Ingénieur automaticien spécialisé en informatique de procédé, le jeune camerounais croit en une diaspora utile pour son pays
Pour la troisième édition du DAVOC dont il préside le comité technique d’organisation, il espère qu’émergera plus que par le passé une dynamique de développement grâce aux compétences de la diaspora camerounaise.
M. Jérôme Monteu, voulez-vous vous présenter pour nos lecteurs?
Je suis Jérôme Monteu Nana, «citoyen sécant» de la Diaspora camerounaise et résidant dans le sud de l’Allemagne. En corrélation avec le DAVOC, je suis le président du Comité technique d’organisation du Forum qui se tiendra du 06 au 08 Mai 2010 dans la ville onusienne de Bonn.
La troisième édition du DAVOC (Draw A Vision Of Cameroon) se tient à Bonn en Allemagne, pouvez-vous rappeler en quelques mots de quoi il s’agit?
Draw A Vision of Cameroon – DAVOC, le forum annuel des compétences de la diaspora camerounaise est un espace de rencontre entre Camerounais vivant à l’étranger, administrations publiques, opérateurs économiques et institutions internationales. DAVOC a pour principal objectif de donner la possibilité à la diaspora camerounaise de contribuer à sa manière au développement du Cameroun. En offrant cet espace de présentation de projets économiques, sociaux et culturels, le réseau des compétences de la diaspora camerounaise – CASA-NET – entend promouvoir une plateforme de réflexion et d’actions autour des préoccupations de développement du Cameroun. A Bonn nous allons empoigner la problématique suivante: «Diaspora, entrepreneuriat et politiques d’investissement». Plusieurs projets concrets de la diaspora seront exposés sur cette thématique. L’objectif étant de les évaluer afin que les plus intéressants puissent être appliqués et concrétisés par la suite au Cameroun avec l’appui de nos partenaires.
Comment prenez-vous la décision de devenir le président du comité d’organisation du DAVOC?
J’y suis depuis le départ ayant participé à la première édition de Genève, puis, à celle de Lyon en 2009. Au sortir du Forum de Lyon, j’avais pensé que le moment était venu de donner une autre dimension à cette manifestation mais dans la continuité des objectifs fondamentaux du Forum DAVOC. Ayant échangé avec les membres du Secrétariat Permanent de CASA-NET et en conformité avec nos statuts, je leur ai dit que j’allais dans un premier temps étudié la piste de l’Allemagne et revenir vers eux. J’ai sillonné l’Allemagne à la recherche des bonnes volontés disponibles avec lesquels nous devrions mener à bien cette lourde et difficile tâche, surtout que je souhaitais que les membres du CTO soient issus des quatre coins de l’Allemagne, car ceci nous servirait également de relais dans lesdits coins. On n’a pas pu le réaliser à 100% mais l’essentiel de l’objectif est atteint. Ceci étant fait, nous avons en toute logique manifesté notre volonté de porter haut le flambeau de la Diaspora camerounaise. J’ose croire que les faits sur le terrain nous donnerons le courage d’aller de l’avant en motivant ainsi les frères et s urs qui souhaiteraient nous succéder pour l’édition 2011.
Quelles nouveautés avez-vous introduit pour cette troisième édition et comment se sont opérés ces changements?
Je parlerais de continuité dans le processus d’amélioration des activités du DAVOC afin que nous puissions aller de l’avant. Le succès et la pérennité des activités du DAVOC résident sur le socle du fameux principe de la «Continuous Improvement Process ». C’est sur cette base que nous avons amélioré la structuration du programme, l’implication des Keynote Speakers avec une notoriété en matière de connaissance du terrain et non pas seulement des connaissances livresques. La participation des grandes entreprises, des PME tant nationales qu’internationales est un autre objectif important. Nous avons également réussit à impliquer des institutions mondialement reconnues telles la DAAD, la Global Cooperation Council, sans oublier la quinzaine d’associations camerounaises de la Diaspora qui sera représentée à Bonn. Je tiens à saluer déjà ce sursaut patriotique des différentes associations de se retrouver et de discuter sur la contribution à l’unisson de la diaspora pour booster le développement du Cameroun.
Y a -t-il eu des difficultés?
