Coopération décentralisée Cameroun-Tchad : le maire de Douala en visite de travail à N’Djaména

Roger Mbassa Ndine conduit une délégation de la communauté urbaine de Douala au Tchad depuis mardi 12 juillet 2022. Au terme de la visite, les villes de Douala et N’Djaména sont liées par un accord de jumelage.

Selon le maire de N’Djaména Ali Haroun, la visite de la délégation camerounaise s’inscrit dans un processus visant à engager les deux Communes dans la mise en œuvre effective du projet de jumelage. Le chef de la délégation, Dr Roger Mbassa Ndine, Maire de la ville de Douala a exprimé toute sa reconnaissance aux autorités municipales pour l’accueil chaleureux qui lui a été réservé depuis sa descente de l’avion mardi soir jusqu’à mercredi matin.

Dans la pratique, les représentants de la communauté urbaine de Douala ont eu une séance de travail mardi avec l’équipe municipale de la Commune de la Ville de N’Djamena. Au cours de cette rencontre, le maire de ville hôte n’a pas caché ses sentiments.

« Nous sommes particulièrement fiers d’accueillir le maire de la Communauté urbaine de Douala ainsi que les membres de sa délégation à N’Djamena, et précisément à l’hôtel de ville », a déclaré Ali Haroun. Cette séance de travail s’est tenue en présence des adjoints au maire de N’Djamena, du secrétaire général et son adjoint. Etaient aussi présents, plusieurs cadres de la Commune.

Un accord de jumelage Douala-N’Djaména signé
Délégation de la CUD reçue à N’Djaména

Au terme de cet échange à l’hôtel de ville, le délégué général du gouvernement auprès de la commune de N’Djaména a reçu la délégation camerounaise. Le premier  magistrat de la ville de de Douala a saisi cette occasion pour offrir un cadeau au délégué.

En dehors de ces audiences, le séjour de la délégation camerounaise à N’Djaména aura été marqué par plusieurs autres activités en tête desquelles la signature d’un accord de jumelage entre N’Djamena et Douala.

La visite de la Communauté urbaine de Douala au Tchad se fait dans un contexte où le maire de la ville Roger Mbassa Ndine recherche les voies et moyens pour développer et moderniser la capitale économique du Cameroun.

Il y a quelque temps, une délégation de la mairie de la ville de Douala a séjourné à Dakar au Sénégal. Le but était de s’enquérir de l’expérience des autorités sénégalaises et dakaroises dans la modernisation de la circulation au sein de la capitale.

L’accent a été mis sur la construction et l’exploitation de la ligne du Train express régional qui relie Dakar à la nouvelle ville de Diamniadio. L’objectif étant de s’en inspirer pour mettre en œuvre le projet Bus rapid transit dans la ville de Douala.

Cameroun : la Banque mondiale prête 260 milliards de F pour un projet de bus rapide à Douala

Cette enveloppe va aider à 78% à la réalisation de ce projet qui remonte à 2014 et vise à améliorer le déplacement de masse dans la capitale économique du pays.

Le 2 juin 2022, le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé un prêt de 260, 8 milliards de Fcfa (125,6 milliards provenant du guichet non concessionnel Bird et 135,2 milliards du guichet IDA) au Cameroun dans le cadre de ce projet.

En février 2022, le maire de la ville de Douala, Roger Mbassa Ndine, a annoncé vouloir lancer deux grands projets de transport urbain cette année et d’ici la fin de l’année prochaine, pour un montant global de 800 milliards de FCFA.

« Après la CAN, nous allons déployer les projets structurants qui sont en préparation, notamment les projets de développement du transport urbain de masse. Nous avons à ce sujet deux grands projets. Un projet de bus rapide, ces grands bus en accordéon qui peuvent transporter en une seule fois plusieurs centaines de personnes et qui roulent sur des sites dédiés. Ce projet va être lancé en 2022. Nous travaillons également d’arrache-pied sur le projet de tramway qui, nous l’espérons, pourrait être lancé vers fin 2023-début 2024 », avait-t-il annoncé.

Le financement de l’institution de Bretton woods couvre 77,8% du coût global du projet chiffré à 335,3 milliards de FCFA. 62,1 milliards seront mobilisés grâce à des partenariats public-privé (PPP) et 12,4 milliards viendront du gouvernement du Cameroun (fonds de contrepartie).

