Le budget du Cameroun est hors sujet

Par Dieudonné Essomba, Ingénieur Principal de la Statistique

Le budget du Cameroun pour l’année 2013 s’élève à 3236 milliards, soit une augmentation de 15,6%. Le projet a été confectionné sur la base d’un cours moyen du pétrole de 96,6 dollars, un taux de change du dollar de 530 FCFA, une production de 28,8 millions de barils, un taux de croissance de 6,1% et une inflation de 2,1%. Les hypothèses peuvent paraître trop optimistes, mais il convient de dire qu’une dépense publique de 25% du PIB reste faible pour le Cameroun. De fait, et malgré les opinions contraires, le budget du Cameroun n’a pas de problème de recettes qui peuvent dépasser 5000 milliards en l’état actuel de notre économie, sans difficulté majeure. La difficulté essentielle porte sur la dépense et renvoie à notre mauvaise articulation sur l’économie internationale. En effet, alors que les recettes sont essentiellement réalisées sur les activités locales, notre budget se caractérise par une amplification excessive des achats à l’extérieur. Or, en tentant recycler un pouvoir d’achat qui n’a qu’un caractère local en devises, l’Etat entraîne de fait un effondrement brutal de la balance commerciale qui compromet grièvement les efforts de croissance et pose une lourde hypothèque sur les objectifs de la Vision. On peut le constater en comparant les prévisions du Document Stratégique pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) et la réalité depuis 2008 sur la base du tableau et du graphique suivants :

Le DSCE avait prévu une balance commerciale déficitaire en 2009, avec des perspectives d’amélioration progressive qui devait mener à l’équilibre à partir de 2012 avant de dégager des excédents qui devaient se stabiliser de manière durable autour de 300 milliards en 2013. Ce scénario s’est révélé trop optimiste et la situation paraît échapper à tout contrôle : au lendemain de l’Atteinte du Point d’achèvement de l’Initiative PPTE, en 2007, le déficit commercial du Cameroun n’était que de 70 milliards. En 2008, il est monté à 203 milliards. En 2009, il a atteint 417 milliards. En 2010, le déficit a grimpé à 606 milliards, avant d’exploser en 2011 à 1076 milliards. Malgré la légère incurvation liée à l’amélioration des recettes pétrolières dont les ventes ont évolué considérablement (plus de 300 milliards de recettes supplémentaires), le déficit pour cette année (2012) atteignait déjà 714 Milliards au cours des 9 premiers mois ; et il sera porté, suivant les estimations, à 1000 milliards à la fin de l’année. Des simulations faites sur l’évolution de ce déficit montrent qu’il ne pourra que s’amplifier au cours des prochaines années, jusqu’à plonger le Cameroun dans la même situation qu’en 1987 ou plus exactement, la situation actuelle de la Grèce. Car, il faut le rappeler avec Perspective Monde de l’Université de Sherbrooke, « Quand la balance courante est négative, le pays vit au-dessus de ses moyens puisqu’il consomme et investit plus qu’il ne produit de richesses. Inversement, quand la balance est positive, le pays produit plus de richesses qu’il n’en consomme. Généralement, une balance courante positive permet à un pays de rembourser sa dette ou même de prêter à d’autres pays. Par contre, une balance négative doit être compensée par des emprunts auprès d’agents extérieurs ou encore en vendant des actifs possédés à l’extérieur du pays. » On comprend donc qu’un déficit commercial est une dette potentielle. Dans le principe, il est contrebalancé par des excédents et une économie saine doit alterner les deux. Mais lorsqu’il devient structurel et s’accumule, il devient automatiquement une dette réelle qu’il faut bien rembourser, car on ne peut pas indéfiniment vivre sur les biens des autres sans payer. Une lourde hypothèque qui pèse sur les perspectives de croissance au Cameroun.

La substance productive du Cameroun s’évapore
On peut grosso modo distinguer deux types de croissance. D’abord, la croissance dite endogène qui renvoie à la capacité du pays à produire lui-même un grand nombre de biens qu’il consomme. Dans ce cas, son commerce extérieur peut prendre la forme de la complémentarité, le pays important alors la matière première, les biens de production et les biens trop complexes pour sa technologie. Il peut également prendre la forme du commerce de variété, le pays exportant et important simultanément des biens identiques. C’est le cas lorsque la France exporte la Renault en Allemagne et importe des Mercedes. Le second type de croissance, dite croissance extravertie, est liée à la capacité d’un pays à générer les devises à partir de ses richesses naturelles. Lorsque cette capacité augmente, le pays dispose de moyens d’acheter davantage à l’extérieur et la croissance se traduit par l’accès de la population à plus de biens importés qu’auparavant. Ce type de croissance qu’on retrouve surtout en Afrique Noire, a une caractéristique : l’évolution du PIB s’aligne rigidement aux recettes extérieures ; si celles-ci évoluent, le PIB évolue aussi dans les mêmes proportions. On peut bien comprendre ce phénomène avec l’exemple suivant : pour construire, les routes, il faut avoir des bulldozers. Donc, la longueur de nos routes dépend du nombre de bulldozers que le Cameroun peut acheter. Or, pour avoir les bulldozers, il faut les acheter avec des sacs de cacao ou de café, les ballots de coton, les barils de pétrole, etc. Ce sont ces recettes et seulement ces recettes qui définissent notre capacité à évoluer. Il ne sert absolument à rien de gonfler le budget d’investissement si ces recettes sont faibles ou si elles sont utilisées pour importer le riz et la friperie, car de tels investissements n’auront jamais lieu. C’est pour cette raison qu’en Afrique Noire, les pays qui évoluent sont ceux qui ont des recettes extérieures, et ceux qui n’ont pas de recettes extérieures n’évoluent pas. La gouvernance intérieure n’y joue absolument aucun rôle, son seul apport étant une meilleure redistribution des maigres biens qu’autorisent les importations. Que va-t-il donc arriver à un pays comme le Cameroun dont l’économie est extravertie et qui se met en tête de forcer la croissance alors qu’il n’améliore ni ses capacités d’achat à l’extérieur, ni ses capacités d’import – substitution ? Eh bien, et contrairement aux croyances des amateurs de la «Volonté Politique », la croissance prendra une allure pathologique.

De fait, le nombre de biens accessibles restera limité : le pays n’ayant ni les moyens d’acheter les bulldozers, ni les capacités à les fabriquer, ne pourra jamais augmenter son réseau routier et il en sera de même dans tous les secteurs. Il peut cependant créer une fallacieuse croissance, en contrepartie d’une dégradation du niveau de vie et de l’aggravation du déficit commercial. La technique est la suivante : pour augmenter le nombre de classes de Yaoundé et recruter les professeurs, on décide de transformer la Cité Verte en un immense Lycée et on recrute 1000 professeurs. Evidemment, ceux-ci auront droit à un salaire qui se traduira par une croissance du PIB. Mais, c’est une croissance mensongère, car elle n’a été obtenue qu’en contrepartie d’une réduction du nombre de logements : les nouveaux professeurs auront un salaire, mais ne pourront jamais l’utiliser pour se loger. Bien entendu, il serait tentant de conseiller la construction de nouveaux logements pour répondre à leur besoin. Mais, c’est précisément cela qui est impossible, car alors que leur recrutement est un simple acte administratif, la construction d’un logement requiert le ciment, les camions, les ampoules, et bien d’autres biens utilisant de manière directe ou indirecte des devises. Comme les devises manquent, les bâtiments ne peuvent donc pas être construits et on obtient une croissance fallacieuse qui se traduit dans les faits par une dégradation des niveaux de vie. Dans les faits, le phénomène ne se passera pas de manière aussi brute. En fait, la construction des lycées et le recrutement des professeurs montreront un certain dynamisme, mais les maisons qui doivent abriter ces professeurs n’évolueront qu’avec parcimonie. Ces observations s’étendent sur l’ensemble du secteur productif ; elles se traduisent par le fait que, d’une part, le secteur tertiaire qui offre des services connaît une croissance importante, alors que les secteurs basiques (primaire et secondaire) qui offrent des biens sans lesquels il n’y aurait pas de service évoluent très faiblement. D’un point de vue économique, la pratique est une sorte de redistribution des maigres emplois et biens disponibles et n’a rien à voir avec une croissance. Comment s’étonner alors que la croissance au Cameroun version Bretton woods /Gouvernement crée la difficile confrontation entre une population soupçonneuse, convaincue que les fruits de la croissance sont volés et ses dirigeants hagards, incapables de comprendre ce qui se passe, mais culpabilisés par leurs turpitudes passées ? La seconde conséquence apparaît avec une tendance irrépressible à l’endettement extérieur. De fait, chaque consommateur Camerounais répartit son argent entre les biens locaux et les biens importés tels que les médicaments, les téléphones cellulaires, etc. Or, la scolarisation et l’urbanisation ont tendance à modifier le profil de consommation en faveur des biens importés, et il est bien connu que ce sont les diplômés et les citadins qui achètent le plus de voitures, de costumes, de téléphone, de champagnes, etc. Et c’est précisément la population qui évolue au Cameroun, alors que la paysannerie qui produit les devises (cacao, café, coton.) se réduit et vieillit!

Que faut-il faire ?
Evidemment, un tel système ne peut pas conduire à la relance de la croissance. Le Cameroun devrait plutôt envisager sa croissance sous sa forme extravertie ou sous la forme endogène (import – substitution). La forme extravertie est dépendante de la disponibilité des matières premières. De ce point de vue, le Cameroun est riche en ressources naturelles, mais ce n’est pas cela qui conditionne leur exploitation. C’est leur compétitivité sur la base des prix internationaux. Or, l’exploitation de nos matières premières reste assujettie à la réalisation préalable des infrastructures lourdes telles que les chemins de fer qui les rendent peu attractives. Les quelques gisements de pétrole qu’on trouve çà et là peuvent retarder l’effondrement, mais pas pour longtemps. Il faudrait pour cela multiplier la production pétrolière actuelle par 20 pour espérer rétablir les équilibres et redonner une véritable croissance extravertie. Cette voie n’offrant pas de perspectives, il faudrait envisager l’import substitution, c’est-à-dire, la production sur le territoire national d’un certain nombre de biens correspondant à notre niveau technologique. Dans les années 70, le Cameroun produisait en tout ou en partie, les bicyclettes, les radios, les réfrigérateurs, les munitions, les conserves, l’outillage, les costumes, etc. Notre système productif, malgré ses faiblesses, avait pris une architecture propice au développement. Aujourd’hui, tout cela a disparu comme une buée au soleil. Et que trouve-t-on aujourd’hui comme activité ? Une bande de francs-tireurs avortons, accrochés aux mamelles de l’Etat et vivant de marchés publics comme autant de puces, un réseau commercial au service des industries étrangères et diffusant dans le système productif le poison de la brocante européenne et de la pacotille chinoise. Le Cameroun qui produisait une large palette de biens de consommation il y a 40 ans ne produit plus rien du tout et importe jusqu’aux cure-dents, aux jouets et autres bibelots. Et depuis 20 ans, le processus s’accélère, se traduisant par un raccourcissement des échanges sur le territoire national. De fait, le FCFA basique (c’est-à-dire, les billets et les pièces) est émis chaque fois que le Cameroun vend à l’extérieur et il est (économiquement) détruit chaque fois qu’il est utilisé pour acheter quelque chose à l’extérieur. Un billet qui entre au Cameroun entretient ainsi l’activité tant qu’il ne sort pas du territoire national. Ainsi, lorsque le producteur A utilise un billet de 1000 FCFA pour acheter quelque chose à B, cela fait 1000 FCFA ; lorsque B le remet à son tour à C, cela fait également un travail de 1000 FCFA, et ainsi de suite. De telle sorte que si le même billet fait 10 tours, il aura généré 10.000 FCFA. On peut donc dire que tant qu’un billet circule au Cameroun, il donne lieu à ces transactions et l’économie fonctionne toujours. Notre économie ne peut donc prospérer que si l’argent produit à partir des exportations ne sort pas trop vite. Malheureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui, où le taux de sortie s’accélère. Un fonctionnaire qui touche 100.000FCFA utilise 20% de son salaire, soit, 20.000 FCFA pour importer le riz, le téléphone ou les habits. Seuls 80.000 FCFA restent disponibles pour le système productif. Lorsqu’à son tour, le commerçant qui a reçu cet argent effectue ses dépenses, il exporte à son tour 20% de biens importés, soit 16.000 FCFA, ne laissant plus que 64.000FCFA. Et ainsi de suite. Très vite, l’argent injecté s’évapore, et le système doit générer en permanence d’autres FCFA à travers les exportations, pour éviter l’asphyxie. Le schéma suivant montre l’accélération de ce phénomène depuis 20 ans.


La courbe trace le volume d’activité généré par un Franc CFA qui entre au Cameroun. Comme on le voit, en 1991, un nouveau FCFA générait dix fois sa valeur avant de sortir. Aujourd’hui, il ne tourne plus que cinq fois avant de fuir. Ajoutons que dans les années 80, il tournait 15 fois. Le système productif n’est plus capable de retenir le moindre pouvoir d’achat et cette situation rend totalement impossible le moindre développement d’une activité industrielle locale capable de soutenir la compétition extérieure. Seules survivent des activités de bouts de filière articulées à l’étranger. C’est à cette situation qu’il faut mettre fin pour espérer relancer véritablement une croissance saine. On peut le faire de manière autoritaire en recensant les biens qui peuvent être produits localement et en interdisant leur entrée au Cameroun, tout en menant simultanément une vigoureuse politique d’import – substitution. Evidemment, cela fera hurler nos partenaires et leurs relais locaux, mais il ne faut pas les écouter. Pour les partenaires, ils n’ont aucun intérêt à ce que le Cameroun se développe, et on peut se rappeler ce terrible mot de Gérard Mérer au Professeur Marcien Towa : « l’Europe ne tolérera pas l’industrialisation de l’Afrique ». Quant à leurs relais locaux qui sont Camerounais et entretiennent le babillage sur la compétitivité, il faut les assimiler à des ignorants qui ne savent pas ce qu’ils font. Si on veut cependant éviter tous ces conflits tout en obtenant le même résultat, il est plus simple d’instaurer la Monnaie Binaire, en créant, à côté du FCFA actuellement convertible, une autre monnaie réservée uniquement aux achats locaux. La présence de cette nouvelle monnaie qui restera compatible avec le FCFA et notre appartenance à la Zone CEMAC aura l’avantage de réduire l’hémorragie du pouvoir d’achat.

Un Budget ni bon, ni mauvais
Les lecteurs non spécialistes s’attendent généralement, devant un article sur le budget, à des critiques sur la part affectée aux investissements publics, à l’éducation et à la santé ou les mécanismes de contrôle pour éviter la corruption. Cette approche très sommaire s’apparente au « volontarisme utopique » que le Pr MONO NDJANA moquait naguère sous le nom de « nyakaisme ». Le raisonnement du nyakaïste est le suivant : « pour développer le Cameroun, il n’y a qu’à consacrer 50% du budget à l’investissement ; si Biya avait la volonté politique, il l’aurait fait depuis longtemps et le Cameroun aurait toutes ses routes bitumées ». La foi hallucinante affichée par les nyakaïstes à la déesse appelée « volonté politique » brouille leur perception, leur faisant oublier que l’économie est une science et qu’on ne peut pas tout faire. Il ne suffit pas de gonfler le budget d’investissement pour construire des routes. Celles-ci se construisent avec des bulldozers qui, eux, s’échangent avec le cacao, le café, le coton, le bois ou le pétrole. Si vous n’avez pas ces matières premières en quantité suffisante ou si vous les dilapidez en friperie, en champagne et en véhicules 4×4, vous n’aurez pas assez de devises pour acheter des bulldozers et les routes ne seront pas construites. Et même si un bienfaiteur consent à vous accorder des crédits pour les réaliser, vous n’aurez jamais assez de devises pour le rembourser et vous serez obligés soit de recourir à un ajustement structurel, soit de lui céder votre souveraineté. Le reste n’est que charabia. Ce qui détruit le Cameroun, c’est ce nyakaïsme qui imprègne la Nation camerounaise à tous les niveaux, et qui lui fait croire qu’on peut relancer la croissance en « sortant méchamment les yeux », au mépris de la science économique. C’est une erreur : la volonté du chef de l’Etat, même couplée au désir de tous les Camerounais et à un consensus national, n’a aucun effet sur les lois économiques qu’il faut impérativement respecter pour se donner une chance de réussir. En tournant le dos à cette vérité, le Cameroun se fragilise lui-même et on voit bien que depuis quelques années, le pays a sombré dans une sorte d’extase mystique qui confère aux mots une puissance magico- religieuse. On a ainsi connu la bonne gouvernance, la gestion axée sur les résultats, les taux de croissance à deux chiffres, les CDMT, les PAP, les Visions, les DSCE, et j’en passe. Aujourd’hui, on reçoit à coups d’hosannas le nouveau dieu appelé « budget – programme ». Un simple mécanisme de gestion totalement inoffensif et parfaitement inutile qui ne modifie nullement les termes de la problématique fondamentale de l’économie camerounaise, pourtant très claire : comment empêcher que la moindre augmentation du revenu d’un Camerounais se traduise par une sortie massive des devises ? Comment empêcher que l’investissement ne dépende pas de manière aussi rigide des devises ? Dans ces conditions, on ne peut pas juger notre budget : il n’est ni bon, ni mauvais, il est simplement hors sujet, comme ceux des années précédentes. Et comme les années précédentes, il faudra s’attendre à davantage de sous-consommation de crédits d’investissement, davantage de taux de réalisation fictifs, davantage de séminaires et davantage de détournements de fonds. La relance de la croissance et la route de l’émergence exigent qu’on emprunte d’autres voies.


Les enjeux de l’équilibre régional pour le Cameroun

Par Dieudonné Essomba, cadre au minepat, ingénieur principal de la statistique hors échelle, économiste

La conférence sur le thème « la démocratie à l’épreuve du tribalisme multiforme » restera marquée par l’intervention très vigoureuse d’un retraité originaire du Nord, particulièrement remonté contre la dénonciation des anciens recrutements de l’ENAM avec le BEPC. « Outre vos déclarations et vos supputations, quelle différence a-t-on pu noter entre les Administrateurs du Nord et ceux du Sud au cours de leurs missions?» s’est-il interrogé. L’intervention de ce vieux retraité est venue mettre les choses au point et avec beaucoup d’à-propos : le débat ethnique a fini par se polariser dans une confrontation entre les Bamilékés d’une part, et les Béti, les Bassa et les Douala, d’autre part, au point d’oublier le Grand Nord, les Anglophones, l’Est et même les Bamoun. Ces « oubliés » du débat sur la question tribale au Cameroun représentent tout de même plus de 60% de la population. N’ont-ils pas leur mot à dire ? Quoi qu’il en soit, la division des assistants à la conférence en deux groupes hostiles, dont l’un applaudissait aux arguments favorables, alors que l’autre faisait l’inverse, montre que la situation est plutôt mal partie. En outre, on aurait dû associer dans le panel de journalistes, de philosophes, de sociologues, de religieux ou de politiciens, des économistes dont l’absence ampute le débat d’un éclairage qui pourrait en approfondir certains aspects, tant il est vrai que le tribalisme exprime aussi de graves tensions sur des avantages économiques.

