Cameroun : Foumban, émeutes mortels au moindre incident

Le département du Noun passe pour être une poudrière où tout peut s’enflammer à tout moment. De plus en plus, la plupart des tensions dans cette localité de la région de l’Ouest finissent soit par des violences, des incendies, ou des tueries.

Le calme revient  progressivement dans la ville de Foumbot après les émeutes du 3 mai 2021. Une manifestation de colère partie de la mort d’un vendeur de médicaments de la rue, décédé en détention alors que sa famille avait formulé une demande auprès du procureur, en vue de son évacuation dans un centre médical pour une prise en charge. Furieux à la suite de son décès, des personnes se sont déportées au Palais de Justice pour y mettre du feu.

Une partie des manifestants a coupé la route qui relie Foumbot à Bafoussam, la capitale régionale. L’intervention des gendarmes et policiers  conduit à des échauffourées sanglants. Le bilan non officiel fait état de deux morts et cinq blessés.

Le département du Noun s’illustre de plus en plus comme un chaudron où le moindre incident peut basculer en une situation difficile à maitriser. Lorsqu’il ne s’agit pas d’émeutes populaires, ce sont des combats politiques qui agitent la cité.

Le tout dernier s’est produit en décembre, à la suite de l’incendie de la porte d’entrée de la ville dans la nuit du 29 novembre 2020. Autorités municipale et traditionnelle,  ne s’accordant pas sur l’entité responsable de la reconstruction de cette infrastructure,  se sont livrées à un spectacle ubuesque. Si bien que  la voiture du maire, Patricia Tomaino Ndam Njoya,  fût  incendiée par la sécurité du sultan roi des Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya.

En aout 2020, le meurtre d’Aminatou Ndassa Mounden (61 ans), vendeuse  de bijoux et de sous-vêtements au marché de  Bangourain, a provoqué le soulèvement de la population. Celle-ci a rattrapé deux des trois coupables et battu à mort l’un d’entre eux.

En février 2020, lors des élections municipales et législatives, le Noun  a connu des mouvements de contestation durant lesquels  deux personnes ont été tuées dans ce département qui vit une forte rivalité politique entre l’Union démocratique du Cameroun (UDC),  présidée par le maire de Foumban, Patricia Tomaino Ndam Njoya,  et le parti au pouvoir le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), soutenu par le sultan  Ibrahim Mbombo Njoya. A l’origine, des soupçons de fraude électorale imputés aux militants du RDPC. Une marche a eu lieu à travers la ville pour marquer un refus au trucage des voix.

Dans ce climat de tensions permanentes, pas étonnant de voir souvent débarquer des éléments du Bataillon des troupes aéroportées de Koutaba,   en appui des policiers et gendarmes pour faire revenir le calme.

Cameroun: Sangmélima toujours sur le fil du rasoir

Suite aux affrontements survenus dans la ville depuis plusieurs jours, on observe une forte présence militaires dans la localité.

Les casses, les débris qui jonchent les rues ne sont pas les seuls éléments qui renseignent ce 14 octobre sur la situation de tension que connait la ville de Sangmélima depuis le 09 octobre. La forte présence des militaires et autres forces de l’ordre et les voies bloquées constituent également un indice de ce que la situation reste tendue.

Selon des sources sur place, c’est le branle-bas dans la ville ce jour, 14 octobre. «Les agences de voyage sont bloquées. Arrivée dans la ville hier (13 octobre Ndlr), on m’a intimé l’ordre de rester dans ma chambre d’hôtel», rapporte une source.

Une situation qui persiste alors même que des convois de militaires auraient fait le déplacement de la ville voisine pour apaiser les tensions. En outre, une réunion de crise présidée par le gouverneur de la région du Sud, Félix Nguélé Nguélé s’est tenue le 11 octobre, dans l’optique de trouver des solutions rapides au problème.

Les populations autochtones se plaignent de ce que des ressortissants d’autres régions s’arrogent des biens de la localité, à leur détriment. Elles n’ont pas manqué de décrier le chômage ambiant.

Au départ de ces heurts et réclamations, la mort d’un jeune homme ressortissant de cette localité du département du Dja et Lobo. Ce décès a été attribué par plusieurs aux allogènes, plus précisément un ressortissant Bamoun. Les frères de la victime ont alors entrepris de se venger. Les choses ont vite dégénéré et se sont transformées en un affrontement interethnique. Des commerces de Bamouns ont été pillés et détruits. Plusieurs allogènes ayant été victimes de pillage ont d’ailleurs profité du week-end dernier pour quitter la localité.

Il faut dire que les tensions persistent. Ceci alors même que certaines autorités administratives ont démenti les affrontements interethniques ou encore essayent de rassurer les populations. Le préfet du Dja et Lobo, David Koulbout Aman dans un communiqué du signé du 09 octobre, indiquait qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. De même, Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur par ailleurs originaire de cette région à appeler les populations «au vivre-ensemble cher au chef de l’Etat.»

Emeutes de Kondengui : quinze jours après, aucune mesure prise

Le gouvernement camerounais n’a encore pris aucune mesure officielle pour répondre aux griefs soulevés le 22 juillet par des prisonniers de la crise anglophone et du Mrc.

Cela fait quinze jours que la mutinerie de la prison centrale de Kondengui a eu lieu, faisant deux blessés parmi les prisonniers et causant la destruction de quelques bâtiments du centre pénitencier ; et aucune réponse officielle n’a encore été apportée aux revendications des détenus de la crise anglophone et du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). L’on en est encore à demander des propositions aux différentes juridictions.

Lundi, 22 juillet, des prisonniers anglophones  –  en détention sans inculpation depuis près de trois ans pour leur participation à des mouvements contestataires dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest en décembre 2016 –  ont tenu un mouvement d’humeur pour dénoncer les lenteurs judiciaires et leurs conditions de détention.

D’abord ignorée des autorités pénitencières, la manifestation récupérée par d’autres prisonniers a mué en scène de violence, obligeant Yaoundé à mettre en place un important dispositif sécuritaire.

Le ministre de la Justice, Laurent Esso, en fonction depuis 2011, a prescrit mercredi, 31 juillet, aux différentes juridictions de lui proposer des moyens de réduire les lenteurs judiciaires. Mais au niveau des parquets, cette demande n’est pas nouvelle. Selon des sources contactées par Journalducameroun.com, de nombreuses suggestions ont déjà été faites à ce sujet. Des piles de dossiers contenant d’éventuelles solutions ont souvent été adressées au ministère de la Justice. Elles traineraient dans des tiroirs de ce département ministériel, apprend-on.

Une demande sans doute motivée par  la pression de la présidence de la République qui, l’a indiqué vendredi le ministre René Emmanuel Sadi, a demandé de procéder à un désengorgement des prisons et au renforcement du control et de la surveillance des centres pénitenciers.

En attendant de prendre des mesures qui seraient salutaires, le  régime de Yaoundé a entrepris d’auditionner des détenus impliqués dans les émeutes du 19 juillet et transférés vers le Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) et le Groupement spécial d’opérations (GSO). 244 détenus, en tout, apprend-on d’une communication du ministre René Emmanuel Sadi ce 02 août. Seulement, depuis leur départ de Kondengui, personne n’a de leurs nouvelles. Ils n’ont pas droit aux visites que prévoit  la loi, même pas celles de leurs avocats, provoquant une vague de solidarité chez d’autres détenus. Mercredi, des leaders ambazoniens ont entamé une grève de la faim pour protester contre la disparition de leurs compagnons.

 

Cameroun : des nouvelles de Mamadou Mota, 1er vice-président du MRC, blessé

Mamadou Mota, serait victime d’une fracture du bras due « à la torture » subie lors du transfert au Sed après les émeutes de Kondengui. L’information est de l’actuelle présidente dudit parti, Tiriane Noah.

Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) est inquiet de la situation de son premier-vice-président, Mamadou Mota, transféré au Sed après les émeutes du 22 juillet à Kondengui. Cet homme politique souffrirait d’une « fracture au bras »  occasionnée par la « torture » dont il aurait été victime au cours desdits évènements. Il aurait par ailleurs été privé de nourriture pendant six jours.

« Nous allons tenir m. Biya Paul et son clan entièrement responsables de ce qui peut arriver à notre premier vice-président, et plus généralement, la réaction qui pourrait venir de notre peuple qui aspire à la paix et au respect Pour la liberté, la justice et la vie humaine », écrit Tiriane Balbine Nadège Noah, l’actuelle présidente du MRC,  dans un post Facebook samedi, 27 juillet.

Au-delà des blessures qu’il porte, c’est le fait qu’il soit privé de soins médicaux qui préoccupe la direction du MRC.  « Il est toujours souffrant, son bras n’est pas guéri. Il a récemment reçu la visite d’un médecin militaire parce qu’il fallait replacer son bras. Maintenant il n’a pas le droit de rencontrer son médecin pour les soins et le suivi. Il n’a pas le droit de rencontrer son médecin, il n’a pas accès à une institution hospitalière, nous même, nous n’avons pas accès à lui ni aux autres camarades d’ailleurs on sait juste que certains sont gardés au Sed et d’’autres au GSO, mais on ne les a pas vu », explique Tiriane Balbine Nadège Noah, contacté par Journalducameroun.com.

Mamadou Mota et ses compagnons d’infortune ne sont pas bien approvisionnés en nourriture, a-t-on appris ce jour. Une situation qui découle des restrictions sur leurs droits de visite.

Crise anglophone : le point sur les émeutes de la prison centrale de Yaoundé

Un mouvement d’humeur entrepris dimanche par des prisonniers de la crise anglophone a débouché, lundi, sur des coups de feu. Ils contestent la lenteur des procédures judiciaires concernant leurs dossiers.

Aucune communication officielle n’a encore été faite sur les événements survenus lundi, 22 juillet, à la prison centrale de Kondengui. La veille pourtant, des coups de feu ont retenti en provenance de ce centre pénitencier une bonne partie de la nuit durant. Ils ont été tirés conséquemment à un mouvement d’humeur de détenus de la prison centrale.

Ces détenus se sont des centaines de personnes arrêtées dans le cadre de la crise anglophone qui paralysent depuis trois ans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun. Ils ont entamé leur mouvement d’humeur dimanche, demandant à ce que le ministre de la Justice, Laurent Esso, vienne les éclairer sur leur situation alors que plusieurs d’entre n’ont pas encore été jugés, depuis des années pour certains et des mois pour d’autres. Ils n’ont pas tenté de s’échapper, a appris jourrnalducameroun.com, contrairement aux informations relayées jusqu’ici.

–          Elan de solidarité –

Les frondeurs ont été rejoints dans leur mouvement d’humeur par d’autres prévenus détenus dans des conditions similaires. A leurs côtés se tenaient aussi des personnes condamnées en lien avec les manifestations de Bamenda, en fin d’année 2016, notamment Mancho Bibixy. Ils apparaissent dans une vidéo, demandant la libération des leurs et scandant le nom de « l’ambazonie », un Etat immatériel prôné par les séparatistes anglophones.

Du temps de la détention préventive de Mancho Bibixy et une dizaine d’autres manifestants anglophones, courant 2017, d’autres mouvements d’humeur avaient eu lieu. Des manifestants anglophones avaient entamé une grève de la faim pour contester leurs conditions de détention ; et surtout demandaient à être présentés devant un juge pour être notifiés des charges retenues contre eux.

Certains avaient été libérés à la faveur d’un décret du président de la République le 30 août 2017. Les arrestations ne se sont cependant pas arrêtées là, près de 2000 personnes sont détenues à travers le pays du fait de la crise anglophone, selon les chiffres officiels.

L’on apprend également qu’il y a eu utilisation des gaz lacrymogènes, des armes blanches en fin de soirée pour éviter tout débordement à la faveur de la nuit. Il reste impossible de dire s’il y a eu des tirs à balles réelles. Cependant, des sources non officielles évoquent des blessés et des morts.

De l’extérieur de la prison centrale de Kondengui, un épais nuage de fumée était visible hier. Elles provenaient à la fois des gaz lacrymogènes et de l’incendie de l’un des bâtiments de ce centre pénitencier. Lequel ? Là-dessus des avis divergent : la pharmacie, la bibliothèque et la salle des corrections.

-Frayeur parmi les populations –

Les coups de feu tirés à la prison de Kondengui ont raisonné à des dizaines de kilomètres de ce quartier, suscitant de la frayeur parmi les populations. « Ma grande sœur et moi on n’a pas pu fermer l’œil de la nuit, tellement nous étions inquiètes. Au début, j’ai pensé qu’il s’agissait des pétards ou des feux d’artifice, c’est ma grande sœur qui m’a dit de quoi il s’agissait. On est resté éveillé, on écoutait. Les coups de feux retentissaient après c’était le calme pendant environ 20 minutes suivi d’une nouvelle série de coup de feu», raconte Claudia, habitante du quartier Mimboman.

Le périmètre de la prison était bouclé hier en fin de soirée. La route principale était barricadée et il était difficile de rallier les quartiers voisins de Kondengui. Un important dispositif des forces de sécurité était déployé sur place. Les premières extractions de prisonniers ont eu lieu aux premières heures de la journée ce mardi.

Les Camerounais de Belgique commémorent les émeutes de 2008

Les émeutes de février 2008 ont débuté dans la ville de Douala, le 23 dudit mois, avant de s’étendre à d’autres localités, ce, après une augmentation de 15 F CFA sur le prix du carburant

La diaspora camerounaise de Belgique sera rassemblée le 11 mars 2017 pour la neuvième commémoration des personnes tombées lors les émeutes de février 2008. Les activités y relatives sont organisées par le Mouvement de février 2008 en partenariat avec le Cercle belgo-africain pour la promotion humaine (Cebaph), le Collectif des organisations démocratiques et patriotiques des Camerounais de la diaspora (Code) et l’APJE asbl.

Le programme est centré sur la tenue de la conférence «Citoyenneté, autodétermination et paix au Cameroun (CAP Cameroun)» que donne chaque année le Mouvement du 28 février. Celle-ci aura lieu à Bruxelles sous le thème «Neuf ans après, le Cameroun n’est neuf».

Les violences urbaines survenues au Cameroun le 23 février 2008 ont commencé à Douala avant de s’étendre à d’autres villes du pays. Elles étaient la conséquence d’une augmentation du prix du carburant. En effet, celui-ci avait été augmenté de 15 F CFA le 7 février, entrainant également une flambée des prix de première nécessité sur le marché.

Une grève des transporteurs était annoncée pour le 25 février. Seulement, deux jours avant, le Social démocratic front (SDF) entame une manifestation pour protester contre le projet de modification de la Constitution visant à permettre au président Paul Biya de se représenter à l’élection de 2011. Les forces de l’ordre tirent à balles réelles pour disperser les manifestants. Un civil meurt pendant cette opération. C’est le début de la révolte populaire dans la ville de Douala.

Elle se manifeste le 25 février par des affrontements dans le quartier Bonabéri, le pillage des magasins chinois au quartier Akwa, les mises à sac de certaines stations-services et la mairie de Douala Ve brûlée.

Le 26 février, les émeutes s’étendent à  Limbé, Bamenda, Buea et Bafoussam. Dans la cité économique, des éléments de la Brigade d’intervention rapide (BIR)  sont mobilisés le 27 février. Des manifestants présents sur le pont de Bonabéri sont contraints de se jeter dans le Wouri par la police qui tire à balles réelles. Les bilans font état de dizaines de morts par noyade. Ailleurs à Douala et dans d’autres villes du Cameroun, la presse fait état d’une trentaine de morts par balles.

Ce même jour, une foule de personnes traverse la ville à pied en direction de la résidence du gouverneur sise à Bonanjo, pour réclamer une baisse des prix des denrées. Parmi elles, des personnes demandent le départ du président Paul Biya.

Face à cette résistance populaire, Paul Biya fait une déclaration à la télévision nationale le 27 février pour annoncer les mesures prises en réponse aux demandes de la population. Il s’agit notamment, de la baisse de 6 F CFA sur le prix du super et de 5 F CFA pour les autres carburants.

C’est le 1er mars que le pays retrouve son calme. Les évènements auront causé la mort de 24 personnes, d’après un bilan officiel établi le 05 mars par Biyiti Bi Essam, alors ministre de la Communication. Selon lui, les forces de l’ordre auraient, par ailleurs, procédé à  près de 1500 interpellations.

 

Emeutes à Bamenda: des morts enregistrés?

Une fonctionnaire de police aurait été tuée dans cette ville du Nord-Ouest où commerces, écoles et services sont désormais fermés

Une fonctionnaire de police aurait trouvé la mort mardi, 22 novembre 2016, dans la ville camerounaise de Bamenda (Nord-Ouest), en proie à des émeutes depuis lundi, apprend-t-on de sources concordantes.

Cette fronde, qui va grandissant a également fait trois décès chez les civils, dans une ville où tous les commerces, écoles et services sont désormais fermés et les transports à l’arrêt, alors que la police patrouille au sol et par hélicoptère.

Ce soulèvement populaire a pour origine une protestation des avocats d’obédience anglophone, exigeant la traduction en anglais des actes de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).

Leur mouvement d’humeur a fait un effet boule de neige auprès des enseignants et des étudiants avant de gagner une bonne partie de la population civile, au sein de laquelle des slogans de sécession des régions anglophones du Cameroun sont désormais entendus.

Jusqu’à mercredi en mi-journée, le gouvernement n’avait toujours pas réagi à ces troubles qui menacent désormais d’embraser toute la zone anciennement sous colonisation anglaise.


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Cameroun: arrivée massive de Gabonais fuyant les émeutes

Les autorités camerounaises ont renforcé les mesures de sécurité pour contenir ces personnes et pour les encadrer afin d’éviter d’éventuels débordements

Des dizaines de Gabonais continuent d’arriver au Cameroun, notamment dans la ville frontalière de Kyo-Osi (Sud) pour échapper aux violences post-électorales observées dans ce pays trois jours après la réélection du président Ali Bongo Ondimba contestée par l’opposition, a-t-on appris vendredi, 02 septembre 2016, de sources concordantes.

Cette situation a poussé les autorités camerounaises à renforcer les mesures de sécurité, non seulement pour contenir ces nombreuses personnes qui fuient le Gabon, mais également pour les encadrer afin d’éviter d’éventuels débordements.

De l’avis des habitants de Kyo-Osi, plusieurs contingents de la police et de la gendarmerie ont été acheminés à la frontière entre le Cameroun et le Gabon, afin de mieux assurer ces arrivées massives.

«Nous avons momentanément décidé de quitter le Gabon, le temps de voir comment les choses vont évoluer. Nous redoutons que la crise perdure surtout que les violences en cours ont entrainé la destruction des biens, pire on compte déjà les premiers morts», a indiqué un ressortissant gabonais.

D’après des témoignages concordants, s’il est vrai que la situation est plus préoccupante à Libreville, la capitale et à Port-Gentil, la métropole économique, les autres localités du pays ne sont pas épargnées, notamment les villes frontalières au Cameroun, qualifiées de «bastion de l’opposition».

En plus des Gabonais, plusieurs ressortissants des pays étrangers ont décidé de quitter pour l’instant ce pays. C’est le cas des Camerounais et des ressortissants ouest-africains, assez nombreux au Gabon.

Selon des résultats officiels provisoires, Ali Bongo a obtenu 49,80 % des voix contre 48,23 % à son principal adversaire, Jean Ping, lors de l’unique tour du scrutin présidentiel du 27 août 2016.

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Message de Paul Eric Kingue au peuple camerounais

Par Paul Eric Kingue

Très chers parents, amis, frères et s urs, vous avez été très nombreux à vous intéresser, directement ou non, au feuilleton politique ouvert contre ma modeste personne le 28 février 2008, alors que les émeutes de la faim secouaient notre pays. Ce jour-là, une véritable cabale judiciaire venait d’être déclenchée contre moi, avec pour conséquence, mon arrestation sans mandat judiciaire, par 12 camions des forces armées, bondés de militaires, et six pick-ups de gendarmes, alors que je n’étais ni armé encore moins dangereux pour la république.

Je venais sans doute d’être accusé sans le savoir, parce que n’ayant jamais été notifié des faits qui m’étaient reprochés.
D’interrogatoires à interrogatoires, ma garde à vue et mon séjour à la prison de Nkongsamba n’avaient d’équivalent que l’enfer. Tout était programmé pour ma mort et arriva donc un vent d’espoir venant de vous, peuple Camerounais.

Vos soutiens multiformes m’ont redonné la force de tenir. Chaque fois que le désespoir frappait à la porte de ma cellule, je me sentais comme transporté et protégé par une force spirituelle qui n’était autre que vos prières. Je l’avoue, chers parents, amis, frères et s urs, la majorité écrasante d’entre vous a au moins une fois, demandé au seigneur tout puissant à travers les prières d’intervenir dans ces affaires qui devenaient interminables et qui choquaient la conscience nationale. Grâce à vous donc, les forces occultes, lâches et négatives qui manipulaient à volonté mes procédures ont fini par lâcher prise, consacrant ainsi la victoire de Dieu sur Satan, du bien sur le mal.

Le 16 juillet 2015, la Cour Suprême du Cameroun, statuant en dernier ressort a cassé et annulé l’ensemble des complots judiciaires malicieusement montés contre moi.

