« Après plus de 50 mois de travaux, l’autoroute Kribi-Lolabe a vu le jour », Parfait N. Siki

Le journaliste Parfait N; Siki, offre une vue panoramique sur l’aurotroute Kribi-Lolabe, qui s’ouvre officiellement ce 29 juillet.

Par Parfait N. Siki

Autoroute Kribi-Lolabe

LE LEGS DU DSCE À LA SND30

Vendredi 29 juillet 2022, le ministre des travaux publics Emmanuel Nganou Djoumessi procède à l’inauguration de la première autoroute du Cameroun Lolabe-Kribi. Le tronçon va du village Mboro pour déboucher à Bilolo dans l’arrondissement de Kribi 2ème. Son coût s’élève à 250 milliards. Un bel ouvrage de 38,5 km dont les images séduisantes, qui parcourent la toile depuis quelques semaines, remportent un immense succès. Et comme tout succès, celui-ci a énormément de parents, malheureusement au point d’oublier les vrais géniteurs. Et pourtant !

Il faut remonter à l’élaboration en 2009 du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), logé au ministère de l’Economie, dirigé par Louis Paul Motaze. Après plusieurs années d’ajustement, le pays veut se donner un nouveau souffle économique et met les voiles. Ainsi le président Biya va-t-il donner son accord pour la définition d’une vision stratégique pour l’émergence l’horizon 2035. Cette vision est découpée en documents décennaux (DSCE puis SND30) prévoyant chacun un ensemble de projets et de réformes à mettre en place pour déclencher à travers leur réalisation la croissance économique pour atteindre le statut de nouveau pays industrialisé.

Ainsi naît l’idée de construire un port en eau profonde à Kribi pour optimiser les capacités portuaires du pays et faire face à la demande que le seul port de Douala ne parvenait plus à assurer, et pour soutenir une concurrence des ports devenue féroce sur la côte ouest-africaine. Le projet de port en eau profonde de Kribi (PEPK) voit le jour. L’idée d’un port à Kribi fait naître celle de construire une nouvelle ville autour de cette infrastructure majeure.

Le président de la République donne son feu-vert, le Premier ministre crée le Complexe industrialo-portuaire de Kribi (CIPK), présidé par Louis Paul Motaze, qui a la responsabilité de donner forme à un Kribi nouveau articulé autour du port et des infrastructures annexes et connexes. Parmi celles-ci, se trouvent en priorité le port en eau profonde de Kribi et l’autoroute Edea-Kribi, avec un premier tronçon Lolabe-Kribi.

Si le port de Kribi dispose déjà d’un financement assuré par Eximbank China, l’autoroute n’est sûre de rien. Le Minepat et CIPK portent le dossier de financement et convainquent Eximbank China. La banque chinoise accepte de s’engager sur les 250 milliards du coût total du projet, mais elle financera les 85% et l’Etat du Cameroun 15%. Adjugé sous forme de partenariat public privé (PPP) avec comme partenaire, la China Harbour Engineering Company (CHEC). Après plus de 50 mois de travaux, l’autoroute Kribi-Lolabe a vu le jour. Trois échangeurs, dix ponts, 2×2 voies et un poste de péage.

Clin d’œil de l’histoire, c’est encore à Louis Paul Motaze, devenu entre-temps ministre des Finances, qu’il est revenu de fixer le prix du péage pour cette autoroute en PPP, après avoir été au début de sa construction. Cette autoroute qui porte définitivement l’empreinte du CIPK. Même si ses responsables n’ont pas été invités à la cérémonie d’inauguration. Depuis l’entrée en fonction du port en eau profonde de Kribi, et avec l’inauguration de l’autoroute Kribi-Lolabe, le CIPK doit se consacrer aux autres projets de la ville nouvelle de Kribi.

 

Cameroun-autoroute Kribi-Lolabé : l’infrastructure de 250 milliards F sera inaugurée le 29 juillet

Longue de 38,5 km, cette route financée à 85% par Eximbank China et 15% par  sera ouverte au public dans quelques jours.

Selon un communiqué rendu public par le ministère des Travaux publics (Mintp), il est prévu que le vendredi 29 juillet, le chef de ce département ministériel procédé à l’inauguration de la route Kribi-Lolabé, située dans le département de l’Océan, région du Sud Cameroun.

Cette infrastructure, la première de ce type dans le pays, permettra de desservir le port en eau profonde de Kribi, la cité balnéaire de la région du Sud.

« La section autoroutière Kribi-Lolabé constitue la première phase de l’autoroute Edéa-Kribi-Lolabé. Elle vise en particulier à améliorer la compétitivité de la chaîne de transport à partir du port (…) de Kribi, ainsi que l’attractivité dudit port… », explique le ministère des Travaux publics dans une note officielle publiée le 22 juillet 2022.

Dans un document signé le 20 juillet par Louis Paul Motaze, il est indiqué que pour poursuivre leurs voyages, les usagers à bord des motocycles ou motocyclettes à trois roues une fois devant le péage, devront payer la somme de 600 Fcfa ; les véhicules de tourisme d’une capacité de 9 places ou moins, y compris les pick up devront payer 1200 Fcfa.

 Les camionnettes et bus de transport de moins de 20 places 2200 Fcfa, les camions moyens et bus de transport d’une capacité de plus de 20 places 2800 Fcfa, et les grands camions à quatre essieux ou plus, devront payer 5600 Fcfa.

