La crise qui oppose les combattants séparatistes à l’armée camerounaise continue de faire des victimes dans les deux camps et surtout du côté des civils qui se retrouvent entre le marteau et l’enclume.
Quatre ans après le Grand dialogue national tenu à Yaoundé du 30 septembre au 4 octobre 2019, la crise sociopolitique et sécuritaire des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest se poursuit. Dans l’opinion, des analystes n’hésitent pas à soutenir que ces assises ont échoué. Sur le terrain des opérations, les séparatistes maintiennent la pression sur les activités socio-économiques. Ils ont, depuis la veille de la rentrée scolaire du 9 septembre dernier, instauré un Lock down d’un mois pour empêcher que les enfants retournent à l’école.
Quelques jours avant cette rentrée, une série d’attaques a coûté la vie à au moins trois policiers et des civils. Des taxis et mototaxis ont été incendiés. Le 24 septembre dernier, la police criminelle norvégienne a annoncé l’arrestation de Lucas Cho Ayaba. Il est l’un des leaders séparatistes résidant à l’étranger, présumé « financier des actes terroristes » et présumé « commanditaire d’attaques mortelles » dans la zone en crise. Son arrestation fait suite à la condamnation par les puissances étrangères dont les Etats-Unis et le Vatican, de l’interdiction d’ouvrir les écoles. Aussi, les Etats-Unis ont manifesté leur engagement de ne pas service de base à ceux qui alimentent la crise au Cameroun.
Ces dernières manifestations et bien d’autres illustrent de la poursuite de la crise. La paix n’est pas revenue. Pourtant il y a cinq ans, le Premier ministre chef du gouvernement a présidé une rencontre de cinq jours dans le but de trouver des solutions durables à cette crise.
La mise en œuvre des recommandations proposées par les neuf commissions n’a pas abouti à l’apaisement. La création de la section Common law à l’Enam, la création de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, l’attribution du statut particulier aux régions concernées dans la mouvance de l’accélération de la décentralisation, la création du Comité national de désarmement démobilisation et réintégration, n’ont pas donné satisfaction aux séparatistes. Les violences se poursuivent, les régions se vident, les activités économiques tournent à peine.
Certains leaders des groupes armés demandent encore la tenue d’un dialogue inclusif auquel ils pourront participer. Le gouvernement quant à lui s’est lancé à la traque des leaders séparatistes tapis à l’étranger. Appelant à déposer les armes, le chef de l’Etat a engagé la reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en créant un fonds spécial. Malgré ces efforts, le front de la crise ouvert depuis 2016 ne se referme pas.