La côte Est des Etats-Unis accueille « en majorité des anglophones et leaders ambazoniens » (députés français)

Dans cette partie des Etats-Unis qui abrite les grandes villes comme Boston, New-York, Philadephie, Washington, se trouvent environ 1,5 million de ressortissants camerounais

 

En raison de l’importante communauté camerounaise présente aux Etats-Unis d’Amérique, le pays que dirige Donald Trump considère les problèmes du Cameroun comme ceux de sa « politique intérieure », rappellent des parlementaires français dans un compte rendu de mission présenté au palais Bourbon (siège de l’Assemblée nationale de France) le 1er juillet.

« Le Cameroun est, selon les mots même de Tibor Nagy [sous-secrétaire d’Etat américain pour les Affaires africaines, NDLR], une affaire de politique intérieure américaine. En effet, les États-Unis apportent un soutien politique aux membres de la diaspora camerounaise, diaspora qui est nombreuse sur la côte Est des États-Unis et qui n’est pas négligeable : on parle de 1 500 000 personnes, dont une majorité d’anglophones et des leaders ambazoniens », souligne Didier Quentin, dans ce document rendu public et restituant les échanges ayant eu lieu à la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française le 1er juillet.


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Didier Quentin (député Les Républicains, 5e circonscription de la Charente Maritime) et Rodrigue Kokouendo (député de La République en Marche, 7e circonscription de Seine-et-Marne) ont effectué, du 14 au 17 janvier 2020, une mission au Cameroun pour le compte de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.

Environ 7 000 Français résident au Cameroun (sources parlementaires)

Par ailleurs, les auteurs d’un compte rendu de mission présenté début juillet au palais Bourbon estiment que les entreprises françaises (au nombre de 200) contribuent à 30% des recettes fiscales du Cameroun

 

La France compte des milliers de concitoyens installés au Cameroun et 200 entreprises, selon un compte rendu de mission – auquel a eu accès JournalduCameroun.com ce lundi – présenté le 1er juillet devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.

“Il y a 7 000 Français résidant au Cameroun et 200 entreprises qui apportent 30 % des recettes fiscales du pays”, relève dans ce compte rendu Didier Quentin (député Les Républicains, 5e circonscription de la Charente Maritime).

“Le premier contribuable au Cameroun est une entreprise française : la Société Anonyme des Brasseries du Cameroun (SABC). Elle est la source de 15 000 emplois directs et de 35 000 emplois indirects, même si elle a actuellement quelques problèmes. Il y a d’autres entreprises françaises présentes comme Michelin. Cette dernière envisageait un moment de quitter le pays mais ne l’a finalement pas fait. La seule grosse entreprise française qui a quitté le pays est l’entreprise Rougier qui est spécialisée dans le bois transformé. La filiale de Lafarge continue ses activités même si elle est concurrencée par des entreprises nigérianes, marocaines et turques. Il y a aussi Bolloré avec un contentieux en voie de règlement. En effet, Bolloré a été évincé du terminal à conteneurs de Douala, selon le député.

Didier Quentin et Rodrigue Kokouendo (député de La République en Marche, 7e circonscription de Seine-et-Marne) ont effectué, du 14 au 17 janvier 2020, une mission au Cameroun pour le compte de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.

Des parlementaires français accusent les Etats-Unis de jouer un rôle trouble au Cameroun

C’est l’opinion formulée par une délégation de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, dans le compte rendu d’une mission effectuée en début d’année 2020 au Cameroun. JDC a pu consulter ce compte rendu, présenté devant la commission des affaires étrangères début juillet

 

La crise sociopolitique (sous fond de revendications indépendantistes) en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun depuis 2016, couplée aux questionnements sur la succession de Paul Biya à la tête du Cameroun, ne préoccupe pas uniquement la diplomatie officielle française mais aussi la diplomatie parlementaire qui craint de voir le pays d’Emmanuel Macron perdre sa zone d’influence au profit d’autres puissances.