Je ne pouvais pas vivre ce dénouement plein d’émotions, sans vous témoigner ma profonde gratitude et vous dire mes sincères remerciements pour vos prières. Vingt millions de fois, merci à vous, peuple Camerounais.

A vous mes avocats conseils
Vous avez su par votre professionnalisme avéré, me défendre avec brio. La pertinence de votre défense ne pouvait que conduire au résultat obtenu. Trois procès ont étés engagés contre ma personne et trois fois vous les avez gagnés. Il n’est pas donné dans votre métier de faire le plein d’ uf, pourtant vous l’avez fait et le mérite vous revient. Mille fois merci.

A la presse camerounaise et internationale
À travers mes procédures j’ai découvert une autre dimension de vous; votre engagement humaniste. Comme des médecins, vous vous êtes unis pour sauver une vie et vous l’avez fait. Grâce à vous, les manipulateurs et mes bourreaux ont été dénoncés et mis à nus. Vous avez fait feu de tout bois pour barrer la route à l’injustice qui s’abattait sur moi. Les mots me manqueront à jamais pour vous dire merci. Milles fois merci, chers journalistes. Vous méritez mieux que ce que vous êtes aujourd’hui.

A mon comité de soutien et à la diaspora
Vous avez été très nombreux à dénoncer mais aussi à me soutenir moralement et quelques fois matériellement, pourtant vous êtes de nationalités différentes. Sous la houlette de monsieur Hubert Ducarme, à qui je réitère ma profonde reconnaissance, vous avez su m’apporter le support moral qu’il me fallait pour tenir pendant huit ans. Jamais, vous n’avez failli. Comment donc ne pas vous témoigner ma profonde gratitude? Vous êtes des hommes et femmes de c urs, Dieu seul saura vous le rendre. Mille fois merci.

A ma famille ou ce qui en reste
Je vous aime, malgré la modicité de vos moyens vous m’avez apporté l’amour dans l’union, mes larmes n’ont pas encore séché après le décès il y’a quelques jours de notre frère ainé qui n’attendait que de me voir sortir de cet enfer pour reprendre espoir. Mais, hélas le destin en a décidé autrement. Il restera gravé dans mon c ur. A Paul Eric Kingue Junior parti trop tôt, mon combat consistera à honorer sa mémoire dans un combat acharné pour le renforcement d’un état de droit au Cameroun. Cette lutte sera inébranlable. A vous ma famille, mille fois merci.

A Marafa Hamidou Yaya, Bifouna Ndongo, Ntyame Ntyame Michel, Owono Owono, Remi Ze Meka, Assoumou, Kitio Edouard, Gambo Haman, Akoue Mengue Richard, Php, Spm, Caplain, Fako Rene, Ngoussoumo Blaise Et Ndjodo Luc
Vous êtes pardonnés. Dieu seul se chargera de vous juger et chacun de vous lui rendra compte du rôle joué dans cette machination qui s’achève ce jour. Milles fois merci à vous aussi.

Aux populations de Njombe-Penja Et Bouba
Au moment où vous me donniez vos suffrages, vos espoirs et vos attentes étaient grands. Vous rêviez donc de voir vos conditions de vie changer et vos progénitures encadrées. Comme un tsunami vos espoirs ont été nettoyés et lessivés par une horde de voyous et leurs complices, parlant au nom de l’Etat, dont le seul objectif était de préserver des prébendes tirées de votre sueur sous forme d’esclavagisme des temps modernes. Pendant huit ans vous êtes restées sans voix, sans guide et dans une misère inqualifiable. Vous avez défraichi et plusieurs d’entre vous sont décédés sans voir aboutir ce rêve que vous et moi avons commencé à bâtir ensemble. Mon combat pour vous reste et demeurera inébranlable jusqu’à ce que le changement tant voulu se matérialise. Votre présence massive à chacune de mes audiences et vos prières quotidiennes érigées dans chacun des domiciles de Njombe-Penja m’ont permis de tenir longtemps. Ce combat continuera sans faiblesse. Cent mille fois, merci.


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Emeutes de février 2008: Paul Eric Kingue répond à l’honorable Jean-Michel Nintcheu

Par Paul Eric Kingue

A la suite de la parution de l’article intitulé « émeute de février 2008: le gouvernement veut rouler les victimes » en page 03 du quotidien Emergence, n° 476 du mardi 07 avril 2015, Paul Eric Kingue depuis la prison de New-Bell a adressé un droit de réponse en vue d’apporter certains éclaircissement.

Je vous remercie de me donner l’opportunité de remettre les pendules à leurs places, après la sortie légère et inintelligible de l’Honorable Nitcheu dans votre journal du 07 avril 2015.

Effectivement, cette sortie ne m’a pas laissé indifférent. De ma cellule, j’essaye au quotidien de m’informer par le biais tantôt d’un poste radio, tantôt de la télévision, et quelque fois, des journaux camerounais dont j’apprécie positivement la contribution à l’émergence d’une véritable société démocratique dans notre pays.

Pour revenir à votre question, en parcourant votre parution du 07 avril 2015 dont l’article concernant les émeutes de février 2008 a été relayé dans les réseaux sociaux m’a-t-on appris, j’ai été choqué de constater que certains de nos «hommes politiques» manquent d’épaisseur et de probité et sont prêts à marcher sur des cadavres, pour consolider leurs positions parfois questionnables.

Dans cet article intitulé «Emeute de Février 2008, le Gouvernement veut rouler les victimes», le député Jean Michel Nitcheu insinue mon rapprochement avec le régime de Yaoundé car déclare-t-il, «Paul Eric Kingue est du Rdpc». Continuant dans ses envolées, le Magistrat Hors hiérarchie-député Jean Michel Nitcheu, tranche: «Paul Eric Kingue n’est pas une victime des émeutes de Février 2008».

A la lecture de cette sortie, deux questions m’ont taraudé l’esprit.
La première est celle de savoir si les politiciens de l’espèce de Jean Michel Nitcheu méritent la confiance des Camerounais dont ils appellent tous les jours, l’attention et même l’adhésion?
Chaque pays a son histoire. Et, l’histoire est têtue. Vouloir la falsifier relève au minimum d’une malhonnête prétention, et au pire, de la folie.

La seconde question est de savoir combien de temps encore ce genre d’opportuniste, doublé de commerçant politique, existera dans le microcosme politique de ce pays qui nous est cher?

Autrement dit, à qui M. Jean Michel Nitcheu peut faire croire au Cameroun et ailleurs que Paul Eric Kingue, Lapiro de Mbanga (de regrettée mémoire) et autres ne sont pas les victimes des émeutes de Février 2008? Je comprends aisément le commerce politique honteux qu’il entretient sur le sang des dizaines de Camerounais depuis 2008 et qui, malheureusement pour lui, ne retient l’attention d’aucun Camerounais et en tout cas, de pas grand nombre.

Pour sa gouverne, je suis jusqu’à ce jour, le seul Camerounais sur la vingtaine de millions qui, au pic des émeutes de février 2008, a pris sur lui, le courage de dénoncer à travers une chaîne de télé de grand audimat, le massacre par les forces de l’ordre, de nos jeunes compatriotes. Dénonciation qui m’a couté la liberté jusqu’à ce jour.

Il n’est pas inutile de rappeler qu’au moment où je dénonçais cette barbarie, j’étais maire. C’est-à-dire un privilégié social qui pouvait décider de se taire pour protéger ses acquis. En plus, j’étais maire du Rdpc. C’est-à-dire qui avait l’obligation de réserve qui m’aurait contraint à couvrir les exactions du régime-parti que je servais. Mais pour l’amour fou et aveugle de mes concitoyens, pour mon sens élevé de la justice et de l’équité, pour mon attachement aux droits humains, j’ai pris sur moi, de dénoncer en sachant pleinement que cela me couterait cher. Pour ces familles ayant perdu des enfants, j’ai préféré me sacrifier. Quiconque était scotché devant le petit écran au Cameroun m’a entendu dénoncer avec véhémence ces massacres. Vingt quatre heures seulement après ma sortie télévisée, j’ai été enlevé et embarqué d’abord à la gendarmerie et ensuite à la prison où je séjourne jusqu’à ce jour.

Comment donc comprendre qu’un élu absent et muet comme une carpe à ce moment particulièrement chaud, se croit investi aujourd’hui d’une mission de défenseur des morts en affirmant de manière péremptoire que Paul Eric Kingue n’est pas victime des émeutes de Février 2008?

Pour rafraichir la mémoire à ce député, ou alors ne le sait-il pas, ma procédure judiciaire portant sur les émeutes de Février 2008 est encore pendante devant la cour suprême du Cameroun. A ce jour, une fois de plus, je suis le seul Camerounais sur les quatre mille interpellés à ce moment là, à être encore jugé pour les émeutes de Février 2008, et ce, sans doute au moment où Jean Michel Nitcheu ‘sablait du champagne’, tantôt à Yaoundé tantôt à Douala. Au moment où je vous réponds, sa fille est en train de solliciter un statut de refugié en Belgique. Par qui est-elle pourchassée au Cameroun? Qu’il se mette une fois pour toute en tête que je ne laisserai plus jamais, sur la scène politique nationale, des politiciens camerounais mentir aux autres Camerounais.

Qu’est-ce qu’être victime? Qu’il s’agisse de Larousse, Lalande, Hachette etc., une victime est une personne qui subit un préjudice par la faute de quelqu’un ou par sa propre faute. Après avoir dit à Jean Michel Nitcheu qu’est-ce que c’est qu’une victime, s’il avait l’humilité nécessaire reconnue à un vrai élu, il comprendrait qu’il s’est trompé de l’idée qu’il se fait depuis sept ans, des victimes de février 2008. Il comprendrait également qu’on n’est pas victime seulement lorsqu’on est mort, mais on est aussi victime des émeutes de février 2008 lorsqu’on a été amputé d’un membre de son corps, grièvement blessé, perdu la liberté et/ou vu ses investissements détruits à cette occasion. Parlant précisément de perte de liberté, notre député sait-il que croupit encore en prison avec moi, un certain Essobo Adjama, qui vit péniblement au quotidien à New Bell?

Notre élu a-t-il seulement essayé de poser à l’Assemblée nationale, ce cas qui est un cas de conscience au moment où le gouvernement de la République crie sur tous les cieux qu’il n’y a plus un seul détenu des émeutes de février 2008 dans ses prisons? Dois-je penser que pour ce commerçant politique, Lapiro de Mbanga, entré en prison sans cancer et mort parce que placé dans l’impossibilité de se soigner pendant des années, dont la décision a été cassée et annulée par la Cour suprême, n’était pas victime des émeutes de février 2008? Où classe-t-il tous les blessés (amputés et autres) de ces événements? N’en sont-ils pas des victimes? Où classe-t-il le maire que j’étais et dont tous les témoignages, je dis bien tous les témoins de l’accusation sans exception ont apporté à la surprise du Ministère public qui les avait pourtant cités, des arguments à ma décharge consignés noir sur blanc dans les plumitifs de notre justice?

Au moment où notre député du carrefour de la prostitution «sablait du Champagne», Lapiro et moi croupissions en prison; une prison que nous n’avons jamais méritée, une prison tissée de toute pièce par un régime qui avait visiblement perdu le contrôle du pouvoir et qui n’avait pour seule issue, que de chercher des boucs émissaires qui se sont finalement révélés être Lapiro de Mbanga et moi. De quoi parle Jean Michel Nitcheu, s’il était sincère dans ses fameuses commémorations, il se serait à chaque occasion, déplacé dans toutes les villes où les émeutes ont tué, blessé, détruit. Restreindre les «victimes» de Février 2008 à sa seule circonscription électorale ne trahit-il pas ses calculs politiciens que seuls des naïfs peuvent crédibiliser? Pour me résumer, on est victime des émeutes de février 2008 quand on a perdu sa vie, sa liberté, ses investissements etc. à cette occasion. On n’est aussi victime à Bamenda, Buea, Penja, Loum et pas seulement au «carrefour j’ai raté ma vie» etc.selon qu’on a subi un préjudice, et ça Monsieur Nitcheu doit l’intégrer.

Un collectif des victimes des émeutes
Le Comité des victimes de Février 2008 a été constitué depuis 2009, année de mon transfèrement à la prison centrale de Douala. Ce Comité avait été pensé par feu Lapiro et moi. Nous y travaillions au quotidien, parce que nous nous sentions légitimes au regard de nos positions d’hommes souffrant dans leurs chairs, des émeutes de février 2008 ou du moins, des accusations erronées s’y rapportant.

Qui mieux que Lapiro et moi, était fondé à parler des émeutes de février 2008 au Cameroun? Mais qui donc? Jean Michel Nitcheu dont les revendications la veille de ces émeutes portaient sur la révision de la constitution et non pas sur la vie chère dont le ras-le-bol a débouché sur les émeutes? Où se terrait-il du 25 février au 29 février 2008 (après la dispersion de son meeting sur la constitution) quand le Cameroun s’embrasait à cause du mal être des Camerounais qui voyaient grimper au quotidien, les prix des denrées alimentaires sur les marchés? Se souvient-il que j’étais une fois de plus sans modestie au Cameroun, le seul et unique responsable du Rdpc ayant dénoncé les tueries par nos forces de l’ordre, sur une chaîne de télévision de la place, de plusieurs de nos jeunes compatriotes, jetant ainsi le pavé dans la marre? Où était-il? Seules quelques Ong me semble-t-il, étaient sur le terrain, sans la moindre trace de ce député mal inspiré décidé de bâtir ses fondations politiques sur des morts qui méritent pourtant mieux.

Négociations avec l’ONU
Il n’existe aucune négociation entre l’Onu et moi sur les émeutes de février 2008. En 2009, j’ai saisi l’Onu pour cadrer et restituer, à la suite de l’ACAT-Littoral, la vérité quant à certaines informations divergentes qui pourrissaient l’environnement communicationnel au sujet de ces évènements dans notre pays. Je l’ai fait comme je l’ai dit, parce que légitimement fondé d’apporter mon avis sur cette question qui continue jusqu’à ce jour, à me détruire la vie. Le gouvernement du Cameroun dans ses communications antérieures déclarait environ 42 morts. L’ACAT 145 morts. Face à ces positions qui ne me semblaient pas sincères de part et d’autre, Lapiroet moi, avions missionné, depuis la prison de New-Bell, des jeunes dans les différentes villes où les émeutes ont fait des victimes. Au terme de leurs descentes sur le terrain, il en ressortait que 53 Camerounais ont été tués pendant ces évènements. 53 au total. Un chiffre que ni l’Etat du Cameroun, ni l’ACAT ne peut remettre en question. J’en veux pour preuve, depuis bientôt 8 ans, l’ACAT n’arrive pas à produire sa liste alléguée de 145 victimes. Je mets cette Ong au défi, de produire une liste de 145 victimes repérables, même à moyenne échéance. Il en est de même pour le gouvernement de la République qui essaye sans y parvenir, de compresser le nombre de victimes à 26 aujourd’hui. Il n’y parviendra jamais. Les familles des 53 victimes dont nous avions dressé les listes sont physiquement repérables. Un travail de fourmis auquel était attaché mon ami et frère Lapiro a été fait. Un travail que j’ai décidé de poursuivre pour la manifestation de la vérité et de la justice, non pas pour attendre d’être payé par le Gouvernement, comme le pensent les esprits retords, au nom des victimes. Je n’attends rien de cette démarche.

Ceux qui m’ont connu et m’ont côtoyé savent combien je tiens à ma réputation et à mon image. L’argent ne m’émeut pas. Sinon les bananeraies m’en auraient donné. Avec le gouvernement, il n’y a jamais eu de négociations non plus; ni de près, ni par personne interposée sur la question touchant aux émeutes de février 2008. Sollicité par une mission venant de Yaoundé courant Août 2014, qui tenait à avoir des informations en ma possession, j’ai fait convoyer par M. Celestin Njamen, la liste de 53 victimes que Lapiro et moi, avions répertoriées. La même liste a été envoyée au Conseil des Droits de l’Homme Des Nations Unies qui en avait besoin, pour ses décisions finales.

Je ne représente aucune victime de février 2008. Le collectif pensé par Lapiro et moi, avait pour mission de réunir le moment venu, les victimes telles que répertoriées dans la liste des 53. A ces décédés, on ajoutait les blessés et les détenus que nous étions, quelques hommes d’affaires qui ont vu réduire en cendres, leurs investissements. Parce que comme je l’ai dit plus haut, on n’est pas victime seulement lorsqu’on vit à Bépenda et au Carrefour des prostituées, mais on est victime partout où les émeutes ont tué, détruit, et arraché les libertés, à condition qu’on ait subi un préjudice réel, certain et inattaquable. Voilà le débat de fond qui devait préoccuper ceux qui pensent à l’argent des morts. Je préfère moi, mon argent. Oui le mien qui viendra à court ou à long terme, des réparations découlant de la privation abusive de ma liberté. Au moment où je vous parle, les procédures que j’ai engagées contre l’Etat du Cameroun sont nombreuses; l’Etat a déjà été condamné pour certaines et est en voie de l’être pour les autres, par la même organisation (Onu) qui pilote le dossier des émeutes. Avoir le courage d’engager les procédures contre l’Etat Rdpc est la preuve, s’il en était besoin encore, que mon appartenance ancienne au Rdpc, ne me rapproche pas de celui-ci mais m’en éloigne au contraire.

Je ne saurai clôturer ce droit de réponse sans poser la dernière question qui me pertube: De quelle légitimité se prévaut Jean Michel Nitcheu pour parler des émeutes de Février 2008? Etait-il victime ou acteur, encadreur ou expert des émeutes? Est-il préfet pour savoir quand et comment on crée des collectifs? A-t-on besoin de son visa pour légaliser un collectif?

Vous voulez savoir si je connais Dame Madeleine Afite. Je réponds par l’affirmative. C’est une femme brave, qui a pris en mains, dès les premières heures, mes dossiers pour les répercuter aussi bien sur la scène nationale qu’internationale, même si la gestion de ceux-ci vue de près, a suscité un certain nombre d’appréhensions et de questionnements dans mon esprit. Je préfère ne pas en parler ici.

Parallèlement, elle s’est fortement impliquée dans les émeutes de février 2008, même si par ailleurs, ses chiffres allégués n’ont jamais été étayés. Des chiffres à couper le souffle qu’elle n’arrive toujours pas à prouver. Après ces émeutes, elle a cru prendre sa retraite alors que la société civile avait encore besoin d’elle, les droits de l’homme étant une bataille loin d’être gagnée au Cameroun.

Mais depuis que les esprits mal intentionnés agitent la question des réparations destinées aux victimes, elle semble vouloir révoquer sa décision de retraite, comme si le gouvernement camerounais versera entre les mains des collectifs et Ong les réparations prévues pour les victimes. Qu’il soit bien compris, aucune Ong, aucun collectif ne sera payé au nom des victimes, tel sera ma bataille, même du fond de ma cellule. Je crains Dieu et il est hors de question pour moi, d’assister à un spectacle où orphelins, blessés, détenus et autres des émeutes ne seront pas les destinataires finaux desdites réparations. Ceux qui espèrent percevoir aux noms des victimes de millions de francs CFA doivent dès à présent, s’occuper autrement.

Est-il important que je rappelle que dans la communication de l’Etat Camerounais à l’ONU, un gros mensonge a été dit? Notamment l’absence de détenus en prison à ce jour pour les émeutes?

J’y suis encore pour les émeutes. Sieur Essobo Adjama aussi. Un mensonge que j’ai vite fait de rectifier au conseil des Droits de l’Homme. La vérité pour moi est cardinale. Mon engagement pour les plus faibles, sincère et non négociable.

En tout cas, telle est et restera mon combat. Je vous remercie.


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Egypte: Le spectre d’un nouveau conflit civil

Le régime est fortement critiqué depuis le drame de Port-Saïd, survenu à la suite d’un match de championnat de football local qui a causé la mort de 74 personnes

Les affrontements se poursuivent au Caire entre manifestants égyptiens et policiers. Les heurts se sont interrompus un moment à hauteur de la place Tahrir, mais la tension est plus importante chaque jour, selon les témoins cités par des agences de presse. Les violences ont commencé, au lendemain du drame de Port Saïd ou 74 personnes ont perdu la vie dans un stade de football. Les autorités égyptiennes sont accusées d’être restées passives. L’événement a relancé la contestation contre le pouvoir militaire qui dirige le pays depuis la chute de Hosni Moubarak il y a presque un an. D’ailleurs pour fêter cet anniversaire, des étudiants et des militants pro-démocratie ont appelé à des grèves et des actions de « désobéissance civile ». La désobéissance civile est nécessaire si le Conseil militaire continue d’agir avec entêtement. Il y a un agenda sur la table, et le Conseil restera en place tant qu’il répondra aux demandes du peuple égyptien, explique un habitant du Caire selon une information rapportée par la chaine Euronews. Dans la foulée un manifestant a été tué lundi 6 février au cours d’une ultime manifestation, où des militants ont appelé à la désobéissance civile pour marquer le premier anniversaire du départ de l’ex-président Hosni Moubarak le 11 février. La mort de ce manifestant rapportée par le ministère de la Santé, porte à 13 le nombre de décès depuis le début jeudi des violences, provoquées après un match de football mercredi de la semaine dernière.