Expressions du tribalisme au Cameroun
Il est possible de recenser, dans une perspective essentiellement économique, les diverses manifestations du tribalisme au Cameroun. Ces réactions peuvent prendre la forme d’un tribalisme rampant qui se manifeste par une préférence sélective pour sa communauté devant certains choix de la vie. On y trouve la tendance à se marier à l’intérieur de sa communauté, à organiser des tontines entre frères à l’exclusion des autres, de se regrouper dans certains quartiers ou d’afficher son ethnicité à travers la création des centres culturels. Dans beaucoup de cas, ce tribalisme s’apparente plutôt à des réactions grégaires qui ne prêtent pas à conséquence, mais elles peuvent déraper. Les membres de la Communauté pourraient alors s’empêcher mutuellement de vendre le terrain aux « étrangers » ou s’entendraient pour détourner le service public à leur avantage exclusif. Le tribalisme peut aussi prendre des formes agressives lorsque deux communautés se disputent un espace économique. On retrouve ces cas lorsque les modes de production présentent des incompatibilités telles que les agriculteurs et les éleveurs, ou même simplement lorsque les espaces entre les deux Communautés sont mal délimités. Les rapports peuvent alors basculer dans des combats très sanglants. On retrouve un tribalisme proche dans les villes ou les colonies de peuplement, où il prend deux formes. La première oppose les autochtones à l’ensemble des émigrés. D’une manière générale, les émigrés sont une sélection de leurs communautés respectives. Le Moundang, le Makia ou l’Eton qui vont s’installer à Douala représentent des gens disposant de suffisamment d’intelligence, de courage et de combativité pour sortir de leurs villages et aller se chercher ailleurs, en laissant dernière eux leurs frères moins aptes. Par contre, ils viendront trouver à Douala une communauté autochtone qui, elle, n’a pas fait l’objet d’une sélection. En fait, il s’agit de paysans équivalents à ceux que les migrants ont laissés chez eux et dont la majorité n’aurait jamais vécu dans une ville si Douala ne leur était pas tombée sur la tête. Incapables de combattre avec les mêmes armes, elles se retrouveront rapidement spoliées par les émigrants plus aguerris qu’ils finiront par assimiler à des envahisseurs. On les verra alors se battre pour une occupation préférentielle des postes locaux sur la base des droits du sol. D’un point de vue économique, ces populations sont des minorités très fragiles.

La seconde forme que prendra cette forme de tribalisme, notamment dans les villes, regroupe les tensions liées à la compétition des tribus dans les divers segments économiques. Elle va dériver progressivement vers les ethnopoles, c’est-à-dire, des segments productifs faisant l’objet d’une appropriation plus ou moins consciente par une tribu qui développera des mécanismes plus ou moins conscients, mais en tout état de cause, toujours actifs visant à le préserver. Une autre type de tribalisme est la contestation dans la distribution des avantages et des postes publics, et renvoie toujours au principe de l’équilibre régional. La réaction tribaliste peut survenir parce qu’on accepte le principe, tout en trouvant sa mise en ?uvre mauvaise. C’est le cas lorsqu’on trouve la représentation du Sud dans les centres de décision exorbitante par rapport à sa taille, ou lorsque le LA’AKAM réclame que la part des Bamilékés soit considérablement revalorisée en raison de leur nombre. Elle peut aussi survenir parce qu’on dénonce cet équilibre comme antirépublicain et qu’on juge que les recrutements intègrent des individus inaptes à gérer la Nation. L’extrême multiplicité des perceptions et des positions montre la complexité du problème et l’impossibilité de le réduire à une simple manipulation politicienne, même si par ailleurs, on ne peut exclure l’intervention de tels facteurs (politiques) dans son extension ou sa densification. Bien plus, la possibilité même de telles manipulations montre que la cohabitation intercommunautaire dispose d’un potentiel conflictuel intrinsèque considérable. Ce potentiel conflictuel se traduit ou se nourrit par des lignes de fracture plus ou moins visibles parmi lesquels on peut citer des méfiances séculaires, des cultures opposées ou des compétitions diverses. C’est donc sur ce potentiel conflictuel que vont agir aussi bien les bâtisseurs de la Nation pour réduire le tribalisme et les manipulateurs pour l’exaspérer.La solution au problème ethnique apparaît ainsi comme l’identification de ce potentiel conflictuel, ses origines et ses déterminants.

Sources des conflits intercommunautaires
Un regard sur l’histoire offre une réponse sans équivoque : à aucun moment du passé, les communautés n’ont jamais cohabité de manière pacifique. La Bible, les autres livres anciens, les légendes ou les épopées ne sont ainsi qu’une interminable séquence de guerres perpétuelles et de génocides. Les rares occurrences de coopération sont des alliances non pour la paix, mais pour aller combattre d’autres tribus, afin de les annihiler, les soumettre, les absorber ou les chasser. C’est dire que la confrontation est inscrite au cours même de la notion de communauté, qu’elle prenne la forme d’un clan, d’une tribu ou d’une Nation. D’une certaine manière, une Communauté Humaine est un groupe de personnes disposant d’un critère de différentiation et désireux de se battre contre les gens qui lui paraissent comme étrangers, par haine, par cupidité, par peur, par prudence, par tradition ou par méfiance. Dès lors, la construction de toute Nation composite pose toujours la question suivante : comment neutraliser la tendance des tribus à se battre sans cesse et en faire un groupe uni ? Une première démarche consiste à supprimer simplement les différences et en leur imposant une langue et une culture unique. Mais cette démarche qui caractérise la Nation française par exemple est coûteuse en temps et en violence. La démarche alternative consiste à purger les communautés de leur agressivité d’une part, en donnant à chacune une parcelle de pouvoir sur son territoire, sous la forme d’une région autonome, d’une Confédération ou d’un Etat. D’autre part, à assurer la « représentation équitable » des segments communautaires dans les charges publiques. Qu’ils soient démocratiques ou pas, tous les pays du monde appliquent la représentation équitable, la différence se situant dans les méthodes, les niveaux de développement, la structuration sociologique ou la puissance industrielle du pays.

Cas du Cameroun
Le Cameroun n’échappe pas à ces règles. Ses communautés ne sont pas plus pacifiques que le reste de l’Humanité et l’occupation spatiale actuelle n’est ni plus, ni moins que le produit de ces conflits permanents. L’idée d’un Cameroun qui aurait vécu dans une ère d’or avec des tribus entretenant des rapports pacifiés est une pure fiction. Le partage colonial dont dérive le Cameroun n’avait pas pour but de créer une Nation. Les Allemands, puis les Français et les Britanniques assimilaient notre pays à un champ qu’il fallait organiser dans le but exclusif de mieux l’exploiter. L’existence des Communautés n’était pas un problème, puisqu’ils avaient les moyens de les réduire par une force supérieure. L’accession à l’indépendance laissait aux Camerounais le soin de gérer un Etat multi tribal sans disposer des mêmes moyens que le colon. Un tel Etat ne pouvait assumer son autorité, c’est-à-dire, sa brimade légale, que s’il trouvait un moyen de neutraliser les tendances centrifuges. Même si, pour des besoins de la cause, le discours politique ne pouvait être que nationaliste et anti tribaliste, les responsables avaient quand même assez de bon sens pour comprendre que les comportements des tribus restaient encore très vifs et qu’on était obligé de les apprivoiser à travers un mélange subtil de brutalité, de séduction et de battage idéologique. C’est précisément dans ce cadre que s’est inscrit l’équilibre régional dont le but n’a jamais été, en première analyse, le développement équilibré qu’on aurait pu obtenir autrement, mais plutôt l’assèchement du potentiel centrifuge qu’aurait créée une groupe tribal peu impliqué dans l’appareil de l’Etat.

L’apport de la pratique sera très important, quoiqu’on puisse penser. Elle a fondé la légitimité de l’Etat de manière solide : en plaçant les ressortissants de chaque tribu dans les rouages du pouvoir, de l’armée et de l’administration, l’équilibre régional leur enlevait l’argument commun que celles-ci utilisent toujours pour s’attaquer à l’Etat, à savoir que les autres tribus utilisent la puissance publique pour comploter contre elles. Et on sait que le sentiment d’être menacé est le principal responsable du déclenchement des guerres civiles. Corrélativement, l’existence d’une élite dans toutes les tribus a permis de confiner la confrontation sociale à l’intérieur de chaque Communauté, et d’éviter que l’Etat soit confronté à des demandes permanentes directes des populations dont il n’aurait jamais pu sortir. Mais son rôle le plus important est qu’il a assuré une intégration nationale au moins formelle. En intégrant tout le monde dans la Fonction Publique, l’équilibre régional a permis à toutes les tribus d’être présentes sur chaque parcelle du territoire camerounais, à travers les multiples affectations de fonctionnaires (enseignant, policier, gendarme, médecin, etc.) C’était nécessaire, car toutes les tribus camerounaises n’ont pas des traditions de migration ; et le risque était que quelques-unes restent claquemurées dans leur territoire tribal si l’équilibre régional n’avait pas existé.
Un autre avantage plus actuel de l’équilibre régional est le confinement de la corruption. En imposant à chaque tribu un nombre fixe de places, il force les gens portés à dévoyer le système social par l’argent, le pouvoir ou la ruse, à exprimer leur venin sur la part qui leur est dévolue et à laisser les autres indemnes. Si des écoles (comme l’ENAM) n’étaient pas soumises à ce principe, on a peine à imaginer, avec cette effrayante indécence dans la cupidité que déploient les Camerounais, quel visage présenterait le Cameroun. Un peuple dont les hauts dignitaires ne clignent pas des yeux pour voler des milliards de FCFA ! Un peuple, dont les hauts dignitaires ne craignent pas de donner un score de 47 buts à zéro pour un anodin classement dans un championnat de football, ne peut fonctionner que s’il est encadré. Le dernier point sur lequel l’équilibre régional a joué un rôle important vient de l’utilisation des revenus. De fait, si les infrastructures peuvent être réalisées par des Camerounais d’autres régions, ces infrastructures n’épuisent pas tous les besoins d’une tribu. Il y a aussi le cadre de vie. Les quelques rares villas qu’on trouve dans les campagnes sont essentiellement construites par les élites locales et cela est bien que chaque village au Cameroun dispose au moins d’une belle maison, car c’est cela qui atténue les frustrations. En outre, ces élites jouent un rôle de redistribution des ressources tirées de l’Etat, en même temps que leur présence joue plutôt un rôle incitatif pour les jeunes à faire l’école.

Nature du principe d’équilibre
Contrairement aux idées répandues, l’équilibre national n’est pas une disposition à laquelle on pourrait opposer des lois. Si le Cameroun sombrait dans la guerre civile, personne ne viendrait demander si les gens qui entraient à l’ENAM avaient les meilleures notes, mais simplement pourquoi certaines communautés ont été marginalisées. C’est la pratique dans le monde entier : les reproches adressés aux dirigeants ne porteront jamais sur le niveau de compétence des fonctionnaires, mais uniquement sur le souci d’intégrer tout le monde dans le dispositif de la prise de décision. Parce que c’est cela seul qui compte. Et pour sortir de la guerre, personne n’évoquera les notes obtenues dans les concours, mais la participation de tous. Pourquoi ? Parce que la représentation équitable est une exigence pour l’existence même de la Nation, alors que la compétence est un critère de gestion. Avant de gérer, il faut d’abord s’assurer que le pays existe. La méconnaissance de ces principes ne peut aboutir qu’à des erreurs d’analyse et développe des idées erronées. L’une de ces erreurs est la fiction entretenue que l’équilibre régional fut conçu contre les Bamilékés. Rien de plus faux. Au moment où Ahidjo l’instaure dans les années 60, le niveau de scolarisation est surtout élevé dans la région du Centre-Sud et dans le Littoral, en raison d’une plus forte pénétration européenne et de la proximité de Yaoundé et Douala. A contrario, le pays Bamiléké, trop montagneux et très peuplé, n’intéressait pas le colon qui n’avait pas grand-chose à y tirer et qui, de plus, devint rapidement le siège d’une violente rébellion. Tout facteur qui n’encourageait pas à une forte scolarisation. Et il est d’ailleurs assez symptomatique que dans l’imagerie populaire, l’image de l’intellectuel n’ait jamais été associée au Bamiléké dont les performances, notamment dans les matières scientifiques émergeront plus tard. Lorsque l’équilibre régional est instauré par Ahidjo, les seules populations pénalisées sont les Bétis, les Bassa et les Douala. Les populations du Nord et de l’Est en bénéficient en premier, mais les Bamilékés en bénéficient aussi, quoique dans une moindre mesure. L’idée suivant laquelle Ahidjo aurait repris la logique de Lamberton n’est pas vraie, du moins sur ce point. Ahidjo n’en avait pas besoin pour détester quelqu’un et sa brutalité vis-à-vis des rebelles Bamilékés s’explique simplement parce qu’Ahidjo n’était pas le type d’homme qui aime la contestation. Le « problème Bamiléké » tel qu’il est posé aujourd’hui apparaît ultérieurement, au regard du parcours particulier de cette Communauté : soumis à des densités de plus en plus fortes, chassés des terres par l’insécurité du maquis, poussés par une structure gentilice très défavorable aux cadets, les membres de cette communauté commenceront progressivement à se déverser à Douala, puis dans les autres villes du Cameroun méridional où leur insertion deviendra une question de vie ou de mort. Face à un système économique occlus qui n’offre plus de perspectives, la marge de man?uvre laissée par l’économie camerounaise ne peut plus fournir les moyens requis pour absorber tout le monde. L’absence d’un arrière-pays où se replier rend chez les Bamilékés cette exigence plus intense et on comprend qu’ils soient légitimement tentés de réduire l’étranglement que leur impose ce parcours en remettant en cause un principe d’équilibre dont ils avaient naguère bénéficié. Malheureusement, le fait de masquer cette préoccupation légitime de survie, et ce désir de jouer des coudes pour avoir un peu plus de place dans la maison commune, derrière des arguties philosophiques et de grands principes républicains, est plutôt une maladresse.

Des maladresses
La démarche visant à combattre l’équilibre régional sur la base des concepts ne trompe personne. Plutôt, elle modifie la nature du problème qui est un légitime désir d’insertion dans un environnement trop rationné et le montre sous les traits d’un égoïsme intrinsèque. Dans ces conditions, les réactions des Bamilékés face à certaines attitudes telles que le discours du ministre Ali sur la non-éligibilité d’un Béti ou d’un Bamiléké après Biya ou la dénonciation de la surreprésentation Bamilékés de Mgr TONYE BAKOT ont beau susciter un grand émoi, on verra bien que cet émoi a une couleur tribale et n’a aucune signification aux yeux des autres. En réalité, il ne fait qu’aggraver le soupçon d’un sordide complot que les Bamilékés nourriraient contre la Nation. En second lieu, cette attitude humilie plutôt le pays en jetant à la face du monde les contradictions qu’il veut gérer en cachette : au Cameroun, les concepts ne sont pas fonctionnels par rapport au contenu que leur donnent les livres de philosophie ou de droit étrangers que nous copions volontiers pour nous donner à nous-mêmes l’illusion que nous sommes une Nation moderne. Ils ne sont utiles, utilisables et applicables qu’autant que leur mise en ?uvre effective correspond parfaitement à ce que nous sommes. Le citoyen camerounais n’est pas celui qui nie sa tribu au profit de la Nation, mais celui qui sait que l’Etat est fait pour toutes les Communautés, que tout le monde a les mêmes chances d’être fonctionnaire, d’être affecté partout ailleurs, et qui sait que le Cameroun ne peut exister que s’il réalise un modus vivendi avec sa tribu. Dans ce modus vivendi, il doit adopter un code de conduite où il proclame ouvertement sa préférence de la Nation camerounaise, mais à la condition évidemment que celle-ci respecte la participation de sa tribu aux affaires publiques.
Ce code de conduite est une hypocrisie collective acceptée et pleinement assumée. Il crée une unité nationale peut-être bancale, voire factice, mais en toute modestie, nous nous en contentons volontiers. S’appuyer sur des principes spéculatifs de la philosophie, c’est idolâtrer les idées et les concepts et en définitive, c’est nier le fait fondamental que le Cameroun reste une construction contingente que nous devons aimer et parfaire parce qu’il fournit la cadre approprié à ses habitants et ses communautés de prospérer. Les pays qui ne l’ont pas compris et se sont mis en tête de nier les réalités sociologiques ont basculé dans les guerres tribales ou ont volé en éclat.
L’autre conséquence de cette situation est qu’en révoquant le principe au lieu d’en proposer une reformulation, le débat se ferme et on entre dans l’ère des suspicions et des crispations. Tous les pays appliquent la représentation équitable qui, au Cameroun, a pris la forme de l’équilibre régional, il n’y a là rien de particulier. Le vrai reproche qu’on peut faire à ce principe est que notre formule est trop brute ; trop visible et de plus instrumentalisée par le pouvoir pour entretenir une clientèle assoiffée d’honneurs et de richesse et des élites corrompues qui y trouvent le moyen de placer abusivement les leurs. Mais il existe des réaménagements possibles comme sa mise en pratique seulement dans certains secteurs, son application partielle ou évolutive, etc. Toutefois, il faut d’abord en accepter le principe, condition pour amorcer une véritable réforme.

Enfin, la question de fond est la suivante : Quand bien même on supprimerait l’équilibre régional, qu’est-ce que cela changerait au Cameroun ? Peut-être un peu plus de Bamilékés, autant de Bétis, de Bassa et de Douala, un peu moins de Nordistes, de Westerns et d’Anglophones. Et après ? Après, rien : l’administration n’en serait pas pour autant améliorée. Par contre, on se retrouverait avec des parties du territoire qui seraient totalement décrochées avec, à terme, une guerre civile entre les bras. Dans son principe, l’équilibre régional est un très bon choix et en contester le bien-fondé au Cameroun n’est pas faire preuve d’intelligence. On ne peut pas résoudre les préoccupations d’ordre économique par la remise en cause des principes sans lesquels le Cameroun ne pourrait exister. Ce n’est pas la loi, ni l’armée qui maintient les Nations, c’est leur adhésion, le sentiment qu’ils sont partie prenante de l’ensemble, le sentiment qu’ils partagent les mêmes responsabilités et les mêmes problèmes. La pratique a beau faire l’objet des insultes et de la haine, elle est la seule à assurer la cohésion de cet ensemble hétéroclite qu’est le Cameroun.

La forme actuelle de la représentativité équitable que le Cameroun a prise et qui s’appelle équilibre régional n’est pas de ces principes qu’on peut supprimer par des textes juridiques ; et celui qui s’avise à le faire s’en sort avec d’éternels regrets. C’est en fait oublier que toute loi est d’abord et avant tout un rapport de force. En prenant une telle loi, avec quels soldats, quels policiers l’Etat du Cameroun pourrait-il contrôler les tribus qui s’entendront pour agresser l’Etat ? Si ce sont les Camerounais, comment faire pour que les ressortissants de ces tribus ne prennent fait et cause pour les leurs ? Et si ce sont seulement les Bamilékés ou les Bétis, comment faire pour empêcher les autres de prendre les armes et de les combattre ? Ce genre de pratique mourra de sa belle mort, quand elle se sera révélée inutile, pour les Communautés bénéficiaires. C’est quand les meilleurs Camerounais refuseront une carrière de sous-préfet ou d’inspecteur de police pour aller servir comme un Ingénieur dans des grandes entreprises avec un salaire douze (12) fois plus élevé que la pratique montrera son inutilité et personne n’en parlerait plus. Car, dans une économie normale, les vraies compétences ne se battent pas pour les postes administratifs, dédaigneusement abandonnés aux cancres ou aux immigrés. Ils se battent dans de puissantes industries, là où leur valeur éclate et à une échelle où l’unité commence aux millions.

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Dieudonné Essomba: « Sortir du CFA est le gage d’une meilleure relance des économies de nos pays»

Selon ce statisticien auteur d’un livre sur la monnaie binaire, la monnaie utilisée dans la zone Franc, n’est pas à l’avantage de ses membres. Il explique.

Le 05 octobre dernier à Paris en France, les ministres des finances des pays de la zone FCFA dont le Cameroun, se sont retrouvés pour la traditionnelle réunion et pour la célébration des quarante années de coopération monétaire, quel est votre commentaire?
D’abord il faut tenir compte du fait que les accords de 1972 viennent consacrer une vieille pratique, c’est-à-dire une zone monétaire commune, articulée autour de la France, fonctionnant sur la base de la conservation par elle, des devises et de l’or monétaire. Une zone qui avait existé avant et avait persisté après les indépendances des pays membres de la zone franc. Donc le franc CFA avait toujours fonctionné et fonctionnait encore jusqu’à récemment, comme des sous monnaies de la monnaie française. Alors en 1972, on donne un habillage juridique, à cette très vieille pratique, en le rendant même un peu plus complexe sous la forme jusqu’ici difficile à comprendre d’une création de plusieurs Banques Centrales pour la même monnaie. La question de fond est celle de savoir ce que les pays de la zone franc commémorent en réalité. Il y a là quelque chose qui n’est pas clair. Lorsqu’on observe les attitudes officielles on a l’impression que la zone Franc a été créée en 1972 alors que ce moment-là marque le départ de l’habillage juridique d’une pratique de rente propre à la colonisation.

