Après deux jours de garde à vue, l’opposant congolais Mokoko a été inculpé à Brazzaville. Il est accusé d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et détention illégale d’armes de guerre
Le général Mokoko est arrivé menotté au parquet, on ne lui a détaché les mains qu’une fois devant le juge d’instruction, jeudi après-midi 16 juin. Le magistrat l’a placé sous mandat de dépôt. Cela signifie qu’il est en détention préventive, à la maison d’arrêt de Brazzaville.
Une étape attendue, l’opposant était en garde à vue depuis deux jours, et la semaine dernière, le ministre de la Justice avait demandé d’« accélérer la procédure judiciaire » contre lui. Une information judiciaire est ouverte.
« Il a été présenté à M. le procureur de la République qui a ouvert une information pour deux chefs d’inculpation : atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et détention illégale d’armes et munitions de guerre. » L’ancien chef d’état-major, candidat malheureux à la dernière présidentielle, a rejeté les deux chefs d’inculpation. « Il est en détention préventive pour des raisons d’audition d’enquête », précise son avocat.
Face caméra
Jean-Marie Michel Mokoko avait été interrogé à plusieurs reprises pendant les semaines précédant l’élection présidentielle. Il faisait partie des candidats qui comptent et, juste après sa déclaration de candidature, il était apparu dans une vidéo diffusée dans les médias, très compromettante pour lui. On l’y voit préparer un coup d’Etat contre le président Sassou Nguesso.
Cette vidéo n’est pas nouvelle, elle date de 2007, mais elle a donc refait surface pendant la campagne pour la présidentielle. D’abord, on entend Jean-Marie Michel Mokoko parler pendant plus de vingt minutes avec un Français se présentant comme un membre des services de renseignements. Les deux hommes évoquent notamment des noms de personnalités à éliminer pour prendre le pouvoir et décrire leur plan d’action.
Puis le général Mokoko apparaît face caméra, un peu gêné, les Français insistent pour qu’il répète le premier discours qu’il prononcerait après le coup d’Etat.
Cette vidéo est l’un des points essentiels qui justifient l’inculpation de l’opposant, mais elle n’est peut-être pas la seule. Le juge d’instruction a expliqué que Jean-Marie Michel Mokoko était mis en cause pour des faits allant de 2007 à 2016. Il est donc probable qu’on lui reproche aussi d’être impliqué dans une autre affaire plus récente.
Jean-Marie Michel Mokoko lors d’une interview dans sa résidence à Brazzaville, le 19 mars 2016. L’ex-candidat à la présidentielle a été placé sous mandat de dépôt, le 16 juin 2016.Droits réservés)/n
Le ministre français des Affaires étrangères parle de l’état de la démocratie dans certains pays africains
Vous venez d’assister à l’investiture du nouveau président en Centrafrique. Faustin-Archange Touadéra a exprimé ses priorités. Pour cela, il va falloir de l’argent, un soutien financier. Dans quelle mesure la France peut s’engager aux côtés de la Centrafrique?
La France fait confiance à la Centrafrique et ce qui vient de se passer est un signe majeur: les Centrafricains veulent tourner la page et construire un nouvel avenir. Donc il faut continuer à les aider. Il faut à la fois aider les autorités à installer une force de sécurité, qu’elles puissent contrôler, [éviter] tout affrontement, donc il faut désarmer les milices. Puis il faut aider ce pays à mettre en place les institutions et surtout à mettre en uvre des projets de développement économique. Il est évident que nous n’avons pas le droit de laisser tomber la République centrafricaine
Une fois que les milices seront désarmées, il faut que les forces de sécurité centrafricaines soient capables d’assurer la sécurité justement sur le territoire centrafricain. Quelles sont les mesures que peuvent prendre la France et l’Union européenne pour soutenir cette armée en reconstruction?
