Cameroun : les enseignants maintiennent la grève malgré le paiement annoncé de 96 milliards

Bien que le ministre des Finances ait donné des assurances de payer 96 milliards jusqu’en 2024, les enseignants entendent poursuivre le débrayage.

Le gouvernement du Cameroun vient de décider de payer un montant de 96 milliards de FCFA aux enseignants grévistes. Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a donné des assurances devant la Représentation nationale de verser cette somme avant la fin de l’année 2024. Une projection qui entre en droite ligne de la mise en œuvre des directives présidentielles de mars 2022 en réponse aux revendications des enseignants.

Cependant, la nouvelle n’est pas de nature à donner satisfaction aux professionnels de la craie. Les membres des mouvements OTS, OTA et du Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA) pensent que ce montant ne règle qu’une partie des revendications.

Dans une communication reconduisant la grève pour ce 27 novembre, ils soutiennent que « payer une dette qu’on a maladroitement accumulée ne constitue ni une faveur ni une action révolutionnaire. Annoncer son paiement et laisser croire que les enseignants exagèrent avec les revendications dont de nouvelles apparaissent au fil du temps n’est pas très fin ».

Ils rappellent les revendications auxquelles ils tiennent. « Notre statut spécial signé et appliqué pour avoir un profil de carrière, une revalorisation salariale et d’autres primes spécifiques ; l’automatisation des actes de carrière ainsi que les effets financiers comme dans les autres corps de l’Etat (…) ; notre argent que le gouvernement a accumulé comme dette ». Les enseignants disent attendre que ces points soient résolus pour que le calme revienne dans les établissements scolaires.

Pour apporter des réponses à leurs revendications, le gouvernement a organisé plusieurs réunions de concertation jusqu’aux Services du Premier ministère. Le 22 novembre dernier, une délégation des syndicats et mouvements d’enseignants a été reçu au secrétariat général de la présidence de la République. Au sortir de cette rencontre, le conseiller technique a demandé aux enseignants de produire un statut spécial consensuel.

 

Cameroun-Littoral : un dialogue inclusif annoncé pour stopper la grève des enseignants

Le délégué régional des Enseignements secondaires pour le Littoral envisage de remobiliser les enseignants qui observent le mot d’ordre de grève depuis la rentrée scolaire.

Les opérations de débrayage observées dans des établissements scolaires depuis le 04 septembre dernier suscitent la réaction des autorités éducatives dans la région du Littoral. Dans une correspondance adressée aux chefs d’établissements de son ressort, le délégué régional des enseignements secondaires dit être informé de l’application du mot d’ordre de grève dans certaines structures d’enseignement secondaire.

De ce fait, le représentant du ministre des Enseignements secondaires dans le Littoral demande à ces responsables le point des mesures prises pour ralentir ou stopper la grève. Les responsables d’établissements sous couvert des délégués départementaux des Enseignements secondaires de la région sont appelés à produire des statistiques de l’état des lieux de la situation depuis le 20 septembre 2023. « Un dialogue inclusif devra être engagé avec les principaux acteurs et des arguments persuasif devront être évoqués pour remobiliser les enseignants à l’encadrement des élèves », annonce le délégué.

Suite à la publication de cette correspondance, les adeptes des mouvements « OTS » et « OTA » manifestent leur prudence et leur recul. Selon eux, le délégué régional a refusé de mentionner dans sa correspondance le Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA) qui a émis le mot d’ordre de grève que les deux mouvements appliquent. Ils pensent que le « dialogue inclusif » annoncé ne pourrait porter des fruits sans tenir compte de la présence de ce syndicat.

Cameroun : des enseignants grévistes face à la pression administrative

Le gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine, saisit par message porté ses collaborateurs territoriaux, les préfets de la Menoua et du Nde, à l’effet de prendre des mesures qui s’imposent.

