A travers la sortie du vicaire général du diocèse d’obala, le Pr Tetanye Ekoe voit l’Eglise catholique aller dans des “approximations aventureuses sur un terrain si éloigné de ses préoccupations séculaires”
Tetanye Ekoe, professeur de pédiatrie et et ancien vice-président de l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC), s’insurge contre la lettre-circulaire du diocèse d’Obala, signée de son vicaire général (Mgr Luc Onambele) le 19 octobre dernier, interdisant le vaccin contre le col de l’utérus dans les formations sanitaires et écoles primaires de l’Eglise catholique dans ledit diocèse.
“La note épiscopale, objet de la polémique malheureuse et inopportune que l’opinion découvre avec étonnement, est manifestement truffée de raccourcis pseudo-scientifiques. Elle débouche sur des conclusions hâtives et inacceptables au plan de la santé publique”, a décrié le Pr Tetanye Ekoe dans une tribune publiée dans la presse publique le 28 octobre.
Dans sa sortie du 19 octobre dernier, le vicaire général dans cette commune du département de la Lékié (Centre-Cameroun), expliquait que le programme de vaccination contre le virus du papillome humain (Human Papilloma Virus, HPV) des jeunes filles âgées de 9 à 14 ans, mis en oeuvre par le le gouvernement avec l’appui de l’OMS et de l’Unicef depuis le 12 octobre, ne couvre que deux sous-types du HPV sur plus d’une quinzaine. Il mettait également en garde contre les effets secondaires et le doute de son efficacité sur le cancer du col de l’utérus.
L’Eglise catholique se retrouve là à des “approximations aventureuses sur un terrain si éloigné de ses préoccupations séculaires”, estime pour sa part le Pr Tetanye Ekoe.
Il existe une centaine de sous-types de ce virus, mais seulement 14 types de ce virus déterminent les verrues génitales et les lésions pré-cancérigènes, selon le pédiatre. “Les virus des sous-types 16 et 18 [ceux pris en exemple par le vicaire et qui sont responsables des lésions pré-cancérigènes] protègent aussi contre les sous-types 31,33 et 45 [qui causent les verrues génitales et qu figurent parmi les principaux observés au Cameroun]”, explique le médecin.
Par ailleurs, ajoute-t-il, les deux doses de vaccins gratuits, qui ont en réalité un coût réel de 65 000 F CFA la dose soit plus de 130 000 F CFA pour les deux doses requises pour chaque personne, sont administrées dans un âge où la plupart des filles n’ont pas encore d’activité sexuelle.
“D’après le programme de lutte contre le cancer, 30 à 40 jeunes femmes sur 1 000 000 soit 6 000 à 8 000 jeunes personnes sont atteintes chaque année de cette affection et plus de 2500 en meurent dans des conditions inhumaines et inacceptables dans leurs familles ou dans les hôpitaux”, relève le Pr Tetanye Ekoe qui suggère au diocèse d’Obala de ne pas “basculer dans le camp de ceux qui veulent affaiblir l’Etat”.
“Les vaccins anti HPV confèrent aux personnes vaccinées une protection de longue durée, généralement supérieure à 10-15 ans et que nulle part on a pu démontrer une baisse de cette protection immunitaire”, soutient le médecin.