Votre inquiétude nous emmène a rappeler qu’effectivement, avec l’entrée de la monnaie unique européenne, les pays africains de la zone Franc, n’ont plus d’accord monétaire avec la France, parce que les accords de Maastricht l’interdisent, mais avec l’Euro. Aujourd’hui quelle est la substance qui reste des accords monétaires qui sont célébrés ?
Ce qu’il faut comprendre c’est que le CFA était une partie de la monnaie française. Lorsque celle-ci est fondue dans l’Euro, le CFA est devenue une partie des Euros de la France, mais qui circule en Afrique. Jusqu’ici, le CFA n’est pas encore une monnaie véritablement autonome. Du point de vue l’économie globale, les pays de la zone CFA se comportent exactement comme si c’était des départements français, sauf que cette hiérarchisation porte sur la monnaie. Donc au niveau européen, on ne connaît véritablement pas le CFA. On distingue des euros qui circulent en France, et ceux qui circulent dans les pays africains sous la forme de CFA.

Oui mais malgré tout, le CFA est convertible contre un large panier de monnaies. On peut le changer contre du Dollars, du Yen et autres monnaies, comment cela se passe-t-il exactement?
C’est une très bonne question. Je précise tout d’abord que le CFA est essentiellement émis à travers les devises. Les banques centrales ne décident pas de créer la monnaie sur la base des agrégats économique comme le font d’autres Banques Centrales. Ce qui veut dire que lorsque le Cameroun par exemple réalise des exportations, dans ces différents pays, il ne reçoit pas directement ses devises. Ces recettes sont en principe reversées dans le trésor public français, qui lui renvoie une quantité, sous la forme de CFA. À l’inverse, lorsque nous voulons importer des marchandises, le système bancaire ici demande à la Banque de France qui nous remet des devises pour les importations. Il n’y a pas plus grand outil de contrôle d’un pays. La convertibilité est apparente car elle ne peut aller au-delà d’un certain montant. Pour le cas du Cameroun, au-delà de 2200 milliards de FCFA, la quantité de devises que nous produisons chaque année, on a recours à un endettement commercial.

Vous êtes de ceux qui pensent que les accords monétaires sont une des causes de blocages des économies de la zone Franc dont le Cameroun, comment expliquez-vous cela?
Je vais vous citer la situation dramatique que vit le solde extérieur (différence entre les importations et les exportations). Lorsque le Cameroun atteint le point d’achèvement en 2006, son déficit commercial en 2007 n’est que de 90 milliards de FCFA. en 2008 ce déficit monte à 190 en 2011, le déficit du commerce extérieur est à 1700 milliards de FCFA et les prévisions de 2012 prévoient une hausse certaine. Or à la vérité, ce déficit cumulé constitue un endettement. Comme je vous l’expliquais, pour importer, nous demandons nos devises à la France qui nous les remet. Mais lorsque nous importons plus que nous ne vendons, forcément le surplus d’achat se fait sur la base des devises que la France ou d’autres partenaires nous prêtent. A cette dette commerciale, il faut rajouter les 2210 milliards de dette contracté auprès des bailleurs et du secteur privé pour la réalisation des projets et le fonctionnement de l’appareil administratif. Donc à la dette publique normale, il faut ajouter 3000 milliards de déficit commercial cumulé et donc vous constaterez vous-même les ravages qui naissent du fait d’une monnaie qu’on ne contrôle pas. Si nous admettons qu’il est logique de s’endetter pour les projets, l’augmentation permanente de la dette issue du déséquilibre de la balance des paiements est très dangereuse, parce que tout le monde est responsable sans le réaliser. En 1987 pour ceux qui se rappellent des années de braises économiques, c’est précisément ce scénario qui rend les choses difficiles au Cameroun, couplé à une incapacité de l’administration à anticiper et prévoir. Nous sommes en train d’y retourner à petit pas. Or pour jouer sur la balance des paiements, les pays utilisent souvent la monnaie, en la dépréciant ou en la valorisant. Cela permet un contrôle sur les flux de capitaux entrant ou sortant. Aujourd’hui le fait qu’on utilise une monnaie rigide qui n’est pas la nôtre, empêche cela et le pays est en train de s’enfoncer inévitablement.

Dieudonné Essomba
Journalducameroun.com)/n

Aujourd’hui parlant du stock de devises gérées sur le compte des opérations en France pour le compte de la zone Franc, on parle de 30 milliards de dollars. Est-ce qu’on peut encore véritablement dire que le France qui a des besoins budgétaires qui se chiffrent en milliers de milliards d’Euros, use et abuse de sa position sur la monnaie Africaine. Est-ce qu’il n’y pas un peu d’incompétence de nos dirigeants qui refusent d’avancer?
D’abord sur le volume des transactions, il faut tenir compte de ce que le stock en devises est un mécanisme régulateur. Normalement le pays n’a pas besoin d’un stock en devises. Il doit équilibrer ses comptes par la vente et l’achat. Ce stock apparaît pour gérer les risques. Il n’a pas besoin d’être énorme. Donc de ce fait, même s’il apparaît dérisoire par rapport au volume de l’activité économique en France, il joue un rôle stabilisateur extrêmement important. C’est un peu comme la queue de l’avion. Si vous décidez de la couper au motif qu’elle est plus petite que le reste, vous ne pourrez plus rien faire et ce sera le crash assuré. Le fait même que la France s’accroche à cette zone, est la preuve qu’elle y tient à fond. A côté de cela, il y a le fait que c’est un moyen pour la France de contrôler même subtilement ou de manière ouverte les flux commerciaux. Il vous souvient dans beaucoup de marché publics en Afrique francophone, la France a souvent fait des pressions. Donc le fait qu’elle maîtrise ces flux lui donne de manière stratégique la possibilité de les maîtriser et surtout de jauger la force des autres pays avec lesquelles elle est aujourd’hui dans la lutte sur le contrôle des parts de marché dans le monde. Vous demandez aussi s’il n’y a pas de problème de gouvernance. Je vous dis que la situation des pays africains intègre plusieurs types de problèmes. Il y a un problème de gouvernance opérationnelle (corruption, mauvaise utilisation des ressources), de gouvernance stratégique, et aussi la mauvaise articulation de nos économies. Nous ouvrons nos économies au nom de la compétitivité alors que celle-ci dépend d’un certain nombre de facteurs que nous ne possédons pas encore, d’où les grands projets. On essaye de transformer la gouvernance en une sorte de bâton magique, or ils savent que cela n’a rien à voir. Même si on donne le Cameroun a l’équipe Barack Obama, dans les circonstances actuelles, cela lui posera problème.

Parlant des accords monétaires, il semble que la substance qui reste aujourd’hui et vous l’avez expliqué, c’est la gestion budgétaire du Franc CFA. Donc les pays de la zone Franc peuvent décider de changer de partenaire est ce que ce n’est pas une solution?
Ce que la France gère, ce sont nos devises extérieures maintenant les autres aspects de la gouvernance économique est l’affaire des organismes internationaux, comme la Banque Mondiale et le FMI. Quant aux autres pays nous avons de simples rapports commerciaux. Si nous sortons du CFA aujourd’hui, la seule issue est d’avoir notre monnaie. Maintenant dans la gestion de cette monnaie, on peut s’arrimer à un autre pays. Comme le Ghana le fait avec le Dollar US. Mais évidemment pour l’Amérique, c’est un peu comme un oiseau qui décide de suivre les éléphants. Il faut savoir que la zone Franc est une expérience unique dans le monde, c’est-à-dire le cas où un autre pays émet la monnaie utilisée dans plusieurs autres pays. C’est assez impressionnant qu’on puisse célébrer cela. Alors est ce que le problème n’est pas la France, je dois dire que ce pays a profité du CFA dans les années 70. Il avait connu un grand retard dans son industrialisation et à l’époque les devises générées par les économies africaines, où il n’existait pas encore de classe moyenne comme aujourd’hui, étaient inutilisées. La France a donc utilisé l’énorme stock de devises des pays de la zone Franc pour se relancer. La seule période où le solde du compte des opérations a franchi le rouge, cette France n’a pas hésité à imposer une dévaluation dont on connaît les conséquences par la suite. Elle avait ainsi soit refusé, soit été incapable de respecter ses engagements consignés dans les accords monétaires de soutenir le CFA jusqu’au bout, et donc les pays de la zone Franc auraient pu commencer à voir clair dès ce moment-là.

Alors finalement quelle solution à tout ça?
J’ai toujours dit tout en reconnaissant la position pertinente des personnes qui demandent de sortir du CFA, que la solution la plus pertinente est de créer à côté de cette monnaie, une monnaie parallèle, dont le volume serait de 15 à 25% de la masse monétaire globale. La caractéristique de cette monnaie est qu’elle ne servira pas à acheter les biens extérieurs. Cela permettra de contrôler les flux, limiter l’endettement commercial, augmenter l’épargne nationale et permettre un développement auto généré. Évidemment à long terme lorsqu’on aura restructuré nos économies et acquis la force qui puisse nous permettre de résister à l’agression économique extérieure, alors là on peut envisager sortir du FCFA. Comme le dit souvent Manu Dibango, l’ennemie ne dort jamais il ne faut pas dormir et rêver. Il ne faut pas aussi confondre le courage et la stupidité. Si on doit sortir du CFA, cela doit être une action planifiée, réfléchie et solide.

Pays de la zone Franc
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« Plaidoyer: Il faut modifier et compléter la loi relative à la déclaration des biens et avoirs au Cameroun »

Par Engelbert Essomba Bengono, diplômé de l’Iric, Inspection Nationale des Services du Trésor

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Au moment où des voix s’élèvent pour réclamer, avec une impertinence certaine, la déclaration des biens et avoirs de Son Excellence, Monsieur Paul Biya, Président de la République, je me permets de vous écrire. Je dois, avant tout propos, dire que la chasse semble à nouveau ouverte. La plus grosse prime semble promise à celui qui apportera le « scalp » de l’homme Biya, après l’échec des nombreux procès en « bien mal acquis »où la soif de sang présidentiel et la recherche effrénée de popularité motivent les uns et les autres ; y compris ceux qui ont passé leur enfance, leur scolarité et bâti leur carrière d’avocat et de que sais-je encore avec l’argent de l’État ; gestionnaires qu’ils sont, aujourd’hui, de successions fortunées, bien à l’abri de la déclaration des biens qui n’existaient pas au moment où leurs géniteurs étaient en fonction. S’acharner ainsi contre un homme qui n’a jamais refusé de déclarer ses biens est infâme, indigne, infeste et malsain. Le cercle vicieux des ONG et autres groupuscules nébuleux de la société dite civile, en mal de justification de leur existence a donc choisi de s’attaquer à l’homme qui incarnera clef de voûte des institutions républicaines. Ce cercle sans vertu enfonce la porte ouverte de la déclaration des biens et avoirs. Ils veulent nous convaincre que demain, lorsqu’en bon citoyen respectueux des lois de son pays, Monsieur Paul Biya déclarera ses biens, il le fera parce qu’eux, mesdames et messieurs sous-fifres (pardon du peu), l’auront « exigé » et « obtenu ».Ce n’est pas un hasard s’ils le font au moment où, imperturbablement, le Président Biya déroule le bloc éphéméride des grandes réalisations, socle indéboulonnable du septennat en cours. Au moment où plus déterminé que jamais, il traque le mauvais emploi des fonds publics. Le Président agi et convainc : ça ne plaît pas à tout le monde. Vive la démocratie ! En vertu de l’article 26(1, b) de la constitution, « sont du domaine de la loi :. le statut des personnes et le régime des biens. ». La modification de la loi dont on parle relève donc des prérogatives de la Chambre que vous présidez si heureusement. Aussi j’ose vous écrire pour attirer votre haute attention sur la nécessité de modifier la loi n°003/2006/du 25 avril 2006 relative à la déclaration des biens et avoirs, au moins pour adapter certaines dispositions de celle-ci à une réalité consacrée elle aussi par des textes non moins importants.

1- Modifier la loi pour l’adapter à la réalité territoriale du Cameroun…
A l’article 2(2) il est fait mention des gouverneurs de province. Il y a lieu de remplacer le mot « province » par le mot « région » plus conforme à la réalité territoriale du Cameroun. Depuis loi n°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972, les provinces sont devenues des régions. Le mot « région » renvoie à une réalité ambivalente. La région désigne d’abord une collectivité territoriale décentralisée constituée de plusieurs départements au sens de la loi n°2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions. A la tête d’une région se trouve un Président du conseil régional élu, ordonnateur du budget de la région (article 65(1) de la loi sus référencée). En deuxième lieu, la région est une circonscription administrative au sens de l’article 2 du décret n°2008/376 du 12 novembre 2008 portant organisation administrative de la République du Cameroun. Sans qu’on puisse dire que ledit décret contredit la loi 2088/019. Le décret n°2008/377 fixant les attributions des chefs des circonscriptions administratives et portant organisation et fonctionnement de leurs services d’une part, et celui portant nomination des premiers gouverneurs de région d’autre part ne font que consolider cette réalité. Le responsable en chef de la région est le gouverneur de région. En vertu du décret n°77/091 du 25 mars 1977 déterminant les pouvoirs de tutelle sur les communes, syndicats de communes et établissements communaux, modifié par le décret n°90/1464 du 09 novembre 1990, il exerce la tutelle de l’État sur la région.

2- . et compléter la liste des personnes assujetties à la déclaration des biens et avoirs
Au moins deux conséquences découlent de cette ambivalence de l’organisation du territoire : le président du conseil régional, ordonnateur du budget de la région doit figurer à ce titre dans la loi, non pas seulement comme un simple gestionnaire de « crédits et de biens publics » (article 2(1) actuel), mais comme une fonction de responsabilité ainsi expressément nommée. Sauf à admettre, dès à présent, que certains chefs de régions ne seront pas ordonnateurs du budget. Le remplacement de «les gouverneurs de province » par « les gouverneurs de région » (article 2(2)) me semble indiscutable, irréfutable et incontestable. Plus loin, la liste des personnes assujetties pourrait être allongée si on admet que les dirigeants des entreprises privées bénéficiaires de crédits auprès de la BDEAC avec l’aval ou la caution de l’État sont responsables de fonds publics communautaires. Des sommes importantes sont mobilisées à ce titre à l’insu du grand public. Cette déclaration doit pouvoir fonder une action de in rem verso contre les dirigeants ou les propriétaires des entreprises en cause en cas de faillite ou d’enrichissement illicite. Enfin, cette loi doit être suffisamment hardie pour promouvoir son autorité et sa primauté dans l’ordonnancement législatif camerounais. Dans cette perspective, elle doit contenir une disposition qui oblige, les actes de nomination à la viser expressément, sous peine de rejet ou d’annulation. Au demeurant, l’article 2 des actes de nomination doit désormais mentionner que le responsable nommé déclarera ses biens et avoirs dans le délai et les formes prescrits par la loi avant son entrée en fonction. Bien avant l’article « préféré » sur les avantages de toute nature qui sont généralement accordés aux responsables nommés. Je vous prie d’accepter, Monsieur le Président, l’assurance de ma considération distinguée.

Engelbert Essomba Bengono
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Marchés publics au Cameroun : Paul Biya contre Paul Biya

Comment faire de la sous – consommation du budget d’investissement public un mauvais souvenir

Le 04 Septembre 2012, le quotidien de l’État Cameroon Tribune publiait une longue liste de nouvelles recrues de la Fonction Publique invités à retirer leur premier bulletin de solde. Dans le même numéro, on retrouvait les visages souriants des occupants de la zone de Mekin enchantés par leurs indemnisations et des promesses de déblocage des salaires à l’établissement de Microfinance FIFA. Le journal contenait également un grand nombre d’appels d’offre des marchés publics. Toutes ces informations, accompagnant l’inauguration successive de la route Ayos-Bengbis et du Pont de l’Enfance, après la pose de la première pierre du barrage de retenue d’eau de Lom Pangar auraient dû susciter un grand optimisme si, un mois plutôt, le même journal n’avait publié sous la plume de Rousseau-Joël FOUTE un article au ton particulièrement désespéré : « Sous-consommation du BIP : rien n’a changé ». L’auteur gémissait sur cette incapacité de notre pays à mener même les réalisations les plus élémentaires telles que les salles de classe et les centres de santé. A la vérité, cette activité n’est que l’arbre qui cache la forêt. Au 30 Juin, les appels d’offre lancés couvraient 33% du nombre de projets prévus, mais les montants associés représentaient moins de 10% du budget d’investissement. Cet important décalage entre un nombre relativement important de projets lancés et un volume dérisoire du budget vient du fait que les projets lancés ne concernent que les petites opérations relevant des Commissions dites sectorielles. Il faut à cet effet préciser que depuis la création du Ministère des Marchés Publics, celui-ci s’est vu attribuer la Commission Centrale qui gère les projets dépassant une certaine ampleur, alors que les Commissions sectorielles logées dans les Ministères s’occupent des broutilles. La Commission Centrale gère, en nombre, autant de marchés que l’ensemble des autres Ministères réunis, mais ses projets couvrent 90% du volume d’investissement. Mais alors que les marchés relevant des Commissions sectorielles ont été lancés à plus de 50%, ceux relevant de Commission Centrale n’atteignent pas 10%, et ceci, même si on comptabilise les lancements indus des Ministères sectoriels qui auraient dû revenir à la Commission Centrale.

Pourquoi la sous-consommation
La sous-consommation s’explique ainsi, du moins en première analyse, au fait que la Commission Centrale n’a pu faire preuve d’une grande activité. On peut y voir, d’une part, l’effet de l’extrême jeunesse de ce Ministère qui n’a pas encore rôdé ses mécanismes, d’autre part la taille de ses projets dont l’importance requiert des préparatifs beaucoup plus lourds. Mais on ne peut évacuer des obstructions d’ordre corporatiste : de fait, en s’occupant du lancement et de l’exécution des marchés, ce nouveau Ministère bénéficie totalement du segment le plus juteux de la chaîne d’investissement. On imagine bien le peu d’empressement d’un responsable d’un Ministère sectoriel à bien mener des études techniques, pour que ce nouveau Ministère, qui récolte là où il n’a pas semé, vienne profiter de son travail, non seulement en notoriété, mais aussi et surtout en avantages officiels et informels que donnaient les Commissions de marché pilotés par les Ministères. Déjà, dans les régions, les préfets et les maires regardent les responsables de ce Ministère d’un ?il particulièrement haineux et ce comportement n’est pas absent au sein des Ministères. En début de semaine, le Ministre des Travaux Publics sommait insidieusement les autres Ministres de lui transmettre des appels d’offres qui ne relèvent pas de leur compétence, d’un ton poli, mais dans lequel on notait un profond agacement. En réalité, ce Ministre devrait s’attendre à plus de désinvolture dans la confection des projets par les autres institutions, voire au mauvais montage délibéré de projets, juste pour mettre en évidence son incapacité. Et ce d’autant plus que dans sa configuration, ses missions et le profil de son personnel, il n’a pas les moyens de juger de la qualité d’un programme d’investissement. Il se retrouvera donc rapidement en position de gérer un programme d’investissement techniquement irréalisable, étant assuré de porter la responsabilité d’un échec qui, en principe, devrait revenir aux acteurs en amont. En créant un Ministère en charge des marchés publics, le Chef de l’État a cédé à la malheureuse pratique qui consiste à répondre aux problèmes économiques profonds par des procédures et des institutions, à la suite d’une analyse sommaire des économistes administratifs. Car, il faut le dire tout net, ce n’était pas la réponse adéquate à la sous-consommation consommation des crédits, qui n’a rien à voir, contrairement aux illusions, avec des problèmes de gouvernance opérationnelle. Si la sous-consommation des crédits venait de la mauvaise foi des gestionnaires, de la lourdeur des procédures ou de l’impréparation des projets, elle devrait logiquement se traduire concrètement par une accumulation ininterrompue des réserves d’argent qui se chiffreraient aujourd’hui à des milliers de Milliards de FCFA.

