Le 5 décembre dernier, un atelier dédié à la restitution des travaux dans le cadre de l’assistance technique pour le développement de l’hydroélectricité sur le fleuve Sanaga a réuni des experts, des acteurs institutionnels et des entrepreneurs autour de l’aménagement du barrage de Nachtigal.
Cette rencontre, marquée par des échanges riches et constructifs, a permis de dresser un bilan des avancées du projet tout en identifiant les défis à relever pour assurer sa durabilité et son efficacité. Depuis sa mise en service, le barrage de Nachtigal a déjà commencé à produire plus de 300 mégawatts, alimentant le réseau électrique national du Cameroun. Ce projet s’inscrit dans une vision de long terme, portée par le gouvernement camerounais, qui cherche à maximiser le potentiel hydroélectrique de la Sanaga, un bassin fluvial d’une richesse impressionnante, représentant près de 6000 mégawatts d’énergie. La prochaine étape, la construction d’un nouveau barrage de 500 mégawatts, vient renforcer cette dynamique, avec l’ambition de satisfaire non seulement les besoins internes du pays mais aussi d’exporter l’électricité vers des marchés voisins.
L’atelier a ainsi permis de revenir sur l’importance stratégique de la coopération régionale, notamment avec le Nigéria. Ce dernier, avec sa population de plus de 200 millions d’habitants, constitue un marché d’une importance capitale pour la sous-région. Les experts soulignent que la réalisation de grands projets comme celui de Nachtigal doit s’accompagner d’une coopération transnationale pour que les retombées économiques profitent à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. L’interconnexion avec le Tchad et celle en cours avec le Nigéria devraient, à terme, permettre une intégration énergétique régionale forte, au service d’un développement durable et durablement intégré.
Cependant, malgré ces avancées, des préoccupations persistent quant à la sécurité du barrage de Nachtigal. Les experts ont alerté sur des suintements observés sur le parement aval, qui ne sont pas encore totalement maîtrisés. Ce phénomène soulève des inquiétudes quant à la stabilité à long terme du barrage, bien que des travaux de contrôle soient en cours. Les recommandations vont dans le sens d’une vérification approfondie avant la réception finale de l’aménagement. La question de la sécurité des barrages est capitale, car elle conditionne la pérennité du projet et la protection des communautés en aval.
Un modèle de coopération pour le développement
L’atelier a aussi mis en avant la nécessité d’une collaboration étroite entre les différents acteurs impliqués dans le projet, des autorités camerounaises aux entrepreneurs, en passant par les institutions financières et les experts techniques. Cette coopération a été essentielle pour le succès de Nachtigal, et les experts s’accordent à dire qu’il s’agit là d’un modèle pour d’autres projets d’infrastructures en Afrique.
Le projet de Nachtigal est une illustration parfaite de l’ambition du Cameroun d’exploiter pleinement son potentiel hydroélectrique tout en veillant à un développement régional harmonieux. Si des défis demeurent, notamment en matière de sécurité des installations et de gestion des impacts environnementaux et sociaux, l’expertise acquise et les recommandations formulées durant cet atelier permettront, sans nul doute, d’orienter les futures décisions et aménagements dans le sens d’un développement énergétique durable et responsable.