Selon le message de l’autorité administrative à compétence régionale, le mouvement « On a trop supporté » (OTS) est en activité dans certains établissements situés dans ces deux départements de la région de l’Ouest Cameroun. Ses adeptes appliquent le mot d’ordre de grève instituant « l’école morte » au sein des établissements scolaires du secondaire à compter du lundi 04 septembre 2023 jour de rentrée scolaire. Huit établissements d’enseignement secondaire général et technique sont concernés d’après les renseignements, dont sept dans la Menoua et un dans le Nde.

Dans le souci d’éviter la paralysie de l’année scolaire, le gouverneur de la région de l’Ouest interpelle les préfets des deux départements concernés. A la lecture du message urgent, leur action devrait donc consister à prendre des dispositions pour mettre un terme à ladite grève. Un message qui sonne comme la commande d’un rappel à l’ordre des enseignants qui observent le mot d’ordre de grève dans la région de l’Ouest et une mise en garde contre ceux qui le font dans d’autres régions.

Face aux pressions diverses

Dans la région du Centre, « sur instruction » qualifiée de « fallacieuses » par le préfet du département du Nyong-et-Mfoumou, le commandant spécial d’arrondissement d’Ayos a convoqué 18 enseignants le 06 septembre pour « absentéisme ». Le sujet devenant viral sur les réseaux sociaux, le préfet a adressé une correspondance au délégué départemental des enseignements secondaires pour désapprouver le commissaire de police qui aurait « délibérément tronqué les termes de ma lettre circulaire (…) ».

L’autorité a invité le délégué à demander aux enseignants de « ne pas obtempérer à ces convocations inopportunes et indigestes ». Il a plutôt convoqué les acteurs de la communauté éducative du département à une réunion d’évaluation de la rentrée scolaire ce 12 septembre 2022.

De leur côté, les responsables d’établissements sont en opposition avec les enseignants qui manifestent leur colère. Ils exigent la présence effective aux heures de travail, le début effectif des cours aux enseignants sous peine de sanctions disciplinaires. Certains ne tardent pas à servir des demandes d’explication à leurs collaborateurs.

Réaction de OTS et de SECA

Cependant, dans le camp en face, le message porté du gouverneur de la région de l’Ouest apparaît comme la preuve que la grève des enseignants dans la région de l’Ouest « commence à porter des fruits ». Dans un message de soutien adressé à ces professionnels de la craie, le mouvement OTS voit en cette interpellation du gouverneur, la mise en œuvre de « moyens d’intimidation pour essayer de briser les collègues ». Même face à cette sortie, le mouvement réitère que « les intimidations ne doivent pas nous émouvoir au point de faire perdre de vue nos objectifs (…) ça passe ou ça casse », peut-on lire dans ce document en date du 11 septembre 2023.

Dans un communiqué datant du même jour, le Syndicat des enseignants pour l’Afrique (SECA) « adresse ses chaleureuses félicitations » aux enseignants du Cameroun qui bravent les obstacles pour observer la grève. Pour cette organisation, « le mutisme du gouvernement est synonyme d’aveux de culpabilité ». Par ailleurs, « les chefs d’établissements qui donnent des demandes d’explication aux grévistes n’ont qu’une idée : protéger leur strapontin et beaucoup d’entre eux traînent des casseroles », soutient le syndicat qui crie à « une double trahison ».  Tout compte fait, la grève lancée en février 2022 et relancé le 04 septembre dernier, tente de se poursuivre malgré ces pressions administratives.

Cameroun-Rentrée scolaire 2023-2024 : des enseignants du secondaire menacent

Le mouvements OTS, OTA et le Syndicats des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA) envisagent d’intensifier leurs revendications à la rentrée scolaire.

Les grands rendez-vous marquants la vie du système éducatif camerounais enregistrent depuis février 2022 l’écho de détresse de certains enseignants. Parfois, ce sont plutôt des actions de débrayage qui dictent la loi au sein des établissements scolaires. Les mouvements « On a trop supporté », « On a trop attendu » et le SECA, après avoir presque paralysé le système éducatif au cours de l’année scolaire 2021-2022, ont observé un temps d’accalmie.

