Selon le ministère de l’Intérieur, le président de la transition au Gabon, Brice Oligui Nguema, général putschiste tombeur de la dynastie Bongo, a remporté 90,35 % des voix à l’élection présidentielle organisée 19 mois après son coup d’État d’août 2023.
« M. Brice Clotaire Oligui Nguema est élu président à la majorité absolue des suffrages exprimés, avec 575 222 voix », a annoncé le ministre de l’intérieur, Hermann Immongault. Il est suivi par son principal adversaire, l’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie-by-Nze, qui a servi sous le régime Bongo et qui a obtenu 3,02 % des voix.
Le pays, sous régime militaire depuis plus de 18 mois, a observé un vote sous haute surveillance. Ce scrutin testait non seulement la capacité du pouvoir actuel à organiser une élection transparente, mais aussi la mise en œuvre des réformes promises par le gouvernement, notamment la révision de la constitution. Cette dernière interdit désormais les successions familiales et limite les mandats présidentiels à deux, marquant ainsi un tournant dans l’histoire politique du Gabon.
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Sur le plan économique, la banque mondiale a souligné le 07 avril 2025 que, depuis le coup d’État d’août 2023, des changements ont été observés dans les politiques économiques mises en œuvre au Gabon. Les principaux changements incluent la mise en œuvre de politiques budgétaires plus expansionnistes et des efforts accrus pour soutenir les entreprises et la création d’emplois dans des secteurs divers, ainsi que pour améliorer la qualité et l’accès aux infrastructures et services publics.
Plus récemment, la croissance du Gabon a accéléré pour atteindre environ 2,9 % en 2024, contre 2,4 % en 2023, en raison notamment de l’accélération des projets d’infrastructure réalisés par le gouvernement de transition, et de l’augmentation de la production de matières premières telles que le pétrole, le manganèse et le bois dans un contexte marqué par une demande soutenue de la Chine et de l’Europe, des restrictions moins strictes de l’OPEP+, et par l’exploitation de nouveaux champs pétroliers et miniers.
En raison de l’accélération des projets d’infrastructure, de l’organisation du référendum constitutionnel de novembre 2024 et de l’augmentation des mesures sociales, on a assisté à une hausse significative des dépenses budgétaires alors que dans le même temps, les recettes budgétaires de l’État ont souffert de la baisse des recettes pétrolières causée par une baisse de 4 % des prix du pétrole, malgré une augmentation des recettes fiscales soutenue par les efforts mis en œuvre par l’administration fiscale pour numériser les déclarations fiscales ainsi que par le bureau des douanes situé à la frontière nord du pays. Aussi le défi budgétaire s’est-il creusé, atteignant environ 3,7 % du PIB en 2024. L’inflation, quant à elle, reste sur une tendance baissière, atteignant 0,9 % en décembre 2024, grâce à l’introduction de mesures supplémentaires visant à contenir le coût de la vie et au maintien d’une politique monétaire restrictive par la BEAC.
La croissance gabonaise devrait rester positive mais modérée au cours des prochaines années, en raison de l’épuisement progressif des réserves de pétrole, prévu à partir de 2025. Cependant, d’autres secteurs tels que l’industrie du bois, les plantations de palmiers à huile et de caoutchouc, ainsi que le fer, avec le début récent de la production du gisement de fer de Belinga en 2024, devraient jouer un rôle clé dans la croissance future.
Néanmoins, des risques significatifs pèsent sur les perspectives de croissance du Gabon. Les tensions géopolitiques et la montée du protectionnisme pourraient affecter l’accès du Gabon aux marchés, tandis qu’une demande plus faible de la part des principaux partenaires commerciaux, tels que la Chine et l’UE, pourrait affecter les performances de ses exportations.
Un autre risque significatif pourrait provenir de la détérioration de la situation budgétaire du pays en raison de la baisse attendue des revenus pétroliers à partir de 2025, combinée à de fortes pressions sur les dépenses publiques pour répondre aux fortes demandes sociales d’améliorations rapides et tangibles des conditions de vie.
Le Gabon est également exposé au risque d’un accès réduit aux financements extérieurs et d’une augmentation des coûts d’emprunt, compte tenu d’une part, du resserrement des conditions financières au niveau mondial et, d’autre part, de la capacité d’emprunt plus limitée des pays de la CEMAC sur le marché financier régional. Sans mesures correctives, une augmentation des déficits budgétaires pourrait compromettre la viabilité de la dette.