C’est l’argent qui manque le plus
Où est donc cet argent non consommé ? Où est l’argent qui aurait dû être utilisé pour réaliser les investissements de l’an passé, et des autres années précédentes et qui n’a pas été utilisé par la faute de la sous-consommation des crédits ? On ne le voit nulle part. Bien au contraire, on se retrouve, chaque année, avec des tensions budgétaires qu’on tente tant bien que mal de surmonter. Le fait même qu’on ne retrouve nulle part de telles sommes ne peut signifier qu’une chose : les explications qu’on donne au phénomène sont totalement fausses. Le problème est donc beaucoup plus compliqué que ne le laissent croire les impressions primaires. En réalité, il est facile de prouver que ce que nous appelons sous-consommation des crédits n’est que l’une des expressions de la mauvaise architecture de notre économie et de notre mauvaise insertion dans le commerce mondial.
De fait, le commerce international n’est qu’un troc : pour que le Cameroun importe un bulldozer du Japon, il faut qu’il ait exporté une valeur équivalente en cacao, café, coton, bois ou pétrole, c’est-à-dire, qu’il ait constitué dans son compte des réserves de devises. L’argent que nous pouvons retirer des activités de coiffure, de commerce ou de vente de manioc ne joue absolument aucun rôle. Comme les investissements sont très consommateurs en devises, ce sont donc nos recettes d’exportation qui définissent nos capacités d’investissement et non pas le revenu national. La très grosse erreur commise par notre administration économique et relayée, malheureusement, par l’Assemblée Nationale est de rattacher le budget d’investissement au PIB (produit intérieur brut) alors que celui-ci est composé à 80% d’un argent local dont le pouvoir d’investissement est pratiquement nul. Ce rattachement n’a de sens que pour les pays produisant eux-mêmes les machines, et dans une certaine mesure, pour les pays disposant d’énormes réserves en devises comme la bienheureuse Guinée Équatoriale. Quant au Cameroun dont les devises suffisent à peine à la consommation des ménages et l’entretien du système productif existant, le budget d’investissement doit être relié aux recettes d’exportations et non pas au PIB.

La méconnaissance de cette réalité conduit à la confection de très mauvais budgets. Un coup d’?il sur nos projets d’investissement donne froid dans le dos : tout se réduit à une interminable litanie des achats à l’étranger, des voyages à l’étranger, des achats des machines, des réhabilitations faisant recours à l’étranger, sans s’assurer des capacités de notre cacao à répondre de manière idoine à cette saignée. Avec une dotation de 792,2 Milliards de FCFA, le contenu en devises de ces dépenses est de l’ordre de 500 Milliards, alors même que la fraction des devises qui devrait légitimement leur revenir est de 200 Milliards. On se retrouve ainsi, pour soutenir le fonctionnement de l’État, avec un besoin excessif en devises dépassant 1100 Milliards, alors que ce budget, constitué à partir des recettes prélevées sur le pouvoir d’achat intérieur (douanes, impôts, etc.), n’a qu’un contenu de 560 Milliards. D’un point de vue technique, un tel budget est impossible à réaliser sans compromettre grièvement la santé économique du pays. Sa réalisation aboutit ainsi à trois principales issues :
– soit, on se retrouve avec d’importantes sommes oiseuses d’un argent inutile, à côté des investissements irréalisables, et qu’on est obligé de dilapider dans les activités qu’on peut réaliser sans faire appel aux importations massives (séminaires, pose de la première pierre, construction des clôtures, détournements, etc.).
– soit on tente de forcer la réalisation de ces investissements, mais comme le budget n’a pas le contenu requis de devises pour le faire, on est obligé de s’endetter ;
soit enfin, on tente de forcer la réalisation tout en évitant l’endettement, auquel cas l’État est obligé de piocher la part des devises revenant au secteur privé, les empêchant ainsi de s’approvisionner en intrants et en machines, avec à terme la réduction de leurs activités et des recettes budgétaires.

Peut-on remplacer l’expertise par les procédures, la science par l’administration ?
Quel que soit le cas, un tel budget ne peut se réaliser qu’au prix des sacrifices dont l’intérêt n’est pas évident. La situation du Cameroun montre qu’on ne peut pas impunément remplacer l’expertise par les procédures, la science par l’administration. La bonne gouvernance économique ne se réduit pas à placer des gens honnêtes et volontaires dans les rouages de la décision, ni de respecter les procédures : il faut aussi savoir comment l’économie marche. Il y a cinq ans, le Chef de l’État, s’étant fait expliquer que la croissance de la Chine était liée à son taux de croissance à deux chiffres, émit le v?u d’une telle croissance pour le Cameroun. C’était légitime, mais cela ne légitimait pas cette frénésie qui avait touché le pays, où chaque responsable organisait des séminaires « participatifs » regroupant une faune bigarrée où se détachaient des chefs traditionnelles revêtus de leur chéchia, des « bayam sallam » aux « caba » multicolores, des prêtres revêtus de leurs soutanes dorés, des sauveteurs, et tous les escrocs qui se font appeler hommes d’affaires et qui vivent de marchés fictifs. C’est cette cohue alimentée par le vin et les per diem qui avaient pour mission de réfléchir sur un taux de croissance à deux chiffres ! Les conditions étaient alors particulièrement favorables pour asseoir une saine politique économique et porter la croissance à 5%, ce qui était suffisant pour un pays convalescent. Tous ceux qui ont tenté d’appeler à la raison ont été pourchassés, ne laissant que des imposteurs qui ont ait perdre au pays une bonne occasion d’avoir une croissance saine. Et nous revient en mémoire la dérisoire polémique entre le FMI et le gouvernement : au terme de sa mission du 13 juillet 2012, le FMI avait opposé ses 5% de croissance du Cameroun aux 6,7% sur lesquels le Chef de l’État s’était appuyé pour sa circulaire une semaine plutôt. Mais à la vérité, peut-on se mettre à digresser sur l’altitude à faire prendre à l’avion pour atteindre la destination, au moment même où l’avion est en train de décrocher pour tomber dans la mer ? En 2007, la croissance avait encore quelque chose de sain : alors que le taux de 3,3% s’était traduit par un déficit commercial de 70 Milliards, la situation s’est dégradée au point où, la maigre croissance de 3,8% en 2011 a été obtenue en contrepartie d’un déficit record de 1.070 Milliards, soit 40% de nos recettes d’exportations. Quel niveau de déficit commercial faudrait-il encore atteindre pour obtenir les taux de croissance du Gouvernement ou même du FMI ?

Sauver les meubles
Pourtant, tout n’est pas perdu : c’est maintenant qu’il faut commencer à analyser la composition en devises du prochain budget. Une telle opération permettrait d’avoir une vision réaliste du budget et la nécessité de le gérer non seulement de manière globale, mais aussi en devises. De cette manière apparaîtrait clairement la nécessité d’éliminer tous les projets dont les besoins en devises sont exorbitants par rapport à leur intérêt économique réel et à choisir des formules alternatives. Une telle mesure aurait pour effet de réaliser un programme d’investissement réaliste qui supprimerait cette plaie de la sous-consommation. Évidemment, cela devrait s’accompagner d’un véritable déploiement des compétences humaines, et notamment la nomination, dans la chaîne de sélection des projets d’investissements publics, des responsables autoritaires qui ne craignent pas de déplaire. C’est à partir de telles mesures qu’on purge des ulcères d’un pays occlus. Si on ne le fait pas maintenant, on se met dans l’obligation de le faire, dans des conditions plus dramatiques. La difficulté dans notre pays est qu’on ne peut plus être objectif sans être catalogué comme un opposant du Président Biya, alors même que la seule préoccupation citoyenne est que cela marche. Car il y va de nos salaires, de nos enfants et de nos vies. La haine de la pensée et de l’intelligence a créé un étrange type de responsables qui nous prescrit hélas, une étrange attitude : quand un responsable camerounais est lancé dans un mauvais projet, ne vous avisez jamais de l’en dissuader ; non seulement il poursuivra son action de manière plus résolue, lisant dans vos réticences la conviction qu’il a raison et que vous êtes jaloux de son succès futur, mais il vous imputera la responsabilité de son inévitable échec, vous accusant de lui avoir lancé un mauvais sort.


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Mgr Tonyè Bakot, les bamiléké et le tribalisme: Les péchés capitaux de Shanda Tonme et du Laakam

Par Dieudonné Essomba, cadre au minepat, ingénieur principal de la statistique hors échelle, économiste

La lettre de Monseigneur TONYE BAKOT sur la surreprésentation des Bamiléké à l’université Catholique a suscité l’indignation de Monsieur SHANDA TONME, défenseur autoproclamé des Bamiléké dont il claironne partout la supériorité numérique niée et le dynamisme combattu. Dans son article « L’Après-Biya et les Bétis » publié le 10 février 2012, SHANDA TONME décrit le Cameroun comme un univers carcéral dans lequel le Bamiléké est pourchassé au profit du Béti et dans une moindre mesure, du reste de la communauté nationale, jalouse de son dynamisme : « En ce sens, dit-il, on ne peut pas conclure sans reconnaître quand même que dans le contexte d’une alternance, il faudra stopper le recrutement des Bétis dans la haute administration et procéder à des ajustements indispensables. Je vous parle avec l’assurance de traduire les profondeurs de plans de gouvernements qui existent déjà dans certains tiroirs. Il faudra alors des mesures transitoires encore dites d’urgence, car comment pensez-vous qu’avec près de 50% de la population, les Bamilékés ne soient que 7% de cadres dans tous les corps de sécurité confondus, c’est à dire armée, police, gendarmerie, garde présidentielle? » Dans son élan, SHANDA TOMNE érige son savoir fanfaron au dessus de ce que peuvent espérer les Prix Nobel d’Economie, affirmant, après avoir pourfendu l’élite du Grand Nord, « Hélas, le nord est actuellement un vrai scandale. Si j’avais le pouvoir, je ferais de cette partie du pays une région plus riche que l’Etat de Californie aux Etats unis. » Cette insulte adressée aux ressortissants du Grand Nord s’étend à d’autres communautés camerounaises qui, suivant SHANDA TOMNE, passent leur « temps à boire, à fêter, à faire des folies, à dépenser sans faire des économies ». Dénonçant l’équilibre régional, il ajoute en signe de déclaration de guerre : « Que ceux qui rêvent d’un pays condamné dans des combines d’équilibres ethniques obscurantistes, déchantent très vite. Nous allons changer le pays et les obliger à jouer le jeu de la démocratie, de la modernité, de la compétition et de la mondialisation totale. Les malins qui jouent à faire la chasse aux Bamilékés en auront bientôt pour leur compte, contraints et forcés par les événements. » Le Pr Franklin NYAMSI, dans un article intitulé « Pourquoi le Dr. Shanda Tonme s’enflamme-t-il à propos de ma déconstruction de son mythe ethniciste » avait tenté de mettre un mors à ce tribalisme de réaction, mais sans succès.

Il faut dire que le problème dit Bamiléké est de ceux qu’il est malaisé de débattre. Mais dans une ambiance où les Camerounais ne savent plus où ils en sont, assommés par une crise interminable et désespérés devant l’absence de toute perspective, il faut le faire, afin d’empêcher le développement des interprétations dogmatiques de la réalité sociologique du Cameroun qui pourraient enfermer des jeunes dans des extrémismes dangereux. Il n’est pas nécessaire de s’attarder sur les statistiques de SHANDA TOMNE, un domaine où les Bamiléké excellent et disposent de meilleures aptitudes à défendre leur communauté avec des arguments plus pertinents. Il n’est pas non plus utile de s’attarder à son projet de réduction des effectifs Bétis dans l’administration publique, à son mépris vis-à-vis de l’élite nordiste, à ses menaces proférées aux bamiléké qui rejettent ses délires ou à sa conquête onirique du pouvoir d’Etat. Le débat le plus utile paraît porter sur l’équilibre régional, cette discrimination positive plus ou moins formalisée qui vise à assurer la représentativité de toutes les communautés dans les charges publiques. Si la pratique peut, sur le plan politique, se justifier, elle a le grave inconvénient de poser un problème de justice et d’égalité de tous les citoyens devant les droits et les devoirs. Mais peut-être importe-t-il de revoir le Cameroun tel qu’il est.

Situation réelle du Cameroun
Le Cameroun est une Nation composée de communautés ressortant de multiples aires culturelles. Dans l’euphorie des années 60, les pouvoirs publics développèrent une idéologie de l’unité nationale où, en évacuant le fait ethnique, ils caressaient l’espoir de broyer les spécificités et les différences sociologiques dans le moule du Parti Unique. La liberté et la démocratie retrouvées dans les années 90 ont mis fin à ce rêve insensé et imposé, de fait, une réorientation du système politique où le fait ethnique doit être intégré, afin d’être apprivoisé et dominé. Jusqu’à présent, on ne peut pas dire que nous avons mis en place un mécanisme capable de le gérer et cette incapacité à trouver une solution idoine à une réalité omnipotente lui donne une expression qui prend la forme systématique du « ghetto », c’est-à-dire, des sortes de kystes ethniques disséminés sur le territoire national ou les secteurs. La logique du ghetto s’exprime dans l’occupation spatiale des villes, où chaque communauté immigrée a tendance à créer son quartier : Quartier Haoussa, Quartier Bamiléké, etc. On la retrouve dans les réseaux de tontines, dans beaucoup d’autres secteur et même à l’étranger. Mais elle s’exprime surtout dans les ethnopoles, c’est-à-dire, des segments productifs dans lesquels une communauté, numériquement supérieure, cultive un sentiment d’appropriation et oppose de manière consciente ou non, une résistance ouverte à l’entrée des « étrangers ». A l’observation, l’économie camerounaise n’est formée que d’une juxtaposition d’ethnopoles. Chaque segment d’activité est dominé par un groupe ethnique qui le protège de manière agressive, comme on peut le voir sur nos grands marchés urbains : les Bassa vendent l’huile, les Béti vendent les vivres frais, les Bamiléké vendent les ufs, les Nordistes vendent le b uf. A chacun sa spécialité et lorsqu’il arrive que deux communautés vendent le même bien, ils doivent occuper deux espaces différents. Les ethnopoles, formidables ghettos économiques, développent un esprit de solidarité tribale si intense qu’ils peuvent créer des collusions souterraines capables de neutraliser n’importe quelle mesure de régulation de l’Etat et de dévoyer toute concurrence. Quelquefois, ils font reculer l’Etat qui peut se retrouver incapable d’appliquer une mesure dans un secteur occupé préférentiellement par une communauté, au motif que la mesure est une ruse pour annihiler son dynamisme ou même une provocation. La tendance instinctive de la communauté nationale à s’agglomérer en grumeaux, c’est-à-dire, en sortes de kystes mal articulés les uns aux autres crée une sorte de juxtaposition plus ou moins pacifique des communautés, mais n’assure aucune marche vers l’intégration nationale. Le potentiel conflictuel de cette logique du ghetto vient d’une part, de l’esprit sectaire qui s’y développe vis-à-vis des autres communautés et d’autre part, de son isolement qui fournit aux ennemis le moyen de les frapper facilement et le désir de le faire. Les pouvoirs publics doivent les combattre et c’est à bon droit qu’ils détruisent les quartiers communautaires pour les remplacer par des quartiers mixtes, qu’ils empêchent la confiscation d’une corporation par une communauté, que les nominations doivent refléter autant que possible la Nation et que les recrutements dans les emplois publics doivent intégrer tout le monde. Indépendamment des facteurs qui la justifient, c’est la sur-représentativité des Bamiléké à l’Université Catholique qui est le problème, parce qu’elle crée objectivement les conditions d’un ghetto et légitime l’intervention de l’archevêque. Le prélat n’a donc pas tort de décrier une situation anormale, mais c’est l’ensemble des facteurs qui l’ont générée qu’il faut interroger.

Le Problème posé par l’équilibre régional
Le principal reproche adressé à la politique d’équilibre régional, au-delà des problèmes d’injustice porte sur l’efficacité d’un système qui réduit la compétition. La réponse à cette question est relativement simple. Lorsqu’un système est ouvert, c’est-à-dire, qu’il dispose d’une marge de progression permettant à insérer toute la demande sociale, la compétition aboutit à la méritocratie, une situation où chacun a selon son mérite. Les titulaire du CEPE, du BEPC, du Baccalauréat, de la Licence et du doctorat ont chacun un poste de travail correspondant à son niveau et un salaire conséquent. Le certifié doit avoir un salaire moindre que le Docteur, mais il doit avoir un salaire et personne n’est pénalisé. Un système ouvert se caractérise par une offre permanente des emplois, une croissance significative par habitant, une bonne expression des aptitudes retards et la convergence des diverses régions et diverses communautés. Une discrimination positive peut y exister, mais elle ne porte pas à conséquence. Et on verra bien que dans de tels systèmes, les meilleurs ne se battent jamais pour les postes publics, mais s’expriment davantage dans le secteur privé nettement plus rémunérateur et où s’expriment réellement les compétences, à l’inverse de l’administration par essence trop hiératique, procédurière et routinière. Le fait que les tensions au Cameroun se coagulent autour des postes administratifs montre que le système ne fonctionne pas. Le Cameroun est un système occlus, avec une croissance bloquée qui ne permet plus capable d’offrir suffisamment d’emploi pour tout le monde. Evidemment, un tel système ne peut pas aboutir à la méritocratie qui est un système sain, mais à un élitisme où seuls, quelques individus se retrouvent avec des postes de travail alors que les autres n’ont rien. Or l’élitisme est intrinsèquement dangereux pour la paix sociale, même dans une communauté homogène. Il a en effet tendance à se reproduire à travers les générations, d’une part parce que les revenus exorbitants des élites permettent à leur descendance de bénéficier d’une meilleure éducation qui prolonge leur domination, d’autre part parce que cette élite a tendance à geler l’appropriation définitive et irréversible des avantages dans leur famille en aménageant un système politique adéquat. C’est historiquement cette logique élitaire qui a suscité les révolutions dans le monde et même aujourd’hui, on n’imagine pas en France une situation où seuls les cadres des autres Grandes Ecoles auraient un emploi décent : la situation déboucherait immédiatement sur une révolution. Le problème devient plus explosif si la classe dominante s’assimile à une communauté particulière ; d’instinct, celle-ci tentera de préserver ses avantages avec d’autant plus de férocité qu’elle se nourrit de la haine des autres tribus et de ses propres peurs. Elle aura beau justifier sa suprématie par ses aptitudes, personne ne lui reconnaîtra aucun mérite, car il est une constance humaine : aucune tribu n’est disposée à accepter d’être évacuée des avantages publics, au motif de ses faiblesses, et elle y répond toujours de manière belliciste. Soit par des attitudes irrédentistes, au motif que ses enfants étant idiots, elle n’a rien à faire dans un ensemble des tribus dont les enfants sont intelligents, soit par une agression du régime politique en vue de prouver, par les armes, que ses enfants sont au moins aussi intelligents que les autres. L’ouverture des postes publics à une compétition aveugle dans un environnement rationné et dans une communauté nationale segmentaire comme le Cameroun n’est pas une bonne idée. Le risque est la mutation d’un problème social en un problème ethnique autrement plus dangereux. A la vérité, peu de personnes accepteraient que les Bamiléké ont plus accès à des postes parce qu’ils sont intrinsèquement plus aptes ; plutôt, la majorité y verrait davantage une stratégie faite de ruse et de tricherie visant à confisquer les postes de l’Etat et à imposer une hégémonie tribale inacceptable. Il est plus sage de rechercher ailleurs des solutions plus conformes à l’anthropologie.