Les rues autour du ministère de l’Intérieur étaient couvertes de fumée, la police tirant régulièrement des gaz lacrymogènes, selon un journaliste de l’AFP. Les affrontements, qui s’étaient poursuivis durant la nuit avant de s’interrompre dans la matinée, ont repris en début d’après-midi, avec des échanges de jets de pierres entre forces de l’ordre et protestataires. Selon des témoins, la police a également tiré à la chevrotine contre les manifestants dans des rues proches de la place Tahrir menant au ministère de l’Intérieur. Le Parlement a consacré ses débats de lundi aux violences et plusieurs députés ont été envoyés sur place pour enquêter. Les forces de sécurité sont accusées d’être restées passives face aux violences entre supporteurs à Port-Saïd, l’une des pires tragédies de l’histoire du football. Cela a relancé la contestation contre l’armée, à la tête du pays depuis le départ de M. Moubarak le 11 février 2011 sous la pression de la rue. Au Caire, les policiers ont érigé des murs dans plusieurs rues menant au ministère de l’Intérieur pour empêcher les manifestants de passer. L’éditorialiste Amr Chobaki souligne dans le quotidien indépendant Al-Masry Al-Yom la difficulté de rétablir la confiance dans ce ministère, toujours discrédité aux yeux de nombreux Egyptiens. Le problème de ce ministère est complexe, en raison de son rôle sous l’ancien régime et de la collusion entre certains de ces chefs actuels et l’ancien système, écrit-il. Une fois ce ministère purgé et restructuré, les gens retrouveront confiance et pourront le soutenir, ajoute M. Chobaki, également député libéral dans la nouvelle assemblée. Les manifestations devraient se poursuivre jusqu’au weekend. Des étudiants de plusieurs universités ainsi que des groupes de militants pro-démocraties ont par ailleurs appelé à des grèves et des actions de «désobéissance civile» pour l’anniversaire du départ de M. Moubarak samedi.

La place Tahir toujours en ébulition
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Le Pr Mouangue Kobila et les incidents de Deido

«Une aussi grande légèreté de plume ne peut être que blâmable»

La nuit du 30 au 31 décembre dernier et les jours suivants, le quartier Deido à Douala est entré en éruption, causant d’importants dégâts matériels et des morts d’hommes, tous des Camerounais. Evénements regrettables, engrenage infernal mais schéma prévisible. Dans un article publié sur les réseaux sociaux, «Cameroun: la paix suspendue à un fil bien ténue», nous attirions déjà l’attention de l’opinion et de nos gouvernants sur le fait que notre pays tendait à devenir un baril de poudre à nos pieds. Il faut aujourd’hui insister sur le fait que la probabilité pour que la mèche de ce cocktail explosif soit allumée à Douala au cas où le compte à rebours n’est pas arrêté à temps est très grande: les émeutes de février 2008, les événements du jeudi 29 septembre 2011 sur le pont du Wouri, et les actuelles incidents meurtriers de Deido, tout semble désigner notre belle et cosmopolite cité portuaire comme le théâtre de lancement idéal. Encore une fois, relisons l’histoire: Douala, 24 septembre 1945; encore Douala, du 22 au 30 mai 1955.

En septembre 1945, des émeutes, parties de la misère, furent rapidement politisées et prirent tout aussi vite une tournure communautaire, sauf qu’à ce moment-là, les Camerounais faisaient tous ou presque partie de la tribu des exploités face aux Blancs. Voici comment décrit ces émeutes Richard Joseph, une voix que l’on conteste rarement: «D’une part les chômeurs, les travailleurs occasionnels mal payés et d’autres éléments du sous-prolétariat; d’autre part, les forces de la réaction coloniale, c’est-à-dire les colons, mais aussi certains membres de l’armée et de la police et quelques administrateurs»(1). Les émeutes du 22 au 30 mai 1955 commencèrent simultanément à Douala et à Mbanga. A Douala, le théâtre d’opération principal n’était pas Deido mais New-Bell. Ces émeutes, organisées par l’UPC, s’étendirent jusqu’à Nkongsamba, Edéa et Yaoundé et firent de nombreux morts et blessés.

Les émeutes de 1945 étaient incontestablement plus sociales que politiques mais elles furent politisées. Celles de 1955 furent davantage politiques mais sur fond de misère et de frustrations sociales. En dix ans, ce qui n’avait été au départ que social avait eu le temps de devenir politique, ce qui est le propre des engrenages. Parlant de ces deux émeutes, Richard Joseph affirme: «Ce qui compte le plus pour nous dans ces émeutes de 1945, c’est à quel point elles furent semblables à celles de 1955» (2). De même, ce qui nous paraît significatif dans les événements qui touchent Douala depuis 2008, c’est leur similitude profonde avec ceux des années 40-50 à Douala. 2008 était manifestement une explosion sociale due à la misère; sept 2011 marque l’irruption de la politique avec, comme en 1955, une tentative d’extension vers le Moungo profond qui, cette fois aussi, fait long feu. Décembre 2011 montre que ce cycle peut se répéter encore et encore, jusqu’à ce que la mèche prenne. Le chef de la communauté Deido, sur Canal 2 international, pensait certainement à une telle perspective lorsqu’il déclarait que «Certains attendent toujours un second tour à l’élection présidentielle», montrant par là que pour lui, on ne pouvait pas déconnecter ce qui s’est passé à Deido du climat sociopolitique général qui règne au Cameroun. Par là même, il semble choisir son camp et en cela il est dans son droit le plus absolu même si l’on peut déplorer qu’il ramène ainsi le structurel à la conjoncture, et propose pour le coup un schéma simplificateur et même simpliste à un phénomène récurrent de nature potentiellement volcanique. En la circonstance, on ne peut que saluer la pertinence et la profondeur de l’analyse de l’écrivain Lionel Manga dont le texte, «Le spectre du Léviathan», publié sur les réseaux sociaux, devrait être largement partagé et médité. Lorsqu’il parle «des frustrations qui s’accumulent au fil du temps comme le magma dans un volcan», quand il dit que «le quotidien baigne dans une violence aveugle qui explose lorsque les circonstances s’y prêtent comme à Deido récemment», il prend une hauteur salutaire devant une situation qui pousse certains, pourtant perchés sur un Himalaya de parchemins qui en imposent généralement à l’humble camerounais, à effectuer une plongée étonnante vers les miasmes des profondeurs: c’est le cas du Pr Mouangue Kobila.

Ce monsieur nous a tiré les larmes des yeux en relatant l’histoire pathétique de ses déboires avec l’autre Professeur, M. Maurice Kamto. Malgré le respect que le Pr Kamto a par ses prouesses dans l’affaire Bakassi mérité auprès des Camerounais de tous les points cardinaux, la plaidoirie larmoyante de M. Kobila a su toucher le c ur de plus d’un et, nonobstant la présomption d’innocence, a commencé à faire apparaître le Pr Kamto sous le jour peu sympathique d’un tyran somme toute pas très différent de nombre de ses collègues qui martyrisent de pauvres étudiants sans défense sur la plupart de nos campus universitaires. Voici qu’à la faveur des événements de Deido, M. Mouangue Kobila, plus Professeur que jamais, secoue la peau de l’agneau et montre qu’en fait celle du loup lui va bien mieux. Ecoutez-le plutôt et admirez ces accents qui font penser irrésistiblement à un certain M. Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur gérant les émeutes des banlieues en France en 2005: «C’est le lieu de rappeler aux uns et aux autres les termes de la Déclaration issue de la Conférence de Copenhague.». Le schéma simplificateur qu’adopte en la circonstance le Pr Mouangue Kobila, au regard de son pédigrée, gêne particulièrement, parce qu’il tente de le crédibiliser par des approximations scientifiques qui devraient faire honte à la science et à tous ceux qui s’en réclament.

Roger Kaffo Fokou, essayiste et poète
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Quel est le type de régime politique qui convient au Pr Kobila, agrégé de droit? Lorsqu’il parle «des références absurdes à un modèle de République ou d’Etat-nation aujourd’hui désuet», le mépris dont il charge ces mots semble si profond que l’on en vient à se demander s’il est même un républicain. Existe-t-il un modèle de république, digne de porter ce non, où les citoyens ne seraient pas des égaux? Faut-il croire que la protection des minorités, indiscutablement nécessaire quand il est prouvé qu’elles sont menacés où que cela se produise et pas nécessairement dans «leur village», «dans leur terroir» ou «sur leurs terres ancestrales» parce qu’il existe des minorités en exil qui n’en sont pas pour autant des minorités défendables quand elles sont menacées, correspond-elle forcément à l’enfermement des individus dans un carcan tribal artificiel qui jure avec un brassage quotidien auquel aucune tribu n’échappe, brassage d’autant plus intense dans des cités cosmopolites comme Douala où le Nigérian ou le Chinois ne peuvent qu’être surpris de la volonté de certains à vouloir distinguer des gens qui sont si semblables à leurs yeux? Semblables par la discrimination sociale qui les frappe pareillement autant que par une histoire et une géographie tribales autrefois dressées d’infranchissables fortifications heureusement de plus en plus poreuses si bien que pour beaucoup le fait tribal, loin de diviser tend de plus en plus à unir? Le Pr Kobila se rend-il compte que les Camerounais qui se marient dans leur village seront bientôt minoritaires et que ceux qui se sont retrouvés à l’étranger estiment de plus en plus que se marier à un/e Congolais/e c’est choisir le village d’à côté? Comme le disait justement Renan, l’un des premiers défenseurs de l’universalité que M. Kobila propose en référence, «La vérité est qu’il n’y a pas de race pure et que faire reposer la politique sur l’analyse ethnographique, c’est la faire porter sur une chimère». En écho à Renan et sans doute insensible à la désuétude du modèle national, M. Barack Obama nous révèle: «Je pense en outre que le génie de l’Amérique a toujours résidé en partie dans sa capacité à intégrer de nouveaux venus, à forger une identité nationale à partir des groupes disparates débarquant sur nos côtes» (2). La grande contradiction du professeur, c’est justement de vouloir défendre la théorie de l’universalité et de la diversité qu’avait si bien soutenu Ernest Renan à la Sorbonne en 1882, mais à l’aide des arguments de Fichte et de Herder qui ont inspiré en Allemagne les partisans de la Shoa fanatisés par Hitler. Quand il parle de «certains habitants de la ville de Douala animés par une volonté hégémonique», il reprend un discours qui fit fortune dans les années 90 lorsque M. Mono Djana encore dans ses beaux jours et espérant par là accéder à l’échelle de promotion de l’Etat clientélo-tribal prêchait «l’ethno-fascisme». On sait qu’il s’est passé depuis l’époque. Ce saut dans le passé est forcément périlleux et il ne fera pas du Pr Mouangue Kobila, tout agrégé qu’il est, un homme du futur. Il est vrai que le passé a tellement l’air de devoir se succéder à lui-même dans notre pays qu’il semble à certains compatriotes, pressés de mettre en valeur des parchemins parfois laborieusement acquis, de plus en plus risqué de parier sur le futur.

Les émeutes de 2008 à Douala
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Douala: Avertissement contre des dérives communautaires

Plusieurs personnalités ont pris la parole pour prévenir les dérives et récupérations communautaires, en rapport aux violences qui se dissipent progressivement dans les quartiers

Plusieurs personnalités ont enfin pris la parole à la suite des émeutes survenues à Douala la capitale économique camerounaise, depuis le 31 décembre 2011 dernier. Lorsqu’une personne prend la parole en public, pour dire parlant des problèmes qui se passent aujourd’hui à Deido, que c’est un conflit entre les populations autochtones Doualas et des « bendskineurs » majoritairement originaires d’ailleurs, c’est quelque chose que je ne peux accepter, a fait savoir Gustave Essaka Ekwalla, le chef supérieur du canton Deido, répondant aux questions des journalistes. Le responsable traditionnelle estime que jusqu’à ce que les faits soient établis, on ne peut attribuer à un conducteur de moto taxi, la responsabilité du meurtre du jeune Eric qui a été à l’origine de la colère des jeunes de Deido. Le ministre camerounais de la Communication a lui aussi pris la parole avec le même objectif de rappeler l’importance de ne pas verser dans une «lecture tribale» des événements de Douala. Aucune récupération ou lecture à caractère ethnique, communautaire ou tribale, ne sera toléré, a fait savoir Issa Tchiroma Bakary, dans une intervention dans les médias d’Etat. Un message très ouvert à l’endroit des journalistes, qui pour certains ont profité des évènements de Douala, pour s’exercer au reportage de guerre.

Autre réactions, celle du Social Democratic Front (SDF)
Son bureau pour la région du littoral qui couvre Douala, a fait savoir mercredi 4 janvier 2012, que ce parti condamnait la situation de désordre qui prévaut à Douala la capitale économique du pays, depuis trois jours. Le SDF Littoral observe avec une grande tristesse et une extrême préoccupation les affrontements sanglants survenus depuis le 31 décembre dernier au quartier Deido. Les signaux semblent indiquer qu’il y a risque de propagation du fait que la situation n’est pas encore maîtrisée, peut-on lire dans un communiqué signé des responsables de ce parti. Le communique fustige notamment le recours à la justice populaire. Le SDF Littoral tient à rappeler aux différents protagonistes de ce conflit insensé et inutile qu’ils doivent avoir du respect pour toute vie humaine. Un mort de plus sera un mort de trop. Les responsables de ces tueries doivent être débusqués et punis conformément à la loi. La justice populaire ne saurait être encouragée, poursuit le communiqué. Sur le terrain la situation semble se calmer peu à peu. Selon un bilan rendu public par la radio d’Etat, deux personnes auraient trouvé la mort dans ces incidents. Le bureau littoral du SDF lui, parle de 5 morts. La tension est montée d’un cran dans la journée de mercredi, après qu’un incendie se soit déclaré dans le commerce d’une dame. Il est apparu par la suite que l’incendie avait été le fait d’un court circuit. Une action concertée des autorités traditionnelles, politiques, religieuses et des forces de l’ordre, ramène progressivement le calme sur le terrain, selon des sources médiatiques conjointes. Les tensions de Deido ont débuté, après qu’un de ses jeunes résidents ait été mortellement agressé par des personnes identifiées comme étant des motos taximen. Il s’en est suivi des actes de répression qui ont conduit à la crise actuelle.

Un camion anti-émeute au quartier Bonakouamouang à Douala
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Cameroun: Les tensions semblent persister à Douala

Malgré l’accalmie annoncée, des informations de terrain informent que des tensions semblent perdurer au quartier Deido à Douala la capitale économique

Trois véhicules du BIR (bataillon d’intervention rapide) viennent de passer devant moi et roulant a tombeau presque ouvert en direction de Bonamoussadi ou ma femme de ménage m’a signalé avoir observé un regroupement de près de 200 moto taxi. Armés de gros morceaux de bois et de lattes et appelant leurs collègues au rassemblement à Bepanda Tonnerre pour une expédition punitive à Deido a fait savoir sur le forum des journalistes un des blogueur. Une confirmation de l’information selon laquelle depuis le matin de ce mardi 3 janvier 2012, la tension est montée d’un cran entre les conducteurs de mototaxis (Bendskin) et les populations. Selon plusieurs témoignages rapportés par des médias. La colère des mototaxis est montée d’un cran lorsque les jeunes du quartier Deido ont barricadé leur espace, interdisant l’accès aux moto-taximan. Ceux qui violaient l’ordre ont vu leurs engins brûlés. Au lendemain du 31 décembre 2011. Les heurts ont commencé lorsqu’un jeune du quartier a été mortellement agressé. Selon des médias qui rapportent les propos de la compagne de la victime, il aurait été poignardé par deux personnes sur une moto, dans la nuit du 30 au 31 décembre 2011. Dès le lendemain, les jeunes du quartier Deido ont décidé que plus aucune moto n’entrerait dans leur quartier. Un accord semblait acquis avec la descente des autorités, mais visiblement rien n’y fait.

Au-delà de ce simple problème, l’évènement qui survient à Douala met au grand jour l’existence du malaise qu’il y a dans l’absence d’une organisation de la profession de moto taxis. Plusieurs personnes habitant la capitale économique affichent un réel malaise face à cette activité sur les grands axes routiers de la ville, mais sont visiblement vaincus par l’insuffisance en offre de transport. On leur reproche notamment leur comportement dangereux qui causent de près de 38% des accidents mortels de la circulation au Cameroun. Mais on leur attribue aussi d’être à l’origine des agressions sur des femmes et autres personnes. La question à la quelle il faut répondre aujourd’hui est de savoir si toute agression faite à l’aide d’une moto est le fait d’un mototaxi. Non! Répondent les syndicats de moto taxis. Nous nous refusons à l’idée que chaque fois qu’il y a une mauvaise chose qui survient, on nous accuse. Tous ce qui est bon ce sont les autres et tout ce qui est mauvais c’est nous, nous ne pouvons plus l’admettre, a prévenu un des responsables du syndicat de cette activité. Le problème relance aussi la question de l’exigence pour les professionnels moto taxis de porter un uniforme distinctif. La proposition avait été déjà faite, mais la mise en place avait provoqué des menaces de grève de ce secteur. Sur le terrain à Deido c’est encore la confusion complète sur qui fait quoi.

Des motos taxi dans les rues de Douala
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Le FMI veut imposer une Hausse des carburants au Cameroun

Réaction du Race par le président pour le bureau exécutif du RACE

Le gouvernement camerounais vient de dire son intention de procéder très prochainement à la modification de la taxation des hydrocarbures. En d’autres termes, les pouvoirs publics veulent revoir sans le dire, la péréquation en vigueur sur les produits pétroliers au Cameroun. Cette annonce a été faite le 21 Mars 2011 par M. ESSIMI MENYE, Ministre des Finances, à l’issue d’une rencontre avec une mission du FMI (Fonds Monétaire International). Il faut rappeler qu’en vertu d’un accord signé en 1997 avec le FMI, le gouvernement s’était engagé à homologuer les prix de vente au détail des hydrocarbures en fonction des cours du pétrole sur les marchés mondiaux.

Lorsqu’on connait la part des taxes sur les tarifs actuels, on peut aisément déduire que tout nouveau réajustement de l’imposition sur les activités aval du secteur pétrolier aura automatiquement une incidence sur les prix à la pompe. L’annonce de M. ESSIMI MENYE cache donc mal la volonté du gouvernement de modifier la grille tarifaire des produits pétroliers, afin de satisfaire aux exigences de son « partenaire financier ». Heureusement, comme en Février 2008, le mouvement social camerounais est plus que jamais debout, avec en première ligne les syndicats des transporteurs, qui promettent de s’opposer à nouveau énergiquement aux injonctions économiques ultralibérales et antisociales du FMI.

En guise de rappel, les évènements de Février 2008, qui avaient plongé le Cameroun pendant plusieurs jours dans un chaos sociopolitique indescriptible, sont partis d’une revendication sectorielle initiée par les consommateurs de produits pétroliers. Ces derniers protestaient contre une nouvelle hausse des tarifs du carburant – Super, gazoil et pétrole lampant – que venait d’adopter le gouvernement. Grâce à cette action courageuse, depuis cette date, on assiste de facto à un gel des prix de ces produits de consommation courante. Cette fois, c’est à l’unisson que l’ensemble des usagers de l’énergie s’insurgent contre la perspective d’une nouvelle augmentation des prix des hydrocarbures et mettent en garde contre les conséquences socioéconomiques d’une telle mesure en ce moment.

En nommant par décret N°2008/093 du 29 Février 2008, c’est-à-dire aux lendemains de ces émeutes de la faim, M. MBARGA ATANGANA, Ministre du Commerce en charge de la lutte contre la vie chère, à la tête du Conseil d’administration de la CSPH (Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures), le Chef de l’Etat savait pertinemment qu’il y a un lien direct entre le prix de l’énergie, la vie chère et cette explosion de violences. Dès lors et sans aucun doute, le Président de la République et son gouvernement, qui sont par ailleurs garants du bien-être des citoyens et de la paix sociale, savent très bien qu’une éventuelle baisse, aussi minime soit-elle, des subventions publiques sur ces produits de première nécessité, va entrainer une flambée des prix et affecter gravement le pouvoir d’achat des consommateurs, déjà mis en mal par une inflation galopante. Si la nature a fait du Cameroun un pays producteur de pétrole depuis 1977, c’est pour que cette ressource profite prioritairement à chaque citoyen Camerounais ; il est donc aberrant qu’aujourd’hui encore, les consommateurs en soient à se demander où vont les énormes revenus que génère la rente pétrolière nationale.

Pour la gouverne des usagers, il faut savoir que le litre de Super coûte 221,64 FCFA sortie SONARA (Société Nationale de Raffinerie). Ce sont les frais de stockage à la SCDP (Société Camerounaises des Dépôts Pétroliers), du transport, la vingtaine de taxes diverses et les marges bénéficiaires faramineuses des marqueteurs (20% en moyenne), qui le porte à 569 FCFA – prix actuellement affiché dans les stations-service. Ce tarif et l’ensemble de la cotation appliquée aux hydrocarbures sont dispendieux et rendent ces produits inaccessibles pour l’immense majorité des usagers. Quoi qu’il en soit, les consommateurs d’énergie réclament une juste répartition de la manne pétrolière. Au lieu d’une hausse des tarifs, nous exigeons l’élaboration immédiate d’une péréquation tarifaire plus juste, orientée vers la satisfaction des besoins fondamentaux en énergie des catégories populaires.

