun écart de comportement ne sera toléré et annonçait des poursuites judiciaires au moindre dérapage.
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Après que l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary s’est autoproclamé vainqueur de la présidentielle quatre jours plus tard, la puissance publique tend à resserrer l’étau sur lui. Mais ses soutiens, en particulier ceux résidant dans le septentrion, s’opposent à la mécanique gouvernementale. Dans les grandes villes, les quartiers peuplés en majorité des ressortissants du septentrion sont en particulier ciblés par la veille sécuritaire. Ils sont quadrillés par des engins de la gendarmerie ou de la police.
Face à cette surveillance sécuritaire constante, le politologue Njoya Moussa n’a pas pu retenir ses mots. L’universitaire s’interroge aux fins de savoir celui qui conseille le système. Ce vendredi jour de prière pour les musulmans, il met en garde le régime : « En bouclant les quartiers majoritairement ‘’nordiste’’ sachez que vous ravivez le spectre du 06 avril 1984 ! », s’exclame-t-il. La date fait référence à un coup d’État manqué contre le président Paul Biya. Un acte suite auquel l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary et plusieurs autres camerounais issus du septentrion ont été incarcérés. Njoya Moussa précise qu’il faut éviter de « transformer une crise politique en conflit identitaire ». Ainsi, le message s’adresse sans doute aux autorités ainsi qu’aux manifestants.