Un système bloqué
Le Cameroun, après avoir connu une croissance pendant un quart de siècle, a épuisé son potentiel de croissance et le pays est devenu une pièce mécanique du système international dont l’évolution est conditionnée par nos recettes d’exportation. Pour construire une route, un bâtiment, un chemin de fer ou un barrage, il faut utiliser les machines importées et il n’y a pas moyen de faire autrement. Autrement dit, pour que le Bamiléké ou quelqu’un d’autre puisse avoir une entreprise, il faut impérativement que les paysans producteurs de cacao, de café, de coton, ou les producteurs de bois ou de pétrole aient déjà produit des devises qui lui permettront d’acheter la marchandise qu’il vend. Même les activités que nous sommes capables de mener nous-mêmes en achetant la technologie nous sont interdites sitôt qu’elles sont rentables. Le Gouvernement du Cameroun peut vouloir donner un gros marché de travaux publics aux Camerounais, mais si ceux-ci entrent en concurrence avec des entreprises venant des pays qui fabriquent des bulldozers, celles-ci mettront de multiples entraves à l’acquisition de ces engins et nos entreprises seront éliminées. En réalité, les Camerounais ne sont autorisés à agir que dans un domaine ne recouvrant que 14% des activités structurées, le reste étant acculé dans le magma informel. Et c’est à l’intérieur de cette marge que toutes les communautés camerounaises se battent. Dans ces conditions, le dynamisme d’une communauté locale, fût-elle Bamiléké, ne peut être que confiné, c’est-à-dire, obligé de s’exprimer à l’intérieur de la marge. C’est dire que quand bien même tous les Camerounais imiteraient les Bamilékés, cette marge ne changerait jamais sur le plan macroéconomique : le PIB serait le même, la croissance serait la même. Le seul effet du dynamisme Bamiléké est de prendre une part relativement plus importante que les autres dans ces 14% autorisés, mais il n’a aucun impact sur les indicateurs globaux de l’économie camerounaise. On voit donc bien que dans un système bloqué, la notion même de compétence perd de son sens, puisque les aptitudes particulières ne s’expriment plus que dans une perspective d’appropriation des quelques avantages et par suite, la constitution des ghettos. L’observation de notre administration le montre : les comportements des uns et des autres ne manifestent nulle part la moindre différence dans les connaissances professionnelles, les comportements éthiques ou le choix des collaborateurs. Tous les Camerounais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, présentent les mêmes tares, la même cupidité, le même esprit sectaire, la même haine de la pensée et de l’intelligence. On ne note aucune différence entre les majors des promotions et les repêchés, de même qu’on ne voit aucune différence entre ceux qui ont fréquenté en Europe et ceux qui ont fréquenté ici, et encore moins entre les tribus. Un système bloqué contraint les aptitudes et les nivelle au niveau de sa marge de man uvre.

Conclusion
Le problème posé par les Bamiléké est réel, mais il relève du partage des ressources rationnées entre des communautés différentes. Les pouvoirs publics ont trouvé le moyen de le gérer par l’équilibre régional : en empêchant la ghettoïsation de l’administration publique camerounaise, elle évite que le problème social posé par un système politique incapable ne se transforme en un conflit ethnique autrement plus volcanique et potentiellement plus meurtrier. En outre, cette solution joue un rôle décisif dans le confinement de la corruption : en imposant les quotas, la mesure limite le monnayage des places de chaque communauté à l’intérieur des places qui lui sont dévolues, sans affecter l’ensemble du système. Malheureusement, si l’équilibre régional est la moins mauvaise solution, elle n’est pas une bonne solution parce qu’il n’existe pas de bonne solution dans un système occlus. La seule porte de sortie est la refertilisation du système productif, en implantant des industries viables sur le territoire national, de véritables entreprises qui produisent et qui offrent un emploi mieux payé que les misérables salaires de notre Administration Publique. Que le Cameroun imagine un instant une situation où on produirait nous-mêmes les habits que nous portons, la vaisselle, l’outillage, les grandes fermes agricoles, les usines agroalimentaires, est-ce que objectivement, la notion d’équilibre aurait encore un sens ? Une fois de plus, j’en appelle à l’instauration de la Monnaie Binaire.

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Prix à la pompe: Pourquoi le gouvernement camerounais se tire une balle dans le pied

Par Dieudonné Essomba, cadre au minepat, ingénieur principal de la statistique hors échelle, économiste

Depuis un certain temps, les pouvoirs publics ont lancé une campagne de sensibilisation visant à justifier une probable suppression prochaine de la subvention pétrolière, avec des déclarations sur commande de quelques citoyens dont certains vont jusqu’à reprocher le Gouvernement de les avoir maintenues si longtemps. Leur argumentaire tourne autour de deux pôles. Le premier utilise les statistiques pour prouver que les subventions profitent 6 fois plus aux riches qu’aux pauvres. Cet argument est totalement démagogique et n’a aucune base économique pertinente, car on devrait alors cesser de construire aussi les routes, au motif que ce sont les riches qui les utilisent le plus parce qu’ils ont des voitures. En économie, un bien n’est pas important dans son utilisation, mais dans son utilité. Et de ce point de vue, une route bitumée sera plus utile à un paysan qui peut désormais écouler sa production une fois par semaine qu’à un Directeur Général qui l’utilise chaque jour, mais qui ne s’impose à lui comme une nécessité puisque sa 4×4 circule parfaitement sur des routes non bitumées. En outre, une politique économique n’a pas pour objectif d’aider les pauvres, mais de supprimer la pauvreté.

Le second groupe d’arguments renvoie aux usages alternatifs de ces subventions. A en croire le Pr TSAFACK NANFOSSO de l’Université de SOA, les 400 Milliards consacrés cette année à ladite subvention permettraient de réaliser deux barrages de type Lom Pangar ou l’autoroute Yaoundé-Douala et nous dispenseraient du recours à la dette extérieure. Cet argument est totalement faux : les barrages et autoroutes ne se construisent pas avec du FCFA, mais avec des devises, c’est-à-dire, la monnaie des pays qui fabriquent des bulldozers, des engins et des équipements lourds utilisés pour ces travaux. Et pour avoir ces devises, il faut leur vendre le cacao, le café, le coton, le bois ou le pétrole. Ainsi, pour 200 Milliards consacrés à la construction d’un Lom Pangar, il faut 160 Milliards en devises. A contrario, les subventions de l’Etat relèvent d’un simple transfert de pouvoir d’achat local qui comprend 80% d’impôts prélevés sur les coiffeurs, les bars, les balayeurs de rues, le mil, le macabo et d’autres activités, et seulement 20% des devises (part des exportations dans notre PIB). De ce fait, les 400 Milliards de subventions n’ont qu’un contenu en devises limité à 80 Milliards de devises, ce qui est très insuffisant pour un seul barrage. Et si on remettait à TSAFACK NANFOSSO ces 400 Milliards pour construire, non pas deux Lom Pangar comme il le soutient, mais un seul, il ne pourrait même pas achever les travaux et irait en prison, accusé par de plus ignorants que lui d’avoir volé l’argent alors que le problème est ailleurs.

Cette erreur est très récurrente au Cameroun, ainsi que le témoigne la récente et loufoque campagne du « Prophète » TSALA ESSOMBA visant à collecter l’argent auprès des citoyens pour engager des projets de développement, en compagnie de plusieurs Ministres de la République ! Un grand nombre de Camerounais s’imaginent en effet qu’on peut collecter l’argent au Cameroun pour construire les routes, ce qui est totalement faux. En effet, pour construire une route, il faut des bulldozers et pour avoir des bulldozers, il faut des sacs de cacao parce que c’est le cacao qui est utile dans le pays qui les fabrique. En conséquence, c’est le nombre de sacs de cacao qui conditionnent notre capacité à construire les routes et non les subventions, la collecte de l’argent, la bonne gouvernance ou le volume du budget d’investissement.

En définitive, l’argumentaire présenté par les pouvoirs publics pour justifier l’arrêt des subventions est économiquement faible et il est plus simple d’expliquer aux Camerounais que notre Trésor Public est au bout du rouleau. Certes, les pouvoirs publics l’ont reconnu en évoquant la « soutenabilité », un terme mystérieux qui signifie que les Caisses de l’Etat ne peuvent plus « soutenir » cette dépense et qu’il faut y mettre fin. Mais cela a été fait de manière à faire croire que l’Etat, dans un accès de bonne gouvernance, aurait subitement pris conscience que les subventions aux carburants seraient mieux utilisées ailleurs.

Quoi qu’il en soit, volontaire ou fatale, la suppression de la subvention sera un terrible coup de massue sur l’économie camerounaise. C’était le dernier moyen par lequel l’Etat du Cameroun soutenait un secteur productif local épuisé par la concurrence extérieure. Sa suppression va entraîner l’élimination des biens locaux présentant une forte substituabilité avec des analogues importés : ainsi, l’augmentation du prix du manioc consécutive aux coûts du transport déportera davantage la demande alimentaire vers le riz importé. Quant à l’amélioration du pouvoir d’achat, il ne faut pas y songer, le pays ayant déjà les pires difficultés pour prendre en solde les 25.000 jeunes qu’il a recrutés et pour mener décemment son propre budget de fonctionnement qu’il est obligé de réduire subrepticement.

Cette situation était prévisible. Un pays ne peut évoluer durablement que si ses exportations compensent en permanence ses importations, faute de quoi il se surendette et doit subir un ajustement structurel permanent. Cette exigence minimale n’est pas respectée par le Cameroun dont les importations s’accélèrent à cause de la croissance quantitative de la population, l’amélioration du niveau intellectuel qui encourage l’urbanisation et modifie le profil de la consommation au profit des importations et l’entretien ou l’extension du système productif.

Par contre, ses capacités d’exportations sont assujetties à de nombreuses contraintes : faible productivité, non-extensibilité des terres, instabilité des cours internationaux, épuisement du pétrole, réserves minières difficiles à exploiter. Ses maigres devises sont ainsi absorbées par la brocante européenne et la pacotille chinoise, nous empêchant d’importer les bulldozers requis pour entretenir et étendre le réseau routier, les turbines pour produire l’électricité, etc. Il en découle, d’une part, l’impossibilité de renforcer nos capacités productives et l’étouffement de la croissance qui se traduit par un chômage massif et des salaires très faibles. D’autre part, une tendance à un déséquilibre permanent de la balance commerciale dont le déficit connaît depuis 5 ans une évolution explosive. En 2007, au lendemain de l’Atteinte du Point d’Achèvement, ce déficit n’était que de 70 Milliards ; en 2008, il est monté à 203 Milliards, puis à 417 Milliards en 2009, à 606 en 2010 et à 1076 Milliards en 2011.

Soit un montant cumulé de 2 372 Milliards et qu’il faut rapidement résorber au risque de se transformer en dette définitive ! Des obligations qui viendront alors s’ajouter à la dette officielle proprement dite qui figure dans les comptes de la Caisse autonome d’amortissement et qui, alimentée par les prêts chinois et d’autres francs-tireurs nord-africains, s’élevait à 1280 milliards en 2011. Soit un endettement effectif de 3.652 Milliards qu’il faut payer en devises. Le plus grand problème est que cet endettement ne s’accompagne d’aucune véritable perspective. Mal dirigées, les mesures prises par les pouvoirs publics ont tendance à verrouiller le système. L’Etat s’est mis en tête de réaliser les grands projets et d’augmenter l’investissement public, mais cela se révèle très difficile. Car, en tentant coûte que coûte de réaliser son programme, il se retrouve obligé d’utiliser les devises revenant aux entreprises privées qui, n’ayant plus assez de moyens pour importer, doivent alors réduire leurs activités, ce qui entraîne la réduction des recettes budgétaires et par ricochet, de graves tensions de trésorerie.

Impasse
Hélas ! Une bonne volonté mal éclairée est en train de pousser le pays dans l’impasse. La question essentielle est la suivante : que faire ? Avant de répondre, il faut noter que toute activité qu’on peut mener au Cameroun peut donner lieu à un revenu : qu’on balaie une rue, qu’on produise le mil, qu’on garde les enfants, qu’on dispense un cour d’hygiène à la population ou qu’on joue au football, on produit un bien ou un service utile qui devrait se traduire en principe par un revenu. Il serait donc possible de générer un volume immense de revenus en faisant travailler tous les Camerounais. D’où vient donc tant de chômage dans un pays qui n’a encore rien fait, qui n’a pas de routes, d’hôpitaux ou d’enseignants alors que les pays qui ont déjà tout fait obligent les gens à travailler à des âges très avancés faute de main-d’?uvre ? En voici la raison : lorsqu’un Camerounais balaie la rue, il acquiert un revenu. Malheureusement, il s’agit d’un revenu local qui n’a aucune contrepartie à l’extérieur, ce qui ne l’empêchera pas de l’utiliser pour acheter un téléviseur au Japon. Ce faisant, il met en devoir les planteurs de cacao, de café ou de coton de produire les devises qui financeront son téléviseur. Lorsque ces devises ne suffisent plus pour financer de tels achats, le revenu local ne permet plus d’avoir le téléviseur et cesse d’être intéressant. La conséquence est automatique : l’immense revenu potentiel intérieur que le Cameroun pourrait générer est étouffé par l’incapacité de l’utiliser pour avoir accès aux biens manufacturés qu’on n’acquiert que par des devises. Or, celles-ci ont un volume très faible puisqu’elles sont restreintes aux produits agricoles et aux minerais dont les recettes dépendent davantage des conditions de la nature, des dotations aléatoires de la géologie et de cours internationaux. Continuer à s’appuyer sur les revenus d’exportation pour améliorer notre bien-être est totalement suicidaire et il n’existe pas d’autres solutions que de réduire la pression à la demande extérieure en remplaçant les importations par la production intérieure, c’est-à-dire, à produire nous-mêmes un grand volume de biens manufacturés, consacrant ainsi nos devises à l’achat de l’outil de production ou des biens très évolués.

Et cela demande des mesures macroéconomiques d’un ordre autrement plus puissant que de simples initiatives sur des « stratégies de compétitivité » ou « des séminaires de mises à niveau » de 2 ou 3 PME. Et d’ailleurs, comment le Cameroun pourrait-il être compétitif ? Le pays est trop petit : la moitié de ses maigres 20 Millions d’habitants est formée de petits enfants. Quant au reste appelé « population active », la moitié est également formée de paysans incapables de lire une notice technique. Reste donc 5 Millions d’adultes qu’on retrouve en ville, mais dont la majorité occupe de petits métiers d’un niveau très bas. Ce n’est pas avec un tel capital humain qu’on bâtit la compétitivité, car il faut bien le rappeler, la compétitivité est la capacité de battre l’adversaire et peu importe comment. C’est un concept amoral d’un monde darwinien que se partagent les puissants munis de griffes et de crocs. Quand la Chine baisse ses prix à l’extérieur, c’est la compétitivité ; quand la France et la Grande Bretagne vont fusiller Kadhafi, c’est la compétitivité ; quand la Chine et l’ex – URSS soutiennent Bassar El Assad, c’est la compétitivité. Quand Bolloré pousse le Président français à exercer des pressions sur le Président Biya, c’est la compétitivité. Lorsque la France refuse que ses fonds CD2 soient utilisés par la Chine pour construise le pont sur le Wouri, c’est la compétitivité. Lorsque les agro-industries à capitaux chinois ou français préfèrent importer des tracteurs de leur pays d’origine au lieu d’acheter les tracteurs indiens montés à Ebolowa, c’est la compétitivité.

Stratégie de l’évitement
Le Cameroun est beaucoup trop maigrichon pour s’insérer dans une jungle aussi violente et peuplée de puissances aussi maléfiques. Il doit adopter la stratégie de l’Evitement et se protéger. Il existe à cet effet un grand nombre de mécanismes traditionnels de protection d’une économie : douane, contingentements, norme, subventions, dumping pour la conquête de marchés extérieur, etc. Malheureusement, ces protections classiques sont dénoncées par la redoutable OMC (Organisation mondiale du commerce) et entraînent le risque de rétorsion de nos partenaires. En outre, elles sont peu sélectives, très coûteuses et d’application difficile. Par contre, il existe une seule mesure, simple et qui ne coûte pratiquement rien : il suffit de rendre une proportion de 20% des billets de banque qui circulent au Cameroun totalement inconvertibles. D’un point de vue mathématique, c’est la seule mesure capable de remettre le Cameroun dans la voie qu’il a connue de 1960 à 1987, quand sa croissance annuelle était de 7% et que le système productif était capable d’absorber tous les Camerounais dans l’économie moderne et bien payée.

Intégration en kiosque
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Dieudonné Essomba: «Pas de développement durable sans système productif performant»

Analyste en macroéconomie au ministère de la Planification, il apprécie les enjeux du concept de développement durable au Cameroun

Une délégation camerounaise est à Rio de Janeiro au Brésil, pour la tenue du forum sur le Développement durable. Sur un plan de politique économique, que peut-on attendre d’un tel évènement?
Il n’y a pas grand-chose à attendre d’un tel forum, il n’est pas le premier qui aborde cette question de développement durable. On aura quelques résolutions, que chacun va emporter dans son pays, la délégation camerounaise rapportera notre copie et peut-être qu’on communiquera dessus, mais au final, en terme d’impacts significatifs, on aura peu de choses. La vérité c’est que quelles que soient les résolutions qu’on prendra à Rio, elles ne s’attaqueront pas au problème de fond, du moins du peu que j’en fasse analyse. Le problème de fond dont il est question c’est celui du sous-développement qui est général pour notre pays, comme beaucoup d’autres en Afrique, et surtout qui s’accompagne d’une paupérisation des couches de la société, parmi celle qui sont des modèles de réussite de la politique d’assimilation. Il me souvient il y a 20 ans, les agents publics étaient logés à bonne enseigne côté revenus. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Vous rencontrez des gens qui ont un bon niveau académique et qui n’ont pas de ressources, alors ne leurs dites pas de préserver l’environnement, alors qu’ils sont dans une logique de survie.

Justement, un des points de discussions à Rio c’est celui de la lutte contre la pauvreté, mais tout en prenant en compte, la nécessité de rendre cet objectif durable. Quel est le problème que vous posez?
Je partage l’objectif qu’il y a de protéger l’environnement, ou plus exactement d’exploiter les ressources du sol et du sous-sol de manière intelligente. Cela n’est pas négociable, c’est une question de survie. Mais pour y arriver il y a des bases. Vous ne pouvez pas demander à des gens qui n’ont presque plus rien, parce qu’il n’y a pas d’emploi, de ne pas accéder à la seule chance de survie qui leur reste ou d’y accéder modérément. Vous demandez aux gens de garder leurs faunes et leurs forêts, comment-vont-ils vivre ? C’est cela la question de fond. Lorsque les européens parlent d’environnement, ils ont raison. Leur système de production est tellement puisant qu’il permet de satisfaire leurs besoins en quantité voulue, qu’ils n’ont pas besoin de détruire les ressources chez eux pour manger. Ce n’est pas le cas pour nos pays africains, dont le Cameroun. Nous ne produisons pratiquement rien. Et le système économique mondial est configuré de manière que nos économies ne peuvent pas fonctionner. Donc de quoi va-t-on discuter à Rio si on ne pose pas ces préalables ? La seule chose de faisable pour les économies africaines, dont celles du Cameroun, c’est d’exploiter les ressources naturelles. Vous leur demandez d’en sortir, pour quelle alternative, en l’absence d’un tissu industriel performant?

Sur cette base un problème se pose, la pression démographique (2,5% de croissance au Cameroun) fait que dans tous les cas, ce problème de durabilité des ressources naturelles se posera, tissu industriel ou pas. Dans ce cas est-ce que la durabilité ne prend pas tout son sens?
C’est ce que j’ai appelé dans mes analyses l’impasse économique. La vérité est que le système mondial est tombé dans l’impasse qu’il a lui-même généré. Effectivement la croissance démographique est une menace sérieuse en ce qu’elle est susceptible de déborder la capacité de la nature à produire des ressources, c’est un constat évident. Mais ce que je dis c’est que cette solution ne se trouve pas dans le respect mécanique de l’environnement, il faut pouvoir trouver la bonne alternative. Pour ma part, j’aurai suggéré aux africains et donc aux camerounais, de sortir d’abord de ce système économique mondial dit moderne, mais qui en réalité est un système agressif, qu’ils ne peuvent suivre pour le moment. Parce que ce système là aujourd’hui permet à certains pays considérés comme grands pôles internationaux de renforcer leur appareil productif, en confinant les autres à des activités périphériques d’exploitation de matières premières, à faible valeur ajoutée. Pendant qu’eux prospèrent, les autres sont étouffés et n’ont d’autres recours que de se tourner vers la solution la plus généreuse, la nature. Depuis qu’on parle de tous ces sommets, cela fait 20 ans au moins que j’en entends parler, qu’est ce qui a changé ? Rien ; les experts le savent et tous les débats de fonds sont évités.