Nous refusons d’être des laissés-pour-compte d’un système de gestion maffieuse du secteur pétrolier et des bêtes sacrificielles des programmes d’austérité économique concoctés par les institutions financières internationales, au profit des multinationales.

L’accès à l’énergie est un doit essentiel et inaliénable !

Paul Gérémie Bikidik, président du bureau exécutif du RACE
Journalducameroun.com)/n

Proposition de Loi cadre portant protection du Consommateur faite par le RACE

Réseau Associatif des Consommateurs de l’Energie

PREAMBULE: POUR UN STATUT LEGAL DU CONSOMMATEUR AU CAMEROUN
A l’instar de plusieurs pays d’Afrique, le Cameroun a célébré l’année dernière, le cinquantenaire de son accession à la souveraineté internationale. Cependant, 50 ans après la proclamation de l’indépendance, les progrès enregistrés dans la transformation et le développement n’ont pas affecté toutes les sphères de la société. Alors qu’il existe une pléiade de textes règlementaires protégeant les investissements publics et privés, fixant les règles du jeu de la compétition économique, le Cameroun compte encore parmi les nations africaines qui n’offrent aucun statut légal au consommateur. En effet, notre pays tarde à se doter d’un cadre juridique spécifique et moderne garantissant le respect des droits et protégeant les intérêts des consommateurs.
Bien que représentant le groupe économique le plus important, l’usager reste le maillon faible de la chaîne de consommation au Cameroun ; la faiblesse structurelle des organisations de défense des droits des consommateurs réduit considérablement son cadre d’expression et limite ses recours face aux abus des opérateurs économiques véreux.
Pour mettre fin à ce déni de droit et combler ce vide juridique, le Réseau Associatif des Consommateurs de l’Energie (RACE), est engagé depuis plus de deux (02) ans dans une action de plaidoyer dont la présente proposition de loi-cadre portant Protection du Consommateur en République du Cameroun, constitue l’une des étapes primordiales.
A titre de rappel, le concept de protection du consommateur est universel et renvoie à un ensemble de mesures qui visent à limiter la vulnérabilité des utilisateurs des biens et services.
La présente proposition de loi reprend in extenso, les principes directeurs des Nations Unies pour la protection du consommateur. Ces principes prescrivent quatre (04) droits essentiels : le droit à la sécurité, le droit à l’information, le droit à la représentation et le droit au choix. A ces droits, il faut ajouter le droit à la satisfaction des besoins de base, le droit à la réparation, le droit à l’éducation et le droit à un environnement sain, qui représentent autant de challenges pour le mouvement consumériste national et international.
Pour cette action de plaidoyer, nous avons reçu le soutien de l’ensemble du mouvement consommateur national, ainsi que celui de nos partenaires internationaux : Consumers International et l’ONG Droit à l’Energie SOS Futur.
Les principales cibles de ce projet sont les députés de l’actuelle législature (majorité et opposition confondues), le gouvernement et le Président de la République. Plus largement, il s’agit de susciter l’attention de l’ensemble de la classe politique nationale sur la situation réelle du consommateur, de manière à faire inscrire, de la façon la plus consensuelle possible, cet important sujet au c ur du débat politique. Pour concilier le développement économique et le progrès social de notre pays, l’intérêt du consommateur doit absolument primer sur toute autre considération.
Nous savons qu’au Cameroun comme ailleurs dans le monde, la problématique du droit du consommateur se situe largement au-delà de l’élaboration et l’adoption d’une loi. En d’autres termes, l’existence d’un cadre législatif le plus parfait ne peut remplacer la compétence et la probité des hommes chargés de l’appliquer.
Quoi qu’il en soit, seule une vaste mobilisation individuelle et collective des consommateurs, mais aussi une implication réelle et volontaire de tous les acteurs institutionnels concernés par cette importante question, peuvent garantir le succès de ce projet. Au-delà du fait que nous sommes tous des consommateurs, chacun de nous doit se l’approprier, afin d’apporter sa pierre à la construction d’une société plus juste. Il est plus que jamais nécessaire d’instaurer l’équité dans les relations entre les opérateurs économiques et les usagers ; l’objectif de cette loi étant entre autres, de relever la qualité, la fiabilité, la sécurité et l’efficacité des biens et services proposés aux consommateurs Camerounais.
Dans la perspective des prochaines échéances électorales, l’adoption et l’application de la présente proposition de loi, devrait figurer en bonne place dans l’offre politique des différents candidats, afin de sceller définitivement l’ancrage de notre pays dans la modernité. Nous sommes persuadés qu’une loi entièrement et véritablement consumériste fera du consommateur, un agent économique à part entière, susceptible de contribuer d’une façon efficace et durable au développement socioéconomique du Cameroun.
Paul Gérémie BIKIDIK,

LOI N°………………….
Portant protection du consommateur en République du Cameroun

Vu la constitution de la République du Cameroun,
Vu la Loi n0 90/031 du 10 août 1990 relative à l’activité commerciale au Cameroun,
Vu la loi n° 98/013 du 14 juillet 1998 relative à la concurrence,
L’Assemblée Nationale délibère et adopte en sa séance du ………………
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

TITRE PREMIER
DES DEFINITIONS ET DU DOMAINE D’APPLICATION

CHAPITRE PREMIER : DES DEFINITIONS
Article 1er : Le consommateur de biens et services est la personne physique ou morale qui achète ou offre d’acheter des biens ou services pour des raisons autres que la revente, ou qui bénéficie en tant qu’utilisatrice finale d’un droit personnel ou réel sur des biens ou services quelle que soit la nature publique ou privée, individuelle ou collective, des personnes ayant produit, facilité la fourniture ou la transmission de ce droit.
Article 2 : Les biens et services visés à l’article 1er ci-dessus sont :
– Les biens incluant tous les éléments ou articles tangibles ou intangibles acquis ou utilisés par un consommateur ;
– Les biens intermédiaires qui regroupent les biens utilisés comme entrant dans la fabrication ou le traitement en aval ;
– Les services incluant les activités de toute nature mises à la disposition d’utilisateurs potentiels ; les facilités ayant trait à la fourniture d’aliments et de vêtements, à la santé, à la banque, aux finances, à l’assurance, au transport, à la communication, à la télécommunication, à la fourniture d’énergie, d’eau et d’autres services publics, au logement et à l’hébergement, à l’habitat, au foncier, à la construction, aux loisirs, à la diffusion de nouvelles et d’autres informations ;
– Les prestations intellectuelles y compris dans les NTIC et dans l’éducation ;
– Les biens vendus conjointement avec une prestation de service y compris toute prestation de service gratuite ou sous un contrat de service personnel, étant entendu que tous les services sociaux et autres fournis par l’Etat ne sont pas considérés comme des services gratuits.
Sont également concernés tous autres biens et services déclarés tels par la loi.
Ne sont pas concernés les biens et services mis par la loi hors du commerce juridique en raison de leur nature ou de leur objet.

CHAPITRE II : DU DOMAINE D’APPLICATION
Article 3 : La première loi est applicable à toutes les transactions et activités en matière de consommation relative à la fourniture, à la distribution, à la vente ou à l’échange de biens et services. Les domaines visés sont ceux non limitatifs ci-après : la santé, la pharmacie, l’alimentation, l’eau, l’habitat, l’éducation, les services financiers et bancaires, le transport, l’énergie, les communications et les télécommunications.

TITRE II
DES PRINCIPES ET DES REGLES DE PROTECTION DU CONSOMMATEUR
CHAPITRE PREMIER : DES PRINCIPES DE PROTECTION DU CONSOMMATEUR
Article 4 : La satisfaction des besoins physiques, physiologiques, psychiques, spirituels et culturels des consommateurs relevant principalement de l’Etat, le Gouvernement doit chercher, dans ses politiques, à assurer que ceux-ci tirent le maximum d’avantages des ressources économiques du pays.
L’Etat doit garantir à tous et à chacun, l’accessibilité aux produits de première nécessité, s’il y a lieu, par un mécanisme de régulation des prix.
Article 5 : Tout contrat de vente ou de prestation de service doit comporter, sous peine de nullité :
– Les noms du fournisseur et du courtier le cas échéant ;
– L’adresse du fournisseur ;
– La date, la nature et les caractéristiques des biens offerts ou des services proposées ;
– Les conditions d’exécution du contrat, notamment les modalités et la date de livraison des biens ou d’exécution de la prestation de service ;
– Le prix total à payer et les modalités de paiement ;
– La lisibilité des conditions d’utilisation (inscription bilingue en français et en anglais)
Outre les mentions indiquées à l’alinéa précédent, les contrats afférents à la vente à distance, à la démarche et à la vente à domicile ou dans les lieux de travail, doivent comporter la faculté de renonciation du consommateur dans un délai qui ne doit pas excéder trente (30) jours.
CHAPITRE II : DES REGLES DE PROTECTION DU CONSOMMATEUR
Article 6 : Avant l’expiration du délai prévu à l’article 5 ci-dessus, si le consommateur use de la faculté de renonciation, le vendeur ou le prestataire de service ne peut exiger ou obtenir de lui, un engagement ou une contrepartie quelconque, notamment le versement d’acompte, le paiement comptant ou le versement d’un cautionnement.
Article 7 : Pour les transactions concernant des biens destinés à un usage prolongé, il doit être assuré au consommateur un service après-vente. Les activités liées à ces transactions sont soumises à une autorisation préalable et l’autorité administrative compétente ne pourra la délivrer qu’après avoir vérifié que le requérant dispose des moyens d’assurer le service après-vente.
Article 8 : Toute prestation de services financiers et/ou bancaires et toute mise à disposition du consommateur d’un crédit doivent obligatoirement faire l’objet d’un contrat écrit et signé dont chacune des parties garde un exemplaire.
Le versement représentant un apport ou un remboursement doit être faire l’objet de reçu district du relevé bancaire. Ce reçu indiquera notamment la cause de chaque versement

Article 9 : Toute publicité, quels qu’en soient les auteurs, les procédés utilisés et les termes employés, comportant une annonce de réduction de prix, doit apporter aux consommateurs des informations sur l’importance de la réduction en valeur absolue, les biens et services ou catégories de biens ou de services concernés, les modalités suivant lesquelles sont consentis les avantages annoncés, notamment la période pendant laquelle le produit ou service est offert à prix réduit et la référence de l’acte d’autorisation qui doit être délivré par l’autorité compétente du Ministère en charge du commerce ;
L’étiquetage, le marquage ou l’affichage des prix doivent faire apparaître outre le prix réduit, les prix de référence.
Article 10 : Les clauses abusives sont interdites dans tous les contrats relevant du domaine d’application de la présente loi.
Une clause est abusive lorsqu’elle apparaît comme imposée au consommateur par la puissance économique de l’autre partie et donne à cette dernière un avantage excessif.
Est notamment considérée comme abusive, toute clause qui :
– Impose l’acceptation par le consommateur du prix modifiant celui accepté au moment de la signature du contrat ;
– Modifie la durée déterminée du contrat en ce qui concerne la fourniture d’énergie, d’eau ou de téléphone ;
– Engage le consommateur alors qu’elle ne figure pas dans le contrat qu’il a signé et dont un exemplaire lui a été remis ;
– Permet la suspension unilatérale par le vendeur ou le prestataire de service, de l’exécution du contrat ;
– Impose au consommateur le paiement de frais ou sommes équivalentes sans que ce paiement soit la contrepartie d’un service effectif préalablement rendu.
Article 11 : La vente d’un bien ou la prestation d’un service n’ayant pas préalablement satisfait aux normes nationales ou du code alimentaire de qualité et de sûreté des produits est interdite.
La vente ne pourra être autorisée qu’après l’apposition sur le produit d’un poinçon ou d’un autre signe similaire, ou la délivrance au prestataire de service par une structure de contrôle agréée d’un certificat qui sera présenté au consommateur.
Article 12 : Le vendeur ou le prestataire de services, avant la vente ou la prestation de service, doit informer le consommateur, notamment en :
– Le mettant en garde contre tous les dangers que le produit est en mesure de provoquer même ceux liés à ses propriétés normales ;
– Lui fournissant et en lui expliquant, outre les informations relatives à la publicité des prix, le mode d’emploi, et, s’il y a lieu, la date de péremption du produit.
Article 13 : Le vendeur ou le prestataire de service est tenu de délivrer un bien apte à rendre le service que le consommateur peut légitimement en attendre.
Il est en outre, tenu de remettre au consommateur un document indiquant les caractéristiques techniques du bien, appuyé par un reçu comportant le prix et la durée de la garantie.
Le vendeur ou le prestataire de service a l’obligation d’accepter les monnaies ayant cours légal.
Il ne doit pas refuser de prendre une monnaie sous prétexte qu’elle est altérée.
Article 14 : La pratique de prix ou de conditions de vente discriminatoires est interdite. Toutefois, lorsque les circonstances objectives l’exigent, un arrêté du ministre chargé du commerce, prix après avis du Conseil National de la Concurrence, précisera les conditions d’éventuelles ventes discriminatoires au cas par cas.

Article 15 : Il est interdit à tout vendeur ou prestataire de service de faire parvenir à un consommateur, sans demande préalable de celui-ci, un bien ou proposition de service accompagné d’une correspondance indiquant qu’il peut être accepté par lui contre versement d’un prix fixé ou renvoyé à son expéditeur, même si ce renvoi est faits sans frais.
Article 16 : L’emballage de toute produit vendu doit indiquer, en caractères apparents, sa composition et notamment sa teneur en principes utiles e s’il y a lieu, sa date de péremption.
Article 17 : La vente de produits alimentaires non emballés et/ou non protégés est interdite.
Les conditions d’emballage ou de protection des produits alimentaires feront l’objet d’une réglementation particulière.
Article 18 : Il est interdit à tout vendeur ou prestataire de service, seul ou en groupe, de refuser pour quelque raison ou prétexte que ce soit de satisfaire dans la mesure des disponibilités aux demandes d’achats ou de prestations de service lorsque celles-ci ne présentent aucun caractère anormale, qu’elles émanent de demandeurs de bonne foi et que la vente de ces produits ou cette prestation de service n’est pas interdite par la loi ou les règlements.
Article 19 : Quiconque pratique ou fait pratiquer le courage au domicile d’une personne ou à son lieu de travail, pour proposer la vente, la location-vente de biens ou pour offrir des prestations de service, est tenu de remettre au consommateur un exemplaire du contrat au moment de sa conclusion.
Article 20 : Est interdite toute publicité comportant, sous quelque forme que ce soit, des allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur.
Article 21 : Tout bien ou service commandé pendant la période à laquelle se rapporte une publicité de réduction de prix doit être livré ou fourni au prix indiqué par cette publicité.
Article 22 : Aucune publicité de prix ou de réduction de prix ne peut être effectuée sur des articles qui ne sont pas disponibles à la vente ou sur des services qui ne peuvent pas être fournis pendant la période annoncée.
Article 23 : Sont considérés comme loteries commerciales et comme telles interdites, sauf dispositions spéciales relative aux jeux de hasard et autorisation par décret pris en conseil des ministres, toute opérations offertes au public, sous quelque forme que ce soit, pour faire naître l’espérance d’un gain qui serait acquis par la voie du hasard.

TITRE III
DE L’ENREGISTREMENT DES PRODUITS ET DE L’INFORMATION DU CONSOMMATEUR
CHAPITRE PREMIER : DE L’ENREGISTREMENT DES PRODUITS
Article 24 : Pour être commercialisé sur le marché national, tout produit non agricole, fabriqué localement ou importé, doit faire l’objet d’un enregistrement par les services compétents des ministères sectoriels qui délivrent un certificat, preuve de l’enregistrement.
Article 25 : L’enregistrement doit être fait avant toute mise en consommation du produit et après évaluation des critères de qualité, de sécurité et d’efficacité selon les normes et réglementations nationales ou internationales.
Article 26 : Tout fabricant, importateur, vendeur ou autre responsable de la mise sur le marché national de tout produit doit avoir un certificat d’enregistrement du produit.
Article 27 : Le certificat d’enregistrement tient lieu d’autorisation de mise sur le marché.

CHAPITRE II : DE L’INFORMATION DU CONSOMMATEUR
Article 28 : Tout vendeur de produit, tout prestataire de service doit, par voie de marquage, d’étiquetage, d’affichage ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur d’une part sur les références de l’enregistrement de son produit, le prix, les limitations éventuelles de la responsabilité contractuelle et les conditions particulières de la vente et d’autre part, sur les modalités et conditions fixées par voies législative et réglementaire.
Article 29 : Dans la désignation, l’offre, la présentation, le mode d’emploi ou d’utilisation, l’étendue et les conditions de garantie d’un bien ou d’un service, ainsi que dans les factures et quittances, l’emploi de la langue officielle est obligatoire. Le recours à tout autre terme ou expression nationale équivalente est autorisé.
La dénomination des produits typiques ou spécialités d’appellation étrangère ou nationale connue du plus large public est dispensée de l’application des dispositions de l’alinéa précédent.

TITRE IV
DES TROMPERIES ET DES FALSIFICATIONS
CHAPITRE PREMIER : DES TROMPERIES
Article 30 : En application des dispositions du présent titre, le responsable de la première mise sur le marché d’un produit ou d’un bien est tenu de vérifier que celui-ci est conforme aux prescriptions en vigueur.
A la demande des agents habilités pour appliquer la présente loi, il est tenu de justifier les vérifications et contrôles effectués.
Article 31 : Il est interdit à toute personne, qu’elle soit ou non partie au contrat, de tromper ou de tenter de tromper le contractant, par quelque moyen ou procédé que ce soit, même par l’intermédiaire d’un tiers :
– Soit sur la nature, l’espèce, l’origine, les qualités substantielles notamment : les dates de production et de consommation, la composition ou la teneur en principes utiles de toute marchandises ;
– Soit sur la quantité des choses livrées ou sur leur identité par la livraison d’une marchandise autre que la chose déterminée qui a l’objet du contrat ;
– Soit sur l’aptitude à l’emploi, les risques inhérents à l’utilisation du produit, les contrôles effectués les modes d’emploi ou les précautions à prendre.
CHAPITRE II : DES FALSIFICATIONS
Article 32 : Il est interdit à toute personne :
– De falsifier des denrées servant à l’alimentation humaine ou animale, des substances médicamenteuses, des boissons et des produits médicamenteuses, des boissons et des produits agricoles naturels ou transformés destinés à la vente ;
– D’exercer, de détenir en vue de la vente, de mettre en vente ou de vendre des denrées servant à l’alimentation humaine ou animale, des boissons et des produits agricoles naturels ou transformés qu’il aura falsifié, corrompus ou rendus toxiques ;
– D’exercer, de détenir en vue de la vente, de mettre en vente ou de vendre des substances médicamenteuses falsifiées, corrompues ou toxiques ;
– D’exposer, de détenir en vue de la vente, de mettre en vente ou de vendre, connaissant leur destination, des produits, objets ou appareils propres à effectuer la falsification des denrées servant à l’alimentation humaine ou animale, des boissons ou des produits agricoles naturels ou transformés ;
– De provoquer l’emploi des produits cités dans le présent article au moyen de brochures, circulaires, prospectus, affiches, annonces ou instruments quelconques.
Article 33 : Les dispositions du présent titre sont également applicables aux prestations de services.

