Entretien avec Anselme Kemva, vice-président et porte-parole du MECAM et par ailleurs directeur général de Palace Print
Qu’est ce que le MECAM?
Le MECAM est une organisation patronale qui a pignon sur rue au Cameroun depuis onze ans et qui a pour rôle la défense des intérêts des entrepreneurs camerounais en priorité. Le paysage patronal au Cameroun est chapeauté par le GICAM (Groupement inter patronal du Cameroun) depuis 1957 qui était comme l’antichambre des français car, les Petites et Moyennes entreprises (PME), les Petites et moyennes industries (PMI) et les Très petites entreprises (TPE) camerounaises n’y étaient pas représentées. Ainsi, tous les laissés pour compte, tous ceux qui n’ont pas de moyens pour adhérer à ce groupement élitiste ont décidé de créer le MECAM. Ses fondateurs sont James Onobiono, Alphonse Bibehe et Richard Lowe. Ces derniers ont essayé de mettre en place les fondamentaux et nous avons seulement pris le relais ceci, afin de développer l’entreprenariat local avec la même ferveur patriotique.
Qu’est ce qui fait la différence entre le MECAM et les autres organisations patronales comme le GICAM?
Tout est fonction de ce que je peux appeler la ligne éditoriale de chaque groupement. Le MECAM s’occupe de toutes les entreprises: Des TPE aux grandes entreprises, en passant par les PME et PMI. La plupart de nos membres sont d’ailleurs les TPE. C’est l’inverse au GICAM qui s’occupe plus des grandes entreprises. Le MECAM, par rapport aux autres, accorde beaucoup plus d’importance aux petites entreprises. Le MECAM a aussi un programme spécifique pour la diaspora. Notre mouvement est ouvert à toute entreprise de la diaspora qui veut adhérer et qui peut apporter un plus au développement de notre économie. Notre crédo est la multiplication des joint-venture, la synergie et le transfert du savoir.
Comment le MECAM A trouvé l’année 2010 sur le plan économique?
L’année 2010 a été très florissante, ceci grâce aux actions du chef de l’état, Paul Biya, qui a de plus en plus associé le secteur privé dans ses multiples voyages à l’étranger. Elle a été positive dans l’ensemble avec des grandes initiatives comme l’emprunt obligataire de 200 milliards lancé par l’état du Cameroun, qui a été un grand succès et plusieurs autres projets. Il est vrai, beaucoup reste encore à faire. Mais, contrairement à 2009 qui souffrait encore des affres de la crise financière, 2010 a été plus calme.
Que pensez-vous des grands projets structurants du gouvernement?
Nous pensons qu’il faut revenir d’abord à l’essentiel. Le budget de l’agriculture est passé de 60 à 71 milliards seulement. C’est encore très insuffisant. Nous constatons de plus en plus une inflation galopante des produits de première nécessité. Il faudrait que le gouvernement comprenne qu’il faut commencer à intensifier la production agricole locale, afin d’assurer l’autosuffisance alimentaire. C’est vrai! Il faut les routes, les ponts, les barrages et les ports mais, nous estimons qu’il faut commencer par l’essentiel. Sur les 475.000 kilomètres carrés de superficie, à peine 80 à 85% ne sont pas exploités. C’est énorme. Il faut intensifier l’agriculture. Pour le faire, il faut commencer à multiplier des synergies avec des pays comme le Maroc, qui est l’un des grands producteurs de phosphate. Ceci permettra de résoudre l’épineux problème d’engrais présenté comme l’un des freins au développement de l’agriculture camerounaise. Aussi, il faudrait que l’état prenne des mesures pour sécuriser nos frontières, pour que nos produits locaux ne soient pas concurrencés par ceux de contrebande.

Le MECAM est actuellement en train de communiquer sur un projet assez original, celui de la production de l’eau potable à partir de l’humidité de l’air. Qu’en-est-il concrètement?
L’invention est des français, d’après ce que nous a fait savoir la diaspora camerounaise qui s’est saisie du projet, afin d’avoir l’exclusivité dans la CEMAC. Il s’agit d’une fontaine dont on a seulement besoin d’une source lumineuse. En effet, à travers une source d’énergie qui peut être éolienne, solaire, thermique ou hydroélectrique, il suffit de brancher cette fontaine pour avoir de l’eau captée dans l’air ambiant par la machine. Ce projet est intéressant pour les pays en développement comme le Cameroun qui a une diversité de sources d’énergie et qui souffre malheureusement des graves problèmes de ravitaillement en eau potable. C’est un projet qui pourra permettre aux populations reculées d’en tirer grand profit et aux hôpitaux de mettre fin aux problèmes d’eau. La qualité d’eau est irréprochable d’après l’OMS qui a fait des tests dans ce sens.
Quand est-ce que ce projet sera expérimenté au Cameroun?
Tout dépend de quand aura lieu le comice agropastoral d’Ebolowa. Nous comptons être présents à ce comice avec cette innovation. Nous allons tout faire pour qu’une fontaine soit au comice avec tous les supports de communication nécessaires. On va par la suite rencontrer les autorités compétentes pour s’accorder sur l’adéquation produit et prix. Après, on verra la suite.
Pouvons-nous en savoir plus sur votre parcours?
Je n’aime pas souvent parlé de mon parcours. Ce qui importe ce sont mes actions, mon apport au développement de notre économie. Mais, retenez que j’ai passé une décennie en France, notamment à Paris où j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur commercial. De retour au Cameroun, j’ai travaillé tour à tour au groupe Fotso, Fokou et chez Grafic System avant de créer mes propres structures. Une imprimerie appelée Print Palace, un restaurant appelé Poulet du Bonheur en l’occurrence.
