Le besoin a été exprimé lors de la clôture de la semaine de l’éducation aux médias, organisée le mercredi 25 octobre 2023, par la « Team Europe » (Belgique, Italie, France, Allemagne, Espagne) à la résidence de Belgique à Yaoundé.
La semaine mondiale d’éducation aux médias ouverte le 23 octobre s’achève ce 25 du mois. Même si les activités de terrain se poursuivent jusqu’au 31 octobre. L’édition 2023 a pour thème « l’éducation aux médias et à l’information dans les espaces numériques : un agenda mondial collectif ».
Au Cameroun, plusieurs acteurs, diplomates, sociétés civiles, gouvernement constatent que les médias traditionnels et les nouveaux médias diffusent depuis quelque temps un volume important de fausses informations, de contenus violents et indésirables. Ces publications ou diffusions de sujets sensibles couplées aux discours de haine draine des publics en masse vers les contenus qui pourtant entraînent plusieurs conséquences néfastes dans la société. Pour lutter contre le phénomène, les acteurs engagés proposent plusieurs solutions dont l’éducation et la formation.
Il y a en effet un « besoin d’éducation très fort ; éducation des jeunes mais aussi éducation de tous ceux qui ont accès aux plateformes internet ». Elle permettrait « de faire face aux discours de haine et de montrer parfois comment y réagir, comment ne pas céder à ces discours et comment ne pas répercuter de fausses informations », indique l’ambassadeur chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun, S.E. Jean Marc Châtaignier.
Pour l’association Eduk-Médias, cette formation est un enjeu de l’éducation aux médias et permet à des personnes d’avoir une lecture critique de l’information, de trier la bonne information. D’autres défis sont la recherche scientifique, la formation des formateurs, l’adoption des politiques publiques favorables à l’éducation des médias.
Pour le cas des politiques publiques, l’association des blogueurs du Cameroun insiste sur la prise en compte de la jeunesse du primaire, du secondaire et du supérieur. Le président national de cette organisation, Dania Ebongue, pense que « en réalité ce n’est pas nous (journalistes) qu’il faut éduquer aux médias, mais ceux qui émergent et ceux qui vivent leur temps (les jeunes) ». Il faudrait trouver un moyen pour qu’ils acquièrent ces notions depuis le primaire, d’où la proposition d’insertion de l’éducation des médias dans les programmes scolaires dès la rentrée 2023-2024.
Pour ce faire, Eduk-Media dit avoir engagé des démarches à ce propos. L’organisation a « participé à la rédaction des curricula en partenariat avec l’Unesco. Ces documents visent l’implémentation de l’éducation aux médias et à l’information depuis le primaire. L’opérationnalisation ne dépend pas de nous », a relevé la vice-présidente d’Eduk-Média, Marie Noëlle Oli Bilias, qui renvoie la balle dans le camp des décideurs, le gouvernement sans doute.
L’Union européenne fait le constat selon lequel, tous les pays sont face au même challenge. « Nous devons faire face à une nouvelle approche de l’information. Nous avons beaucoup de discours de haine qui apparaissent, beaucoup d’instantanéité de l’information, beaucoup de fake news qui se développent. La concurrence entre les médias traditionnels et les nouveaux médias« .
Pour relever le défi, la régulation s’impose. « La régulation est indispensable. On ne peut pas laisser le champ libre à de faux discours ou de fausses informations. Donc les Etats ont un rôle à jouer. Si on n’a pas cette régulation, les discours de haine d’aujourd’hui constituent les violences de demain et les guerres d’après-demain« , ajoute le chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun, S.E. Jean Marc Châtaignier.