TITRE V
DES PRATIQUES COMMERCIALES REGLEMENTEES ET DES PRATIQUES COMMERCIALES INTERDITES
CHAPITRE PREMIER : DES PRATIQUES COMMERCIALES REGLEMENTEES
Article 34 : Les pratiques commerciales réglementées sont les suivantes :
– La vente promotionnelle ou vente au déballage ;
– Le solde ;
– La liquidation ;
– La clause de non-concurrence.
Article 35 : la vente promotionnelle ou vente au déballage est destinée à faire connaître ou découvrir un produit par une campagne publicitaire en l’offrant à un prix ou à des conditions avantageux. Elle ne doit pas dépasser une certaine période, généralement un (01 mois).
Article 36 : Le solde concerne tout procédé de vente de marchandises neuves, faite au détail accompagnée ou précédée de publicité présentant l’opération comme ayant un caractère réellement ou apparemment occasionnel ou exceptionnel, destinée uniquement à écouler de façon accélérée les marchandises concernées.
Article 37 : La liquidation concerne tout procédé de vente de marchandises dont le motif se rapporte à l’écoulement rapide à la suite d’une décision de cesser le commerce, d’en modifier les structures ou les conditions d’exploitation, que la décision soit volontaire ou forcée (faillite, changement de gérance, changement d’activité).
Article 38 : La clause de non-concurrence est une clause selon laquelle, l’une des parties s’engage à ne pas exercer d’activité qui puisse faire concurrence à l’autre partie ou à des tiers, soit pendant la durée des relations contractuelles, soit après leur expiration.
La clause de non-concurrence n’est légitime que si elle précise le contenu d’une obligation légale. Elle est réputée non écrite lorsqu’elle porte atteinte à la liberté économique.
CHAPITRE II : DES PRATIQUES COMMERCIALES INTERDITES
Article 39 : Sont interdits :
– Les ventes à primes ;
– La vente à perte ;
– Le refus de vente ;
– Les conditions discriminatoires
Article 40 : Est considérée comme vente à primes, toute vente de produits ou toute prestation de service ou toute offre, proposition de vente de produits ou de prestation de services effectuée par des producteurs, commerçants grossistes ou détaillants :
– Comportant une distribution de coupon primes, de timbres primes, bons, tickets, vignettes ou autres titres donnant droit à une prime dont la remise ou la prestation est différée par rapport à la vente ou à la prestation de service réalisés ;
– Donnant droit à une prime consistant en produits ou en prestations de services différents de ceux qui font l’objet de la vente ou de la prestation de service réalisés ;
Article 41 : Sont également considérées comme primes au sens de l’article 40 ci-dessus :

– Tout produit et/ou toute prestation de service différents de ceux faisant l’objet de la vente ou de la prestation de service, attribués ou susceptibles d’être obtenus, immédiatement ou d’une manière différée, chez le vendeur ou chez un autre fournisseur soit à titre gratuit, soit à des conditions de prix ou de vente présentées explicitement ou implicitement comme un avantage, quelles que soient la forme ou les modalités suivant lesquelles l’attribution de cet objet ou de cette prestation est effectuée, lors même que l’option serait laissée au bénéficiaire d’obtenir une remise en espèces ;
– Tout produit ou toute prestation de service attribué(e) aux participants à une opération présentée sous forme de concours, de jeu ou sous toute autre dénomination, lorsque, d’une part, la prestation à l’opération ou l’octroi de bonification de points est subordonné à une ou plusieurs transactions et que d’autre part, la facilité des questions permet normalement au plus grand nombre de participants de trouver les solutions.
Article 42 : L’interdiction des ventes à primes ne s’applique pas :
– A la distribution de menus objets de faible valeur, marqués d’une manière indélébile et apparente, conçus spécialement pour la publicité ;
– A la prestation de service après-vente attribuée gratuitement à l’occasion d’une vente ou d’une prestation de service dès lors que celle-ci est dépourvue de valeur marchande et est de celles qui ne font pas ordinairement l’objet d’un contrat à titre onéreux.
Ces dispositions ne sont pas applicables aux cas qui auront fait l’objet d’une dérogation accordée par arrêté du ministre en charge de la concurrence.
En tout état de cause, cette dérogation est limitée dans le temps et peut être donnée notamment en fonction de la nouveauté du produit ou du service, de l’exclusivité consécutive à un brevet d’invention, à une licence d’exploitation ou au dépôt d’un modèle ou à une campagne publicitaire de lancement.
Ces dispositions ne s’appliquent pas non plus :
– A la distribution d’échantillons provenant de la production du fabricant ou du transformateur du produit vendu, sous réserve qu’ils soient offerts dans des conditions de quantité ou de mesures strictement indispensables pour apprécier la qualité du produit ;
– Aux escomptes ou remises en espèces qui sont admis et accordés soit au moment de la vente ou de la prestation, soit de manière différée selon un système cumulatif avec emploi éventuel de coupons, timbres ou autres analogues ;
Les coupons, timbres ou autres titres analogues doivent porter l’indication de leur valeur et de leur date limite de remboursement, ainsi que les noms et adresses des producteurs ou commerçants qui les ont remis. A défaut, ces renseignements doivent figurer sur la carnet, la carte ou le support quel qu’il soit, destiné à la conservation de ces tiers.
Article 43 : Est considérée comme vente à perte, la vente de tout produit en l’état à un prix inférieur à son transport, dans le but de faire pression sur un concurrent ou de l’éliminer.
Les dispositions de l’alinéa 1er du présent article ne sont pas applicables aux :
– Produits périssables à partir du moment où ils sont menacés d’altération rapide ;
– Ventes volontaires ou forcées, motivées par la cessation ou le changement d’une activité commerciale ;
– Produits dont la vente présente un caractère saisonnier marqué pendant la période terminale de la saison des ventes et dans l’intervalle compris entre deux saisons de ventes ;
– Produits qui ne répondent plus à la demande générale en raison de l’évolution de la mode ou de l’apparition de perfectionnements techniques ;

– Produits dont le réapprovisionnement s’est effectué ou pourrait s’effectuer en baisse, le prix effectif d’achat étant alors remplacé par le prix résultant de la nouvelle facture d’achat ou par la valeur de réapprovisionnement ;
Article 44 : Le refus de vente est le fait pour tout producteur, commerçant ou artisan de refuser de satisfaire, dans la mesure de ses disponibilités et dans les conditions conformes aux usages commerciaux, aux demandes des acheteurs de produits ou aux demandes de prestations de services lorsque ces demandes ne présentent aucun caractère anormal et qu’elles émanent de demandeurs de bonne foi.
Le refus de vente se justifie dans les cas suivants :
– L’indisponibilité matérielle ou juridique du produit ;
– La quantité demandée est anormale au regard des besoins de l’acheteur ou de la capacité de production du fournisseur ;
– La demande est manifestement contraire aux modalités habituelles de livraison du vendeur, par exemple en ce qui concerne le conditionnement, des horaires de livraisons, les modalités de paiement ;
– Le demandeur tente d’imposer son prix ;

– Le demandeur pratique systématiquement le prix d’appel sur les produits du fournisseur ;

– Le demandeur est de mauvaise foi, c’est-à-dire qu’il a l’intention de nuire au fournisseur ;

– Le demandeur ne présente pas de garanties suffisantes de solvabilité ;
– La loi réserve la commercialisation du produit à des personnes déterminées ;
– Le demandeur n’est pas jugé qualifié par le fournisseur ;

– Les motifs d’ordre politique, de sécurité, de santé ou de morale publique, l’appréciation des motifs politiques relève de la compétence de l’Etat.
Article 45 : Les conditions discriminatoires sont le fait pour tout commerçant, industriel, artisan, prestataire de service, de pratiquer à l’endroit d’acheteurs concurrents, des prix ou des conditions de vente discriminatoires qui ne sont pas justifiés par des différences correspondantes du prix de revient de la fourniture de service.
TITRE VI
DE LA CONSTATATION, DE LA POURSUITE DES INFRACTIONS ET DES PEINES
CHAPITRE PREMIER : DE LA CONSTATATION DES INFRACTIONS
Article 46 : Les infractions aux dispositions de la présente loi ainsi que celles définies dans ses textes d’application sont constatées au moyen de procès-verbaux établis par :
– Les agents de la direction nationale et des directions départementales chargées du commerce et de la consommation, munis de leur commission ;
– Tous autres fonctionnaires et agents de l’Etat et des collectivités publiques spécialement mandatés par le ministre chargé du commerce.
Elles peuvent également être constatées par les officiers de police judiciaire.
Article 47 : Les agents de la direction nationale et des directions départementales chargées du commerce et de consommation ont spécialement pour missions, sous l’autorité du ministre chargé du commerce, de faire des contrôles, recherches et enquêtes jugés utiles en vue de décourager toutes pratiques visant à porter préjudice au consommateur.

Ces contrôles, recherches et enquêtes peuvent être initiés sur la base d’indications de toute personne physique ou morale ayant intérêt à agir.
CHAPITRE II : DE LA POURSUITE DES INFRACTIONS
Article 48 : Les infractions aux dispositions de la présente loi exception faite de celles des articles 30 à 33, font l’objet selon leur gravité, d’avertissement, de transaction pécuniaire ou de poursuite judiciaire.
Les infractions aux dispositions des articles 30 à 33 de la présente loi sont passibles de transaction pécuniaire et/ou de poursuite judiciaire.
Article 49 : En cas de poursuite judiciaire, le parquet compétent, saisi par le directeur national ou les directeurs départementaux chargés du commerce et de la consommation, doit aviser ceux-ci de la suite réservée au dossier dans les quinze (15) jours ouvrables de sa réception.
Article 50 : En cas de saisine par tiers, le parquet compétent saisi immédiatement le responsable national, régional ou départemental chargés du commerce et de la consommation concerné, afin que celui-ci donne dans un délai de quinze (15) jours ouvrables, un avis sur les infractions présumées.
Les tiers sont constitués par toute personne physique ou morale ayant intérêt à agir.
Article 51 : En cas de saisie, les procès-verbaux doivent mentionner « saisie réelle » ou « saisie fictive » des biens ayant fait l’objet de l’infraction ainsi que des instruments, véhicules ou moyens de transports ayant servi à commettre celle-ci.
La saisie réelle donne lieu à gardiennage sur place ou en tout autre lieu désigné par les agents du contrôle.
La saisie fictive donne lieu à estimation de la valeur des marchandises et des moyens ayant servi à commettre l’infraction et laisse la faculté au contrevenant de verser leur contrepartie monétaire ou de les représenter immédiatement.
Article 52 : En cas de saisie de produits périssables ou si les nécessités économiques l’exigent, ceux-ci sont vendus après autorisation préalable du juge territorialement compétent. Le montant de leur vente est consigné entre les mains d’un comptable chargé de la tenue de la caisse intermédiaire des recettes au niveau de la direction concernée.
Article 53 : Le délai de prescription des infractions prévues par la présente loi est de trois (03) ans.
CHAPITRE III : DES PEINES
Article 54 : Les infractions aux dispositions de la présente loi et de ses textes d’application sont punies d’une amende allant de cinq cent mille (500 000) francs Cfa au moins à cent millions (100 000 000) de francs Cfa au plus, sans préjudice des peines privatives de liberté de trois (03) à cinq (05) ans.
Article 55 : La peine applicable est portée au double en cas de récidive.
Sont réputés en état de récidive ceux qui, dans un délai de deux (02) ans, se seraient rendus coupables d’infractions de même nature que la première.

TITRE VII
DU CONSEIL NATIONAL DE LA CONSOMMATION (CNC)
CHAPITRE PERMIER : DE LA CREATION ET DES ATTRIBUTIONS DU CNC
Article 56 : Il est créé un organe consultatif dénommé Conseil National de la Consommation (C.N.C).
Le Conseil National de la Consommation est chargé de conseiller le Gouvernement sur toute question relative aux intérêts et à la protection des consommateurs.

CHAPITRE II : DE LA COMPOSITION ET DU FONCTIONNEMENT DU CNC
Article 57 : La composition et les modalités du Conseil National de la Consommation sont fixées par décret pris en conseil des ministres sur proposition du Ministre du commerce ; dans tous les cas, les associations de défense des droits des consommateurs devront être fortement représentées au CNC.
CHAPITRE III : NOMINATION D’UN MEDIATEUR NATIONAL DE L’ELECTRICITE (MNE) SIEGEANT AU SEIN DU CNC
Article 58 : Le Médiateur National de l’Electricité est nommé par le Ministre de tutelle (Ministre de l’Energie et de l’Eau) et chargé de proposer des solutions aux litiges opposant les consommateurs et les fournisseurs d’électricité. Tout consommateur (ménage ou professionnel) souscrivant une puissance électrique égale ou inférieure à 36 kVa peut recourir gratuitement au MNE pour tenter de trouver une solution amiable au différend qui l’oppose à son fournisseur d’électricité.

TITRE VIII
DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET DIVERSES
Article 59 : Les recettes découlent des opérations de recouvrement du produit des pénalités sont perçues au niveau des directions chargées du commerce et de la consommation et versées au trésor public, au moyen des valeurs inactives émises par ce dernier.
Un décret pris en conseil des Ministres, sur proposition des Ministres en charge du commerce et des finances, pourra préciser la clé de répartition du produit des pénalités prévues aux dispositions de la présente loi.
Article 60 : Des textes réglementaires déterminent les modalités d’application de la présente loi.
Article 61 : La présente loi qui abroge toutes dispositions antérieures contraires sera exécutée comme loi de l’Etat.

Guy Gweth: «De nouvelles émeutes de la faim sont inévitables»

Expert en intelligence économique, il nous parle des révolutions du Maghreb et de la situation politique au Cameroun. Interview

L’Afrique, depuis la fin du mois de décembre, vit au rythme de mutations particulières. On prendra au cas par cas, mais quelle réflexion vous inspire la situation actuelle en Côte d’ivoire ?
Votre question est très intéressante, et j’aurais bien aimé y répondre. Mais pour des raisons contractuelles, je ne suis plus autorisé à commenter la crise politique ivoirienne, en tout cas, pas avant son dénouement définitif. En revanche, les mêmes causes provoquant les mêmes effets, il ne fait aucun doute que l’Afrique est promise à des sérieux bouleversements au cours de la décennie qui commence. Deux options se présentent d’ores et déjà aux gouvernants subsahariens : soit entrer dans l’histoire en tirant les conséquences de ce qui se passe dans les pays arabes, soit s’entêter et s’attendre à être débarqués, sans aménité, comme un marin qui échoue sur une plage inconnue, jetée par une vague qu’il croyait dominer.

Et pour ce qui est du Maghreb ?
Ce qui se passe actuellement dans les pays arabes est similaire à une éruption volcanique sans précédent, avec un réel potentiel d’effet domino. Or, autant il est aisé de prévoir une éruption à moyen terme, autant il est impossible de déterminer le moment de l’explosion avec exactitude. C’est pour cette raison que malgré les dispositifs de surveillance, aucun analyste n’a été capable d’anticiper ce qui est en train de se passer dans cette partie du monde. La veille de la démission de Hosni Moubarak, le directeur de la CIA a dû annoncer le renforcement des effectifs de l’agence américaine de renseignement pour accroître la capacité d’anticipation des évènements de type « révolution de Jasmin ». La principale leçon que nous en avons tirée chez Knowdys est que la détection et le traitement des signaux faibles par le biais du renseignement humain reste un puissant levier pour anticiper les évènements qui peuvent modifier le destin des peuples concernés, et impacter le business de nos clients.

les camerounais ont tendance à surévaluer tout ce qui vient de l’étranger, et il est quelquefois difficile d’expliquer à l’opinion publique que depuis 30 ans, les grandes ONG ont des clients et des carnets de commande sous forme de plans d’action, que depuis une dizaine d’années, on essaie de distiller dans la conscience populaire l’idée qu’il ne peut y avoir d’alternance politique pacifique au Cameroun. Mais à qui profite le crime?
Guy Gweth

De nombreuses analyses ont attribué à la force des nouvelles technologies la réussite des révoltes dans ces pays. Peut-on donner sans risque une force aussi grande à Internet?
Internet, avec ses blogs, ses fora et ses réseaux sociaux, est en soi un formidable instrument de liberté. Mais c’est toute la panoplie des moyens de communication, le mobile notamment, avec 500 millions d’utilisateurs en Afrique, qu’il faut saluer dans ces victoires. Car la perception est sensiblement différente suivant qu’on se situe dans les gradins ou dans le théâtre des évènements. Pour l’opinion publique occidentale, celle qui est connectée sans discontinuer à Twitter, Myspace ou Facebook, celle à qui les premières images insurrectionnelles de Tunisie, d’Egypte ou de Libye sont parvenues via les réseaux sociaux, les révolutions arabes seront à jamais associées à Facebook. Pour les manifestants en revanche, le baiser va au téléphone mobile, formidable moyen low cost par lequel des cellules organisées ont pu envoyer des millions de SMS aux populations pour diffuser des mots d’ordre ou fixer des rendez-vous décisifs comme ceux de la place Tahrir au Caire. Autoroutes de la liberté, internet et le mobile ne pourront malheureusement pas résoudre tous les problèmes inhérents à la vraie vie. Maintenant que la lave populaire a coulé, il va falloir répondre aux défis de la reconstruction.

Au Cameroun, on a célébré cette année le 3e anniversaire des émeutes de février 2008. Des partis politiques ont invité à des marches du souvenir. Cette démarche vous a-t-elle semblé cohérente de la part de ces opposants camerounais?
Le Cameroun n’a pas la culture des commémorations. Si c’était le cas, nous aurions beaucoup de héros et d’évènements à commémorer. Cette question est semblable à un serpent qui se faufile entre le mur de l’ordre public et celui de la récupération politique. Les opposants auxquels vous faites référence le savent lorsqu’ils sélectionnent les évènements à célébrer. Cela étant, les violences dont certains ont été les victimes le 23 février dernier n’honorent absolument pas notre pays. Dans un contexte de compétition mondiale, avec quels arguments éthiques voulez-vous que nous incitions les touristes à visiter l’Afrique en miniature ou que nous convainquions les investisseurs internationaux d’aller s’implanter dans un pays dont les images de violence policière défilent en boucle sur internet ? Mises à part les questions liées à l’alternance et à la gouvernance politique, n’est-ce pas en attirant des capitaux et en créant des emplois générateurs de richesses que l’on peut efficacement désamorcer la bombe sociale

On continue d’aborder les protestations de février 2008 comme des manifestations contre la vie chère, alors que dans la foulée, de nombreux autres problèmes, objets eux aussi de revendications, ont été occultés et continuent d’exister. Est-ce que ce n’est pas une erreur pour le régime au pouvoir au Cameroun d’occulter ces problèmes des camerounais?
Je n’ai pas les compétences pour dire si le pouvoir en place à Yaoundé pratique la politique de l’autruche ou pas. En revanche, je peux vous affirmer deux choses. Premièrement, les émeutes de la faim ont touché plusieurs pays du globe en 2008, à cause des aléas climatiques et de l’incapacité de certains gouvernements à enrayer la spéculation générée autour des matières premières agricoles. Au cours des 30 derniers mois, notre pays a malheureusement continué à céder, sans contrôle stratégique, des terres arables à des groupes agro-industriels étrangers qui ont bien compris les enjeux. A l’heure où je vous parle, les prix des denrées alimentaires frôlent la côte d’alerte, la hausse des huit derniers mois ayant fait tomber près de 45 millions de personnes sous le seuil de pauvreté depuis juin 2010. Chez Knowdys, nous prévoyons déjà les prochaines émeutes de la faim, inévitables dans un tel contexte. Deuxièmement, les revendications populaires liées à la vie chère ou au chômage des jeunes ne peuvent, en aucun cas, être résorbées par des mesures à la petite semaine. C’est pourquoi, lorsque j’ai l’occasion de conseiller un politique africain sur ces questions, je ne manque jamais de le mettre en garde : « Mettez-vous à la place d’un jeune diplômé au chômage qui pense qu’il n’a plus rien à perdre. Multipliez sa ranc ur par un million. Et imaginez le produit des dégâts possibles…»


Journalducameroun.com)/n
Je regrette d’avoir à m’exprimer en ces termes, mais les atermoiements de la Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale (CEMAC) sont une plaie dans le processus d’intégration et de développement concerté de notre continent. La CEMAC se hâte trop lentement, travaillée qu’elle est, de l’intérieur, par des égoïsmes nationaux.
Guy Gweth

Quel degré de pertinence accordez-vous aux prévisions d’International Crisis Group, qui laissaient percevoir que le Cameroun, de par ses particularités socio économiques, n’est pas à l’abri d’une crise systémique sur le plan politique?
Notre scanner des outils et méthodes d’International Crisis Groupe (ICG) et le profiling des personnes qui le composent révèlent qu’il s’agit d’une institution solide et crédible. Créée en 1995, l’organisation qui est dirigée depuis 2009 par l’ancien Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Louise Arbour, a essentiellement un but de prévention des conflits. Et c’est sous cet angle préventif qu’il faut comprendre ses warnings. ICG n’a donc pas vocation à annoncer les bonnes nouvelles. Il n’a pas non plus un don de divination, sinon il aurait prévu les révolutions en cours dans le monde arabe. Or c’est seulement depuis la chute de Ben Ali qu’il cherche un analyste senior sur la Tunisie. Accablé par les conclusions de l’ICG, le gouvernement camerounais devait naturellement se défendre. Sauf à perdre la face. Et c’est là qu’intervient notre expertise en matière de guerre de l’information. Car les camerounais ont tendance à surévaluer tout ce qui vient de l’étranger, et il est quelquefois difficile d’expliquer à l’opinion publique que depuis 30 ans, les grandes ONG ont des clients et des carnets de commande sous forme de plans d’action, que depuis une dizaine d’années, on essaie de distiller dans la conscience populaire l’idée qu’il ne peut y avoir d’alternance politique pacifique au Cameroun. Mais à qui profite le crime ? Par la magie de la répétition, ce message a fini par infecter y compris les rapports sérieux comme ceux d’ICG qui ne sont pas, loin s’en faut, des données ex nihilo. Le diable pourrait apparaître à force d’être dessiné…

L’année dernière, le parlement britannique, examinant les accords intérimaires ACP signés par le Cameroun, ne les a pas ratifiés, argumentant que le niveau d’intégration du marché dans la zone CEMAC était faible. Est-ce qu’aujourd’hui vous pensez que le renforcement de cette intégration peut être une solution face aux risques de crises politiques?
Je regrette d’avoir à m’exprimer en ces termes, mais les atermoiements de la Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale (CEMAC) sont une plaie dans le processus d’intégration et de développement concerté de notre continent. La CEMAC se hâte trop lentement, travaillée qu’elle est, de l’intérieur, par des égoïsmes nationaux. Songez, à titre de comparaison, que pendant les 10 ans qu’ont pris le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad pour mettre en circulation le passeport CEMAC, la Communauté Est-Africaine (CEA) a rendu effectif le premier marché commun en Afrique. La signature du protocole intervenu le 1er juillet 2010 après l’union douanière a tout simplement levé les droits à l’importation entre le Burundi, l’Ouganda, le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie. De plus, sans avoir besoin d’un passeport communautaire, les ressortissants des Etats membres peuvent circuler et travailler librement dans tous les pays de la CEA, munis de leur seul titre de voyage national ; pendant ce temps, des travailleurs camerounais sont expulsés de la Guinée voisine… Au vu des performances de ses concurrents, on peut comprendre que la CEMAC échoue aux stress tests des Accords ACP malgré les discours d’autosatisfaction de certains dirigeants. Un tel bilan ne peut que semer le doute quant à ses capacités à juguler les crises politiques qui pourraient survenir en Afrique centrale.