Ce ne sont quand même pas les autres qui trouveront des solutions à nos problèmes face à ces défis, est qu’on n’a pas l’impression que la force de proposition des camerounais, comme d’ailleurs de nombreux pays dans la même situation a trouvé ses limites ?
Les camerounais sont sans ignorer mes propositions sur la question du développement, qui avant tout est une question de monnaie. Nous devons avoir un système monétaire qui puisse permettre de protéger et de renforcer la production locale. Ce n’est pas le cas pour le Cameroun. Je rappelle qu’il y a des pays qui n’ont pas la moitié de nos ressources, mais qui s’en sortent mieux que nous. Le développement pour qu’il puisse être durable, c’est d’abord l’autonomie de sa monnaie. J’aime aussi à rappeler le combat de Monsieur Djonga pour stopper l’importation des poulets, cela a développé bon gré malgré, une filière avicole, qui aujourd’hui est très prospère. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour toutes les filières au Cameroun ? Et là on assisterait vraiment à un développement inclusif pouvant permettre d’en contrôler et garantir la durabilité.

Au final on tourne autour d’une impasse, puisque relancer le système productif national c’est aussi trouver et mobiliser les capitaux qui vont avec, capitaux que le pays ne peut générer qu’en vendant des ressources naturelles, que faut-il donc faire ?
Je vous concède le fait qu’il existe des difficultés avec la gouvernance pour déjà optimiser les ressources qui sont actuellement disponibles. De même je concède aussi qu’il y a des problèmes d’opérationnalité des responsables de la gestion des choses publiques, ce n’est pas moi qui le dit, il faut voir tout le monde aujourd’hui en détention. Mais en réalité, les capitaux dont vous parlez, sont créés par le système. Ce n’est pas Dieu qui a donné les capitaux aux occidentaux. Nous partons nous les africains de la base qu’il faut qu’on ait de l’argent mais ce qu’on oublie c’est que si notre système produisait, le problème ne se poserait pas. Maintenant pour produire, il faut faire face au défi de la compétitivité. En l’état actuel de l’économie où on attend les capitaux des autres pour nous développer, il y a des chances que le développement ne soit pas durable dans notre pays, vous pouvez vous-même en faire le constat.

Si vous aviez un message à passer aux participants de ce forum de Rio, que leur diriez-vous ?
Je ne vois pas quel message je peux passer à un forum de ce type. Habituellement, chacun vient à ce type de rencontre avec ses problèmes et il repart comme il est venu. La vérité c’est que finalement j’ai l’impression que ce genre de rencontre est une nouvelle forme d’influence. L’Europe par exemple qui est menacée aujourd’hui par la Chine, y est représentée fortement. Derrière ce genre de fixation comme l’environnement ou encore la durabilité, il y a des risques que subsiste une volonté d’empêcher la croissance de certains autres pays, qu’on souhaite maintenir sous son joug, c’est le cas de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Lorsqu’on parle d’environnement à des pays comme la Chine ou l’Inde, ils rigolent, parce que justement, leur système productif ne peut s’arrêter compte tenu du poids de leurs populations.

Dieudonné Essomba, Igénieur Principal de la Statistique
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Secteur minier/FMI – BM: Hypocrisie, duplicité et cupidité au Cameroun

Par Dieudonné Essomba, cadre au minepat, ingénieur statistiques hors échelle, économiste

Le deuxième forum minier, organisé conjointement par le gouvernement et la Banque Mondiale, s’est tenu à l’Hôtel Hilton du 29 au 31 Mai 2012. Le Forum était axé sur la démarche optimale à suivre pour concrétiser la stratégie de développement du secteur minier au Cameroun. Notre pays dispose d’importantes réserves de mines solides, mais si on exclut le cas particulier du pétrole, la contribution du secteur minier reste marginale avec moins de 1% du PIB. L’activité se réduit à l’exploitation artisanale de quelques pierres et métaux précieux faite de manière informelle. Le Forum a parcouru un grand nombre de problématiques liées à l’exploitation minière, et notamment la gouvernance, le cadastre, la fiscalité, les normes, l’environnement, la cogestion des mines entre pays voisins et les conflits relatifs à l’exploitation minière. Un accent particulier a été mis sur la transparence dans la répartition des ressources entre l’Etat, les collectivités territoriales décentralisées et les communautés riveraines. Si on peut se féliciter de la grande variété des thèmes développés et du grand nombre d’informations auxquelles on a eu accès et qu’on peut naturellement retrouver sur les sites dédiés à la Banque Mondiale, le forum a cependant dégagé quelques points polémiques.

Le premier a porté sur le lancinant désir des organisateurs à évacuer toute observation non conforme avec leurs idées. Après le premier jour où les participants ont pu poser quelques questions de fonds, le forum a dérivé vers l’exposé de cours magistraux où des modérateurs sommaient de manière comminatoire les participants de limiter leurs interventions à poser quelques questions « claires et précises », dans un rapport d’étudiants/professeur. Une démarche qui a fait sortir des gongs le professeur Ombiono, indigné que le forum soutienne mordicus que les multinationales ne sont pour rien dans les guerres alors que selon lui, leur rôle est considérable. Le second point est l’exagération de l’importance de la gouvernance dans l’attractivité des capitaux, une mythologie qui ne résiste ni au bon sens, ni aux faits. De toute évidence, les capitaux internationaux cherchent où s’investir avec bénéfices et la gouvernance ne fait nullement partie de leurs préoccupations. Exception faite des expropriations qui ne relèvent pas, à proprement parler, de la gouvernance, mais des postures stratégiques dans le concert des Nations, il est même douteux qu’elle leur apparaisse comme une priorité : ceteri paribus, on les voit davantage attirés par des gouvernements autoritaires que les régimes politiques transparents. Les multinationales occupent de préférence des niches qu’elles comptent exploiter sans être gênées par l’action des syndicats, la législation sociale ou les contrôles parlementaires. De tels régimes leur offrent des garanties policières pour faire victorieusement face aux demandes des populations pour de meilleurs salaires et une distribution plus équitable des revenus. En outre, elles n’aiment pas la concurrence et ne s’implantent dans un marché étroit que sur l’assurance d’y jouir d’un monopole de fait : pour maintes situations, les pays africains attireraient davantage les IDE en leur promettant de telles garanties qu’en ouvrant largement leurs frontières. Il est vraiment amusant de voir la bureaucratie de Brettons Woods parler de gouvernance et d’environnement pour séduire les investissements quand on connaît la répulsion de ces structures pour les syndicats, les contrôles parlementaires ou les mouvements écologistes ! Par ailleurs, le refus de traiter du comportement réel des multinationales transforme notre stratégie minière en un document romantique. De fait, les multinationales, bras armé des pays industriels et émergents, engagés dans un duel à mort, regardent d’un sourire amusé ce spectacle de clowns. Que peut bien leur faire un forum ? A la moindre opportunité d’investissement rentable au Cameroun, elles viendraient y mettre la main et imposer leur implacable logique par la corruption, le chantage, les menaces, le financement des coups d’Etat, des assassinats ou des guerres civiles.

Le troisième qui est les plus grave est un dévoiement manifeste des objectifs de croissance du Cameroun et une réorientation de notre économie portée davantage sur l’économie de traite. Ceci transparaît dans cette fixation de la participation des citoyens qui traduit le fait que les ressources doivent être partagées équitablement. Or, cette démarche est économiquement erronée : l’exploitation moderne des mines constitue des enclaves technologies lourdes n’ayant aucun rapport avec l’économie locale, autre que celle de distribuer les revenus directs. En fait, les mines ne constituent que le premier segment des filières de production dont l’essentiel se situe à l’extérieur : ainsi, le minerai extrait au Cameroun ne représente même pas 10% de la valeur totale des biens finaux qui en découlent. Les minerais ont donc pour vocation première d’aller alimenter la valeur ajoutée d’autres systèmes productifs, ne laissant au Cameroun que des miettes. C’est précisément pour cela que l’exploitation minière apparaît davantage comme l’expression des stratégies extérieures que nous ne pouvons que subir. Dans ces conditions, une politique minière ne peut constituer en soi une stratégie de développement. Elle s’inscrit plutôt dans l’ancienne politique de valorisation des exportations visant à renforcer les équilibres extérieurs telle que la balance de paiements. Son plus grand intérêt est de fournir des devises c’est-à-dire un pouvoir d’achat extérieur qui permet au pays de s’approvisionner à l’extérieur. Tout dépendra alors des choix stratégiques que le gouvernement aura à opérer :

– on peut utiliser ces devises pour la consommation, c’est-à-dire l’achat de biens domestiques (voitures, maisons, etc.) qui permettent d’améliorer le niveau de vie des populations de manière spectaculaire, avec l’assurance que le pays tombera dans une misère plus grande sitôt que les ressources se tarissent. C’est généralement cette démarche de distribution des ressources minières qui suscite des frustrations diverses, ingrédient principal des guerres civiles liées à l’exploitation minière.
– on peut aussi recycler ces devises pour financer les infrastructures. Cette démarche très répandue est meilleure que la première, mais elle peut se révéler très dangereuse lorsque les ressources se tarissent. En effet, l’entretien des routes, des chemins de fer ou des aéroports coûtent cher en devises. L’entretien d’un réseau d’infrastructures peut devenir trop coûteux lorsque les ressources viennent à tarir, entraînant leur abandon et leur délitement. C’est d’ailleurs la situation au Cameroun, où l’agriculture d’exportation et le pétrole ont permis naguère de mener un grand nombre de réalisation (routes, réseaux électrique, réseaux d’eau, etc.) qu’on a toutes les peines du monde à maintenir à l’état.
– on peut enfin utiliser ces ressources pour développer un processus d’import-substitution, autrement dit, pour construire une industrie locale qui réduit les besoins d’importation. C’est la seule politique viable et c’est elle précisément qui est condamné par le FMI et la Banque Mondiale à travers la logique de partage, de non intervention de l’Etat et d’ouverture des frontières.

Le Forum Minier et, une semaine plus tôt, la campagne du FMI pour obliger le Cameroun d’arrêter les subventions au carburant montrent une fois de plus l’extrême emprise de ces deux institutions dans la gouvernance du Cameroun. Alors que la France est décriée par tous les révolutionnaires, très peu de Camerounais dénoncent cette anomalie et c’est à peine si on peut entendre un Babissakana. Que ce soit dans les interdictions faites au Cameroun, les orientations de notre politique nationale, rien ne se fait au Cameroun sans que le FMI et la Banque Mondiale donnent leur accord. Ce n’est plus une aide c’est une véritable garde à vue. L’intervention de ces deux institutions a déjà eu une terrible conséquence politique de nature à ébranler le Cameroun sur ses assises : de fait, l’indicible cauchemar qui frappe actuellement le Cameroun, avec un Premier Ministre, des Secrétaires généraux de la Présidence et des ministres en prison vient de cette immixtion absolument abominable dans notre gouvernance, avec le désir du Chef de l’Etat de mener subrepticement l’achat d’un avion présidentiel au motif qu’il fallait cacher l’achat au FMI et à la Banque Mondiale ! On ne voit pas raisonnablement sur quelle théorie, quelle expérience ou quel bon sens on se fonde pour croire que le FMI et la Banque Mondiale pourraient développer le Cameroun. Le sous-développement est une problématique très complexe qui depuis 90 ans, a échappé à tous les grands théoriciens y compris les Prix Nobel qui s’y sont cassés les dents. L’idée qu’une clique de fonctionnaires internationaux tirant leur savoir on ne sait d’où, puisse venir réaliser ce qui échappe encore à la science économique est proprement effrayant.

Pourtant, ces institutions ont des missions précises. Par exemple, le FMI a pour mission de fournir des crédits aux pays qui connaissent des difficultés financières mettant en péril l’organisation gouvernementale du pays, la stabilité de son système financier ou les flux d’échanges de commerce international avec. Même s’il conditionne l’obtention de ses prêts à la mise en place de réformes économiques, sa vocation est par essence un dépannage momentané et non une installation définitive Et chaque fois qu’il a outrepassé ces missions essentielles de dépannage momentané, son action s’est toujours soldée par un échec. Dans son livre Quand le capitalisme perd la tête, Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’Economie soutient que le FMI a été responsable de la longue crise d’Argentine. De même, dans son livre The Globalisation of Poverty, Michel Chossudovsky impute au FMI l’éclatement de la fédération yougoslave. Même la guerre ivoirienne trouve ses sources dans l’action du FMI.

Mais alors que cette institution se prend pour l’alpha et l’omega de la science économique, un rapport du Bureau Indépendant d’évaluation du FMI (BIE) concernant la période (2004-2007) a dénoncé l’impotence intellectuelle du FMI qu’il expliquait par une pensée dogmatique, l’enfermement doctrinaire, une confiance aveugle dans la capacité des marchés à réguler l’économie, un découplage entre l’analyse macroéconomique et l’analyse financière, ainsi que de graves lacunes de sa gouvernance interne. Mais par-delà ces limites, la sédentarisation du FMI au Cameroun a permis de transformer ses antennes locales (représentants permanents, chargés de mission, etc.) en une bureaucratie relais disposant des intérêts propres, soucieuses de leurs carrières, disposant d’un vif esprit corporatiste et surtout, désireuses de survivre à tout prix. La bonne réalisation des objectifs qui leur sont assignés pouvant se conclure par l’interruption des activités et la fin de leur gagne-pain, il n’y a pas lieu d’en attendre un zèle adéquat pour qu’ils mènent rapidement les missions à leur terme. Et on verra bien que par diverses man uvres, ces « experts » tenteront d’allonger indéfiniment leur mandat : à cet effet, ils susciteront des réseaux de relations au sein des administrations et des « sociétés civiles », générant une classe particulière de citoyens qualifiés de « points focaux » qu’ils entretiennent habilement par des subsides de toutes natures : multiples invitations à des séminaires suivis d’un per diem, gestion des manifestations engageant beaucoup d’argent, intégration à des groupes d’études, nomination à la tête des programmes qu’ils financent, financement des campagnes médiatiques de dramatisation de la misère et des publications hagiographiques de leur action.. C’est précisément cette bureaucratie qui n’accepte pas la moindre critique dans les forums. Des administrations pérennes se bâtissent autour de la thématique, des fortunes immenses se créent et la confusion s’installe. On finit par ne plus savoir où on en est, mais on peut être sûr d’une chose : l’objectif de cette nouvelle bureaucratie n’est pas de réaliser sa mission à la perfection, mais d’obtenir des demi-succès qui légitiment son existence tout en justifiant la poursuite de son l’action. D’ailleurs, les réseaux qu’elle crée et greffe dans la haute administration ne manqueront pas de faire pression sur leur mandataire, soit pour poursuivre l’action en l’état, soit pour la réformer dans les aspects purement formels.

Casser le cordon ombilical qui lie le FMI/BM au CamerounLa sédentarisation du FMI et de la Banque Mondiale est liée à une mauvaise architecture de notre économie. En effet, celle-ci se caractérise par une demande explosive des biens importés qu’alimentent la croissance démographique, l’amélioration du niveau intellectuel et l’urbanisation, tous facteurs qui tordent le profil de consommation au profit des biens manufacturés. Mais les exportations requises en échange de ces importations n’évaluent qu’avec parcimonie, avec notamment le cacao relativement instable, le café abandonné, le coton presque oublié ou le pétrole finissant. Et même si on arrivait à exploiter nos minerais, le seul résultat serait une amélioration temporaire de la marge de man uvre et du niveau de vie, mais sans résoudre le problème de fond. En fait, celui-ci ne serait que déplacer dans le futur. Dans cette condition, il n’existe pas d’autres solutions que de produire le maximum possible de biens manufacturés sur notre territoire, de manière à limiter cette pression à la demande extérieure qui est précisément la cause de notre déficit structurel des balances extérieures et de l’étouffement du taux de croissance. Autrement dit, qui justifie la présence permanente de la Banque Mondiale et du FMI. Mais cette import-substitution qui se révèle une exigence vitale ne peut pas se faire sans un mécanisme de protection contre la brocante européenne et la pacotille chinoise qui détruisent toute possibilité de survie d’une entreprise. C’est précisément pour cette raison que la Monnaie Binaire constitue la seule alternative viable.

Le monde est impitoyable pour les peuples naïfs et complaisants : c’est la terrible leçon de l’Histoire. La confiance aveugle que les Camerounais accordent aux rêves mirifiques brandis ou encouragés par le FMI et la Banque Mondiale peut nous donner un sentiment de fausse sécurité, mais ces mensonges vont nous ronger jusqu’à l’os. On ne développe pas un pays avec des rêves, du bavardage ou des appels magicoreligieux. La haine que nous éprouvons pour la vérité nous rattrapera un jour dans toute sa nudité et toute son horreur.


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Cameroun: Revue de la presse du vendredi 13 mai 2011

La présidentielle 2011, la réclamation des étudiants camerounais en Chine, les affaires Tsala Essomba et Issa Hayatou…

L’élection présidentielle d’octobre prochain arrive à grand pas. Pour ce, on note de grandes agitations dans la sphère politique. Le quotidien Le Jour annonce: « Le congrès du Sdf reporté sine die ». Le journal explique que: John Fru Ndi et ses camarades récusent à nouveau Elecam et exigent des conditions minimales de transparence. Conséquence: le Congrès du Social Democratic Front(Sdf) ne se tiendra pas dans les prochaines semaines comme initialement annoncé par certains responsables de ce parti politique de l’opposition. Le quotidien La Nouvelle Expression titre: « Elecam, congrès. : Un Nec de toutes les attentes». Pour le journal:la nouvelle position du Sdf attendue après les dernières modifications législatives sur Elections Cameroon. Tout comme l’agenda du parti en rapport avec la tenue du congrès reste à préciser. La réunion du comité exécutif national de ce week-end cristallise des impatiences. Le quotidien Mutations en politique s’est plutôt intéressé à la: « Présidentielle 2011: Des étudiantes formées à la gestion de la paix post électorale ». Il explique que: l’Ong Horizons femmes forme des leaders estudiantins pour sensibiliser la population sur la nécessité de voter. Le quotidien national bilingue Cameroon Tribune quant à lui titre: « Les femmes dans la bataille de la représentativité en politique». Il explique selon les propos de Justine Diffo Tchunkam, coordinatrice nationale de l’ONG More Women in Politics que: la femme camerounaise est née dans un environnement qui ne lui a pas enseigné l’affirmation de soi, la contribution à la gestion de la société. On lui rappelle tout le temps que la politique n’est pas pour elle, qu’elle doit s’occuper de sa famille. Tout ceci reste dans le subconscient si bien que, même lorsqu’elle en a les capacités, elle s’autocensure, à cause de la peur du regard de la société.

L’histoire qui a défrayé la chronique cette semaine concerne le Dr Tsala Essomba. En presse écrite, c’est Mutations qui l’annonce en scoop à sa grande une de la parution du lundi 9 mai: « Tsala Essomba est mort». Il précise: d’après des sources concordantes, le célèbre pasteur est décédé en début de week-end dernier hors du pays. A l’instar de l’apparition de la vierge Marie à Nsimalen, la nouvelle de la mort du pasteur Tsala Essomba s’est répandue comme une traînée de poudre le week-end dernier à Yaoundé et au-delà. Et toute la journée les autres rédactions courent après l’information pour finalement annoncer le lendemain: «Je ne suis pas mort» selon Le Jour. après de vaines tentatives pour l’avoir par vidéoconférence du fait de dérangements liés à la connexion Internet, une voix semblable à celle de Tsala Essomba est retransmise par téléphone. Les premiers mots indiquent : Je ne suis pas mort. Je suis en vie, en bonne forme en Belgique. Ceux qui racontent que je suis mort vont attendre longtemps. Je viendrai les accompagner. La Nouvelle Expression après avoir annoncé que: « Riposte: Le fantôme de Tsala Essomba parle» elle fait alors cette déclaration: Je rejoindrai le Cameroun dès que possible parole d’homme du supposé défunt Dr Tsala Essomba. Mutations dans ses éditions suivantes pense que: « Affaire Tsala Essomba: Des ouailles crient à la machination». Car: le temple du ministère Va et raconte grouillait de monde au quartier Mvan (Tropicana) à Yaoundé. Et pour cause, pris de panique suite à l’annonce par votre journal, du décès du pasteur Tsala Essomba, ils ont à démentir l’information. Ici donc, des fidèles de cette communauté encore appelée Eglise pentecôtiste chrétienne du Cameroun, ont craché leur indignation quant à l’article ayant suscité la Une du quotidien Mutations du lundi 09 mai 2011. Ce sont des envoyés du diable qui souhaitent ainsi la mort du docteur! clame un homme visiblement hors de lui.