La fiche technique des travaux prévoit la construction de 28km de voies aux bus entièrement séparées avec des échangeurs ; un système d’approvisionnement en eau, éclairage public ; 4 terminaux ; l’achat de bus, la mise en place d’un système de gestion du trafic, notamment.

Ces travaux engloutiront à eux seuls 291,9 milliards de Fcfa (87%). Le reste du financement (43,4 milliards), servira à l’aménagement urbain autour des stations de bus, au renforcement des capacités institutionnelles et professionnelles des opérateurs de transports publics existants, et aussi à la gestion du projet.

Grâce à l’accompagnement de la Banque mondiale, le Cameroun se prépare enfin à passer à la matérialisation du projet de BTR de Douala, annoncé depuis 8 ans.

 

 

Cameroun-Bus Rapide Transit : Douala se rapproche de Dakar

Une délégation de la Communauté urbaine de Douala (CUD) vient de séjourner dans la capitale du Sénégal. Les autorités camerounaises s’inspirent de de l’expérience sénégalaise dans la construction et la gestion du Train express régional.

Selon le maire de ville de Douala Roger Mbassa Ndine, le démarrage des travaux de réalisation du projet Bus rapid transit (Brt) est prévu cette année. La Banque mondiale qui assure le financement en a donné des garanties, et la communauté urbaine de Douala affine ses stratégies. Une délégation de la CUD a séjourné à Dakar du 14 au 15 juin 2022. Sa mission était de s’enquérir de l’expérience sénégalaise dans la réalisation d’un tel projet dans la mobilité urbaine.

En effet, le président sénégalais Macky Sall a lancé l’exploitation du Train express régional (Ter), ligne de chemin de fer électrique, le 27 décembre 2021. Construit sur une distance de 35 km, le Ter relie la capitale Dakar à la nouvelle ville de Diamniadio. Les travaux évalués à 780 milliards de francs CFA ont bénéficié du financement d’au moins six institutions.

En raison de cette expérience, la délégation de la CUD s’est rapprochée du Conseil exécutif des transports urbain de Dakar (Cetud). L’équipe conduite par le premier adjoint au maire de la ville de Douala Geremie Solle a échangé avec les responsables du Cetud sur plusieurs points. Il s’agit des enjeux du Brt, du niveau d’exécution du projet, du pilotage des aspects environnementaux et sociaux, des innovations et des perspectives à propos de la mobilité urbaine.

A l’occasion de cette mission, la délégation camerounaise a visité le Ter. Une visite qui lui a permis de réaliser que « le Sénégal nous offre déjà la possibilité d’avoir une vie du réel de ce que nous sommes en train d’imaginer. Nous avons été très impressionnés non seulement par le projet BRT, mais toute la philosophie que la ville de Dakar met en œuvre pour  la mobilité urbaine », a déclaré le chef de la délégation aux médias sénégalais.

Pour rappel, le Système de Bus rapid transit est un projet visant à améliorer la mobilité urbaine à Douala où le réseau de bus représente moins 1% de transports selon la Banque mondiale. Le projet présente plus d’un intérêt pour la métropole où la population exerce une pression sur les infrastructures de transport. Eulalie Saïsset, Benjamin Fouchard et Aiga Stokenberga chercheurs de la Banque mondiale (BM) ont démontré en 2020 dans un billet que le système de Brt représenterait une économie d’environ 1,6% du PIB de la ville de Douala.

Selon ces chercheurs, une fois le Brt mis en place, l’accès à l’emploi augmentera de 138% chez les personnes pauvres. Le nombre d’habitants de la ville qui accèdent à un hôpital public en 45 minutes va augmenter de 43% à 58%. La part des femmes qui arrivent au marché en 45 minutes passera de 71 à 80%, etc.

Cameroun : le projet Bus Rapid Transit de Douala démarre en 2022

La Banque mondiale vient de confirmer l’augmentation de l’enveloppe pour réaliser ce projet visant à améliorer la mobilité dans la capitale économique du Cameroun. D’où l’assurance du maire de la ville de Douala Roger Mbassa Ndiné.

La visite d’un responsable de la Banque mondiale à Douala le 15 septembre 2021 porte ses fruits. « Nous sommes très reconnaissants au vice-président de la Banque  mondiale qui nous a rendu visite il y a quelques mois et qui, au regard de ce qu’il a vu sur place et de notre engagement qu’il a pu  jauger, a décidé d’augmenter la quote-part du financement de la Banque mondiale dans ce projet », déclare le maire de la ville de Douala.