Si vous deviez conseiller les autorités camerounaises en cette année électorale pleine de tension, que leur diriez-vous?
Certains de vos lecteurs s’en souviennent peut-être, mais d’autres ignorent que j’ai été l’un des trois experts retenus par le Service national Justice et Paix du Cameroun en 2002 pour mettre en place le premier dispositif chrétien d’observation électorale en Afrique centrale. Pendant six mois, mon équipe et moi avons formé 800 observateurs indépendants sur l’ensemble du territoire national, et les avons déployés dans les 10 provinces du Cameroun avant, pendant et après le scrutin. Le succès de cette opération m’a valu d’être convié en 2003 par la direction de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) à animer des séminaires académiques sur l’observation électorale au profit de nos hauts fonctionnaires. C’est dire si j’ai été confronté aux questions d’organisation électorale au Cameroun. Mon intérêt pour la question ne s’est pas arrêté là. Entre 2009 et 2010, j’ai rencontré en tête à tête à Paris, des acteurs de tous bords tels que Jean Stéphane Biatcha, conseiller au cabinet civil de la présidence de la République, le professeur Titi Nwel, président de la Commission électorale citoyenne indépendante, Hilaire Kamga porte-voix de l’offre Orange pour l’alternance par les urnes et dans la paix au Cameroun, Léopold Ebene, commissaire de police en exil, ou encore le syndicaliste Jean-Marc Bikoko, et bien d’autres. Par ailleurs, des correspondances avec des esprits aiguisés comme le professeur Eboussi Boulaga ou encore Célestin Bedzigui installé aux Etats-Unis, permettent d’enrichir mes analyses en vue d’une cartographie à peu près complète des questions liées à la gouvernance et aux perspectives d’avenir du Cameroun. En plus de la veille média de Knowdys LLC et des notes de nos correspondants locaux, notre Facebook’s friendship avec la plupart des candidats à la présidence tels Kah Walla, Jean Blaise Gwet ou Vincent Sosthène Fouda, pour ne citer qu’eux, permet de suivre 24h/24 ce qu’ils proposent au peuple camerounais en termes de critiques, de stratégies, de méthodes, d’outils et de valeurs. Qu’est-ce que je tire de toutes ces sources en rapport avec votre question? Au moins une leçon majeure: où qu’ils soient, quoiqu’ils fassent, les camerounais aiment profondément leur pays. Seulement, quelque chose s’est cassé quelque part qui a fait dire au professeur Nicole Claire Ndoko, en 1996, que les Camerounais se comportent chez eux comme de véritables criminels. S’ils veulent de nouveau regarder ensemble dans la même direction, il faudra que les filles et fils de ce pays cessent de se regarder en ennemis, qu’ils s’asseyent autour d’une table pour dire d’une seule et même voix : « ça suffit ! » Le plus tôt sera le mieux.

Peut-on s’attendre à voir Monsieur Gweth venir au Cameroun partager son expérience avec des jeunes camerounais?
Ma modeste personne ne mobilise pas les médias quand elle se rend dans son pays d’origine ou lorsqu’ensemble avec mes jeunes compatriotes, nous partageons nos expériences respectives. Mais – et vous le savez mieux que d’autres – quelle que soit ma position géographique, il n’est pratiquement pas de jour où mon équipe et moi ne posons un acte concret au profit du Cameroun et de l’Afrique en général. Je profite d’ailleurs de cette opportunité pour annoncer, en prime à vos lecteurs, que nous allons proposer un PIE (Pacte d’Intelligence Economique) à tous les candidats à la prochaine présidentielle camerounaise sitôt le corps électoral convoqué. Ensemble avec les entreprises, les ONG, les syndicats, les médias et les pouvoirs publics, nous allons contribuer structurellement et plus efficacement à booster la compétitivité du Cameroun, et ce, quel que soit le Président de la République qui sera élu.

Guy Gweth
Journalducameroun.com)/n

Paul Gérémie Bikidik: «Le ministère du commerce est complice de la spoliation des consommateurs»

Le président du Race donne son point de vue sur la situation 3 ans après les émeutes de février 2008

En février 2008 après le soulèvement des populations camerounaises, les autorités avaient pris un certain nombre de mesures, quel bilan faites vous aujourd’hui de ces mesures prises par le gouvernement ?
A travers une déclaration commémorative rendue public le 18 Février 2011 et au nom du mouvement consumériste national, le RACE a salué la mémoire de tous les compatriotes tombés durant ces premières émeutes de la faim de l’histoire de notre pays. Cela dit, dans les faits, hormis l’augmentation de 15% des salaires des fonctionnaires, aucune des mesures décidées par le gouvernement le 07 Mars 2008, c’est-à-dire aux lendemains de cette révolte sociale inédite, n’a été appliquée. Depuis Février 2008, les prix des denrées de première nécessité n’ont pas changé, certains connaissent même une augmentation vertigineuse. Officiellement, le taux d’inflation oscille autour de 5%, mais tout le monde sait que ce chiffre ne traduit pas la réalité de la hausse des prix. Dans nos marchés, l’inflation atteint et dépasse parfois les 50%, l’électricité et l’eau sont toujours autant inaccessibles. 03 ans après ces violentes manifestations contre la vie chère, l’immense majorité des consommateurs continue à souffrir le martyr en silence, à la fois confrontés à une inflation exponentielle et à la baisse implacable de leur pouvoir d’achat. Il est clair que le gouvernement a lamentablement échoué à remplir l’une de ses plus importantes missions régaliennes qui est d’assurer le bien-être du consommateur.

S’il fallait faire un rapport de responsabilité, comment est ce que vous le présenteriez?
Compte tenu des mauvaises orientations économiques, de l’inertie endémique, de la corruption, bref de l’absence d’une vision prospective sur les questions relatives à la consommation, cet échec patent incombe bien entendu à l’ensemble du gouvernement camerounais. Toutefois, les responsables directs de ce fiasco sont avant tout les relais administratifs, donc le tout premier est le ministère du commerce, chargé d’appliquer les directives gouvernementales. Les consommateurs ont accumulé plusieurs griefs contre le ministère du commerce dirigé par M. Luc Magloire Mbarga Atangana. D’autant plus que pour expliquer la pénurie chronique des produits de consommation de base et la hausse vertigineuse des prix des denrées observées ces derniers mois dans nos marchés, le ministre du commerce, n’hésite pas à invoquer des arguties faciles, se faisant volontiers le porte-voix des importateurs et autres producteurs. Il s’est illustré par son incapacité visible à prononcer et appliquer la moindre véritable sanction contre les nombreux opérateurs économiques véreux, passés maitres dans l’art de la filouterie douanière, de l’arnaque et de la spéculation à outrance. Et pourtant, l’article 3 de la loi N°90/031 du 10 Août 1990 régissant l’activité commerciale au Cameroun dit clairement ce qui suit : « L’activité commerciale doit s’orienter vers l’amélioration de la qualité de vie ainsi que la satisfaction des besoins du consommateur, tant au niveau des prix que de la qualité des biens et services offerts. » Au lieu d’appliquer cette disposition législative, le ministère du commerce a semblé servir les intérêts des opérateurs économiques au détriment des consommateurs. Tous les droits sont reconnus aux opérateurs économiques, le soutien aux usagers se limitant uniquement à une litanie de discours démagogiques et autres annonces médiatiques pompeuses. Toutes ces pratiques indues alimentent un sentiment d’injustice chez les consommateurs et font peser de lourds soupçons de collusion d’intérêts maffieux et de complicité dans la spoliation des usagers. Nous dénonçons cette duplicité. Pour tous ces manquements, le RACE demande la démission du ministre du commerce

Il y a quelques jours la président de la république a créé une structure en charge de gérer les produits de grande consommation au Cameroun, est ce qu’on peut dire que l’Etat reconnait les manquements?
Je suppose que vous faites allusion à la MIRAP (la Mission de Régulation des Approvisionnements des Produits de grande consommation) créé le 1er Février dernier par le Président de la République. Pour nous, cette décision traduit sans doute la préoccupation du Chef de l’Etat sur la pénurie chronique des produits de consommation courante, mais, elle manque de pertinence. C’est une réponse administrative inopportune qui ne règle rien au fond et n’offre aucun gage d’efficacité. On ne peut pas parler de la MIRAP sans faire le procès du ministère du commerce. La création d’une telle structure consacre l’échec et disqualifie de facto ce ministère sur les questions relatives à la consommation au Cameroun. Nous craignons par-dessus tout que la MIRAP ne soit qu’un nouvel instrument bureaucratique, un nouveau terrain d’expérimentation des arrangements mesquins au service des opérateurs économiques véreux et d’une poignée de fonctionnaires concussionnaires de l’administration en charge du commerce et d’autres départements ministériels concernés par ce décret. En cette année de l’élection présidentielle, la MIRAP apparait plus comme une mesure électoraliste qu’une véritable solution au problème récurrent de la vie chère au Cameroun.

Et que répondez-vous au fait que la société civile ne soit pas au premier plan de ces combats, aux côtés du gouvernement?
Aucun changement fondamental ne peut s’opérer dans un pays sans une société civile forte et structurée. Dans notre pays, la société civile qui reste essentiellement formelle, c’est-à-dire n’ayant aucune prise réelle sur les masses populaires, a été volontairement confinée à un rôle ingrat de faire valoir. Cette situation plombe toute démarche vers un changement qualitatif. Toutefois, malgré cette politique d’aliénation délibérée orchestrée par les pouvoirs publics dans le but de retarder le plus longtemps possible l’émergence d’une société démocratique faite de citoyens libres, certaines organisations agissent dans le sens du réveil des consciences. Le RACE revendique son appartenance à cette société civile dynamique véritablement citoyenne. Nous sommes persuadés que le développement économique et la cohésion sociale sont tributaires d’une culture citoyenne et patriotique. En restant suffisamment mobilisée et organisée, à défaut d’obtenir des pouvoirs publics l’implication formelle dans la prise des décisions qui les concernent, la société civile peut influencer la gouvernance dans notre pays et imposer un contrôle citoyen des politiques publiques dans les secteurs économique, social et même politique.

Mercredi 23 février dernier de nombreux partis politiques ont manifesté, notamment à Douala, en souvenir des « Martyrs » de février 2008, est ce que ce combat est aussi le vôtre?
La lutte pour l’accès au droit entre en droite ligne dans le combat pour la justice sociale, c’est un combat citoyen qui devrait impliquer chacun d’entre-nous. Je vous rappelle que le soulèvement populaire survenu en Février 2008 était avant tout une « révolte du ventre vide et du mal-être du consommateur». En tant qu’organisation de défense des droits et de protection des intérêts économiques et sociaux des consommateurs, nous sommes directement concernés par la commémoration de ces évènements tragiques. Nonobstant mon statut d’acteur social, c’est en tant que membre du bureau politique du MANIDEM, que j’ai pris une part active à l’organisation et à l’appel à manifestation du 23 Février 2011, mot d’ordre lancé par le MANIDEM et d’autres formations politiques. En tout état de cause, le consommateur que je suis, s’oppose à une société inamovible qui méprise et ignore ses droits fondamentaux. Il faut dire que 03 ans après, les causes des émeutes de Février 2008 sont encore là aujourd’hui. Nous pensons que pour éviter un nouveau chaos à notre pays, il est temps que les politiques prennent toute la mesure de cette situation potentiellement explosive et apportent une réponse juste et durable à la demande sociale actuelle. Dans le cas contraire, j’ai la conviction que les mêmes causes produiront fatalement les mêmes effets.

S’il vous était donné de gérer la situation de la consommation au Cameroun? Quelle serait votre stratégie?
Pour garantir la disponibilité des denrées de base et lutter efficacement contre la vie chère, le RACE propose une solution en 07 points : 1- Renforcer le pouvoir du consommateur face aux producteurs et aux distributeurs par l’adoption d’un statut légal du consommateur ; 2- Améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs par la revalorisation des salaires des fonctionnaires et des petits salariés du privé. 3- Créer en lieu et place de la MIRAP, un Conseil National de la Consommation (CNC), sorte d’organe consultatif chargé de conseiller le gouvernement sur toutes les questions relatives à la protection des intérêts des consommateurs ; qui devront y être fortement représentés par les organisations de défense des droits des consommateurs. 4- Identifier et geler les prix de certains produits de consommation dite de masse. 5- Réduire de moitié le prix du kWh, en sachant que l’électricité représente près du tiers (30% plus précisément) du budget d’un ménage camerounais moyen. 6- Procéder à une forte détaxation et à une défiscalisation ciblée de certaines activités de production, d’importation et de commercialisation des produits de grande consommation. 7- Engager véritablement et sincèrement la lutte contre la spéculation par un contrôle assidu des prix préalablement homologués et renforcer l’arsenal de répression des fraudes.

Paul Gérémie Bikidik, président du bureau exécutif du RACE
Journalducameroun.com)/n

2008/2011: 3 ans d’incompétence et de duplicité du ministère du commerce

Le réseau associatif des consommateurs de l’énergie réagit à l’anniversaire des émeutes de la faim

Il y a trois (03) ans jour pour jour, plus précisément au mois de Février 2008, le Cameroun connaissait les toutes premières émeutes de la faim de son histoire. A l’occasion de ce triste anniversaire et au nom du Mouvement consommateur national, le RACE (Réseau Associatif des Consommateurs de l’Energie) a choisi de faire un bilan succinct de l’action gouvernementale dans la lutte contre la vie chère, notamment en mettant en relief, la perfidie du MINCOMMERCE (Ministère du Commerce) depuis ces évènements.

Comme tout le monde le sait, aux lendemains de cette révolte sociale inédite, du reste vertement matée dans le sang, le gouvernement avait relativement vite réagi. Malheureusement, hormis l’augmentation de 15% des salaires des fonctionnaires, le train de mesures contre la pression inflationniste décidé le 07 Mars 2008 par le Président de la République lui-même, n’a jamais été réellement suivi d’effets.

Et pour cause, les relais administratifs, dont le premier est le MINCOMMERCE, chargés d’appliquer ces directives gouvernementales, ont gravement failli à leurs missions ; obligeant l’immense majorité des consommateurs à continuer à souffrir le martyr en silence, à la fois confrontés à une inflation exponentielle et à la baisse implacable de leur pouvoir d’achat.

Pour expliquer la pénurie chronique des produits de consommation de base et la hausse vertigineuse des prix des denrées observées ces derniers mois dans nos marchés, le MINCOMMERCE dirigé par M. Luc Magloire MBARGA ATANGANA, n’hésite pas à invoquer des raisons faciles telles que la crise alimentaire mondiale, les aléas de la production agricole locale, la cherté du fret maritime, le surexposage dans les ports des marchandises importées et bien d’autres arguties saugrenus.

Bref, Monsieur le Ministre du Commerce s’est volontiers fait le porte-voix des importateurs et autres producteurs. Il s’est notamment illustré par son incapacité notoire à prononcer et appliquer la moindre véritable sanction contre les nombreux opérateurs économiques véreux, passés maitres dans l’art de la filouterie douanière, de l’arnaque et de la spéculation à outrance.

Et pourtant, nonobstant l’absence d’un statut légal du consommateur, l’article 3 de la loi N°90/031 du 10 Août 1990 régissant l’activité commerciale au Cameroun dit clairement ce qui suit : « L’activité commerciale doit s’orienter vers l’amélioration de la qualité de vie ainsi que la satisfaction des besoins du consommateur, tant au niveau des prix que de la qualité des biens et services offerts. ».

Malheureusement, depuis sa nomination au gouvernement, le 08 décembre 2004, M. Luc Magloire MBARGA ATANGANA a choisit tout bonnement d’ignorer cette disposition législative, se bornant à servir sans vergogne les intérêts des opérateurs économiques au détriment des consommateurs. Tous les droits sont pertinemment reconnus aux opérateurs des différentes filières commerçantes, le soutien aux usagers se limitant uniquement à une litanie de discours démagogiques et autres annonces médiatiques pompeuses.

Ces pratiques indues font peser de lourds soupçons de collusion d’intérêts maffieux entre les opérateurs économiques indélicats et quelques fonctionnaires du MINCOMMERCE, alimentant parallèlement un fort sentiment d’injustice chez les consommateurs.

Le RACE dénonce cette duplicité manifeste et l’incapacité avérée du Ministère du Commerce à satisfaire aux attentes des consommateurs. Et pour tous ces manquements graves, nous demandons la démission de M. Luc Magloire MBARGA ATANGANA.

Toutefois, si la gestion calamiteuse et l’incompétence caractérisent l’Administration en charge du Commerce, ces 02 facteurs seuls ne suffisent pas à justifier l’échec évident du gouvernement à assurer le bien-être du consommateur.
A la fourberie et aux défaillances du MINCOMMERCE, il faut ajouter des causes plus objectives telles que l’inexorable perte de notre souveraineté alimentaire, les mauvaises orientations économiques, l’inertie endémique, la corruption et l’absence d’une vision prospective du gouvernement de la République sur les questions relatives à la consommation.

Cela dit, devant l’autisme apparent des pouvoirs publics, sourds aux cris de désespoir des millions de consommateurs, notamment ceux issus des catégories populaires, on peut dire, sans risque de se tromper, que le décor est à nouveau planté pour une nouvelle flambée de violences contre la vie chère au Cameroun.

Plus qu’hier, tous les consommateurs Camerounais exclus et laissé-pour-compte du système économique sont debout. Avec détermination, ils s’opposent à une société inamovible qui méprise leur dignité et ignore leurs droits fondamentaux.
Cette propension à une action énergique est renforcée par le succès retentissant des récents soulèvements populaires sur fond de revendications sociales en Tunisie et en Egypte.

Pour éviter un nouveau chaos à notre pays, à l’instar de celui survenu en Février 2008, il est temps que les politiques prennent toute la mesure de cette situation potentiellement explosive et apportent une réponse juste et durable à la demande sociale actuelle.
Dans le cas contraire, nous avons la ferme conviction que les mêmes causes produiront fatalement les mêmes effets.

Paul Gérémie BIKIDIK
Journalducameroun.com)/n

La section France de l’UPC commémore les émeutes de février 2008 au Cameroun

Le président de la section France de l’Union des Populations du Cameroun, Josué Yetna a accepté de nous en parler. Interview

En quoi va consister cette cérémonie de commémoration des massacres de février 2008?
Avant de répondre à cette question, il me semble utile de rappeler brièvement les évènements de ce mois de février 2008, évènements qui ont vu de nombreux Kamerunais descendre dans la rue pour crier famine et manifester leur ras le bol contre le régime corrompu de monsieur Paul Biya. Le 31 Décembre 2007, le président de la république annonce son intention de réviser l’article 6 al. 2 de la Constitution, révision qui lui permettrait tout simplement de solliciter d’autres mandats présidentiels. Cette annonce va créer un tollé général au Kamerun et au sein de la diaspora à l’étranger, en France notamment. Monsieur Paul BIYA ne va pas hésiter à recourir à la force pour imposer sa volonté. Il va pour cela s’en prendre de manière grossière aux journalistes, ordonner la fermeture des stations Magic FM à Yaoundé, Equinoxe radio et télévision à Douala, interdire toute manifestation publique dans la province du Littoral. C’est dans ce climat délétère que commence le 25 février 2008, sur toute l’étendue du territoire national, une grève des taximen, qui s’élevaient contre l’augmentation du prix du carburant alors à 600 fcfa le litre. Ils seront rejoints par des jeunes dont la grande majorité se savait sacrifiée à cause de la mauvaise politique du gouvernement corrompu du RDPC et de ses alliés. Comment rester insensible à la légitime demande de la suppression des 50 000 cfa des droits d’inscription à l’université dans un pays rongé par la misère et la pauvreté ? De nombreuses familles parviennent difficilement à avoir un repas par jour. Elles ont oublié le chemin de l’hôpital lorsqu’elles ont un malade, faute de revenus. Et c’est pour lui demander de changer de politique que ces Kamerunais sont descendus dans la rue ce mois de février 2008. Au lieu de comprendre le malaise de la population et répondre à ses modestes et légitimes demandes, le gouvernement corrompu de monsieur Paul Biya va recourir à la répression. C’est pourquoi par exemple, la Police abat sans sommation deux jeunes à l’intérieur de l’enceinte du Lycée à Bonaberi, dans la matinée du Lundi 25 Février 2008. Des actions de ce genre vont se multiplier pendant plusieurs jours. Diverses sources s’accordent à estimer le nombre de morts entre 100 et 300. Vont suivre, des arrestations arbitraires, des procès expéditifs avec des condamnations spectaculaires, tout cela pour terroriser la population.