Une autre affaire non moins importante que la précédente est celle des étudiants camerounais boursiers en Chine. Depuis quelques semaines, ils crient à l’abandon de la part du gouvernement. Réagissant à leur plainte, le ministre de l’Enseignement supérieur par voie de communiqué dit: « Les boursiers camerounais en Chine passent bientôt à la caisse ». Selon lui: le ministre de l’Enseignement supérieur a l’honneur d’informer l’opinion nationale et l’ensemble de la communauté universitaire de ce que, grâce à la politique de coopération prescrite par Monsieur le président de la République avec certains pays amis et organisations internationales, des étudiants camerounais poursuivent dans le calme et la sérénité leurs études dans les différents pays d’accueil suivants: l’Algérie, le Bangladesh, la Chine, le Cuba, le Maroc, la Russie, la Tunisie et la Turquie. Le Jour titre alors: « La vérité des étudiants de Chine». Car: les étudiants camerounais attendent de voir, mais ne font plus mystère de leur détermination à faire entendre leur voix. Nous maintenons nos revendications jusqu’à ce que nos 24 mois d’arriérés des compléments de bourses soient entièrement épongés. Il en va de même pour le paiement des indemnités de transport aux étudiants finissant cet été 2011. La menace de durcir le mouvement est brandie. Au cas où nous restons mal compris, alors nous seront obligés de manifester notre ras-le bol avec grève de la faim à l’ambassade du Cameroun à Beijing. Pour Mutations: «Etudiants de Chine: Fame Ndongo, sans bourses délier » Car:Les jeunes compatriotes de l’empire du Milieu battent en brèche les affirmations du Minesup.

Issa Hayatou revient sur la scène avec une nouvelle affaire de corruption. « Mondial 2018 et 2022: Issa Hayatou encore attaqué » titre La Nouvelle expression. selon le député britannique Damian Collins, des éléments non encore divulgués d’une enquête de l’hebdomadaire Sunday Times prouvent que le Camerounais Issa Hayatou, vice-président de la Fifa et président de la Confédération africaine (Caf), et un autre membre du comité exécutif, l’Ivoirien Jacques Anouma, ont monnayé leur vote pour le Qatar. Mutations pense qu’ «Issa Hayatou contre-attaque». Le Président de la Caf réfute catégoriquement les nouvelles accusations du quotidien britannique Sunday Times. Cameroon tribune affirme sur le sujet que le « Non, c’est faux de Issa Hayatou». Pour le journal qui l’a rencontré, C’est un homme stoïque, déterminé à laver son honneur sali par les médias anglais.

La Une de quelques quotidiens camerounais
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Droit de réponse: Le Dr Tsala Essomba n’est pas mort

Le Pasteur du «ministère Va et raconte» évoque l’article du quotidien Mutations qui le donnait pour mort

Monsieur le Directeur de Publication,
Dans sa parution N° 2903 du lundi 09 Mai 2011, le journal Mutations a titré en grande une : «Nécrologie : Le Pasteur Tsala Essomba est mort. Le fondateur du ministère «Va et Raconte» a succombé à une maladie en Europe. Retour sur le phénomène qui a défrayé la chronique dans la capitale ».

1. Traitement de l’information
En page 5 de votre journal, il est écrit : «religion le dernier prêche de Tsala Essomba. D’après des sources concordantes le célèbre pasteur est décédé en début de week-end dernier hors du pays».

a. De vos sources concordantes
Je suis surpris de constater que votre reporter dont chapeau vient d’être cité n’a pas pris la peine de respecter la première règle déontologique dans l’exercice du métier de journaliste qui consiste à recouper l’information à bonne source avant sa publication. En effet, le Ministère Va et Raconte International situé derrière l’office du Baccalauréat au quartier Mvan Tropicana est l’endroit le mieux indiqué pour obtenir les informations fiables et dignes de foi à mon sujet. Ce ministère a en son sein, une Direction de l’Evangélisation et de la Communication chargée des Relations Extérieures, coordonnée par l’un de mes collaborateurs ouvert à toutes les sollicitations de la presse. Pour parler prosaïquement, avec 100frs CFA seulement, votre reporter aurait pu emprunter un taxi et arriver sur le site du ministère situé non loin de vos locaux. Je ne sais donc pas de quelles sources et de quelle concordance vous faites allusion dans votre article de presse lorsqu’on sait que votre reporter n’a pas daigné se rapprocher de mes plus proches collaborateurs que sont les Hommes de Dieu en service dans mon ministère. Monsieur BOYOMO aurait pu autrement chercher à contacter l’un des membres de ma famille aux fins de disposer de la bonne information. Face à autant de possibilités que l’auteur de l’article a carrément négligées, le texte de votre reporter vous aurait amené même par mimétisme à y marquer des réserves car, une nouvelle concernant la mort d’un homme de ma trempe n’a aucune commune mesure avec la fermeture d’une épicerie mal gérée. Je suis Ambassadeur pour Christ.

b. Toujours dans votre journal vous avez publié le texte suivant : «Le célèbre pasteur est décédé en début de week-end dernier hors du pays».
Au Cameroun le week-end commence le vendredi dans l’après midi et s’achève dimanche soir. Si l’on s’en tient à cette délimitation et selon vos propres propos, je serais mort dans cet intervalle de jours. Il est loisible pour moi de vous rappeler que vendredi soir, c’est-à-dire le 06 mai 2011, comme à l’accoutumée, j’ai annoncé l’évangile de Jésus-Christ par vidéo conférence à mes brebis qui se comptent par milliers au Cameroun. Le samedi matin, dans mon rôle de directeur de publication du bimensuel Va et Raconte info, j’ai présidé une réunion à laquelle prenait part tous mes plus proches collaborateurs. Le dimanche, dans le strict respect de l’ordonnance de Dieu, assisté d’autres Hommes de Dieu venus de la France et des Etats-Unis, j’ai dirigé personnellement le culte dominical au cours duquel j’ai présenté au Seigneur et à l’assistance venue nombreuse ma nouvelle née Deborah Tsala. Vous allez constater avec moi que je ne suis mort ni vendredi, ni samedi encore moins le dimanche. L’information publiée dans vos colonnes annonçant mon décès le weekend dernier est donc erronée et ne saurait être prise en considération car, je suis bel et bien en vie, en parfaite santé par la grâce de Dieu et je vis actuellement en Belgique où je poursuis sereinement mes activités au service du Seigneur.

2- Vos diverses allégations
En vous lisant, vous semblez également douter de mon appel. C’est l’occasion pour moi de préciser à votre rédaction que mon appel repose sur une révélation de Jésus-Christ et non sur les connaissances intellectuelles selon Galates 1 :11 qui dit «Je vous déclare, frères, que l’Evangile qui a été annoncé par moi n’est pas de l’homme; car je ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ». En effet, l’Apôtre Paul ne considère pas sa connaissance excellente reçue dans les écoles pharisaïques comme étant la base de son appel mais plutôt sa rencontre avec le Seigneur qui s’est révélé à lui. Or il n’est pas possible à n’importe quel homme d’opérer dans cette dimension juste à partir de sa carte de baptême, de sa connaissance théologique, philosophique, intellectuelle ou culturelle mais par la réception du Saint-Esprit. Actes 19 : 38 «vous savez comment Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’empire du diable, car Dieu était avec lui». Paul démontre qu’il était très avancé dans la prestigieuse école de Gamaliel célèbre Docteur de la loi juive selon Actes 22 : 3 «Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie; mais j’ai été élevé dans cette ville-ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui». Pareillement la Bible confirme que les Apôtres à l’instar de Pierre, Jean et les autres qui suivaient Jésus étaient reconnus par le peuple comme des hommes sans instruction : Actes 4 :13 «Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, ils furent étonnés, sachant que c’étaient des hommes du peuple sans instruction; et ils les reconnurent pour avoir été avec Jésus». Ainsi, mon appel se justifie selon la parole de Dieu par des guérisons diverses, des délivrances et la victoire sur les puissances des ténèbres selon Marc 16 : 15-18 «allez partout le monde, et prêcher la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui croira pas sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues, ils saisiront des serpents ; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point mal ; ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris».

A la lumière de ces révélations du Saint-Esprit, je me pose bien la question de savoir en quoi est-ce que je suis imposteur ? Puisque l’appel que j’ai reçu de Dieu repose sur Jésus-Christ et non sur les connaissances théologiques, philosophiques intellectuelles ou culturelles. Ephésiens 4 : 10-15 «Celui qui est descendu, c’est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses. Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres pour le perfectionnement des saints en vue de l’ uvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ». La mission qui se dégage donc de mon appel, n’a rien à voir avec les fables habilement conçues qui contribuent à maintenir le peuple dans la servitude et l’esclavage du diable. Colossiens 2 : 8 «Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ». C’est Dieu qui m’a choisi et m’a doté d’un instrument, le Saint-Esprit, qui se manifeste dans mon ministère par des miracles, des guérisons des signes et des prodiges, selon les Saintes Ecritures dans Actes 26 : 16-20 «mais lève-toi, et tiens-toi sur tes pieds ; car je te suis apparu pour t’établir ministre et témoin des choses que tu as vues et de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai. Je t’ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t’envoie afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent par la foi en moi le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés. je n’ai point résisté à l’appel j’ai prêché la repentance et la conversion à Dieu avec la pratique d’ uvres dignes de la repentance». De même, après ma délivrance le 22 février 1992 à Edéa, j’ai annoncé l’Evangile à travers le Cameroun et dans d’autres nations telles que le Nigeria, le Benin, le Togo, la Côte-d’Ivoire, le Gabon, les deux Congo, la France, la Belgique, la Suisse, le Luxembourg, les Etats-Unis, pour ne citer que celles-là.

3. Les miracles que vous assimilez à de la magie.
Jésus, le Maître de l’église reconnaît que les miracles doivent accompagner ceux qui ont cru. Par l’autorité de Jésus-Christ de Nazareth et l’onction du Saint-Esprit, je démontre donc la puissance de Dieu par le message que je prêche (Marc 16 : 17 cité plus haut). Cette Toute Puissance domine et assujettit les puissances des ténèbres selon Luc 10. 17 «Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi; et rien ne pourra vous nuire». Pourquoi ceux qui se réclament de l’Eglise de Dieu sont inefficaces face à la sorcellerie, souffrent de maladies et d’infirmités, vivent dans la pauvreté, la misère, subissent envoûtements et malédictions ? Or la mission de l’église est d’ouvrir les yeux des aveugles et de faire sortir les hommes des ténèbres à la lumière. C’est pourquoi j’annonce la bonne nouvelle de l’évangile de Christ qu’accompagnent les signes et les miracles comme c’est le cas au temple «LE ROCHER DE GUILGAL» et tous les premiers vendredis de chaque mois au palais des sports de Warda où Dieu confirme sa parole par la délivrance, guérisons et miracles exceptionnels devant plus de 12.000 personnes.
Dieu en m’envoyant prêcher l’évangile partout dans le monde m’a oint de la puissance du Saint-Esprit selon qu’il est écrit dans Actes 1 : 8 «Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. C’est par cette Toute Puissance que les malades sont guéris, les captifs et prisonniers libérés, la repentance et le pardon des péchés prêchés aux âmes». Pourquoi donc s’acharner sur une Eglise comme Va et Raconte qui confesse Jésus comme Seigneur et Sauveur, où s’opèrent des miracles et des délivrances au quotidien ?

Face aux allégations publiées dans votre journal en octobre 2010 et le 09 mai 2011 par un journaliste diplômé de l’ESSTIC en la personne de Georges Alain BOYOMO qui a pour Rédacteur en Chef un autre journaliste de surcroît enseignant respecté dans cette même école, j’ai des doutes sur la qualité de l’information qu’il met à la disposition de ses lecteurs. Je reste néanmoins convaincu que ce droit de réponse va réveiller en ce journaliste et à l’ensemble de votre rédaction quelques reflexes professionnels dans la quête de l’information vraie, vérifiée et vérifiable à mettre à la disposition du grand public qui respecte tant ce que vous faites.

Je me réserve le droit, cependant de solliciter la justice camerounaise nonobstant la portée du présent droit de réponse.

Tsala Essomba, Pasteur pentecôtiste
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Cameroun: Le décès de Tsala Essomba démenti

Alors que le journal Mutations annonçait lundi matin le décès du pasteur, certaines autres sources ont démenti l’information

La mort de Tsala Essomba démentie
Lundi 09 mai 2011, le quotidien Mutations a annoncé la mort du célèbre pasteur évangélique camerounais Tsala Essomba qui selon le journal serait intervenu le weekend. L’information serait partie d’un communiqué de la chaine de télévision Canal 2. Information qui a été répercutée dans une grande partie des ménages. Le journal n’apporte aucune précision, si ce n’est que la nouvelle a été donnée par des proches de la victime. Joint au téléphone, Pouhe Georges lui aussi pasteur pentecôtiste officiant a Bertoua dans la région de l’est du Cameroun, a fait savoir que cette information était fausse. Nous avons appris effectivement qu’un journal avait annoncé la mort de Tsala Essomba, et tout de suite j’ai joint un autre pasteur de notre congrégation et lui a appelé Tsala Essomba. Je peux le dire, il n’est pas mort, sa santé a été fragilisée mais il est en vie, a fait savoir ce pasteur formé par Tsala Essomba. Selon lui, lorsqu’il a été joint au téléphone, Tsala Essomba se serait exclamé Je sais pourquoi tu m’appelles, moi aussi j’ai appris qu’on annonce ma mort. Sur la maladie de Tsala Essomba, le pasteur Pouhe s’est refusé de donner un avis. Mais il a annoncé que le pasteur présenté comme mort, avait prévu une série d’activités sur la Belgique. J’ai eu la confirmation que Tsala Essomba avait maintenu son programme de croisade sur la Belgique. Il y mènera un ensemble d’activités pastorales d’ici peu a-t-il fait savoir. Les informations du Pasteur Pouhe ont été confirmées un peu plus tard dans la soirée, lorsque la chaine de télévision Canal 2 a fait passer un appel téléphonique indiquant qu’il s’agissait du pasteur donné pour mort.

Le pasteur de toutes les controverses
Toute information sur Tsala Essomba fait toujours l’objet d’une grande attention de la part de nombreuses personnes. Ce pasteur intervenant dans plusieurs secteurs s’était fixé pour objectif de faire le tour du Cameroun avant 2011 pour mener des croisades visant à inciter les populations à soutenir le régime en place. Une idée qui semblait lui valoir les faveurs des autorités. Dans un tout autre domaine, Tsala Essomba est connu pour son action sociale. Sous le couvert de son Organisme non Gouvernementale, il a souvent procédé à des remises de dons dans des orphelinats, de médicaments à des centres hospitaliers, de matériels informatiques ainsi que de fournitures scolaires à des écoles. Très récemment, il avait fait l’objet de nombreuses attaques dans la presse privée camerounaise. On lui reprochait entre autre de ne pas être suffisamment transparent sur les origines et l’étendue de son patrimoine. Autre reproche, le Pasteur sous le couvert de son message divin a semblé par moment rouler pour la cause du régime en place, bénéficiant ainsi de ses faveurs, ce qui a créé une levée de bouclier contre lui. Malgré tout, le pasteur reste un phénomène pour de nombreux pentecôtistes qui sont acquis à sa cause et à son message divin. Le pasteur ces derniers temps semble souffrir d’un mal sérieux. Certaines sources parlent d’empoisonnement, là aussi rien n’est assez précis.

Le Tsala Essomba est un pasteur pentecôtiste camerounais
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Cameroun: Revue de la presse du vendredi 26 novembre 2010

Le crash d’un hélicoptère militaire, l’affaire Yves Michel Fotso, le phénomène Tsala Essomba, le pasteur accusé d’avoir ravi une épouse…

Selon Cameroon Tribune, à l’annonce du crash de l’hélicoptère, le gouvernement par la voix du ministre de la Communication a immédiatement réagi: « Issa Tchiroma raconte les circonstances d’un crash d’hélicoptère qui a fait quatre morts. » Le gouvernement de la République porte à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que, dans la matinée du lundi 22 novembre 2010, est survenu le crash d’un aéronef appartenant aux forces de défense camerounaises. L’appareil, un hélicoptère de type Bell 412, a décollé de Douala à 07 heures 45 minutes, heure locale, à destination de Yaoundé, où son atterrissage était prévu à 08 heures 50 minutes à la base aérienne 101. Conformément aux usages aéronautiques, l’alerte a été donnée quinze minutes après l’heure d’atterrissage initialement prévue. L’aéronef accidenté avait à son bord cinq occupants, dont trois membres de l’équipage et deux passagers. « Série noire : Un crash d’hélicoptère tue le patron du Bir et de la Garde présidentielle » a titré le quotidien La Nouvelle Expression dans sa parution du mardi 23 novembre. Selon ce quotidien : Il avait entre quatre et cinq personnes à son bord. Essentiellement des responsables de l’armée dont l’identité demeure inconnue. Les occupants seraient tous décédés, leurs corps transférés à Yaoundé. Mais l’information a évolué dans le même quotidien qui a annoncé le lendemain en titre : « Bir : Un rescapé dans le crash de l’hélicoptère ». Et pendant que le sourire revient peu à peu, l’édition du jeudi 25 novembre plonge à nouveau les populations dans la tristesse : « Crash de l’hélicoptère : La mort du survivant» L’espoir d’avoir un témoignage vivant sur ce qui a pu se passer dans l’appareil qui transportait le patron du Bir s’est envolé a expliqué le journal.

Concernant l’affaire Yves Michel Fotso, certains quotidiens ont publié dans l’édition de mardi 23 novembre la lettre ouverte de Yves Michel Fotso adressée au vice-premier ministre Amadou Ali. Selon le contenu de cette lettre, le destinataire écrit : Depuis mon passage à la direction de la défunte compagnie aérienne nationale Cameroon Airlines (Camair) de juin 2000 à novembre 2003, je fais l’objet d’une virulente campagne médiatique sur fond de désinformation jamais égalée dans notre pays. Ceux qui en sont les auteurs tendent à imprimer dans l’opinion, l’idée selon laquelle je serais le responsable de la cessation d’activités de cette société. En tout état de cause, je vous serais infiniment gré de bien vouloir solennellement informer le public de toute action judiciaire qui existerait à ce jour contre moi dans les juridictions camerounaises et qui justifierait les torts que je subis avec toutes les conséquences incalculables et inimaginables que cela entraine tant sur ma santé que dans les affaires du groupe dont j’ai la charge.

On a pu aussi lire entre autres informations dans les différents journaux « Biens mal acquis : Une enquête contre Paul Biya à Paris.». Selon La Nouvelle Expression : Le parquet de Paris donne suite à la plainte pour recel de détournements de fonds publics déposée par une association de camerounais de France. « Bamenda : Le cinquantenaire de l’armée reporté sine die» Selon le quotidien Le jour le départ de plusieurs délégations pour le chef-lieu du Nord Ouest annulé. La nouvelle n’est pas encore officielle, mais plusieurs signes montrent que la célébration du cinquantenaire de l’armée, précédemment prévue les 29 et 30 novembre n’aura plus lieu aux dates indiquées. Le journal d’Haman Mana a aussi publié: « Loi de finances 2011 : L’adoption bloquée par les députés » Ils réclament la validation de la loi de règlement 2009 et le dépôt de l’ordonnance du chef de l’Etat.

