L’Afrique Centrale en concertation à Yaoundé pour éradiquer la peste porcine

Initié par la FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale, l’atelier ouvert lundi dans la Capitale camerounaise est axé sur l’élaboration d’une feuille de route visant à stopper la maladie

Une feuille de route pour éradiquer la peste des petits ruminants (PPR) en Afrique Centrale. C’est ce sur quoi travaillent les participants à l’atelier régional ouvert lundi, 24 août 2015 à Yaoundé. La rencontre initiée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), en collaboration avec le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), est présidée par le Minepia, Dr Taïga, en présence du représentant résident de la FAO au Cameroun, Maï Moussa Abari. Au cours des travaux, il sera question de faire l’état des lieux de la PPR et des capacités des services vétérinaires à la contrôler.

Selon une enquête du FAO, un risque de contagion plane sur deux milliards de petits ruminants, et la présence de la peste freine l’efficacité de la production animale qui représente une part significative de l’élevage. L’apport de ce secteur dans le PIB agricole des pays de la région se situe entre 1 et 40%, avec un cheptel bovin de plus de 22 millions de tête, 36 millions de petits ruminants et 6 millions de porcins.

«Une fois introduit, le virus peut infecter jusqu’à 90% d’un troupeau. La maladie en elle-même tue entre 30 et 70% des animaux infectés», explique le spécialiste de la santé animale à la division de la santé animale de la FAO, Félix Njeumi, cité dans le quotidien national ce mardi.

Réunis déjà en avril 2015 à Abidjan en Côte d’Ivoire, les pays concernés entendent trouver des solutions pour éradiquer la maladie. «La stratégie va consister en l’organisation de la feuille de route régionale pour engager les pays concernés à agir de manière synchronisée», précise le Dr Taïga.

Les travaux de Yaoundé s’achèvent mardi, 25 août 2015.

Une feuille de route pour sauver la production animale en Afrique Centrale.
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L’Extrême-Nord de nouveau confrontée à une épizootie de peste porcine

Une épizootie de peste porcine africaine sévit depuis le début du mois de mai, dans les départements du Mayo Danay et Mayo Kani dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun

Une épizootie de peste porcine africaine sévit depuis le début du mois de mai, dans les départements du Mayo Danay et Mayo Kani dans la province de l’Extrême-Nord du Cameroun, limitrophe du Tchad.

Interrogé par Scidev.Net, Kidmo Mbraogue, Responsable départemental de l’élevage du Mayo Danay, indique qu’« au moins 400 porcs sont déjà morts, tués par la maladie ou alors abattus par les services vétérinaires ».

« La peste porcine africaine est une maladie infectieuse extrêmement mortelle et contagieuse. Elle tue au bout de trois jours », explique ce médecin vétérinaire.

Il ajoute que « dans l’Extrême-Nord, les éleveurs désignent la maladie sous l’appellation de maladie rouge, du fait de la rougeur de l’abdomen et des oreilles des porcs malades ».

Cette épizootie, poursuit-il, est arrivée « dans cette partie du Cameroun fin avril par des élevages infectés de la région tchadienne du Mayo Kébi, à la suite d’échanges transfrontaliers ».

Cependant, la propagation de cette épizootie dans cette région du Cameroun a aussi été favorisée « par le manque d’hygiène dans les porcheries et le grand nombre de porcs en divagation », reconnaît David Soulna, l’un des plus grands éleveurs de porcs du village Datchekeka, particulièrement atteint par la maladie.

Outre l’abattage systématique des porcs, l’autre mesure prise est l’interdiction de la circulation du bétail entre les deux départements touchés.

Sans oublier l’interdiction du commerce et des échanges de bétail avec le reste du pays ainsi que la désinfection systématique des porcheries.

Ce dispositif de surveillance devrait demeurer en place pendant six mois; même si, à en croire Kidmo Mbraogue, « la maladie est désormais sous contrôle ».

Cette épizootie rappelle celle de 2010 qui avait vu l’abattage de quelque 25 000 porcs dans la même province; et fait déjà craindre une hausse des prix de la viande de porc sur les marchés.

Mais, le Cameroun n’est pas le seul pays africain concerné en ce moment par la peste porcine africaine.

Madagascar
Une récente étude menée à l’Obihiro University of Agriculture and Veterinary Medicine au Japon pointe du doigt l’attitude des éleveurs malgaches dont l’ignorance de la loi entrave la lutte contre cette maladie sur la Grande Île.

La maladie qui a décimé presque 100 % du cheptel national en 1997-1998 est aujourd’hui devenue endémique à Madagascar, selon Julie Ravaomanana du département de Recherche zootechnique et vétérinaire du Centre national de recherche appliquée au développement rural (Fofifa).

« Nos éleveurs sont malins. Ils connaissent les symptômes; mais, sans hésitation, ils recourent à la vente à perte dès les premiers signes suspects, contribuant ainsi à la propagation du virus », regrette-t-elle.

Pour Solofoniaina Rakotondrahanta, Directeur des Malagasy professionnels de l’élevage (MPE), la situation est aggravée par l’absence de structures adéquates d’abattage.

« Aucun abattoir digne de ce nom n’existe chez nous comme le veut la réglementation. Il n’y a que des tueries que nous rencontrons partout. Or, un abattoir permet de détecter la maladie et de prendre des mesures correspondantes », remarque-t-il.
La conséquence c’est que malgré l’interdiction, les porcs sont toujours en divagation et les populations continuent de consommer de la viande contaminée.

« La viande a même un goût légèrement affadi dans ce cas en raison de la présence de toxines dans l’organisme de l’animal. Mais aucun risque de zoonose pouvant affecter la santé humaine n’est à craindre », confirme Julie Ravaomanana.

Malheureusement, pour l’heure, dit cette chercheuse, il est impossible d’éradiquer cette maladie parce qu’aucun vaccin ni traitement ne sont disponibles.

Le moins que l’on puisse dire est que cette maladie a de grandes conséquences sur l’économie des pays concernés.

A Madagascar, la filière porcine, incorporée dans l’élevage à cycle court touche 71,7 % de la population et est l’une des activités les plus porteuses pour le monde rural.

Au Cameroun, la province de l’Extrême-Nord représente à elle seule près de 25% de la production nationale de porcs estimée en 2014 à 1,7 millions de têtes ; tandis que le pays produit 47 000 tonnes de viande de porc par an sur une demande estimée à 75 000 tonnes.


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