En effet, huit ans après son annonce, le projet Bus rapide transit (Brt) dans la ville de Douala entre bientôt dans la phase de mise en œuvre. Son démarrage est prévu au cours de l’année 2022, selon l’assurance de Roger Mbassa Ndiné portée à la connaissance du public par Ecofin. Le super maire annonce la confirmation par la Banque mondiale du financement du Projet de développement des villes inclusives.

Des partenaires brésiliens et chinois avaient manifesté leur intérêt pour ces travaux sans suite. Mais en septembre 2021, le ministre du Développement urbain et de l’Habitat Céléstine Ketcha Courtes a publié les résultats de deux appels d’offre portant sur la réalisation du projet. Une action de plus qui démontre l’avancée de l’initiative.

Le Système de Bus rapid transit est un projet visant à améliorer la mobilité urbaine à Douala où le réseau de bus représente moins 1% de transports selon la BM. Le projet présente plus d’un intérêt pour la métropole où la population exerce une pression sur les infrastructures de transport. Eulalie Saïsset, Benjamin Fouchard et Aiga Stokenberga chercheurs de la Banque mondiale (BM) ont démontré en 2020 dans un billet que le système de Brt représenterait une économie d’environ 1,6% du PIB de la ville de Douala.

selon ces chercheurs, une fois le Brt mis en place, l’accès à l’emploi augmentera de 138% chez les personnes pauvres. Le nombre d’habitants de la ville qui accèdent à un hôpital public en 45 minutes va augmenter de 43% à 58%. La part des femmes qui arrivent au marché en 45 minutes passera de 71 à 80%, etc.

En attendant que la réalisation du projet commence et s’achève, la population de Douala continue d’emprunter les moyens de transport existants. Il s’agit de la marche, des taxis ou mototaxis avec leur lot quotidien d’embouteillages et des prix parfois élevés.

Cameroun: ce que le système de bus rapide va changer dans le transport urbain à Douala

Par Eulalie Saïsset, Benjamin Fouchard et Aiga Stokenberga, Banque mondiale

 

Douala est le principal port du Cameroun et son plus grand centre urbain. Si de nombreuses personnes s’y installent à la recherche de nouvelles opportunités, l’agitation permanente rend difficile les déplacements quotidiens. Alors que la ville s’étend le long du fleuve Wouri, la population croissante, allant et venant, exerce en effet une pression grandissante sur les infrastructures de transport. Le réseau de bus est ainsi inefficace et représente moins de 1% des déplacements. Les embouteillages s’intensifient au fil des années. Les infrastructures routières font défaut dans de nombreuses parties de la ville. Dans ce contexte, les Doualais sont contraints de se reporter sur la marche à pied, les taxis ou les modes de transport informels tels que les mototaxis, qui restent considérés comme peu sûrs et onéreux.

L’absence de moyens de transport fiables a un impact considérable sur la mobilité des personnes et sur leur qualité de vie, les populations pauvres étant particulièrement affectées. Et chaque matin, c’est la même histoire : on observe les jeunes enfants s’entasser dans les taxis pour se rendre à l’école, on passe des heures à traverser le carrefour de Ndokoti, qui voit défiler plus de 7 500 véhicules par heure en période de pointe, et le nombre de passagers sur les mototaxis augmente encore un peu. Pour remédier à la situation, la ville de Douala a récemment adopté un Plan de Mobilité Urbaine Soutenable, qui transformera fondamentalement le réseau de transport urbain, en commençant par la mise en place d’un nouveau système de bus rapide, ou BRT d’après le sigle anglophone Bus Rapid Transit. Ce mode de transport en commun permet, grâce à des voies réservées et une priorité aux intersections, d’assurer un transport fréquent, rapide et accessible. Intégré à un système de bus conventionnel qui alimentera les deux corridors principaux, il améliorera la capacité et la fiabilité de l’ensemble du système de transport public. Le Projet de Mobilité Urbaine de Douala (PMUD) reflète ainsi une tendance croissante en Afrique : huit corridors sont actuellement en service et douze autres villes prévoient de construire un BRT, dont Dakar et Abidjan où les projets sont également financés par la Banque mondiale.

