Le seul suspense qui demeure actuellement : à quel pourcentage le gouvernement camerounais va-t-il augmenter les prix du carburant à la pompe ?
Au moment où le prix du baril du pétrole est au plus bas, et ce depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022,au moment où tous les pronostics montrent que le prix du baril de pétrole en 2023 sera autour de 80-90$,au moment où certains pays Africains, à l’instar de l’Afrique du Sud ont revu à la baisse de 12% le prix du carburant, c’est aussi le moment choisi par certains pays africains pour augmenter le prix du carburant à la pompe. Le nœud: l’enveloppe lourde de la subvention qu’ils ne peuvent plus supporter.
Dans l’ombre de cette décision assurément impopulaire, se trouve le FMI. Le puissant bailleur de fonds international vient de contraindre le Congo Brazzaville à réduire l’enveloppe allouée à la subvention du carburant de 50%. Les mêmes injonctions ont été données au Cameroun, ce qui fait que l’enveloppe allouée à la subvention du carburant sera de 350 milliards (inscrite dans le budget 2023) ce qui représente la moitié des 700 milliards de subvention en 2022. Comme vous pouvez le constater, le calcul est simple. Avec cette réduction de 50%, la hausse des prix du carburant est inévitable et très imminente.
Le seul suspense qui demeure actuellement est celui du nouveau pourcentage. À quel pourcentage le gouvernement camerounais va-t-il augmenter les prix du carburant à la pompe ? Selon le Directeur général du Budget, Mr Cyril Edu, le litre d’essence vendu à 639 F Cfa coûte normalement 1350 F cfa et le budget supporte la différence à travers la subvention, soit 711 Fcfa.
Cela signifie qu’avec une réduction de la subvention de 50%, on peut aisément, sans risque de se tromper, projeter le prix du litre du carburant à la pompe entre 900-1000F cfa. Avec cela, le Cameroun sera le deuxième pays africain à avoir le prix du litre de carburant le plus élevé, juste derrière la Mauritanie où le litre d’essence se vend en ce moment à 1,5$ soit 910 F Cfa.
Dès lors, la question qui vient à l’esprit est la suivante : comment un pays producteur de pétrole comme le Cameroun pourrait avoir un prix du carburant aussi élevé à la pompe?
En effet, le Cameroun est producteur de pétrole certes, mais tout son pétrole est vendu en entier à l’étranger, car il est qualifié de fuel lourd et ne peut être raffiné localement (ce qui est incohérent car peut-être c’est même ce fuel lourd que nous vendons à l’étranger qui nous revient en carburant à un prix exorbitant). Conséquence, le Cameroun importe tout le carburant consommé dans le pays, ce qui fait qu’au finish, il n’est pas différent d’un pays non producteur de pétrole.
Par contre, l’Afrique du Sud qui est un pays non producteur de pétrole a su mettre sur pied un modèle simple. Le carburant n’est pas subventionné. Les prix sont fixés par un organe de régulation et en fonction des tendances sur le marché international. Le pays achète du pétrole brut et le raffine pour la consommation interne d’abord, ce qui fait que le litre de carburant à ce jour en Afrique du Sud coûte 746F cfa, soit 1,23$,
Loin des prix de 900-1000 F cfa prévus par le Cameroun en cas d’augmentation. C’est aussi cela » les paradoxes du pays producteur »… L’unique solution qui pourrait sauver les ménages de la vie déjà très chère serait que le Cameroun se dote d’une raffinerie capable aussi de raffiner son fuel lourd afin d’approvisionner le marché local à des prix nettement abordables.
Si le magnat Nigérian Dangote peut construire une raffinerie, ce n’est pas quand même un pays comme le Cameroun qui soit dans l’incapacité de le faire; bon Dieu! L’enveloppe de la subvention du carburant en 2022 au Cameroun construit au moins deux raffineries modernes.
On doit arrêter de nous faire dire que le carburant coûte plus cher en France qu’au Cameroun. Quel est le SMI en France ? Et quel est celui du Cameroun? Soyons sérieux quand même. D’ici là les ménages seront obligés de continuer à saigner si aucune mesure d’accompagnement n’est prise en parallèle avec la hausse des prix du carburant à la pompe.