La France et l’Union européenne vont d’ici l’été mettre en place une action de formation des forces de Centrafrique, non pas seulement à Bangui dans la capitale, mais sur l’ensemble du pays, dans les provinces. Ce qui veut dire aider à l’installation de cantonnements, même simples. Donc tout ce travail, nous voulons le faire avec les Centrafricains. Et l’Union européenne est prête. La décision est prise et le calendrier [sera] fixé avant l’été.
De nombreuses autres élections sont prévues cette année en Afrique, notamment au Tchad la semaine prochaine. Certains militants de la société civile doivent comparaître ce jeudi devant la justice. Ils avaient été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à manifester contre la candidature du président Idriss Déby. Comment s’annoncent ces élections, selon vous?
Ce qui est important au Tchad, c’est d’observer si l’opposition participe à ces élections. Si elles boycottaient les élections, ça serait un signe très inquiétant. Ce n’est pas le cas puisque l’opposition a décidé de participer aux élections qui auront lieu le 10 avril. Le souhait que nous pouvons exprimer, c’est que ces élections se passent dans le calme. Chaque fois qu’une élection a lieu et qu’elle se déroule normalement, démocratiquement dans la transparence et le débat, c’est un plus pour le pays.
Il y a eu une élection aussi récemment au Congo-Brazzaville. La France a parlé de climat préoccupant. La France en revanche n’a pas parlé ouvertement d’irrégularités lors du scrutin, ce qu’ont fait par exemple les Etats-Unis. Comment expliquer cette différence de ton?
Chaque pays s’exprime à sa façon. En tout cas, ce qui est sûr c’est que la France n’est pas favorable à ces modifications constitutionnelles permanentes qui ont pour objet de maintenir au pouvoir un chef d’Etat qui est là depuis des dizaines et des dizaines d’années. Ce n’est pas bon pour aucun pays. Alors il y a des pays – je pense au Burundi, à la République démocratique du Congo -, qui sont tentés par des réformes constitutionnelles de même nature. Et là on voit bien que ça crée des troubles et ça créé de la tension et des dangers. Il faut vraiment que dans tous ces pays, la raison démocratique l’emporte.
Je reviens sur la République démocratique du Congo. Des élections sont prévues cette année, une présidentielle en principe avant la fin de l’année 2016. Est-ce que vous avez l’espoir de voir se tenir ce scrutin dans les délais constitutionnels?
Il faut le souhaiter, mais à condition qu’aucun obstacle n’y soit mis. Et encore une fois, l’objet de ces élections, ce n’est pas de modifier les règles et de maintenir au pouvoir telle ou telle personnalité, mais c’est de donner la parole au peuple. C’est ça la priorité.
Vous vous êtes rendu récemment en Côte d’Ivoire après l’attentat à Grand-Bassam. Vous aviez promis un soutien de la France dans la lutte contre le terrorisme. Quelle forme peut prendre ce soutien français?
D’abord, il y a énormément d’engagements pris en matière de renseignements et d’échanges de renseignements, des aides techniques aussi. Il faut poursuivre dans cette direction et en même temps, il ne faut pas oublier que ces terroristes circulent. Ils venaient du nord du Mali, ils peuvent venir aussi de Libye. Donc il faut continuer à régler les conflits qui génèrent du terrorisme. Les Accords d’Alger qui sont des accords qui visent à la réconciliation entre le nord et le reste du Mali, il faut maintenant les mettre en uvre. C’est un facteur de stabilité pour ce pays.
Et puis il y a la Libye, qui est un sujet central de préoccupation, et sans gouvernement légal, et sans gouvernement d’union nationale rien n’est possible. Mais aujourd’hui, c’est le chaos d’abord pour le peuple libyen, et ensuite c’est Daech qui en profite. Et Daech menace, menace la Tunisie, menace le Niger, menace l’Egypte, menace l’Algérie. Et avec tous ces pays-là, nous avons déjà discuté. Puisque ça ne bouge pas assez, nous allons prendre encore de nouvelles initiatives parce qu’il y a urgence, parce que les choses avancent en Libye.
De nouvelles initiatives, ça signifie des sanctions par exemple?
