Un nouveau marché s’est créé à quelques mètres de l’entrée principale de l’immeuble Rose qui abrite plusieurs ministères
C’est juste un parking et une bretelle qui séparent ce marché de l’immeuble ministériel. L’image est insolite mais réelle et le visiteur qui débarque pour la première fois dans ces lieux se croirait dans un marché de l’un des quartiers populeux de Yaoundé tel que Mvog Mbi, Mvog Ada ou Ekounou. Certaines femmes s’activent à braiser du poisson, du poulet, dégageant la fumée et la chaleur ; d’autres femmes vendent du riz, plantain, macabo, haricot, ndolè etc.
Dans un autre coin, se vend la boisson (bière, jus et eau). Le coin est animé par des consommateurs qui discutent des sujets d’actualité ou d’autres choses. Les fumeurs peuvent aussi se satisfaire sur place car, la cigarette fait aussi partie des produits qu’on y retrouve. Et c’est sur des bancs de fortune ou des casiers de bière que s’asseyent des consommateurs. D’un autre côté du marché se trouvent alignées des photocopieuses gérées par des jeunes qui « chassent » des clients. Les gérants des « call-box » ont également leurs places dans ce melting-pot commercial.

Ce nouveau marché, véritable curiosité dans un endroit aussi sensible et stratégique de la capitale, étonne plus d’un observateur. D’abord, son décor contraste avec celui des différents bâtiments abritant les ministères des fiances, du travail et de la sécurité sociale et surtout, « l’immeuble Rose » qui abrite des ministères du tourisme, du commerce, des petites et moyennes entreprises, de l’économie de la planification et de l’aménagement du territoire. La plupart des personnels de ces ministères et des visiteurs prennent leurs repas de midi dans cet endroit. Les cantines étant inexistantes dans les ministères. L’affluence et l’animation qui y règnent illustrent la bonne marche du business. Les fonctionnaires ont donc leurs restaurants où ils peuvent d’ailleurs manger à moindre coup. Même certains collaborateurs des ministres viennent s’y désaltérer nous confie un vendeur de bières. Ce marché qui s’effectue en plein air est ouvert au petit matin avec l’arrivée des commerçants qui transportent leurs matériels de travail et leurs aliments. Ils se ferment le soir avec la fin des activités à l’intérieur et aux alentours de l’immeuble Rose.

Mais la question que l’on se pose ici est de savoir pourquoi un tel marché peut prospérer à cet endroit ? Au regard des travaux d’embellissement de la ville de Yaoundé, menés un peu partout, ce marché qui prospère devant des ministères aurait pu être remplacé par la construction d’un centre commercial ou un restaurant conforme qui pourra cadrer avec le milieu. La communauté urbaine de Yaoundé ne s’est pas encore prononcée au sujet de ce marché. Les commerçants et autres vendeurs disent être en règle avec la commune. Le moins que l’on puisse dire est que la vente de l’alcool peut avoir un impact négatif sur le travail de certains fonctionnaires dont quelques uns pourraient perdre la lucidité. On peut aussi craindre des dérapages de toutes natures causés par les effets pervers de l’alcool. Des vols et agressions qui peuvent y survenir, sont susceptibles de créer un climat d’insécurité dans cet endroit, où il n’existe aucun poste de police pouvant dissuader d’éventuels fauteurs de troubles.