Pour ce projet, 600 millions de FCFA ont été distribués en juin à 290 personnes bénéficiaires provenant de neuf villages des arrondissements suscités. Le paiement de cette première phase s’est déroulé sous la supervision du préfet dec l’Océan, Nouhou Bello, président de la commission chargée de ces indemnisations.

Les montants à percevoir varient entre 250 mille et 100 millions de FCFA. Après cette première opération, suivra la deuxième phase de paiement estimée à plus d’un milliard de FCFA.

L’autoroute Kribi-Lolabé a fait l’objet de signature d’un contrat de Partenariat public-privé (PPP) d’une durée de 31 ans avec l’entreprise chinoise China Harbour Engineering Company (Chec) pour le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance.

Université numérique : un virus paralyse l’implémentation du projet de Paul Biya

Initialement prévue le 30 décembre 2020, Eximbank China et le ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup) évoquent des perturbations subies du fait de la pandémie du Covid-19.

Eximbank China, qui finance le projet « e-national higher education network (Ehen) » ou « l’Université numérique du Cameroun », à hauteur de 75 milliards F CFA, en vertu d’un accord de crédit signé le 22 août 2016 avec l’Etat du Cameroun, a décidé d’étendre la date de clôture de ce projet au 22 avril 2022. En raison, explique-t-on, des perturbations liées à la pandémie du Covid-19.

Or, l’implémentation du projet « Université numérique » était Initialement prévue ce 30 décembre 2020.  La période d’extension du projet permettra entre autre d’achever la mise à niveau et le calibrage l’alimentation électrique des campus pour les adapter au fonctionnement des centres; le test de fonctionnement et la mise en exploitation des centres et du Réseau virtuel d’interconnexion des universités d’Etat et du Minesup (RIC) ; l’installation du Système informatique de gestion en réseau de l’Enseignement supérieur (Sigires) au ministère de l’Enseignement supérieur dans les universités; la formation et le transfert des compétences aux homologues nationaux et la rétrocession des centres au Minesup et aux universités.

Le chef d’Etat Paul Biya, dans l’optique d’assurer la transformation numérique des Universités camerounaises à travers la digitalisation des enseignements et des activités administratives des Universités, avait mis sur pied l’« Ehen ».

Ce projet comporte quatre composantes principales dont la fabrication en Chine, le transport vers le Cameroun et la distribution dans les Universités de 500 000 ordinateurs portables (le PBhev) aux étudiants des Universités publiques et privées; la construction, l’équipement et la mise en exploitation de neuf Centres ultramodernes du développement du numérique universitaire, dont un dans chaque Université d’État et un à l’Université Inter-États Congo-Cameroun à Sangmélima ; la mise en place d’un Réseau virtuel d’interconnexion des Universités d’État et du ministère de l’Enseignement supérieur (Ric) géré par un Centre national du numérique universitaire à construire, équiper et mettre à la disposition du ministère de l’Enseignement supérieur; la conception, le développement et la mise en exploitation du Système Informatique de gestion intégrée de l’Enseignement supérieur au Cameroun (Sigires).

Infrastructures : la Chine suspend 130 milliards FCFA de financements

En cause, le non-respect des engagements contractuels par la partie camerounaise.

Port de Kribi, projet Sanaga, les autoroutes Yaoundé-Douala et Kribi-Lolabé, le projet E-National Higher Education ; ou encore l’acquisition des avions MA60, etc. Autant de projets exécutés au Cameroun avec l’aide de la Chine. Problème, le partenaire chinois a gelé le décaissement de fonds pour la poursuite desdits projets.

La Chine entend ainsi manifester son mécontentement face au non-respect des engagements par la partie camerounaise. Plus de 130 milliards FCFA ont ainsi été gelés par le partenaire.

Blocages 

Les avions MA60 de fabrication chinoise.

Dans le détail, il s’agit de près de 3 milliards FCFA dans le projet d’acquisition d’avions MA60. La Chine a retenu ces fonds destinés à parachever les activités du projet, ceci du fait de l’absence d’un « Control Account » que devait ouvrir le Cameroun.

Pour l’autoroute Kribi-Lolabé, Eximbank China a décidé de suspendre le décaissement de près de 3 milliards FCFA en l’absence de la signature d’un accord sur le concessionnaire de cette infrastructure routière. Le dossier est encore à l’étude dans les services du Premier ministre.

Près de 3 milliards FCFA également suspendus pour la construction de l’autoroute Douala-Yaoundé. L’entreprise CFHEG, qui réalise l’ouvrage, exige le paiement des décomptes par le gouvernement camerounais.

Contrats non-signés

Une partie de l’autoroute Yaoundé-Douala en chantier.

Pour le reste, la Chine reste sourde, depuis juin 2018, aux appels de fonds du gouvernement camerounais dans les projets de l’autoroute Kribi-Lolabé (près de 50 milliards FCFA), l’autoroute Yaoundé-Douala (plus de 21 milliards FCFA),  de mise en place du E-National Higher Education, dont la première phase a consisté en la distribution de 500 000 ordinateurs aux étudiants ( plus de 10 milliards FCFA) ; et le projet d’adduction en eau potable de la ville de Yaoundé à partir du fleuve Sanaga (plus de  37 milliards FCFA). Total des financements suspendus, près de 130 milliards FCFA.

Quant à la phase II du projet de construction du port de Kribi, la Chine a refusé de signer l’Accord sur le Mécanisme de Remboursement des prêts (RMA) contractés proposé par le Cameroun.