La mise sur pied de cette commission avait été annoncée par le président Emmanuel Macron lors de sa visite de juillet 2022 à Yaoundé.
Travail de mémoire. On connait désormais les noms des deux personnes qui vont diriger la Commission chargée de travailler sur l’action de la France au Cameroun pendant la colonisation et après l’indépendance du pays. Selon une information de RFI, cette commission sera dirigée par l’historienne Karine Ramondy pour le volet recherche et le chanteur Blick Bassy pour un volet artistique.
La création de cette commission avait été annoncée lors de la visite d’Emmanuel Macron à Yaoundé en juillet 2022. Le président français avait alors pris l’engagement que les archives françaises seraient ouvertes « en totalité » au groupe d’historiens.
Le choix porté sur Blick Bassy, qui accompagnait déjà le président Macron lors de la visite au Cameroun, n’est pas fortuite. Le chanteur camerounais a consacré tout un album « 1958 », aux héros de l’indépendance du Cameroun.
En séjour au Cameroun, en 2019, tout déclenché : «Le chaos économique, politique et social dans lequel se trouve mon pays m’a obligé à me dire qu’il fallait que je comprenne », se rappelle Blick Bassy , installé en France depuis plus d’une décennie. La pensée et les écrits d’Um Nyobè ‘ »se trouvaient au bout de cette quête qui interroge en profondeur le rapport quasi mimétique à l’Occident depuis la décolonisation, du modèle politique à la notion de développement, en passant par l’éducation. « Qui a dit que c’était la direction à prendre et pourquoi ? », demande le chanteur guitariste originaire du pays bassa.
S’il a décidé de consacrer tout un album au leader indépendantiste et figure de l’Union des populations du Cameroun, c’est non seulement pour participer à la réhabilitation de ce personnage assassiné par les forces françaises en 1958 – d’où le titre de l’album – et dont il a longtemps été interdit d’évoquer le seul nom, mais aussi parce que ses analyses et ses valeurs l’ont touché, au-delà de la lutte pour la décolonisation. « Son vrai combat, c’était l’égalité entre humains. L’indépendance était une étape. Pour avancer, il était important que l’on reparte de nos croyances, de nos traditions qui nous imposent une réalité », explique-t-il.
Pour s’imprégner, Blick s’est plongé dans les livres, comme ceux de son compatriote Achille Mbembe, historien philosophe spécialiste d’Um Nyobè. Mais comme d’habitude chez lui, au moment de concrétiser ses idées, tout part des compositions qui lui viennent à l’esprit. « À partir du moment où tout mon corps, mon cerveau, ma mémoire entrent en mode création, j’entends tout ce qui m’entoure en musique. Tout me renvoie à des mélodies », décrit l’homme de 48 ans, qui se souvient avoir eu « carrément peur » en découvrant ces dispositions inattendues.
Le 13 août est un jour très important pour la République centrafricaine – c’est une fête de l’indépendance. Ce 13 août 2021 la Centrafrique commémore sa 61e année de l’indépendance, car c’est le 13 août 1960 que la République centrafricaine est officiellement devenue un état indépendant, précédé d’une période d’autonomie au sein de la France.
Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont acquis leur indépendance vis-à-vis de la Belgique, de la Bretagne et de la France dans les années 1960. En 1958, le général Charles de Gaulle a appellé les colonies françaises à choisir entre l’adhésion à la communauté franco-africaine et la déclaration d’indépendance immédiate. Quatorze colonies françaises ont accédé à l’indépendance en 1960: Cameroun, Sénégal, Togo, Madagascar, Bénin, Niger, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Congo-Brazzaville, Gabon, Mali, Mauritanie et République centrafricaine.
L’histoire de l’indépendance de la République centrafricaine est étroitement liée à la politique de Barthélemy Boganda, le père fondateur de la République сentrafricaine, qui a lutté pour l’indépendance de son pays, mais n’a pas vécu jusqu’à cet événement seulement un peu plus d’un an.
En prévision de cette importante pour toute la nation fête, il faut résumer les résultats de l’année écoulée depuis le dernier Jour de l’indépendance de la République centrafricaine. Sans aucun doute, l’année a été difficile, principalement parce que les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) ont lancé une offensive sur Bangui en janvier 2021 ayant le but d’un coup d’état pour donner le pouvoir à l’ancien president, François Bozizé. Cependant, grâce au talent diplomatique du Président de la République, Faustin Archange Touadera , qui a réussi à trouver des alliés forts et efficaces, la Russie et le Rwanda, l’attaque des rebelles a été vite repoussée. Des Forces armées centrafricaines (FACA) avec l’aide des alliés russes et rwandais ont remporté de nombreuses victoires honorables et le plus important est que toutes ces victoires se sont déroulées en un temps record.
