Créé le 26 mai 1990, le parti a connu ses beaux jours dans la première décennie et tend à s’effriter à la veille du départ en retraite de son fondateur et président national Ni John Fru Ndi, 82 ans.
Le 26 mai 2023, le Social democratic front soufflera sur ses 33 bougies, marquant 33 ans d’existence et de combat politique. En vue de marquer cet événement, dans un communiqué en date du 23 mai, le secrétaire général du parti, Me Adeline Lord Djomgang, appelle tous ses camarades à une mobilisation massive dans les 10 régions. Mais, créé en 1990 avec le retour du multipartisme au Cameroun, la formation politique a perdu sa virilité au point où son action produit de moins en moins des fruits.
En effet, il est bien loin l’époque où le SDF était un parti influent de l’opposition camerounaise. Tenez par exemple, au terme des élections sénatoriales du 12 mars 2023, le parti est rentré bredouille des urnes. Il aura fallu l’acte présidentiel pour sauver sa présence à la Chambre haute du Parlement pour les cinq prochaines années, en nommant le sénateur Vanigansen Mochiggle. Chose qui, dans l’histoire du Sénat en fonction depuis 2013, est inédite. En 2018, le Sdf a remporté sept sièges à l’élection tenue le 25 mars, la moitié des sièges remportés au scrutin du 14 avril 2013.
Cette tendance à la baisse s’observe aussi à la Chambre basse du Parlement. A l’Assemblée nationale, le parti compte cinq députés au lendemain des législatives du 09 février 2020, loin derrière les 18 députés obtenus en 2013 ; les 16 en 2007, les 22 en 2002 et les 48 en 1997 ; le parti ayant opté pour le boycott en 1992.
Aux élections présidentielles successives, le candidat Ni John Fru Ndi a été le meilleur challenger de Paul Biya jusqu’en 2011 (36% en 1992 ; 17,40 en 2004 ; 10,71 en 2011). En 1997, le parti a boycotté la présidentielle. En 2018, le Chairman a passé le témoin et les militants ont choisi le candidat Joshua Osih pour lequel le peuple camerounais n’a accordé que 3,36% des suffrages derrière Cabral Libii (6,28%), Maurice Kamto (14,23%) et Paul Biya (71,28).
Au plan local, l’influence du SDF est en régression. Le parti contrôle quatre communes depuis 2020, soit une réduction de 19 maires élus en 2013. Dans les Conseils régionaux en place depuis 2020, le SDF n’a aucun conseiller sur les 900, du fait du boycott des toutes premières élections régionales tenues le 06 décembre de la même année. Une raison qui, s’adossant sur la crise séparatiste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, principal foyer du parti, participe à réduire l’emprise du SDF.
Guerres de succession au sein du SDF
Outre ses multiples boycotts (législatives de 1992, présidentielle de 1997, régionales de 2020) et la crise séparatiste, les conflits internes fragilisent le SDF. Au moment où son fondateur et président national depuis sa création, le Chairman Ni John Fru Ndi, s’apprête à quitter son fauteuil, la guerre de succession bat son plein au sein du Social democratic front.
Le dernier signe de ce conflit est l’exclusion de 27 cadres du parti ayant trainé le Chairman au tribunal. Ces exclus ont constitué le G27 et tentent de mettre sur pied une autre faction du SDF pour la raison que, selon eux, le parti évolue déjà en marge de son idéologie originelle. Si certains voient en ces crises internes la main du système gouvernant pour fragiliser le parti d’opposition, d’autres décrient les égoïsmes individuels et appellent le fondateur à organiser les bases d’une réconciliation entre ses fils et filles avant de prendre sa retraite à la tête du parti.