Le Cameroun n’est pas encore au menu géopolitique des grandes nations, mais il risque de le devenir”, affirme Didier Quentin (député Les Républicains, 5e circonscription de la Charente Maritime) dans le compte rendu de la mission qu’il a effectuée du 14 au 17 janvier 2020 dans le pays d’Afrique centrale avec Rodrigue Kokouendo (député de La République en Marche, 7e circonscription de Seine-et-Marne); pour le compte de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.

Comme principal acteur actuellement identifié par ces parlementaires, dans le cadre de la volonté d’internationalisation de la “crise anglophone” et d’un changement de pouvoir à Yaoundé: les Etats-Unis, avec à la manoeuvre le sous-secrétaire d’Etat américain pour les Affaires africaines, Peter Tibor Nagy (reçu par Paul Biya le 18 mars 2019 au palais de l’Unité). 

“Le sous-secrétaire d’État américain Tibor Nagy est un descendant d’Imre Nagy qui s’était élevé contre les Soviétiques à Budapest lors des tragiques incidents de 1956. Imre Nagy avait été exécuté en juin 1958. Son fils Tibor Nagy s’occupe de très près du Cameroun […] Le rôle des États-Unis et singulièrement de M. Nagy nous a été rappelé par la quasi-totalité de nos interlocuteurs”, écrivent les parlementaires dans le rapport présenté devant les membres de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française le 1er juillet.

Tibor Nagy

“Il y a une sorte de paradoxe, on y est habitué dans la position diplomatique américaine. Les États-Unis déclarent se retirer du Sahel et de l’autre ils s’impliquent au Cameroun. La première hypothèse est qu’il s’agit d’une croisade personnelle de ce Tibor Nagy, qui souhaiterait faire partir Paul Biya, après avoir affirmé avoir fait partir Omar el-Bechir au Soudan. L’aspect messianique n’est probablement pas absent de sa démarche. Une autre explication réside dans le fait que le Cameroun est, selon les mots même de Tibor Nagy, une affaire de politique intérieure américaine […] la politique américaine au Cameroun est clairement une politique hostile à Paul Biya et par voie de conséquence, peut-on dire, aussi à la France, qui apparaît comme l’ami de Paul Biya”, peut-on lire dans le document consulté par JournalduCameroun.com.

La délégation de la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Parlement français estime dans son compte rendu que les Etats-Unis (pays accueillant de nombreux “opposants anglophones” sur son territoire) ont pu trouver la Suisse comme allié et dans une moindre mesure le Royaume-Uni. “Mais il faut noter, c’est important, qu’ils ne sont suivis par aucun État de la région”, soutiennent les auteurs. 

Chine, Turquie, Russie, Israël sont aussi cités dans le document mais sans accent particulier. “Quant à la Chine, elle ne nous est pas apparue faire du Cameroun une priorité. La Turquie, elle, s’implante de plus en plus, comme la Russie en Centrafrique […] l’unité d’élite de l’armée camerounaise est essentiellement formée et encadrée par des Israéliens”, relèvent-ils.  

En ce qui concerne la France, soutien constant de Paul Biya: “nous n’avons pas vu de présence visible de l’armée française dans le pays. En revanche, on y voit beaucoup de militaires”, soulignent-ils. 

Didier Quentin (74 ans le 23 décembre) fait penser dans ce compte rendu à Jacques Chirac qui eût à affirmer au début des années 90 que l’Afrique n’était pas mûre pour la démocratie. «Il y a donc un embryon de démocratisation [au Cameroun, NDLR], même si c’est, je le répète, une œuvre de longue haleine. Quant aux successions, je vais reprendre une formule familière : “On sait ce que l’on perd mais on ne sait pas forcément ce que l’on récupère.” C’est un vrai problème », estime le député.

Crise anglophone : ce que font des députés français au Cameroun

Didier Quentin et Rodrigue Kokuendo recueillent des informations sur la situation en zone anglophone du Cameroun. Mais pour certains observateurs, cette mission semble n’avoir pour seul but que de réconcilier les membres du Parlement français sur la question.

