Pour l’anthropologue Paul Abouna, le Cameroun compterait une cinquantaine d’ethnies pas 250

Enseignant-chercheur à l’université de Yaoundé 1, il vient de commettre un nouvel ouvrage intitulé: “Peuples du Cameroun: anthropologie d’une fraternité méconnue”

 

Paul Abouna, anthropologue et maître de conférences à l’université de Yaoundé I (Centre-Cameroun), postule que le Cameroun compterait une cinquantaine d’ethnies et pas 250 à 300 comme répandu dans l’espace public. 

L’enseignant-chercheur vient d’achever un ouvrage intitulé: Peuples du Cameroun: anthropologie d’une fraternité méconnue, édité en France aux éditions Connaissances et savoirs, dans lequel il aborde cette question sur le nombre d’ethnies du Cameroun.

“Il faut signaler d’emblée que le chiffre 50 reste ici une hypothèse et à titre indicatif. Hypothèse selon laquelle le nombre d’ethnies actuellement postulé au Cameroun est nettement bien inférieur à la réalité empirique du terrain. Les démembrements de la diaspora Fang ne constituent pas cinq ethnies, mais une seule. De même que les Tsinga de Yaoundé et les Fotsinga de l’Ouest sont un même peuple. Idem pour les Fong de Zoetele dans le Sud et les Pongo de Dibombari dans le Littoral,les Etoudi de Yaoundé et les Yetotan de Kum dans le Dja et Lobo, les Essele du pays Eton et les Ndogsen du pays Bassa, les Bassa d’Edéa et les FoNgoNdeng de la Menoua, les Ndong de Nkolondom à Yaoundé Ier et des Ndong de Nkolandom dans le Sud,etc. La systématisation de cette comptabilité réduirait substantiellement le nombre d’ethnies au Cameroun. Nombre qui s’impose à tous en tant que donnée factuelle, et qui par conséquent, n’a pas à être accepté ou pas”, a expliqué l’anthropologue dans une interview publiée dans Cameroon Tribune ce 10 juin.

Les Camerounais au-dessus de la moyenne de tolérance

Selon le rapport Afrobaromètre publié le 01er mars 2016, les Camerounais sont tolérants à la présence des personnes issues d’autres ethnies, confessions réligieuses et celles souffrant de VIH-Sida

Qui est le voisin idéal ? Au Cameroun la question ne se pose presque pas. Et pour cause, les Camerounais sont tolérants. C’est ce qu’il ressort du round 6 d’Afrobaromètre, un sondage que le réseau de recherches indépendant effectue tous les deux ans dans les pays africains. Objectif, établir de nouvelles données sur les attitudes des africains envers la gouvernance, les conditions économiques et autres questions connexes à travers l’Afrique.

L’enquête d’Afrobaromètre qui s’étendait sur 33 pays d’Afrique a été réalisée au Cameroun entre janvier et février 2015 auprès de 54.000 personnes. Les questions retenues pour cette étude, 2e du genre, Sont centrées sur la tolérance envers des personnes qui sont différentes sur la base de l’appartenance ethnique, de la religion, de la nationalité, de l’affiliation politique ou de l’orientation sexuelle.

Pour chacun les groupes de personnes cités, les répondants devaient indiquer s’ils souhaiteraient les avoir pour voisins, s’ils n’aimeraient pas cela, ou si cela n’a pas d’importance pour eux.

Dans cette lancée, 52% des répondants ont affirmé que cela n’avait pas d’importance que leur voisin vienne d’une autre ethnie ; 25% ont indiqué aimer fortement cela et seuls 2% manifesté fortement leur gêne face à cette idée.

S’agissant de la tolérance envers les personnes appartenant à une autre confession réligieuse, les statistiques publiées Indiquent que 51% des Camerounais n’accordent pas d’importance à cela ; 22% aiment fortement cette différence et 4% sont réfractaires à cette idée.

Le même rapport indique que 52% des Camerounais n’accordent pas d’importance à ce que leur voisin soit un expatrié. 13% des répondants apprécient cette cohabitation et pour 6% des personnes interrogées, cela est un véritable problème.

Concernant les personnes vivant avec le VIH-Sida, 12% des répondants ne tolèrent pas leur proximité. Tandis que pour 53% des Camerounais, cela ne change rien. Les homosexuels représentent la catégorie de personnes qui ne sont pas tolérés dans le pays. Si 10% des personnes indiquent ne pas accorder d’importance à ce critère de distinction, 80% détesteraient fortement avoir un voisin homosexuels et 3% n’ont pas d’avis sur ce sujet.

De l’avis des spécialistes en sciences sociales qui ont mené les entretiens sur le terrain le dégré de tolérance le plus élevé s’est manifesté chez des jeunes âgés de 18-30 ans ; des citadins ; des personnes ayant accès aux médias, des chrétiens ; des hommes et des membres d’une population diversifiée.

Le Round 6 d’Afrobaromètre est entre autres réalisé sous la coordination du Centre pour le développement de la démocratie (CDD) au Ghana, l’Institut de justice et de la réconciliation (IJR) en Afrique du Sud, l’Institut des études de développement (IDS) à l’Université de Nairobi au Kenya.

L’Université d’Etat du Michigan et l’Université de Cape Town apportent une assistance technique au projet. Le soutien financier a été fourni par de nombreuses institutions à l’instar du Département britannique pour le développement international (DFID), la Fondation Mo Ibrahim, etc.

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