Le président de la République du Cameroun a annoncé le 13 juillet 2025 sa candidature à sa propre succession. Il se dit engagé à servir le pays au cours du prochain septennat.
À 92 ans, Paul Biya, enfermé dans le silence et non-présent sur la scène publique, surprend l’opinion par son engagement à demeurer au pouvoir. « J’ai donc décidé de répondre favorablement aux appels pressants qui montent des 10 régions de notre pays et de la diaspora. Je suis candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 », a déclaré le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. L’homme se dit engagé à répondre aux défis qui s’imposent au Cameroun dans un contexte mondial de plus en plus contraignant.
Mais, qu’annonce un tel engagement pour un homme qui a accédé à la magistrature suprême le 06 novembre 1982 ? Il totalise 43 ans de présidence au terme desquels le peuple peine encore à satisfaire les besoins les plus élémentaires.
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En ville comme en campagne, la population manque d’eau potable. L’énergie électrique est clignotante. Les ménages ont de la peine à se nourrir. Les jeunes trouvent mieux de quitter le pays que de rester, faute d’emplois et d’opportunités. Le taux de chômage atteint les 74% en 2024. L’indicateur est du président de la commission de l’éducation à l’Assemblée nationale, Gabriel Fandja qui l’a révélé le 13 novembre 2024. L’inflation est galopante et projetée à 5% en 2025. Les libertés de manifester, d’opinion et autres sont souvent bafouées au prétexte de prétendues menaces à la paix et à l’ordre public. L’état des routes et des rues est alarmant. Des écoles dans des zones reculées sont en matériaux provisoires. Celles construites sont en lambeaux. Le niveau scolaire est en chute libre. Les universités manquent de laboratoires. Les hôpitaux manquent de couveuses ; le plateau technique n’est pas assez fourni. La corruption continue de faire perdre des milliards à l’Etat.
En 43 ans, alors que le président Paul Biya était encore en pleine forme, ces problèmes n’ont pas trouvé de solutions. À 92 ans, il se dit engagé à servir le pays et à relever les défis. Cela devrait commencer par la maîtrise de la gouvernance. Avec l’envoi en retraite des fonctionnaires et directeurs ayant atteint l’âge de la retraite, le remplacement des responsables nommés qui sont à la limite de leurs mandats. Le Pr Viviane Ondoa Biwole a sonné l’alerte en indiquant dans une étude que le président de la République devrait nommer 102 directeurs généraux et directeurs généraux adjoints avant le 12 juillet 2026. Avec un homme affaibli du fait de l’âge et des réalisations, le pays qu’on a observé ces dernières années avec autant de scandales va-t-il tenir encore sept ans ?