Can Cameroun 2021 : Patrice Motsepe s’est émancipé de Gianni Infantino!

Le président de la Confédération africaine de football (Caf) est l’un des principaux artisans du maintien de la date de la 33ème édition de la Can, contre l’avis du président de la Fifa et certains de ses pairs africains. Portrait.

Le président  de la Caf Patrice Motsepe a pris ses distances avec Gianni Infantino, le président de la Fifa. Comme dans toute émancipation, il y a eu un brin de révolte. Le patron du football africain a maintenu la date du début de la Can au Cameroun, contre l’avis de son mentor, qui sous l’influence des clubs européens, souhaitait son report ou l’annulation.

En choisissant de soutenir la candidature de Patrice Motsepe à la présidence de la Caf, le 12 mars 2021, Gianni Infantino ignorait que dans l’histoire de  l’humanité, il n’y a pas un peuple qui a aussi bataillé pour son émancipation comme les noirs d’Afrique du Sud, d’où est issu Patrice Motsepe. A travers ses actes, le businessman sud-africain (deuxième fortune du continent, selon le magazine Forbes),  après le nigérian Dangote, a démontré  qu’il est un homme de caractère, qui travaille pour les intérêts de l’Afrique.

Qu’importe si le président de la Caf foulera le sol du stade d’Olembe lors du match d’ouverture diminué par une blessure au bras contractée lors d’un match de gala à Douala, il l’un des Hommes dont les africains peuvent en être très fière.

Il fut traité de « traître »

Le surlendemain de sa rencontre avec le président Biya, lors d’une réunion du Comité exécutif de la Caf, au Caire, où il a confirmé à ses pairs que la Can se tiendra à date au Cameroun, il fut traité, en public, de «traître» par le Fouzi Lekaa et Hani Abou Rida. Respectivement président de la Fédération royale marocaine de football et président de la Fédération égyptienne de football, a qui Gianni Infantino promet une co-organisation de la Coupe du monde.

Patrice Motsepe, qui aura 60 ans le 28 janvier prochain, c’est l’histoire d’un homme qui a grandi dans un ghetto de Pretoria, réservé aux personnes noires, du fait de la politique de l’apartheid. Sa famille est relativement aisée, elle tient alors un petit commerce. Il se souvient de cette époque : « Mon père avait l’habitude de nous réveiller à 5 heures du matin. Nous montons dans un camion et nous allons acheter des fruits et des légumes au marché de Pretoria donc j’ai toujours été dans les affaires et le soir alors que le commerce familial fermait à minuit je devais être derrière le comptoir. Être derrière le comptoir m’a appris ce qu’est la profitabilité ».

Après les études, il travaille quelque temps aux Etats-Unis  puis revient en Afrique du Sud, où il met ses compétences au service du Congrès national africain (Anc), qui se prépare à participer au pouvoir, et travaille sur la politique minière du futur gouvernement. Son ascension sociale commence véritablement en 1994 quand il devient le premier associé noir d’un cabinet d’avocat

Au début des années 2000, il crée un certain nombre de sociétés qu’il réunit en un conglomérat baptisé ARM (Africain Rainbow Mineral) dont il est le président exécutif. Une de ses décisions est la prise de participation de 20% au sein de Harmony Gold, la 12e plus importante société minière aurifère  au monde, avec trois exploitations minières en Afrique du Sud.

Élu sans opposition par acclamation 

La société ARM s’intéresse ensuite à d’autres minerais, notamment le platine, le fer, le  charbon et le cuivre.   ARM est désormais implantée en Zambie, Zimbabwe et Papouasie-Nouvelle-Guinée. Devenu un magnat des mines, il est membre de plusieurs comités exécutifs ou non exécutifs, dont Harmony Gold  ou le groupe d’assurances sud-africain Salam

En 2013, il rejoint The Giving Pledge et fait don de la moitié de sa fortune à cette œuvre de charité pour favoriser la santé et l’éducation. En 2004, il acquiert le club de football Mamelodi Sundowns. Le phare de Prétoria remporte la Ligue des champions d’Afrique en 2016 et la Supercoupe en 2017.

De l’avis de plusieurs observateurs : « Patrice Motsepe mène ses affaires en privé et il n’aime pas beaucoup l’attention des médias. Il n’accorde pas beaucoup d’interview. Il dirige son club comme une entreprise. Il investit beaucoup mais en retour il est aussi très exigeant. Il a une approche très moderne du football »

En fin d’année 2020, la Caf recherche un nouveau président, l’organisation est alors touchée par des scandales  financiers, le profil de l’homme d’affaires sud-africain porte certains espoirs « il est élu sans opposition par acclamation », en partie grâce à Infantino. L’Afrique sait pouvoir compter sur lui pour l’émancipation de son football.