La raison est, disent-ils, qu’ils ont donné au gouvernement de la République, le temps de mettre en œuvre les directives présidentielles du 09 mars 2022. Celles-ci prescrivent de donner une réponse efficace aux revendications des enseignants. Mais, plus d’un an après, les seigneurs de la craie constatent, toujours selon eux, que les membres du gouvernement concernés « ont battu en brèche » ces instruction du chef de l’Etat.

Pour autant, à mesure que la rentrée scolaire du 04 septembre pour le compte de l’année scolaire 2023-2024 approche, ils affutent leurs élans pour observer un mouvement de grève. Dans les coulisses, l’on apprend qu’ils ont de nouveau fait parvenir leurs nouvelles doléances au plus haut sommet de l’Etat.

Celles-ci se basent sur les limites à la mise en œuvre des instructions présidentielles observées dans la réponse gouvernementale. Ces revendications portent sur le traitement des dossiers d’intégration des enseignants, sur la carrière des enseignants, la prise en charge financière du paiement des éléments de salaires, la réforme du système éducatif camerounais, etc. Selon eux, des mesures annoncées par des ministères impliqués dans la mise en œuvre des instructions du président Paul Biya n’ont pas tenu leurs engagements. Et ce malgré les annonces et explications faites au public via les médias.

Cependant, le mouvement de grève tel que vécu entre février et mars 2022 a pris un coup de froid lorsque le gouvernement a commencé à mettre en œuvre les instructions présidentielles. La réponse aux revendications financières se fait de manière échelonnée. La revendications concernant les problèmes d’intégration et de plan de carrière se traitent de manière progressive, selon les membres du gouvernement qui rassurent.

Tout compte fait, les menaces de grève des enseignants sont devenues régulières, revenant au début de l’année scolaire, comme à l’approche de la rentrée 2022-2023 ; lors de la reprise des cours après les congés ou encore à l’approche des examens officiels. Toutefois, la plupart du temps, elles restent des menaces, des mots d’ordre de grève non suivis.

Cameroun : la coalition des mouvements des enseignants relance la grève

Les mouvements OTS, OTA et SECA entrent en grève illimitée ce lundi 3 octobre 2022 sur l’ensemble du territoire. Ils entendent aussi boycotter les festivités de la journée mondiale des enseignants du 5 octobre 2022.

 

Après un moment d’accalmie observé depuis avril 2022, les enseignants du secondaire reprennent le débrayage. Ils relancent un vaste mouvement de grève ce lundi, à deux jours de la célébration de la journée mondiale des enseignants. Leurs revendications restent les mêmes que celles exprimées en février 2022, lorsqu’ils lancent le premier mot d’ordre de grève. Ces exigences sont de deux ordres selon les grévistes.

Il s’agit d’une part les revendications financières. Elles sont relatives à la dette due aux enseignants par le gouvernement. Cette dette résulte  de l’accumulation des salaires impayés aux enseignants dans le cadre  de l’application des modes de paiement de 2/3 ou 1/3 du salaire. Il est appliqué aux nouveaux enseignants sortis des écoles normales avant le début du paiement total de leurs salaires. A côté de ceux-là, d’autres enseignants disent ne pas recevoir de salaire du tout à la sortie de l’école normale. Puis ils attendent jusqu’à parfois 10 ans  en vain.

D’autre part, les enseignants revendiquent les meilleures conditions  de travail et la prise en compte de manière rapide de l’évolution dans leur carrière. Sur ce point, les seigneurs de la craie demandent entre autres la mise en œuvre du statut particulier des enseignants, la suppression du système de paiement partiel des salaires, l’automatisation des avancements et autres actes de carrières.

Ces revendications figurent parmi les sept préalables que les grévistes ont fixés en avril 2022. C’était dans le cadre de la reprise des cours pour  le compte du 3è trimestre. En août, veille de la rentrée scolaire, ils ont annoncé une grève illimitée dès le premier jour de  classe le 5 septembre 2022. Suite à cette annonce, le gouvernement a rappelé les solutions qui sont mises en œuvre de manière progressive. Les ministres ont appelé au sens de la responsabilité.