Mais ajouter un axe au réseau ne suffit pas. Il faut restructurer l’ensemble du transport urbain, afin d’assurer que toutes les parties de la ville puissent être connectées. Le réseau de transport doit bénéficier d’aménagements urbains, pour mieux servir les habitants, et particulièrement les quartiers les plus démunies et vulnérables. Il s’agit à terme de permettre aux plus pauvres d’accéder à davantage d’emplois, aux étudiants d’atteindre leur université et aux femmes et aux enfants d’arriver à temps dans les centres de santé.

Comment alors garantir que le nouveau système de transport atteindra ces objectifs et correspondra aux besoins des utilisateurs ? Pour répondre à cette question, notre équipe a réalisé une étude d’accessibilité, qui compare les situations avant et après la mise en place du BRT et du réseau de rabattement. Elle nous aidera aussi à identifier les zones prioritaires bénéficiant d’aménagement urbains dans le cadre du projet.

Dans le domaine des transports publics, on évalue les performances du réseau de transport sur la base d’indicateurs « d’accessibilité », qui reflètent le nombre de personnes pouvant atteindre les principales opportunités – emplois, écoles, services de santé, marchés – dans un délai donné. Ils illustrent clairement les avantages que procure le transport, reliant personnes et destinations, en tenant compte des temps de trajets sur le réseau. Grace à l’aide précieuse de la Communauté Urbaine de Douala nous ayant fourni des données récentes, et en utilisant un logiciel open source, nous avons comparé l’accessibilité avec et sans le BRT. L’augmentation significative de la congestion prévue pour les prochaines années a été prise en compte. Afin de comprendre l’impact sur les habitants à faible revenu, qui sont aussi les plus dépendants du réseau de transport en commun, nous avons élaboré une carte de la pauvreté à Douala. Nous avons non seulement évalué l’impact sur l’emploi, mais aussi sur les services essentiels au développement du capital humain, comme l’accès aux soins de santé ou à l’éducation.

Et les résultats sont très prometteurs. Avec le BRT, un résident moyen de Douala aura accès à deux fois plus d’opportunités d’emploi. Le progrès est d’autant plus remarquable pour les personnes pauvres, pour le moment particulièrement isolées, qui verront leur accès à l’emploi augmenter jusqu’à 138 % une fois le BRT mis en service.

Le projet entraînera également des améliorations majeures dans l’accès aux services. La part des Doualais ayant accès à un hôpital public en 45 minutes devrait passer de 43 % à 58 %. Dans le scénario du PMUD, 45 000 jeunes en âge d’étudier supplémentaires pourront accéder à une université publique en 45 minutes.

Ensuite, nous avons examiné spécifiquement l’impact pour les femmes. Comme dans de nombreuses villes, leurs besoins et leur usage des transports publics sont spécifiques et liés à leur rôle social. À Douala, les femmes effectuent par exemple 84 % des déplacements vers les marchés. Or, dans le scénario du projet, la part des femmes pouvant accéder à un marché en moins de 45 minutes augmentera de 71 % à 80 %, facilitant le quotidien nombreuses femmes vivant pour la plupart dans les quartiers périphériques mal desservis.

Enfin, nous avons estimé que le temps passé dans les transports publics formels diminuerait en moyenne de 88 minutes à 71 minutes par personne et par jour, cette réduction atteignant 31 minutes dans les zones périurbaines les plus pauvres. Si l’on évalue la valeur du temps comme égale à la moitié des revenus, ce gain représenterait à lui seul une économie d’environ 1,6 % du PIB de la ville par an.

L’analyse d’accessibilité constitue donc un argument de poids en faveur de l’introduction d’un système de transport urbain moderne à Douala, en montrant l’impact que le BRT pourrait avoir sur la qualité de vie et l’accès aux opportunités. Le projet est actuellement en préparation et sera présenté au Conseil des administrateurs de la Banque mondiale en 2021. La construction du BRT devrait ensuite commencer en 2022.

Pour continuer la visite des corridors du BRT : https://youvis.it/kjT8MP.

Avec les contributions de Franck Taillandier (TTL) et Bontje Zaengerling (Co-TTL).


  • – Texte initialement publié sur la page des blogs de la Banque mondiale
  • – Eulalie Saïsset est analyste des transports;
  • – Benjamin Fouchard est spécialiste senior des transports urbains;
  • – Aiga Stokenberga est économiste des transports.