La Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC) remet en lumière un financement stratégique de 5,6 milliards de FCFA, octroyé à la Société Camerounaise de Transformation de Blé (SCTB).
Financer l’autosuffisance alimentaire
Le 30 août 2017 à Brazzaville, la BDEAC signait une convention de financement avec la Société Camerounaise de Transformation de Blé (SCTB), en cofinancement avec la Société Générale des Banques au Cameroun (SGBC) et la Banque Internationale du Cameroun pour l’Épargne et le Crédit (BICEC). D’un montant total de 9,96 milliards de FCFA, ce financement était réparti comme suit : 5,6 milliards de la BDEAC, et 2,18 milliards respectivement des deux institutions bancaires partenaires.
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Ce projet structurant visait la création d’une unité industrielle de transformation de blé à Douala, capitale économique du Cameroun. Objectif : renforcer la capacité nationale à transformer localement cette céréale essentielle qu’est le blé, plutôt que d’en dépendre massivement à l’importation. Le complexe prévu comprenait une ligne de transformation moderne, des entrepôts de stockage, une plateforme logistique et des équipements de conditionnement adaptés aux standards internationaux.
Le choix stratégique du blé n’est pas anodin. En 2022, le Cameroun a importé 920 400 tonnes de blé, pour une valeur estimée à 260,7 milliards de FCFA, selon l’Institut national de la statistique (INS). Cette dépendance pèse sur les réserves de change du pays et expose la population aux fluctuations des prix mondiaux. La guerre en Ukraine, fournisseur majeur de blé en Afrique, a exacerbé cette vulnérabilité.
La SCTB, opérateur local bien implanté dans la distribution et la meunerie, ambitionnait à travers ce financement d’intégrer l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’importation de matière première à la transformation et à la distribution, en passant par le stockage. Ce positionnement industriel s’inscrivait également dans une perspective régionale, avec la volonté d’exporter une partie de la production vers des marchés frontaliers comme le Tchad, la République centrafricaine ou le Congo.
Huit ans après cette signature, la BDEAC remet le projet au centre de sa communication. Une valorisation qui sert de preuve pour son engagement en faveur de l’industrialisation et de la souveraineté alimentaire dans la sous-région CEMAC. Selon elle, cet appui à la SCTB illustre la capacité de la banque à accompagner des projets intégrés, à fort impact économique et social.
Ce rappel intervient à un moment stratégique, alors que les pays de la CEMAC sont appelés à réduire leur dépendance extérieure et à développer leur potentiel agro-industriel. En 2022, la BDEAC a validé 22 projets dans la sous-région, pour un montant global de 205 milliards de FCFA, concentrés principalement dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie et de l’agroalimentaire. Le financement de la SCTB reste donc l’un des projets emblématiques de la filière céréalière.