Samedi, quel sera le programme de votre journée d’action ?
Au moment où Tunisiens et Egyptiens manifestent pour les mêmes raisons et que leur combat passionne les Kamerunais, la section de France de l’UPC a estimé nécessaire de rendre hommage aux 300 kamerunais morts pendant ces tragiques évènements de février 2008 au Kamerun, mais aussi inviter la diaspora à ne pas seulement se passionner sur ce qui se passe en Afrique du Nord. Les raisons qui ont poussé nos compatriotes à descendre dans la rue il y a trois ans restent d’une brulante actualité. Paul Biya qui en est la principal responsable est toujours là. Après un énième tripatouillage de la constitution, le voilà une fois de trop candidat à sa propre succession. Cette situation va encore durer combien de temps ? Pourquoi en sommes-nous à ce niveau ? Que pouvons-nous faire pour changer cette scandaleuse situation ? Quelle est la place de la jeunesse dans ce combat ? Voilà quelques unes des questions qui seront abordées pendant cette réunion.

Pourquoi associez-vous à cette commémoration, la diffusion du documentaire Françafrique?
Nous saluons au passage l’excellent documentaire de Patrick BENQUET «Françafrique : 50 années sous le sceau du secret». Nous avons choisi de projeter ce documentaire parce qu’il met au grand jour toutes les magouilles qui permettent à la France et à ses suppôts locaux de continuer à maintenir l’Afrique noire dans un état de dépendance totale. Il montre avec éclat les moyens et les procédures qui sont mis en uvre à l’occasion des farces électorales qu’on appelle abusivement élections. Il éclaire sur les mécanismes politiques et économiques qui entretiennent ce système maffieux qu’est la Françafrique. De nombreux pays Africains en sont victimes. Les difficiles situations économiques, politiques et sociales que vivent ces pays y trouvent leur origine. Après avoir vu ce documentaire, nos compatriotes qui le pensent déjà, comprendront encore mieux pourquoi l’Union des Populations (UPC) dit qu’ELECAM n’est pas la solution dans le processus électoral au Kamerun.

Qui est invité à la manifestation que vous organiserez ce 12 février?
C’est une manifestation publique. Elle est ouverte à tous, aux Africains en général, aux Kamerunais en particulier et bien sûr à tous les Amis de l’Afrique. Je rappelle qu’elle se tient le samedi 12 février 2011 à la bourse du travail, 3 rue du Château d’eau dans le 10e arrondissement de Paris. Salle Jean Jaurès. Métro République, à partir de 13H30.

Quelles leçons politiques, l’Union des Populations du Cameroun a-t-elle réellement tirées des émeutes de février 2008?
Trois leçons. 1. La situation de notre pays reste explosive. Aucun des problèmes posés il y a trois ans, n’a été résolu. Nous avons bien entendu eu droit à des discours pompeux du président candidat avec de nombreuses annonces qui n’ont pas été suivies d’effet. Nous pouvons donc à tout moment revivre une nouvelle explosion sociale dans notre pays. 2. Mr Paul BIYA est déterminé à s’éterniser au pouvoir. La modification de l’article 6 alinéa 2 de la constitution lui permet désormais de se présenter comme candidat à l’élection présidentielle autant de fois qu’il le souhaite. Il est resté sourd face aux protestations qui se sont exprimées contre cette initiative. Pour nos compatriotes son ELECAM reste un gadget électoral dont la vocation est de truquer les élections. 3. Les forces favorables au véritable changement restent dispersées. La construction d’une opposition crédible est de plus en plus indispensable si les Kamerunais veulent débarrasser leur pays du pouvoir corrompu du RDPC et de son président qui après 29 ans de pouvoir a réussi classer le Kamerun parmi les pays les plus corrompus et les plus pauvres du monde. Pour apporter un début de réponse à ce problème, l’UPC, le MANIDEM et le PSD ont constitué un premier regroupement de ce que les Kamerunais attendent, à savoir, une véritable opposition débarrassée des transfuges du pouvoir qui ces dernières décennies ont abusé de leur crédulité.

Josué Yetna, président de la section UPC – France
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L’UPC a eu son secrétaire général, Augustin Kodock, au gouvernement pendant plus de 7 ans et dans des départements ministériels comme l’agriculture et le développement rural et aussi celui du plan et de l’Economie, quel bilan fait votre parti de ce passage gouvernemental aujourd’hui?
Votre question me surprend. Il est vrai qu’en se fabriquant des UPC clowns, le pouvoir néocolonial a dès le début des années 60 voulu faire croire que l’UPC avait renoncé à son programme politique. On a vu Monsieur Mayi Matip assumer la vice-présidence de l’assemblée nationale néocoloniale pendant des années. On a vu un célèbre professeur assumer des fonctions de ministre dans un gouvernement de Paul Biya. Monsieur Kodock Augustin a commencé cette collaboration très tôt. Après des postes divers, notamment aux affaires politiques et contentieux, il sera tour à tour nommé par Ahidjo Secrétaire d’Etat aux finances entre 1963 et 1965 dans le gouvernement dirigé par Charles Assalé. En 1962, il devient Directeur des études et du contentieux au Minat. En 1968, Ahidjo le fait nommer à la Banque Africaine de développement (BAD). Il en sera le vice-président chargé des finances entre 1977 et 1980. En 1980, Paul Biya le nomme PDG de la Camair. En février 1991, Gilbert Andze Tchoungui, à l’époque ministre de l’administration territorial donnera par décret, la direction d’une énième UPC clown légale à Mr Kodock. Aujourd’hui, Paul Biya se sert du même Kodock pour traîner le Docteur Samuel Mack-kit Président de l’UPC et le professeur MOUKOKO PRISO, Secrétaire Général de l’UPC devant les tribunaux depuis plus de dix ans. Il est difficile avec un tel parcours au service de l’UC et de l’UNC de AHIDJO ensuite du RDPC de Biya de venir prétendre représenter l’UPC des UM NYOBE, FELIX ROLAND MOUMIE, OUANDIE ERNEST qui au passage était dans le maquis en 1963 quand Mr Kodock assumait les fonctions de Secrétaire d’état aux finances, nommé par le AHIDJO. Lorsque OUANDIE est exécuté le 15 janvier 1971, sa tête tranchée et sanglante, empalée et exposée sur la place de Bafoussam, personne n’entendit un murmure de protestation de Augustin Frédéric KODOCK BAYIHA, tout occupé qu’il était à servir le régime d’Ahidjo. Les observateurs avertis et la grande majorité des Kamerunais savent aujourd’hui que Mr Augustin Kodock est tout sauf membre de l’Union des Populations du Cameroun (UPC). Plus personne de sérieux ne doute de son statut peu honorable de bras armé du pouvoir, payé pour saboter l’UPC. Il est étonnant que persiste cette confusion auprès de quelques compatriotes. l’UPC ne peut par conséquent être associée de quelque manière que ce soit au bilan catastrophique des pouvoirs successifs au Kamerun, en particulier celui de monsieur Paul Biya, responsable exclusif des émeutes de février 2008.

Quelle est la position de l’UPC sur Elecam et sur les élections présidentielles, que Paul Biya a confirmées pour cette année 2011?
Pendant longtemps, l’UPC a été seule à se battre pour demander un code électoral juste dans notre pays. En 2000, l’UPC a proposé la mise sur pied d’une CENI (commission électorale nationale indépendante) pour assurer le déroulement des élections au Kamerun. En 2003, l’UPC a proposé la satisfaction de six préalables pour les élections au Kamerun, cessent d’être une farce. Nous proposions : Une Commission Electorale Nationale indépendante (CENI), des élections au scrutin majoritaire à deux tours, au moins 8 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales, chacun recevant sa carte d’électeur à l’inscription même, la majorité civile et le droit de vote à 18 ans, le droit pour tout Camerounais de se porter candidat à toute élection sans obligation d’être membre d’un parti politique, le droit de vote effectif pour les Camerounais vivant à l’étranger. Il a fallu attendre que les pays occidentaux fassent des remarques sur le déroulement des élections au Cameroun, pour que Monsieur Biya s’en émeuve. Il va dans un premier temps servir aux Kamerunais un gadget appelé ONEL. Ce dernier ne durera pas. Il et sera vite remplacé par ELECAM. Il n’y a eu aucun débat, aucune consultation nationale avant la promulgation de la loi portant création d’ELECAM. C’est par conséquent une initiative personnelle du président de la république. Les structures de ce nouveau gadget électoral ainsi que les personnalités qui l’animent ont été choisies par le premier ministre, membre du bureau politique du RDPC. L’Article 8 (alinéa 3) est très claire à ce propos. Il dispose: « Le Président, le Vice-président et les membres du Conseil Electoral sont nommés par décret du Président de la République après consultation des partis politiques représentés à l’Assemblée Nationale et de la Société Civile. (Alinéa 4) : Le Président et le Vice-président du Conseil Electoral assurent les fonctions de Président et Vice-président d’Elections Cameroon ». Tous les membres de ce « gadget » sont donc nommés par Monsieur Paul Biya, président du RDPC. Il s’agit donc d’une loi conçue par le RDPC seul et pour le candidat du RDPC. C’est pour cela que l’UPC, ELECAM n’est pas la solution. Elle assure à coup sûr la « victoire » du candidat RDPC à toutes les consultations électorales. L’UPC la dénonce ELECAM avec force et renouvelle sa proposition faite il y a onze ans et qui garde toute son pertinence.

Qui sera le candidat de la diaspora de l’UPC pour les élections à venir, si jamais ce parti acceptait d’y prendre part?
Il est clair pour notre parti que participer aux élections avec le code électoral actuel, revient tout simplement à apporter sa caution à une farce électorale de très mauvais goût dont les résultats sont connus à l’avance. L’UPC a fait des propositions qui relèvent du bon sens. L’accélération des évènements en Afrique du nord, l’attitude de nombreux pays hier parrains et aujourd’hui prompts à dénoncer les dictatures avec lesquelles ils collaboraient et enfin le sort qui est réservé aux dictateurs déchus, voila des paramètres qui devraient inspirer Monsieur Paul Biya et ses stratèges pour qu’ils comprennent la nécessité de revoir rapidement leur loi sur les élections. Quant au candidat de la diaspora de l’UPC, il sera celui que le parti désignera. La diaspora de l’UPC n’est pas une entité à part. Elle fait partie du PARTI UPC.

Un dernier mot pour nos lecteurs?
Nous souhaitons pour eux que l’année 2011 soit meilleure que la précédente. Notre continent va connaître de nombreuses élections présidentielles. Celle du Kamerun est normalement prévue au deuxième semestre de cette année. Nous nous battons pour qu’elle se déroule dans les meilleures conditions. Nous les invitons à consulter notre site internet upc-cameroon.com pour prendre les nouvelles des activités de l’UPC dans le monde. Leurs critiques mais leurs propositions y seront les bienvenues.

Emeutes dites « de la faim », février 2008
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Tunisie: Après la crise un nouveau gouvernement est-il déjà en place?

La priorité est désormais à la sécurité, des proches de l’ancien président ont été arrêtés

Le gouvernement attendu, deux proches de l’ex président arrêtés
Le weekend du 15 janvier aura été un des plus longs en Tunisie, avec une série d’évènements importants. Dans la nuit de vendredi, on apprenait que Ben Ali au pouvoir depuis 23 ans avait quitté le pays pour une destination inconnue. Officiellement il se trouvait dans l’incapacité de poursuivre l’exercice de ses fonctions. Le premier ministre qui a annoncé la nouvelle s’est proposé de reprendre le pays en main, mais samedi dans la matinée, le parlement conformément à la constitution, a repris la main. Ce lundi 17 janvier 2011, la Tunisie pourrait se réveiller avec un nouveau gouvernement. Selon des sources médiatiques tunisiennes, les principaux mouvements politiques du pays auraient trouvé dimanche soir un accord en vue de la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale. La composition définitive de ce cabinet d’union nationale doit être dévoilée ce jour même, a fait savoir dimanche soir le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi. Samedi, moins de deux heures après avoir prêté serment, le président par intérim, Fouad Mebazaa, 84 ans, avait chargé le Premier ministre Mohammed Ghannouchi de former un nouveau gouvernement d’unité nationale. Plusieurs partis d’opposition sont susceptibles d’en faire partie, à l’exception des partis islamistes. Toujours ce dimanche, le général Ali Sériati, ancien chef de la garde du président Ben Ali, a été arrêté, alors qu’il tentait de s’enfuir en Libye. Il a été placé sous mandat de dépôt après la présentation des chefs d’inculpation de complot contre la sécurité intérieure de l’Etat, incitation à commettre des crimes et à s’armer et provocation au désordre, a fait savoir des sources médiatiques présentes en Tunisie. Ces charges pèsent aussi sur plusieurs de ses collaborateurs et sur un des neveux de l’ex président. On les accuse globalement, d’avoir animé les pillages pour faire monter l’insécurité, et justifier le retour de Ben Ali.

A quoi joue la France?
Partout en Afrique, la révolte du peuple tunisien, aujourd’hui qualifiée de «révolution de Jasmin», anime de nombreux débats et des comparatifs sont faits avec la crise ivoirienne, dans lesquelles les populations semblent se dresser contre un allié de la France. La situation économique catastrophique pour une bonne partie de la société avait déjà fait dire à certains experts, que les risques d’implosion étaient trop grands. Cependant, la révolution ne s’est pas faite en deux semaines ou un mois comme le prétendent aujourd’hui de nombreux médias français notamment. Les récents mouvements de protestation qui ont agité la province minière de Gafsa constituent un puissant rappel du mécontentement sous-jacent. Le gouvernement a fondé sa légitimité sur sa capacité à assurer la croissance économique, mais un nombre croissant de Tunisiens trouvent que ceux qui occupent le sommet de l’échelle en gardent les bénéfices pour eux, faisait savoir le magazine Courrier International dans une de ses publications de l’année dernière. Le gouvernement tunisien était accusé, d’être de plus en plus éloigné des préoccupations de son peuple, et de ce fait, il n’aurait pas su anticiper la crise populaire. Appuyé par le soutien de la France, pendant des années, Ben Ali justifiait la répression par la nécessité de dresser un mur contre l’intégrisme religieux galopant.

On se rend pourtant compte aujourd’hui, que cet intégrisme ne s’est pas manifesté dans les récentes agitations. Dans la rue ce sont des jeunes qui exprimaient leur envie d’avancer et d’améliorer leurs conditions de vie. Une jeunesse organisée et hautement qualifiée. Face à la censure, plusieurs d’entre eux, ingénieurs polytechniciens, ont mis leur intelligence au service de la cause. Les systèmes d’informations par internet ont été constamment piratés pour permettre un accès de l’information à tous. Internet aura jouée un grand rôle dans cette révolution. Dans un communiqué qui a suivi la réunion de crise qui s’est tenu à l’Elysée, le président français fait savoir qu’il soutien le peuple de Tunisie dans sa recherche de la démocratie. Pourtant quelques semaines au paravent, Michelle Alliot Marie, la ministre française des affaires étrangères faisait savoir dans une de ses interventions au parlement, que l’expertise de la police française était disponible en cas de besoin, pour faire cesser les manifestations de jeunes en Tunisie.

Les jeunes de Tunis sont dans la rue
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Guinée Conakry: Le second tour des élections attendu sur fond de tension

Les partisans des deux candidats ont provoqué des conflits tribaux créant des émeutes dans les principales villes du pays

La Guinée est actuellement suspendue de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en raison de la prise du pouvoir par l’armée le 23 décembre 2008. Ce pays d’Afrique de l’ouest, qui attend qu’une nouvelle date soit fixée pour le deuxième tour de la présidentielle, est le théâtre depuis quelques jours d’accrochages entre partisans des deux candidats Alpha Condé (malinké) et Cellou Dalein Diallo (peul), et d’une série d’agressions visant spécifiquement des Peuls. Ces derniers jours, plusieurs villes du pays Conakry, Kankan, Siguiri, Kissidougou, N’Zérékoré ont connu des affrontements entre partisans des deux candidats à la présidentielle, mais aussi, parfois, des agressions visant spécifiquement les Peuls, selon des récits d’habitants. Dimanche, différents témoins ont rapporté que des affrontements avaient opposé des habitants de Kissidougou (sud-est) d’ethnies malinké et peule. Des boutiques appartenant à des peuls y avaient été saccagées et des personnes des deux camps blessées. En plus, dans au moins cinq localités de l’intérieur du pays en Haute-Guinée et en Guinée-Forestière : Siguiri, Kankan, Kouroussa, et Nzérékoré des boutiques tenues par des commerçants peuls ont été saccagées, des maisons détruites. Au total, plusieurs dizaines de personnes ont été blessées et un commerçant venu acheter de l’or à Siguiri a été tué. Sur le terrain, des bonnes volontés ont parfois cherché à jouer l’apaisement, comme à Kissidougou, où des chefs religieux ont circulé dans la ville pour tenter de calmer les esprits.

La population elle-même reste parfois incrédule face à ces violences. On ne s’attendait pas à ce que ça puisse prendre cette tournure là, confie un habitant de Siguiri. Les peuls sont bien intégrés ici. Ce sont les tensions politiques qui ont scindé les choses.
A 60 ans, Youssouf Sano vit pour la première fois une élection présidentielle libre en Guinée. Mais cet habitant de Conakry ne supporte plus la campagne et ses affrontements politiques ou ethniques, « pas beaux à voir », alors que le second tour du scrutin se fait toujours attendre. Longeant une rue transformée en terrain de football, Youssouf Sano, perdu dans ses pensées, marche en direction du bord de mer. Ce qui me préoccupe, c’est l’insécurité, parce que les deux candidats Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé n’arrivent pas à canaliser leurs militants, dit ce professeur de lycée, regard grave derrière ses fines lunettes, qui s’annonce d’ethnie « malinké », prêt à voter pour l’opposant historique Alpha Condé. Pour lui, « le report du second tour était nécessaire », car « la Commission électorale n’avait rien fait, que mentir à la télévision! ». Mais quoi qu’il arrive, dit-il, « plus besoin de campagne », car « ce qui s’est passé n’était pas beau à voir: les affrontements politiques et ethniques très graves pour le pays! »

Face aux tensions engendrées par le report une nouvelle fois du second tour de la présidentielle, le général malien Siaka Sangaré, président de la Ceni, a lancé dimanche 24 octobre au soir un appel au peuple et aux deux candidats à la présidentielle. L’objectif est « que le calme revienne dans les localités » de Guinée. Il faut « réunir le plus rapidement possible les conditions idoines pour organiser un bon deuxième tour », a-t-il fait valoir. Le général malien avait annoncé le 22 octobre dernier un nouveau report de ce second tour, deux jours avant la date prévue pour le vote, en raison de « dysfonctionnements ».
Face à ces violences, le général Konaté, ex-officier putschiste nommé en janvier pour diriger la Guinée jusqu’aux premières élections libres de son histoire, a promis la « tolérance zéro ». « Je n’accepterai pas que des Guinéens se sentent étrangers chez eux ou soient traqués à cause de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique. L’unité de la Nation sera préservée à tout prix », a-t-il déclaré. A la suite de quoi les candidats à la présidentielle, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo et l’opposant Alpha Condé, ont chacun appelé leurs militants au calme, les exhortant à bannir les tensions entre ethnies. Le président malien Amadou Toumani Touré a quant à lui appelé à être « indulgent » au sujet de la présidentielle en Guinée: « Depuis 50 ans, c’est la première fois que la Guinée organise des élections plurielles. Ils ne sont pas habitués » a-t-il dit.

Toutefois, les dirigeants francophones lors du XIIIème sommet de la francophonie se sont dits « préoccupés par les récentes difficultés que connaît le processus électoral en Guinée ainsi que par les risques d’instabilité qu’elles pourraient engendrer ». Ils ont exprimé leur « plein appui » à la mission au général malien Siaka Toumani Sangaré, expert de l’OIF à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), appelant à un scrutin « libre, fiable et transparent », selon le texte de la résolution. Face aux violences qui ont affecté le processus électoral en Guinée, les premières élections libres dans cet Etat depuis 50 ans, l’OIF a demandé aux deux candidats de « tout mettre en uvre pour que cette élection se déroule dans le calme et dans le respect des règles démocratiques ». Une démocratie que veut appliquer le désormais organisateur des élections en Guinée le malien Toumani sangaré.

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Emeutes de février 2008 au Cameroun, l’artiste Joe la conscience sort un album

Un album composé en mémoire de l’histoire. Il nous en parle!

« Février 2008 », c’est le titre du nouvel album de l’artiste camerounais engagé Joe la Conscience. L’album sort officiellement ce mercredi, 25 février 2009. Une date qui n’a pas été choisi au hasard, puisqu’elle commémore la disparition des compatriotes lors des émeutes contre la faim, qui avaient secouées plusieurs villes du pays l’année dernière. Parcourons ensemble cet opus de 10 titres avec son auteur.

Tout d’abord, qu’est ce qui explique la composition d’un tel album?
L’album intitulé « février 2008 », est tout simplement l’écriture musicale de tous les évènements de février, afin que l’histoire retienne, que le peuple sache la vérité sur les responsabilités des uns et des autres, et puis que dans le futur, on puisse tirer des leçons et que ça ne se reproduise plus, même comme on remarque malheureusement la surdité des gens qui nous gouvernent. Ce qui ne nous permet pas d’espérer que les lendemains aussi sombres soient loin.

