Stella Mouna, la Jeunesse d’une maturité artistique

Depuis son premier album «Mabwalo» sorti en 2000, l’artiste musicienne camerounaise a multiplié des expériences sur les scènes du monde, cet été, elle est attendue dans des festivals

Comme dans chacun de ses albums, Stella Mouna fait renaître et revivre son art dans son dernier album, «As de cœur». Des titres phares qui font bouger et que l’on fredonne partout. Une présence dans des festivals où elle est annoncée cet été : «Rencontres et racines», «La nouvelle Palabre africaine» et «Les Francophonies du rythme». Elle va bouger et faire bouger cet été. Nous l’avons rencontrée.

A propos de votre éternelle jeunesse artistique ?

Si l’on peut parler de jeunesse, pour moi qui suis de 1972, je dois dire en effet que c’est d’elle, mon enfance, de mes tendres souvenirs, du chemin des champs de mon Mungo natal, quand nous reprenions les mélodies de Maman, au riff de guitare improvisé de Papa et que tout le monde se moquait de ma voix, oui je dois dire que c’est là que tout a commencé. Je cultive tous les jours cette base qui s’est enrichie des influences de la pop africaine, de nos rythmes traditionnels, mais aussi de la musique des Caraïbes, du zouc, de l’éssèwè, du gospel et bien d’autres styles musicaux du monde. Et il y a ces artistes qui ont bercé mon enfance : Toto Guillaume, Manu Dibango, François Misse Ngoh, Salle John, Céline Dion, Jean-Jacques Goldmann, Lara Fabian, Césaria Evora.

Et comme tous les enfants de ce coin de mon pays, j’essaie de retracer et de faire revivre ces rythmes d’Afrique que je tiens de mon père et de ma mère.

A propos de l’influence de Belfort, votre ville, dans vos productions artistiques ?

Vous l’aurez sans doute remarqué, comme par hasard, Belfort est la cité du Lion, et je suis du pays des Lions Indomptables (rire) ! C’est en 1990, me retrouvant à Belfort, que j’ai présenté mes premières compositions dans les bars les plus prisés du coin. Puis, j’ai été avec le fameux groupe ANGE, groupe régional de renommée internationale. Une aventure artistique, de 1990 à 2002. Il y a eu mes cours de chant avec le groupe Philippe Suzan à Besançon.

Et à propos de votre parcours artistique ?

Il y a eu et il y a encore des voyages sur les scènes d’Europe, des acquis et des expériences puis, en 2000, mon premier album «Mabwalo», avec mon frère, Guillaume Tell (son vrai nom !), en 2004, l’album «Essèwè», un album jonché de tradition, de groove et de rap. Et, pour parler de «As de cœur», j’y ai mis beaucoup de passion, avec des chansons entraînantes et dansantes sur le thème du bonheur, de l’amour et du plaisir d’aimer et d’être aimé. Il y a des titres comme «Iyé bouger» qui est une invitation à la jeunesse, un appel au courage, un engagement à la responsabilité, bref, une chanson qui appelle à garder le moral haut. Il y a évidemment des balades à propos d’étoiles illuminant mon cœur d’amour, amour rythmant ma vie, mais aussi des titres de nostalgie, exprimant mes angoisses, loin de mes racines, de mes origines et du désir d’aller me ressourcer dans mes terres natales. Je chante aussi le lion, sa force et sa puissance… Ceux qui peuvent me verront chanter dans les différents festivals auxquels je participerai en France cet été ou sur le net, en se connectant sur youtube. On peut aussi y acheter mes albums.

Blick Bassy donne le ton du festival des musiques du monde

Entre registres intimistes et envolées festives, la chanteur et guitariste camerounais installé depuis huit ans en France évoque sa culture d’origine, soucieux de transmission et de création

C’est une journée très particulière, « traumatisée » par l’attentat de la veille à Nice (14 juillet 2016, Ndlr), ce vendredi 15 juillet, où le vent souffle comme rarement en été sur la cité d’Arles. Dans le cadre d’ordinaire apaisé de la cour de l’ancien archevêché dominé par la tour romane de l’abbatiale, Blick Bassy partage un de ces moments qui donnent le ton du festival des musiques du monde, Les Suds†: entre registres intimistes et envolées festives.

Lunettes blanches, de noir vêtu, l’artiste chante un blues aérien, moins rugueux que celui de ses lointains cousins du delta du Mississippi. Accompagné par un violoncelliste et un tromboniste, Blick Bassy évoque de sa voix tranquille sa culture africaine d’origine, inspiré qu’il a été par la photo de l’Américain Skip James (1902-1969) entré dans les mémoires, guitare à la main.

Deux albums singuliers
Le blues des Amériques a ramené le nomade chez lui. Blick Bassi, la quarantaine, a quitté le Cameroun pour la France il y a huit ans, musicien connu au sein du groupe Macase. Il lui a fallu repartir comme un débutant, reconnaît-il. Il joue alors dans des salles parisiennes, avant d’enregistrer deux albums singuliers (Léman, puis Hongo Calling).

Le chanteur et guitariste se souvient alors avec nostalgie de ces musiciens ambulants qui, dans son enfance, faisaient le tour des villages du centre du Cameroun. « Souvent le seul événement annuel venu de l’extérieur », raconte Blick Bassy. Son père l’avait envoyé vivre ainsi à un autre rythme.

De ces souvenirs est né l’album Akö (label No Format), référence au surnom que se donnent les vieux villageois entre eux. Chantés en anglais et en langue bassa, une des 260 langues du pays, les titres évoquent la transmission entre générations, l’exode rural, et surtout, la force de l’amour.

Un spectacle enraciné qui s’exporte
« Je veux traduire la grandeur de l’âme humaine en ces temps où l’intériorité est menacée par la violence », évoque l’artiste. « J’écris de la musique contemporaine où domine le sens des valeurs. Éloigné de l’image traditionnelle de l’artiste africain jouant sur ses percussions », confie-t-il.

Depuis, son spectacle enraciné s’exporte. De la République tchèque aux Pays-Bas, au Japon. Cette année fut également marquée par la publication, chez Gallimard, de son premier roman, Le Moabi Cinéma. Blick Bassy y retrace le rêve d’Occident d’un quintet de jeunes camerounais. La force des mots qui déjouent les blessures du temps et des exils.

Blick Bassy.
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