Les sanctions font partie du dispositif. Maintenant, ça y est, l’Union européenne est d’accord et il faut passer à l’acte.
On a beaucoup parlé de politique, je voulais vous parler d’économie. Votre prédécesseur comptait miser sur l’Afrique. Est-ce que vous comptez poursuivre dans cette voie ? Et est-ce que vous avez déjà quelques projets identifiés?
En matière de transition énergétique, c’est vrai que le continent africain, pour ses propres besoins et aussi en s’inscrivant avec un temps d’avance par rapport à de nouvelles donnes mondiales climatiques, fait partie des chantiers prioritaires. Mais il y en a d’autres : les communications ; vous avez le numérique. Mais nous avons aussi à avoir une approche globale de l’Afrique, pas seulement l’Afrique de l’Ouest. Je pense au Nigeria, je pense à l’Afrique du Sud, je pense à l’Angola, l’Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie. D’ailleurs concrètement, nos entreprises y sont déjà.
Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangèresDroits réservés)/n
Le roi des Tékés, le président du Sénat et bien d’autres personnalités s’entretiennent ce 1er juin avec le chef d’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso, en vue de la présidentielle 2016
Le roi des Tékés, le président du Sénat et bien d’autres personnalités s’entretiennent ce 1er juin, au Palais du peuple de Brazzaville, avec le président Denis Sassou Nguesso dans le cadre de la reprise des consultations avec les forces vives sur la vie de la Nation et de l’Etat. Ces consultations, boudées par l’opposition, sont en partie axées sur l’avenir de la Constitution dont la modification devrait permettre au président de briguer un troisième mandat.
Toutes les femmes et tous les hommes qui ont été consulté jusque là ont affirmé à la presse que le président Denis Sassou Nguesso leur a bien prêté son oreille.
Ils ont mis à profit ces consultations pour lui exposer les vrais problèmes que vivent les Congolais au quotidien. L’accès à l’eau, l’électricité, l’éducation ou encore les transports en commun, devenu un casse-tête chinois. Mais la Constitution est le sujet dominant.
Inès Neffe Ngani, de la société civile, considère que le texte de 2002 est problématique.
«Nous avons exprimé clairement que nous sommes contre cette loi fondamentale du 20 janvier 2002 parce que lorsque nous voyons bien les choses, cette loi n’a jamais été en adéquation avec la politique sociale actuelle de notre pays», estime-t-elle.
Des opposants qui ont boycotté ces consultations pensent qu’elles auraient pu être organisées autrement. C’est en tout cas ce que pense Crépin Nguala, du Frocad, le Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique.
«Dans une société comme la notre, on en peut pas organiser un dialogue de cette manière. Le président de la République devrait donc appeler les gens dans une grande salle et faire une adresse selon laquelle « moi j’ai entendu, j’ai écouté alors je vous réunis ici pour trouver une solution » », commente-t-il. Ces consultations doivent normalement conduire au dialogue.
Le chef d’Etat congolais Denis Sassou Nguessowordpress.com)/n
Interdit de séjourner en République du Congo le journaliste a annoncé son retour à Brazzaville le 30 septembre 2014, dans un entretien sommaire accordé à la chaîne camerounaise Equinoxe TV
Le journaliste d’origine camerounaise travaillant à la chaîne privée MNTV, qui a été expulsé de la République du Congo suite à un arrêté du ministre de l’Intérieur, annonce son retour au Congo Brazzaville ce mardi 30 avril 2014. Elie Smith, qui est interdit de séjourner en République du Congo a annoncé son retour dans ce pays, dans un entretien sommaire accordé à la chaîne camerounaise Equinoxe TV.
Selon M.Smith, son employeur Maurice N’Guesso, frère aîné du président de la république du Congo aurait décidé d’adresser une lettre de protestation au ministre de l’Intérieur Raymond Zéphirin Mboulou et au conseil Supérieur de la Liberté de Communication pour « Kidnapping d’un journaliste ».
Elie Smith annonce son retour à Brazzaville sur Equinoxe TV