Pouvez-vous nous présenter l’album?
C’est un album de 10 titres, dont la majorité a été composée pendant ma détention au camp de concentration de Nkondengui à Yaoundé, comme j’aime bien l’appeler, car cela n’a rien d’une prison. Bien avant, j’ai composé trois titres à problème, dont le titre « emmerdements constitutionnels » qui avec l’autre chanson, « constitution constipée » de Lapiro de Mbanga, étaient les chansons à problème juste un peu avant les évènements. Je rappelle que « emmerdements constitutionnels », est une chanson que j’ai composée il y a environ 7 ans, car je présentais que ce problème allait se poser dans mon pays. Pour moi, la musique est une arme de combat, car nous autres artistes militants, on ne fait pas la musique pour le commerce, c’est un vecteur de communication pour un message que nous voulons faire parvenir au peuple et aux dirigeants. A côté de cette chanson, j’ai fais « paix précaire » qui est la description de cette situation marquée par un semblant de paix dans lequel on vivote, on a l’impression qu’on est en paix, et pourtant que c’est une paix de cimetière. Il y a aussi un clin d’ il aux étudiants qui à ce moment là, étaient également en grand mouvement de protestation à Yaoundé et à Douala. Et la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, a été cette modification forcée de la constitution qui nous a amené à une explosion à partir du 25 février 2008. Donc dans l’ensemble, je ramène ces trois titres sur cet album, ajouté à cela, les titres comme « culte de la personnalité », qui est carton rouge que j’adresse aux dictateurs qui, nous gouvernent en Afrique. Le titre « Apprentis sorciers » traduit tout simplement à mon avis, la réponse du berger à la bergère, notamment au président Biya et ses compagnons qui pensent que pour peu qu’on a des idées différentes, on mérite la prison, et d’être taxé d’apprenti sorcier. J’ai composée cette chanson dans la cellule du tribunal de première instance de Yaoundé pendant que j’étais sur le chemin de la prison. « Février 2008 », c’est la chanson même qui donne le nom à l’album. Comme je le disais, c’est l’écriture musicale de tous les évènements qui se sont produits en février 2008. « Ennemi de la presse », dénote mon combat pour la liberté de la presse. Il y a aussi la chanson « exclusions et marginalisation », qui est un clin d’ il à la diaspora camerounaise d’abord, et africaine en général qui ne vote malheureusement pas. On fait comme si vivre en Europe ou aux Etats-Unis, signifiait qu’on a perdu sa nationalité, c’est totalement injuste. Sur cet opus, le titre « argent facile », est interprétée par mon épouse, Sidonie la conscience. C’est une chanson qui décrit le goût avancé du gain facile, que les camerounais ont aujourd’hui. Cela entraîne une situation où on rencontre par exemple, des fonctionnaires milliardaires qui piochent dans les caisses de l’Etat, sans oublier les  »feymans », ceux qui vont au  »famla », ou ceux qui préfèrent les pratiques telles l’homosexualité, la sodomie.

Joe la conscience
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Comment avez-vous vécu cette période des émeutes 2008?
Je fais parti des camerounais qui n’ont pas été surpris que ces évènements arrivent. J’ai vécu ces moments très difficilement, moments marqués aussi par la perte de mon fils. J’avais décidé de m’exprimer pacifiquement, de marcher et d’aller rencontrer le chef de l’Etat. Mais, je me suis retrouvé en face d’une répression barbare, à chaque pas que je faisais, j’avais en face la soldatesque du parti au pouvoir. C’étaient des bastonnades, des injures, des violences sous toutes les formes depuis mon départ de la ville de Loum dans le Moungo. Cela s’est poursuivi à Njombé, Penja jusqu’à la dernière arrestation qui a eu lieu à Mbanga où finalement un des hauts gradés de là, me dit qu’ils sont des militaires qui obéissent aux ordres et me rappelle qu’il y a une interdiction de manifester dans le Littoral. Après toutes ces répressions, j’ai donc été obligé, suivant les conseils de ce monsieur, de transporter ma protestation ailleurs. Je décide donc d’aller sur Yaoundé, une fois arrivé, je suis encerclé par l’armée et voyant qu’il n’y a pas moyen de m’exprimer dans mon pays, je suis obligé en désespoir de cause, d’échouer devant l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé. Mais cela n’a pas empêché à ces barbares de venir me kidnapper et d’aller me faire échouer à Nkondengui, où j’ai vécu une autre violence pas possible. J’ai d’ailleurs écris à ce sujet un livre, « La longue marche pour la paix de Loum à Yaoundé via Nkondengui», où je retrace cette expérience. Le livre va paraître d’ici peu de temps.

Il y’a eu des morts
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Emeutes de février 2008, le contexte des troubles socio-politiques

La vie chère et les revendications politiques au centre des manifestations

Il y a un an les grandes métropoles du Cameroun étaient prises d’assaut par des vastes mouvements d’humeur qui ont, non seulement causé d’importants dégâts matériels, mais aussi et surtout, endeuillé de nombreuses familles camerounaises.
Ces mouvements d’humeur interviennent dans un contexte marqué par la hausse du prix du carburant à la pompe. Les syndicats de consommateurs et des transporteurs attiraient déjà l’attention des pouvoirs publics sur les éventuelles conséquences qui pourraient résulter d’une telle hausse du prix du carburant. Certains syndicats des transporteurs avaient même déjà envisagé l’éventualité de la hausse du prix du taxi pour compenser cette autre hausse du carburant de 15 francs CFA survenue le 7 février 2008. La coupe d’Afrique des nations de football à laquelle prennent part les lions indomptables, préoccupent les esprits au point où la hausse ne ferra pas grand bruit à travers le pays, le Cameroun étant une nation du football.

Malheureusement quelques jours plu tard la fièvre gagne les marchés camerounais avec notamment la hausse des prix des produits de première nécessité. Le panier de la ménagère n’arrive plus à se remplir. À cela vont s’ajouter l’inflation, les pénuries fictives créées par des commerçants véreux qui profitent de la situation pour s’enrichir. Malgré les ordonnances du chef de l’état signées bien avant mais jamais traduites en actes concrets sur les marchés, les descentes du ministre du commerce et les leaders des associations de défense des consommateurs, les hausses de prix gagnent le terrain et n’épargnent aucun secteur. Par ailleurs une rumeur d’une éventuelle hausse du prix du pain plane.

Des jeunes dans la rue
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Les émeutes de février interviennent aussi dans un contexte marqué par le projet de révision de la constitution camerounaise qui devrait permettre au président Paul Biya de se représenter à l’élection présidentielle de 2011.Le projet va rencontrer une vive opposition des leaders politiques et de la société civile camerounaise. Dans la région du littoral, le gouverneur Faî Yengo Francis avait pris des mesures préventives en interdisant systématiquement les marches et autres manifestations de l’opposition mais en tolérant celles qui allaient dans le sens des motions de soutien au chef de l’état. L’opposition, surtout le sdf, se voit interdire des meetings à douala. Le 16 février Mboua Massock est interpellé par les forces de police lors d’un meeting à bépenda et déporté vers yabassi. Joe la conscience, artiste engagé et leader d’opinion, avait envisagé une marche de Loum vers Yaoundé, le 17 février il est arrêté. A Bamenda, le 15 février les rues sont envahies par les forces de l’ordre surtout au moment où le parti de l’opposant John Fru Ndi organise une rencontre avec les jeunes sur « le rôle des jeunes dans la social démocratie ». Le 13 février une autre conférence du sdf est interdite par les autorités de la ville, les militants du parti seront dispersés par des gaz lacrymogènes.

Les troubles socio-politiques interviennent également dans un contexte marqué par la montée vertigineuse du chômage des jeunes. Malgré l’atteinte par le Cameroun du point d’achèvement, de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés en 2006, ou encore la signature du C2D avec la France, les signes criards du chômage et du sous- emploi sont visibles. Tous ces faits combinés, ont favorisé la montée en force d’un mécontentement généralisé surtout au près d’une jeunesse en perte de repères et exposée à diverses formes de déviances sociales et sociétales. Une jeunesse qui rêve elle aussi d’une promotion sociale dans un pays où, malheureusement, les fruits de la croissance peinent encore à servir véritablement à la lutte contre la pauvreté et la misère des populations.

On a compté des morts
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Emeutes au Cameroun: Ils ont dit!!!

Nous recensons ici les propos tenus par quelques leaders de la société par rapport aux émeutes

« Nous recensons ici les propos tenus par quelques leaders de la société camerounaise par rapport aux émeutes dites de la faim. »
Paul Biya, Déclaration à la Nation du 27 Février 2008

« Les apprentis sorciers qui dans l’ombre ont manipulé ces jeunes ne se sont pas préoccupés du risque qu’ils leur faisaient courir en les exposant à des affrontements avec les forces de l’ordre. »
Marafa Hamidou Yaya, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation. Point de presse du 10 Mars 2008

« Je dois saluer l’action, mais surtout la tempérance des forces de maintien de l’ordre qui n’ont pas fait un usage abusif de leurs armes, malgré les nombreuses provocations auxquelles elles étaient sujettes. De manière spécifique à Douala, beaucoup de morts sont le résultat des rixes entre des bandes de gangsters qui ont infiltré la contestation. Le partage des biens volés à la suite d’actes de pillage a donné lieu à des disputes violentes entre les bandits. Et certains ont été victimes du phénomène de justice populaire. »
Joshua Osih, le vice-président du Social Democratic Front (SDF

« Ce qui est grave, c’est qu’on a l’impression que le président prend la situation à la légère. J’ai vu quelques photos des victimes des émeutes de février 2008 ici à Paris. Je pense qu’il revient aux Camerounais de prendre conscience. Biya ne peut pas faire le travail seul. Il n’a pas demandé à être chef de l’Etat au Cameroun, c’est le grand destin qui a joué. Les camerounais l’ont trahi. C’est le fils de quelqu’un aussi ! Il nous revient de prendre la gestion de notre pays en main. A partir du moment où certains organisent des scènes de pillage malhonnêtes, je vois le Cameroun sombrer dans les abîmes. C’est désolant! »
Ayissi LEDUC, artiste musicien

Emeutes de Février 2008 au Cameroun: Le discours de Paul Biya

Intégralité du discours du 27 février 2008

« Notre pays est en train de vivre des événements qui nous rappellent les mauvais souvenirs d’une époque que nous croyions révolue.
Si l’on peut comprendre qu’après l’échec d’une négociation, une revendication catégorielle s’exprime par l’exercice du droit de grève, il n’est pas admissible que celui-ci serve de prétexte à un déchaînement de violence à l’encontre des personnes et des biens. D’ailleurs, la preuve est maintenant faite qu’il est toujours possible de trouver une solution par la négociation à tout conflit social.
Il ne s’agit pas de cela en réalité. Ce qui est en cause, c’est l’exploitation, pour ne pas dire l’instrumentalisation, qui a été faite de la grève des transporteurs, à des fins politiques. Pour certains, qui n’avaient d’ailleurs pas caché leurs intentions, l’objectif est d’obtenir par la violence ce qu’ils n’ont pu obtenir par la voie des urnes, c’est-à-dire par le fonctionnement normal de la démocratie.
Ils n’ont donc pas hésité à jeter dans la rue des bandes de jeunes auxquels se sont mêlés des délinquants attirés par la possibilité de pillages. On en voit le résultat : des bâtiments publics détruits ou incendiés, des commerces et des entreprises pillés ou dévastés. Qu’il s’agisse du patrimoine de l’État, c’est-à-dire de notre bien commun, ou de locaux privés, ce sont des années d’efforts ainsi réduits à néant.
Les apprentis sorciers qui dans l’ombre ont manipulé ces jeunes ne se sont pas préoccupés du risque qu’ils leur faisaient courir en les exposant à des affrontements avec les forces de l’ordre. Plusieurs d’entre eux ont de ce fait perdu la vie, ce qu’on ne peut évidemment que regretter.
Lorsque le bilan humain et matériel de ces sombres journées pourra être fait, il sera probablement très lourd. Ceux qui sont derrière ces manipulations ne voulaient certainement pas le bien de notre peuple. On ne bâtit pas un pays en multipliant les ruines.

Il faut donc que les choses soient bien claires. Le Cameroun est un État de Droit et entend bien le rester. Il a des institutions démocratiques qui fonctionnent normalement. C’est dans ce cadre que sont traités les problèmes de la Nation. Ce n’est pas à la rue d’en décider.

L’immense majorité de notre peuple aspire à la paix et à la stabilité. Les dernières consultations électorales en ont apporté la preuve. Les Camerounais savent que le désordre ne peut apporter que malheur et misère. Nous ne le permettrons pas.
A ceux qui ont pris la responsabilité de manipuler des jeunes pour parvenir à leurs fins, je dis que leurs tentatives sont vouées à l’échec. Tous les moyens légaux dont dispose le Gouvernement seront mis en uvre pour que force reste à la loi. »


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Emeutes au Cameroun, les médias camerounais s’en souviennent!

Un an après, certains médias racontent comment ils ont vécu cette période.

Nous avons suspendu le programme « A vous l’antenne » qui était une émission inter active, la situation qui prévalait pouvait être une occasion pour les populations d’appeler pour dire n’importe quoi. Nous avons opté pendant cette période pour des informations en continue sur l’actualité. Pour y parvenir, nous avons déployé nos reporters dans certains secteurs stratégiques de Yaoundé, tels que le Palais présidentiel, Mballa II, Ngoa-Ekellé, la prison, Mbankolo, les banques, ainsi que dans certaines villes du pays à l’instar de Douala, Ebolowa, Bamenda, Bafang.
Eugène Messina, chef de chaîne Radio Tiémeni Siantou

Les émeutes de février 2008 n’ont pas épargné les médias camerounais. Si ici et là on remercie le ciel que les manifestants n’aient pas saccagés les studios et autre salles de rédaction, on reconnaît toutefois que le fonctionnement au quotidien a du être modifié. A la télé, à la radio comme dans la presse écrite, les grilles de programmes ont dû être retouchées afin de rendre compte aux populations de l’évolution des évènements.
Ce fut le cas à la radio Tiemeni Siantou (RTS). Au regard de la délicatesse de la situation qui prévalait, la direction de la radio avait pris un certain nombre de dispositions. « Nous avons suspendu le programme « A vous l’antenne » qui était une émission inter active, la situation qui prévalait pouvait être une occasion pour les populations d’appeler pour dire n’importe quoi. Nous avons opté pendant cette période pour des informations en continue sur l’actualité. Pour y parvenir, nous avons déployé nos reporters dans certains secteurs stratégiques de Yaoundé, tels que le Palais présidentiel, Mballa II, Ngoa-Ekellé, la prison, Mbankolo, les banques, ainsi que dans certaines villes du pays à l’instar de Douala, Ebolowa, Bamenda, Bafang » explique Eugène Messina, chef de chaîne Radio Tiémeni Siantou.

Les villes étaient coupées et l’imprimerie Macacos ne pouvait pas travailler, car située en plein c ur de la ville de Douala. Au plan situationnel, nous avons trouvé une imprimerie à Yaoundé où nous imprimions le journal. Il était uniquement vendu à Yaoundé. Nos lecteurs de Douala pouvaient l’avoir sur le Site.
Alain Blaise Batongue, Directeur de publication du Quotidien Mutations

Si dans les studios des radios le travail se déroulait malgré tout, tel ne fut pas toujours le cas au niveau de la presse écrite. La paralysie des activités ayant contraint les imprimeries à fermer, la parution des journaux dans les kiosques était devenue difficile voire impossible. « Les villes étaient coupées et l’imprimerie Macacos ne pouvait pas travailler, car située en plein c ur de la ville de Douala. Au plan situationnel, nous avons trouvé une imprimerie à Yaoundé où nous imprimions le journal. Il était uniquement vendu à Yaoundé. Nos lecteurs de Douala pouvaient l’avoir sur le Site », affirme Alain Blaise Batongue, le directeur de publication du Quotidien Mutations.
Les mêmes contraintes étaient vécues du côté des télévisions locales. Bravant l’hostilité des manifestants mais surtout des forces de l’ordre, les chasseurs d’images traquaient l’information au risque de perdre leurs cameras. A Canal 2 international comme à STV, Les directions des programmes avaient d’ailleurs créé pour la circonstance, des émissions spéciales afin de commenter le déroulement des émeutes.

Mutations
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Au-delà des charges financières énormes imposées par cette situation, le travail des reporters sur le terrain n’était pas une mince affaire. « C’était une période très dangereuse. Je me suis retrouvé dans le secteur de Mokolo, Poste Centrale où les violences étaient très accentuées, les gens courraient de toute part et tous ceux qui passaient étaient systématiquement arrêtés par les policiers. Ces derniers faisaient asseoir tout le monde sans tenir compte que vous soyez journaliste ou pas. On était obligés de se boucher les narines avec nos vêtements de peur d’aspirer le gaz » se souvient Eugène Messina. A Mutations, en plus des journalistes sur le terrain, ce sont les vendeurs à la criée qui étaient la cible des manifestants en furie. « Nous pensions que nous écrivions pour le bien des manifestants mais ce sont ces mêmes manifestants qui pourchassaient nos vendeurs à la criée, leur interdisant de vendre les journaux » reconnaît Alain Blaise Batongue.
Une période bien difficile pour les médias. Mais qui gardent la satisfaction d’avoir pu informer les populations au quotidien sur l’évolution de la situation. « Nous avons beaucoup dépensé, mais, nous ne regrettons pas d’avoir autant investit pour ces mouvements sociaux », explique Alain Blaise Batongue.

Alors qu’à la RTS et à Mutations les émeutes de février 2008 se conjuguent en termes de dégâts matériels et financiers, le souvenir est encore plus amer pour Magic FM à Yaoundé et Equinoxe à Douala. Les deux médias ont été fermés pendant ces périodes. Elles payaient ainsi le prix de l’organisation des émissions inter actives sur la révision de l’article 6.2 de la constitution, qui allait permettre au président Paul Biya de se représenter à l’élection présidentielle de 2011.


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Madagascar : plus de 100 morts dans les émeutes

C’est le bilan jusqu’à ce jour de la crise qui secoue le pays

Des milliers de personnes ont de nouveau manifesté hier à Antananarivo. Pas d’émeute cette fois, mais un climat lourd. Le jeune maire de la capitale, Andry Rajoelina agé de 34 ans, a de nouveau appelé à renverser le Président Marc Ravalomanana, accusé de corruption et d’autoritarisme. De nombreux habitants d’Antananarivo dénoncent « une absence coupable des forces de l’ordre ». Quarante-trois corps, souvent calcinés, ont été apportés dans les morgues de la capitale. Un journaliste de L’Express avance le bilan de 102 tués, en recollant les données recueillies auprès de sources officielles. La plupart sont mortes écrasées sous des sacs de riz ou brûlées vives dans les magasins saccagés
Le chef de l’État durcit le ton, il n’invite plus son rival au dialogue. Il accuse le clan de Didier Rastiraka, le dictateur chassé du pouvoir en 2002 d’être « l’initiateur des troubles ». Marc Ravalomanana tente surtout de se justifier après les 36 heures de chaos, où il est resté invisible lundi et mardi « C’est moi qui ai donné l’ordre aux militaires de ne pas intervenir, sinon cela aurait été un bain de sang », a déclaré le président contesté. Mettant à profit l’émeute, des pilleurs avaient incendié des supermarchés. Au moment où le bilan s’alourdit, la capitale malgache a connu hier un nouveau rassemblement, apparemment pacifique. Quelque 10 000 personnes se sont réunies à l’appel du maire de la capitale, Andry Rajoelina, opposant avéré au chef de l’Etat Marc Ravalomanana. Le chef de l’Etat visitait alors les locaux de la radio nationale, incendiés par des émeutiers lundi, le jour où la première manifestation de grande ampleur contre le président a basculé dans le chaos.
Un jeune manifestant a pourtant été tué par balle. Les partisans du maire veulent savoir qui a donné l’ordre et demandent sa condamnation aux travaux forcés. Dans l’attente d’une réponse du président, ils veulent faire de la capitale une ville morte où tout sera fermé : écoles, bureaux et magasins. Samedi, les opposants au chef de l’Etat « seront encore dans la rue »promettent-ils. Hier, Bernard Kouchner s’est entretenu avec les deux personnalités antagonistes de l’île pour trouver une solution pacifique et durable à la crise. Le chef de la diplomtie française appelle les deux élus au dialogue, mais précise que la France restera impartiale , malgré la présence de ressortissants dont la moitié a la double nationalité.
Mahamasina était en ébullition, hier. Tout part d’un Un match de foot qui, a dégénéré en émeute généralisée. Le bilan pour cette soirée était lourd : cinq membres des forces de l’ordre et trois civils blessés, une voiture incendiée et une dizaine d’autres ont subi des dommages – pare-brise et lunettes arrières brisés. En outre, 16 personnes ont été arrêtées. Le stade de Mahamasina a été endommagé, les grilles de protection ont été arrachées, les montants des buts couchés par terre. Les vitres du box des journalistes ont volé en éclats. Sans parler des volées de chaises à la tribune centrale. La rencontre entre l’AJESAIA et la Costa do Sol n’a pas eu lieu. Et les mécontentements des férus de la balle ronde ont monté de plusieurs crans


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