Enfin concernant le phénomène Dr Tsala Essomba, Mutations, Le jour et La Nouvelle Expression s’intéressent particulièrement aux activités de ce prophète de Dieu en lui consacrant des unes entières. Mercredi 24 novembre, Mutations à sa grande une écrit : « Révélations : Enquête sur le phénomène Tsala Essomba » au centre de plus d’une controverse, le fondateur du Ministère persiste dans sa pastorale de guérison ; portrait d’un gourou, politique et néo pentecôtiste. Le Jour revient avec sa grande une du jeudi 25 novembre avec : « Les débuts du pasteur Tsala Essomba à Ebolowa. » indiquant que le jeune prédicateur à l’époque avait laissé la ville de ses débuts, Ebolowa, pour aller s’engraisser en Afrique de l’Ouest laissant ainsi sa belle famille dans la misère à Ebolowa. La Nouvelle Expression quant à elle ne lui a pas fait de cadeau. Elle titre : « Réligion : Tsala Essomba persiste et signe» je suis l’enfant de papa Tsala Essomba. La petite phrase est reprise en c ur plusieurs fois par les quelques 5.000 fidèles présents. Il rappelle qu’il y a des pickpockets dans la salle. Que personne ne dise que j’ai perdu mon portable. Il faut rester vigilant car, ils sont là. Mais ils seront guéris après la prière. a continué le reporter. Le journal achève en publiant la circulaire de Victor Tonye, l’archevêque de Yaoundé qui dit entre autre : Il m’est parvenu par plusieurs sources qu’un imposteur néo-pentecôtiste officiant près de l’office du Bac, mène une campagne insidieuse contre l’Eglise catholique, en jetant l’anathème sur des personnes qui s’aventureraient à le critiquer et interdisant aux chrétiens de réciter le chapelet, qu’il considère comme des balles au service de la sorcellerie. Il pousse son imposture jusqu’à détruire des chapelets ce qui constitue une attaque directe et violente contre notre Eglise catholique.

Ironie du sort, le fait de société relaté cette semaine par le quotidien Mutations dit : « Un colonel accuse un pasteur d’avoir brisé son ménage» Paul Kakailé Soumaye menace de traîner le pasteur Goyeck Daga Robert devant la barre. Pour l’officier supérieur, l’auteur de ses malheurs n’est autre que le pasteur Goyeck Daga Robert, qui au lieu de veiller sur sa famille a plutôt profité de son absence pour lui ravir sa moitié. Ce que l’homme de Dieu dément formellement. Ses tentatives de reconstituer son ménage ont échoué.
Il a même introduit une demande de divorce afin d’en finir une fois avec cette affaire mais elle est restée lettre morte jusqu’ici. Ne sachant plus à quel saint se vouer, il a saisi le vice premier ministre, ministre de la justice garde des sceaux, pour que justice soit faite. Il menace également de traîner le mauvais pasteur devant la barre si ses démarches restent stériles.

Une du quotidien le Jour sur Tsala Essomba
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Esssomba Eyenga, l’un des vice présidents de la fédération camerounaise de football commente l’actualité!

Les lions, le TKC, l’affaire Mbia, Jean Lambert Nang, la Fécafoot… Lisez!

De passage en France, Essomba Eyenga, l’un des vice-présidents de la fécafoot a commenté l’actualité du Cameroun

Monsieur Essomba Eyenga depuis le moi de Mai dernier, vous occupez désormais le poste haut placé de vice-président de la Fécafoot. Comment avez vous réagi à cette nomination ?
Vous savez, après avoir longuement fait mes preuves comme président de club mais également comme administrateur de la Fécafoot puisqu’en réalité j’en étais jusqu’alors le doyen des administrateurs. A ce titre, je dois dire que c’est une joie immense d’appartenir au gotha des personnalités les plus influentes du football Camerounais. En plus d’être une consécration, cette nomination fait également figure d’une charge, car si le président Iya m’accorde ainsi sa confiance, c’est bien la preuve qu’il sait ce dont je suis capable: je me dois en retour de me donner pleinement à cette mission, pour mériter la confiance qui m’est faite.

On se souvient pourtant qu’il y a quelques années que vous n’étiez pas très favorable au président Iya Mohammed, dont vous critiquiez la gestion au sein de la Fécafoot. Comment se fait il qu’aujourd’hui vous ayez accepté cette fonction de vice-président et donc collaborateur direct?
Vous savez, en tant que doyen des administrateurs, j’ai toujours appartenu à l’équipe dirigeante, mais comprenez néanmoins qu’il y a des moments où vous pouvez avoir des divergences sur la manière de faire. Si à un certain moment, j’ai cru normal d’attirer l’attention du président Iya sur un certain nombre de dysfonctionnements, ce n’était pas dans mon intention de faire la guerre au président Iya mais uniquement contre ces dysfonctionnements. Le président Iya l’a d’ailleurs très rapidement compris et c’est pourquoi des dispositions allant dans le sens de nos doléances ont été prises. Nous sommes aujourd’hui en parfaite harmonie, le président et moi. Notre souci commun aujourd’hui, demeure le devenir du football Camerounais et nous tâcherons de nous en occuper de manière responsable.

Avez-vous a priori une idée de ce que vous pourriez être amené à changer au plus vite?
Nous avons un problème au niveau des jeunes. Outre mon état de santé, leur situation constitue une des raisons de ma présence en France. En effet, j’ai profité de ce voyage pour me rendre au Nord de la France muni d’un mandat de la fédération, afin de pouvoir discuter avec un certain nombre de clubs de cette région des conditions d’amélioration de l’entrée des jeunes dans le football Camerounais et ce par le biais du professionnalisme , point d’arc de notre action. L’entrée du football Camerounais dans le professionnalisme est d’autant plus importante qu’elle permettra un meilleur suivi de nos jeunes et ainsi de régénérer notre football en préparant la relève. Ce professionnalisme débutera la saison prochaine sur la base d’études menées de concert avec de nombreux clubs, qui comme vous le savez, m’ont maintenu leur confiance en m’octroyant le poste de Président de l’Association des Clubs de 1ère division professionnelle.

A propos de rajeunissement de notre football, il y en a eu du côté des Lions Indomptables grâce notamment à l’arrivée de jeunes talents tels que Chedjou ou Nkoulou lors du dernier match, mais également sur le banc avec l’arrivée du jeune (45 ans) technicien français Paul le Guen. Que pensez vous de ce dernier?
Le choix de PLG émane du comité d’urgence dont je suis membre, et je dois dire que dans la situation qui est la nôtre il m’apparaît on ne peut plus judicieux.Nous avons mal débuté ces éliminatoires mais aujourd’hui, le mot ordre est de rattraper les points perdus et pour cela il fallait réinstaurer la paix. La paix entre les joueurs, entre le ministère et la fédération sous l’impulsion du nouveau ministre Zoah qui a clairement compris que la Fédération est une association privée sous la tutelle du ministère des sports, qui en cette qualité, gère tous les sports.Nous avons des obligations envers le ministère, dont nous dépendons. Mais nous ne serons jamais un département du ministère et cela, le ministre Zoah l’a bien compris: ce qui me fait dire qu’ il n’y aura plus jamais de problème entre la fédération et le ministère. Aujourd’hui, la seule orientation possible pour le football Camerounais est celle de la qualification pour le mondial Sud-Africain, car il serait impensable que le Cameroun soit absent au premier Mondial se jouant en terre Africaine, lorsque l’on sait la contribution qui fut sienne dans le football Africain. Si l’Afrique est là où elle est aujourd’hui, sur le plan footballistique, c’est d’abord grâce au Cameroun.

A la suite du départ d’Otto Pfister en mai dernier, la fédération a décidé de la nomination de Thomas NKONO comme intérimaire pour combler la vacance du poste de sélectionneur. Avec le recul aujourd’hui, pensez-vous qu’il aurait dû accepter cette mission ?
Sincèrement, si j’avais été à sa place, j’aurais refusé cette offre car dès le départ, il n’avait pas véritablement à sa disposition les moyens de mener à bien cette mission. Par ailleurs, je pense que ce n’était pas qu’une simple question de changer un coach pour un autre, mais qu’il fallait revoir les problèmes à la base. Sa nomination en catimini le montre bien, puisqu’aucun document officiel ne faisait état de ce mandat qui lui était confié. Je pense que l’on a voulu parer au plus pressé et l’histoire du collectif d’entraineurs aura certainement été plus dommageable qu’autre chose, en l’absence de chef! A la place de Thomas, j’aurais refusé ce poste parce que le véritable problème est que tant que nous continuerons à prendre les entraineurs Camerounais pour des moins que rien, nous n’avancerons pas. Aujourd’hui, nous avons sélectionné Le Guen, et c’est bien. Mais demain, il faudra penser que des Camerounais peuvent être capables de diriger l’équipe nationale aussi naturellement que l’on trouve toujours des Camerounais aptes à occuper les ministères, directions ou même la Présidence de manière satisfaisante. J’ai toujours pensé qu’il y avait des entraineurs Camerounais aptes à diriger cette sélection nationale, et même si certains me le reprocheront, je vous confie qu’un garçon comme Joseph Antoine Bell, pour peu qu’il cesse de croire qu’il faille qu’on vienne le chercher, s’il décidait de se mettre au service de son pays, avec son charisme, son franc-parler et ses résultats il pourrait réaliser de belles choses . Au moment où nous voulions des entraineurs Camerounais, je lui avais demandé de soumettre sa candidature. Mais bon, je ne sais pas pourquoi présenter une candidature gêne quelqu’un.
Des garçons comme Omam [Biyik] ont également de la valeur, mais bon je suis tout de même gêné qu’il dise que des gens de la Fédération ne veulent vraisemblablement pas des anciennes gloires à ce poste. Je pense que ces anciens ne gênent personne, et ont même leur rôle à jouer s’ils le désirent. Je ne vois pas pourquoi nous ne voudrions pas des anciens lorsqu’il y a pourtant du travail. S’il y a des gens qui veulent travailler, qu’ils viennent et laissent mourir ces préjugés selon lesquels les gens de la Fédération ne voudraient pas que les choses changent etc.Il y a de la place pour tout le monde, d’ailleurs vous pensez que le président Iya et ses 32 collaborateurs pourraient à eux seuls s’occuper du Football Camerounais? Nous sommes prêts à créer des commissions, mais nous ne les cèderons pas à des gens qui habitent au Mexique ou même dans des coins dont on ignore la localisation: qu’ils viennent donc au Cameroun travailler !

Pourriez vous nous expliquer la nuance entre le comité d’urgence et le comité de stratégie récemment mis en place?
Le comité de stratégie regroupe quelques membres du comité exécutif de la Fécafoot et des représentants du ministère. Néanmoins, je ne pense pas que notre qualification proviendra de ce seul comité mais sera d’abord le fait des joueurs. Je pense fermement que nous nous qualifierons, mais que ce sera alors le seul fait des joueurs et du sélectionneur, et ensuite l’environnement (ministère, fédération, peuple Camerounais). Je suis de ceux qui pensent comme De Gaulle, que « lorsque l’on veut noyer le poisson il suffit de créer beaucoup de commissions ». Le comité d’urgence pour sa part est une émanation du comité exécutif de la fédération. Il est composé de dix membres dont le président, six vice-présidents et trois conseillers. C’est une instance qui est fonctionnelle depuis les grandes réformes de la fédération, à l’image de ce qui existe à la FIFA. C’est un peu le bureau exécutif de la fédération.

Pensez vous que le baptême de feu réussi des Lions Indomptables sous l’ère Le Guen, lors de la victoire face à l’Autriche sur le score de 2 buts à 0 est de bonne augure pour la qualification ?
Je ne suis pas triomphaliste de nature, mais j’avais annoncé à de nombreuses personnes que nous nous qualifierons. Si nous n’avions pas bénéficié du report du match, et disputé la rencontre en Juin, je n’aurais sûrement pas eu la même conviction. Mais autant je peux penser que le Seigneur nous avait frappé en 2006 avec ce penalty tiré à la dernière minute -sans que nous ne tirions d’ailleurs les leçons de cet échec- autant je pense que le peuple Camerounais et ses dirigeants ont compris que le report du match nous a été bénéfique. Je rappelle que psychologiquement et physiquement, les joueurs étaient à bout et ces deux mois offerts par la Providence leur auront permis de souffler. La victoire de Klagenfurt face à l’Autriche annonce ce qui est à venir: quelque chose de grand et comme je l’ai dit, les Camerounais doivent continuer à croire en Dieu. Il ne nous oubliera pas cette fois-ci.

Lors de son match inaugural à la tête de la sélection, Paul Le Guen a posé un acte symbolique en retirant le brassard à Rigobert Song. Votre réaction?
Je m’abstiens de juger les actes du sélectionneur national, car comme vous le savez, le ministre lui a solennellement fait comprendre lors de son intronisation au Cameroun que personne ne viendrait s’ingérer dans la gestion qu’il fera de l’équipe nationale. Nous lui avons donc donné les pleins pouvoirs, et en ma qualité de membre de la fédération, je ne peux que montrer l’exemple en lui témoignant mon soutien. Du reste, je dirais que le 1er brassard de Samuel Eto’o s’est soldé par une victoire, ce qui est appréciable.

Comment pouvez-vous résumer les dix ans de capitanat et la brillante carrière de Rigobert Song, qui est passé par le TKC dont vous étiez le dirigeant ?
C’est une très belle carrière, très grande carrière. J’ignore si le brassard lui a été définitivement retiré, car il me semble qu’il ait été blessé lors du dernier match de son club avant le stage des Lions. Rigobert est un très grand joueur, qui a eu le mérite de conserver la confiance des Camerounais au fil des ans, et je pense qu’en récompense de tout cela, le Cameroun lui offrira surement une participation en Coupe du Monde car il le mérite.

Essomba Eyenga
Jean Pierre Esso / Okabol.com)/n

Concernant votre actualité brûlante, il est à noter que vous avez récemment présidé au Cameroun une commission concernant l’affaire entre les clubs Aigle et Danay. Un mot sur ce dossier ?
C’est une commission d’enquête et vous savez que la personne indiquée pour se constituer principal ampliateur de notre rapport sera le président de la fédération.Vous comprendrez donc qu’à ce jour, il m’est interdit de rendre public le contenu de ce rapport. Néanmoins, retenez que c’est un signal fort qu’a voulu envoyer le président Iya à l’endroit d’éventuels fraudeurs qui pourrait se résumer à un refus systématique de tolérer des agissements contraires à l’éthique sportive.

Justement, l’affaire Mbia qui met aux prises les sieurs Gilbert Kadji (président de KSA), François Ngoumou (président de Pyramide de Mfou) et Elamè Mikado est en ce moment sous le feu des projecteurs. Que vous inspire cette affaire ?
Je ne connais pas l’affaire Mbia, mais je suppose que la rixe tourne autour de l’indemnité de formation et de la prime de solidarité compte tenu du fait que le joueur n’a pas encore célébré ses 23 ans. Pour ma part, ce que je crois, au risque de me tromper, c’est que Mbia a joué pour Pyramides dans sa jeunesse et donc que Ngoumou est de ceux qui ont formé Stéphane Mbia. Qu’il ait joué pour Kadji, cela je l’ignore. Nous avons eu des affaires semblables, où dans le cas d’Emana par exemple, les gens ont fabriqué de fausses pièces, bref . Aujourd’hui, même si je crois que Pyramides a sans doute aidé à former Mbia, la question est de savoir si Pyramides existe encore ou si l’on va juste recréer ce club pour récupérer cette indemnité. Je pense également qu’il existe une dame dirigeant actuellement une structure de formation pour jeunes à Yaoundé qui a déclaré avoir formé Mbia. Bref, je crois que tout ceci est lié à l’appât du gain qu’exerce ces indemnités.

Ultime affaire à avoir défrayé la chronique, mais où cette fois-ci vous êtes directement impliqué, c’est la sortie du très polémique ouvrage de Jean Lambert Nang «Desperate Football house». Comment avez vous réagi à la sortie de ce livre où vous êtes mis en cause par l’intéressé ?
Je n’ai même pas lu ce livre, on est venu me dire que JLN a dit ceci .Je l’ai entendu à la télévision dire un certain nombre de choses mais bon j’ai décidé au final de ne pas lui répondre. Jusqu’à la semaine dernière, je voulais lui intenter un procès. Mais j’ai discuté avec des «petits frères» ici à Paris qui m’ont dit: «Grand frère, restes grand comme tu l’as toujours été, car on peut taper un chien mais cela ne l’empêchera pas d’aboyer». Si Nang est si grand, qu’il trouve du travail, sinon qu’il devienne entrepreneur, c’est tout ce que je peux lui dire. Je suis un démon au n ud papillon ? De toute façon ce n’est pas à lui de me juger, Dieu seul me jugera. Bref, concernant Nang, je n’ai vraiment rien à dire!

Vous avez quitté vos fonctions de président du club de football Tonnere Kalara Club, poste que vous occupiez pendant près de deux décennies. Si vous deviez raconter à vos petits-enfants le TKC, que leur diriez vous ?
Je leur dirais qu’en tant qu’ex-dirigeant du Tkc, j’ai tiré à la fois beaucoup de satisfaction, de joie pour cette équipe, mais également j’ai dû affronter beaucoup de haine et d’ingratitude. J’ai été déçu déçu de l’ingratitude de la part des joueurs et des supporters et c’est une des raisons de mon départ. Néanmoins, si c’était à refaire, je le referais parce qu’aider les jeunes et le Football Camerounais comme je l’ai fait était écrit dans ma vie, et je l’ai fait. Aujourd’hui je suis certes parti d’un club, mais je continue à servir le football Camerounais et Africain en ma qualité de vice-président de la Fecafoot, je suis arbitre au tribunal arbitral de Lausanne. Sur près de 242 membres on retrouve deux camerounais: je suis à mon deuxième mandat et je compte en briguer un troisième, puisque celui-ci expire en décembre 2010. Bref mon passage au Tonnerre, je ne le regrette pas, même si à un moment donné, j’ai quand même beaucoup de ressentiment.

Si vous deviez citer des joueurs qui auront marqué votre présidence, quels seraient-ils?
Vous savez ils sont nombreux! Il y en a tellement que j’en oublierais sûrement .Des joueurs comme Rigobert [Song], Mbozo, Fouda Bachot étaient de très grand joueurs. D’autres comme Nlend Paul, Ndongo Paul Gaston . Si je vais ailleurs que mon club, il y a eu des joueurs de la trempe d’Abéga, de Mbida, de Tsébo. Bref le Cameroun a eu tellement de talents alors qu’il n’y avait pourtant pas d’infrastructures. Ce sont des joueurs de cette trempe que le président Iya et moi espérons faire renaitre dans notre football d’ici deux ans. Aujourd’hui, je vous le répète, ce qui prime, c’est l’action sur les jeunes, car ce n’est pas parce que le jeune Camerounais sait déjà dribbler qu’il doit penser à s’en aller en Indonésie, en Iran, au Pakistan, ou en France …Qu’il commence par prouver ce dont il est capable sur la scène nationale. Nous avons vu ce dont était capable des joueurs tels que Milla, lui aussi un ancien du TKC, qui était un phénomène à part entière. Il faudrait donc qu’aujourd’hui nous parvenions à en ressortir des comme cela.

Il y a quelques années un projet d’élaboration d’un salon du football au Cameroun était évoqué.Où en est-il aujourd’hui ?
Ce projet me tient particulièrement à c ur depuis que j’ai eu la chance de visiter le salon GALAXY FOOT qui se tenait à Cannes, il y a 5 ans. J’ai heureusement fait depuis la rencontre de Mr Willy Alaga et d’un compatriote à Lille, Mr Nkameni Albin Michel, qui ont manifestement envie eux aussi, de réaliser ce projet. Je pense que d’ici Mars-Avril de l’année prochaine, nous parviendrons grâce à notre synergie à monter un salon du football au Cameroun, avec la participation je l’espère, de clubs de l’hexagone. C’est un projet auquel je compte bien sûr associer la fédération et le ministère, car c’est sans doute par ce genre d’action que l’on pourra faire revivre notre football.

Un dernier mot?
Que le printemps du football Camerounais entamé grâce à cette victoire des Lions à Klagenfurt puisse augurer un été réussi et ce, par le biais je l’espère d’une qualification en Coupe du Monde 2010.

Essomba Eyenga
Jean Pierre Esso / Okabol.com)/n