Même si beaucoup reste à faire c’est déjà un signe prometteur qu’au niveau de toutes les strates et secteurs de notre cité on peut avoir de plus en plus de «Lions indomptables». Nous ne devons cependant pas perdre de vue qu’un Lion indomptable n’est pas le cadre, qu’un Lion indomptable n’est pas l’universitaire, n’est pas celui qui a vendu sa conscience. Un lion indomptable n’est pas celui-là qui est bourré de parchemins, mais qu’un Lion indomptable est celui – là qui défend les intérêts du Cameroun. Il n’a pas honte de se remettre en question, il vise l’excellence et a pour seul objectif de faire aller le Cameroun de l’avant. Regardons ce que fait la «diaspora laborieuse», elle se comporte en véritable Lions indomptables, n’est ce pas là un modèle à suivre ?
Vos nombreux partenaires et sponsors sont des entreprises privées, quelles valeurs ajoutées apportent ces organismes au projet?
L’heure n’est plus aux propos politiciens de circonstance et moins encore à la publicité croissante et peu pragmatique sur le nombre de diplômés camerounais à l’étranger. Bien au contraire comme le disait Gramsi «Le diplôme est une présomption, il faut en faire une réalité». Ceux qui sont sur le terrain devraient dorénavant voir comment mettre leurs différents contacts professionnels en valeur. L’idée est qu’ensemble, nous puissions rassembler davantage des industries, la Diaspora et les décideurs afin d’échanger et de mettre des jalons du développement économique. Ce n’est qu’en symbiose avec toutes ces entités (y compris les partenaires privés donc) que nous allons atteindre nos objectifs. Si les universités nous permettent d’acquérir le savoir les entreprises nous permettent d’acquérir le savoir le savoir-faire et en les impliquant davantage dans nos initiatives cela les motivera d’emblée à se joindre à nous pour construire les différents chantiers en vue au Cameroun. Pour y parvenir, il faudrait coûte que coûte que le Patriotisme prime. Et j’en profite pour dire aux uns et aux autres qu’il n’y a pas de Diaspora crédible sans le Patriotisme, et pas de Patriotisme viable sans l’Intégration Holistique de la Diaspora.

A travers votre dynamisme, votre engagement pour le Cameroun semble constant, est-ce une façon pour vous de lancer un message aux autres membres de la diaspora camerounaise?
Ils sont nombreux qui uvrent pour le développement du Cameroun. Vous savez que la Diaspora camerounaise est plurielle. Il y a la diaspora scientifique et technique, la diaspora financière, la diaspora sportive et culturelle, la diaspora laborieuse et enfin la diaspora politique. De mon point de vue chaque diaspora a sa partition à jouer pour un Cameroun meilleur. Contrairement à ce que l’on pense, la diaspora la plus dynamique en direction du Cameroun, c’est-à-dire celle qui fait des réalisations concrètes est la diaspora laborieuse. Ceci étant, je ne peux que lancer un vibrant appel aux «Diplômés» de conjuguer les efforts afin de passer aux réalisations concrètes. De faire des parchemins une réalité. Leurs actions vers le Cameroun ne sont pas nulles, mais à mon avis insuffisantes. Beaucoup reste à faire et je la sais capable. D’un autre côté, il faudrait que le législateur mette sur pied des textes qui puissent faciliter son intégration afin qu’elle puisse remplir la mission qui est sienne sans problème.
En trois ans le DAVOC est devenu presque une institution quel est le secret de votre dynamique?
Le patriotisme, le processus continu d’amélioration, l’abnégation et le souci constant à aller de l’avant sont les points cardinaux qui nous ont toujours guidés. Nous n’avons jamais cessé de nous identifier à la teneur substantielle du «Ex Cameroun Semper Aliquid Novi»
Que pensez-vous de l’implication de l’Etat camerounais dans votre projet?
D’emblée ceci n’aurait été qu’un geste naturel. Cependant, comme pareil acte concret n’avait à ma connaissance jamais connu une telle ampleur, nous ne pouvons que nous réjouir de ce partenariat qui date depuis 2008 et qui s’améliore de jour en jour. Nous lui savons gré et qu’il aille de l’avant. La rencontre des délégués des associations de la Diaspora qui se tiendra en marge du DAVOC se prononcera sur l’avenir du partenariat avec le gouvernement camerounais dans sa globalité avec comme interlocuteur le MINEFOP. Bonn 2010 jouera un rôle déterminant dans l’avenir du DAVOC.
Un mot de fin?
Merci de m’avoir accordé cet entretien, je vous souhaite beaucoup de succès et à vos lecteurs de la Diaspora je me réfère au Président du Conseil Mondial du Panafricanisme: «Parlons moins, agissons plus, agissons mieux». Merci à tous les membres du CTO et au Secrétariat Permanent de CASA-NET qui ont pesés de tout leur poids pour que le DAVOC en Allemagne devienne une réalité.
