Dans la nuit du 5 au 6 mai 2025, la localité de Hile-Alifa, située dans le département du Logone-et-Chari, région de l’Extrême-Nord du Cameroun, a été le théâtre d’une attaque attribuée au groupe jihadiste Boko Haram.
L’assaut a coûté la vie à un soldat, blessé plusieurs autres et causé d’importants dégâts matériels, relançant les inquiétudes autour de la sécurité dans cette région frontalière du Nigeria.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Une attaque meurtrière dans une zone sous tension
Selon des sources locales et dernier compte rendu du journaliste Guibai Gatama sur place, l’attaque s’est déroulée entre 2h et 4h du matin. Les assaillants ont ciblé un poste de sécurité, tuant un militaire et faisant plusieurs autres blessés graves. Les victimes ont été transportées à l’hôpital de district de Makary pour y recevoir des soins. Deux véhicules appartenant à la mairie ont été incendiés et les assaillants ont également emporté de nombreuses armes appartenant aux forces de sécurité.
Cette offensive s’inscrit dans une série d’attaques menées par Boko Haram dans l’Extrême-Nord, en particulier dans les zones frontalières tels que le Logone-et-Chari, le Mayo-Sava et le Mayo-Tsanaga. En janvier 2025, une trentaine d’attaques avaient été recensées dans la région, faisant au moins 26 morts, dont deux soldats de la Force multinationale mixte (FMM), ainsi que des blessés et de lourds dégâts matériels.
Un conflit qui persiste dans l’Extrême-Nord
Depuis 2014, l’Extrême-Nord du Cameroun vit au rythme des incursions répétées du groupe Boko Haram. Malgré les offensives militaires, les cellules résiduelles du groupe jihadiste nigérian continuent de mener des attaques sporadiques contre les civils et les militaires, particulièrement dans les zones frontalières avec le Nigeria. Hile-Alifa, tout comme Fotokol, Kolofata ou encore Mora, figure parmi les localités les plus exposées à cette insécurité chronique.
Entre janvier et juillet 2023, pas moins de 169 civils y ont été tués par les groupes jihadistes, selon les données compilées par des sources sécuritaires et humanitaires. En 2024, la tendance s’est poursuivie : 15 personnes ont été tuées et des centaines déplacées rien qu’en septembre. Au total, dans le seul département du Logone-et-Chari, au moins 42 cas d’enlèvements ont été signalés, souvent accompagnés de demandes de rançon. Face à cette menace constante, le gouvernement camerounais, avec l’appui de la Force multinationale mixte (FMM), a tenté de renforcer le dispositif sécuritaire : en juin 2024, un contingent de 600 gendarmes a été déployé dans les zones à haut risque. Mais l’attaque de cette nuit rappelle la complexité du conflit : un ennemi diffus, capable de frapper rapidement avant de disparaître dans les replis transfrontaliers.
Alors que le pays entre dans une période électorale sensible, la sécurité dans l’Extrême-Nord reste plus que jamais un enjeu majeur.