La mission parlementaire des députés Didier Quentin et Rodrigue Kokuendo suit son cours. Ces élus français sont au Cameroun pour s’enquérir de l’évolution de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

« Tous ces derniers mois en France, il n’a été question que du Cameroun. La guerre de Boko Haram, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont retenu l’attention. Il y a eu certaines déclarations, y compris par certains de nos collègues de l’Assemblée nationale, qui ont entretenu une certaine confusion dans les esprits sur ce qu’était la situation réelle du Cameroun. Le fait d’être venus sur le terrain nous a apporté des informations nouvelles », a expliqué ce jeudi Didier Quentin du parti politique gaulliste et libéral-conservateur Les Républicains.

Un rapport sera rédigé au terme de la mission parlementaire française qui servira à éclairer les membres de l’Assemblée nationale française.

A l’observation, ladite mission a été initiée en réaction aux critiques prononcées le 16 décembre dernier par le député français Sébastien Nadot. Ce dernier s’insurgeait contre les positions ambigües de la France face aux violations des droits humains dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

L’élu de la nation avait appelé la France à œuvrer auprès des Nations unies pour l’envoi d’experts dans les régions anglophones pour évaluer l’ampleur des conflits.

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« Les déclarations faites par notre collègue Sébastien ont constitué un sujet dont nous avons longuement discuté. Il a fait ces déclarations sur la base d’informations qui lui avaient été données mais est-ce qu’elles réflétaient réellement la situation sur le terrain ou pas? C’est la raison pour laquelle le ministère des  Affaires étrangères a estimé qu’il fallait qu’on aille sur place pour voir un peu comment les choses se présentent », souligne Didier Quentin.

La position de la France peut-elle évoluer ?

A en croire, les déclarations de Didier Quentin et Rodrigue Kokuendo, leur venue sur le territoire national vise, entre autres, à montrer que la France ne « se désintéresse pas des évènements en cours  au Cameroun ». Il n’est pas prioritairement question de fournir des informations pour faire progresser les positions du gouvernement français sur la crise, ce, même si cette option n’est pas à exclure.

« Au vu des informations qui sont transmises par d’autres voies, effectivement nous suivons cette évolution. C’est au peuple camerounais de décider. Ce n’est pas à la France de dire il faut prendre telle solution. Aujourd’hui la solution c’est de rapprocher toutes les décisions plus près des populations, c’est l’une des recommandations du dialogue national. Tout le monde souhaite que vous puissiez aller jusqu’au bout de ce processus. C’est dans ce sens que nous alerterons notre gouvernement en disant que si ce processus doit aller jusqu’au bout, il faudra aider notre partenaire, le Cameroun, et lui donner tous les moyens nécessaires », explique le Franco-Centrafricain Rodrigue Kokuendo.

Les positions actuelles de la France transparaissent dans les derniers actes posés par ses officiels. Notamment : les espoirs portés par ceux-ci après le dialogue national, la dotation d’une enveloppe de 40 milliards de FCFA pour la reconstruction du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’appui à la décentralisation, etc.

Les députés Rodrigue Kokuendo et Didier Quentin rencontrent vendredi les responsables des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Ils prendront ensuite la route pour le Sud-Ouest afin de rencontrer à Buea, le cardinal Christian Tumi et les autorités locales.

Cameroun : la crise anglophone au centre d’une mission parlementaire française

Des députés français séjournent actuellement au Cameroun pour s’enquérir de la situation socio-politique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Les députés Didier Quentin, de la Charente-Maritime, Rodrigue Kokouendo, de la Seine-et-Marne, effectuent une visite officielle au Cameroun du 14 au 17 janvier. Ils rencontrent depuis, le début de leur mission les autorités camerounaises, les organisations de la société civile et les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale pour s’enquérir de l’évolution de la situation socio-politique dans les régions en crie du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Cette visite survient alors que la France est accusée par ses propres élus de ne pas prendre une position claire face aux conflits qui ont lieu depuis trois ans dans les régions anglophones du Cameroun, faisant plus de 2000 morts et 500 000 déplacés.

Le 16 décembre 2019, le député Sébastien Nadot a accusé la France d’avoir boycotté une assise des Nations unies sur la crise anglophone. L’élu a appelé son gouvernement à briser le silence sur les évènements en cours au Cameroun. En réponse, le ministre des Relations étrangères, Yves Ledrian, avait salué le rôle joué par la France dans la résolution de la crise anglophone.