Le 27 décembre 2020 des élections présidentielles ont été organisées en République centrafricaine où Faustin Archange Touadera a été réélu pour un deuxième mandat et un nouveau gouvernement a été annoncé. Il convient de noter que le Président Touadera a déployé tous ses efforts pour instaurer la paix dans la République et améliorer le niveau de vie de ses concitoyens. Les résultats du travail du chef de l’état sont la modernisation du pays après la stagnation, le développement des relations internationales, une amélioration significative de la situation en matière de sécurité grâce à la coopération avec les bons partenaires et, surtout, une lutte réussie contre la corruption.
Le nouveau gouvernement a beaucoup à faire, à savoir lever complètement l’embargo sur les armes en République centrafricaine. Les sanctions de l’ONU ont perdu leur pertinence et menacent la sécurité nationale de l’état. Pendant ce temps, les groupes armés se procurent des armes par des voies illégales. Ainsi, avec la levée de l’embargo, les soldats de l’armée nationale auront l’occasion de repousser définitivement tous les criminels du pays. Après tout, la véritable indépendance de l’état est lorsque rien ne menace la population, le gouvernement et l’intégrité du territoire du pays.
Le 61e anniversaire de la proclamation de l’Indépendance de la République Centrafricaine sera placé sous les couleurs de la 1ère grande fête des cultures et de la solidarité nationale.Une grande caravane de la solidarité à l’ouverture de la journée avec tous les groupes participants et amateurs de la danse sillonnera les grandes artères de la capitale. Le but de cette journée de l’Indépendance est de promouvoir la diversité culturelle comme source d’unité, de paix et de cohésion sociale.
La France met à la disposition des chercheurs des documents diplomatiques couvrant la période de 1957 à 1971, conformément à une promesse du président François Hollande. Seule condition, avoir au moins 25 ans.
En France, les archives sur l’indépendance du Cameroun sont consultables à la direction de Archives diplomatiques de la Courneuve. Ils ont été déclassifiés ; procédé qui renvoie au fait d’avoir rendu accessibles des documents classés « secret » ou « très secret » jusqu’à l’année dernière et concernant plus de 200 cartons de documents. Notamment des correspondances entre Paris et Yaoundé, des rapports des administrations françaises, des notes de renseignement, des articles de presse, des résolutions de l’Onu, tous vieux de la période allant de 1957 à 1971.
Ce premier fond d’archives est rendu public par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères. Il marque donc l’accomplissement d’une promesse faite en 2015 par le président François Hollande suivant une philosophie de transparence qu’il prônait déjà en 2013. Laquelle« contribuera à l’idée que la France se fait d’elle-même parce qu’elle saura d’où elle vient », dira-t-il à l’occasion de l’inauguration du nouveau site des Archives nationales, à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) le 11 février 2013.
De ces archives, l’on apprend à titre illustratif, la sympathie de la Chine pour les activistes indépendantistes de l’Union des populations du Cameroun (UPC), courant 1965. Ce qui ne laissait pas indifférent l’administration française et le régime du président Amadou Ahidjo, renseigne une correspondance de l’ambassadeur de France au Cameroun, Francis Hure, adressée le 23 juin 1965 à M. Maurice Couve De Murville, alors ministre des Affaires étrangères.
« La France a fait une promesse forte qui était de rendre accessible toutes les archives dont la France disposait, notamment au ministère des Affaires étrangères. Cette promesse est aujourd’hui tenue. Cela a demandé un long travail, à la fois de classification et déclassification des documents, parce qu’il a fallu classer les documents pour qu’ils soient lisibles et déclassifier lorsqu’ils étaient effectivement marqués secret-défense à l’époque. Nous sommes très heureux d’ailleurs que depuis l’année dernière où nous avons fait l’annonce que ces archives étaient accessibles, des chercheurs, notamment camerounais, se soient rendus sur le site de la Courneuve pour les consulter», explique la porte-parole du Quai d’Orsay, Agnès Von Der Mühll.
Un transfert du fond d’archives vers le Cameroun est-il envisageable ?
« Là ça pose un problème de sécurité des archives. Imaginez que nous perdions des archives lors d’un transport. Je pense que serait quelque chose de difficile à expliquer à nos opinions publiques. Il faut qu’on les conserve dans des conditions appropriées. Mais tous ceux qui peuvent faire le déplacement sont invités et je suis surs que dans la communauté des chercheurs, les uns et les autres peuvent s’entraider pour aider les chercheurs qui sont intéressés par ces sujets au Cameroun de venir les consulter », répond Agnès Von Der Mühll.
Aux archives diplomatiques de la Courneuve, un édifice a été conçu spécialement pour répondre aux exigences de la conservation de tels patrimoines historiques. Les températures basses dans les salles d’archivage permettent de ralentir le vieillissement des documents comme a pu constater Journalducameroun.com sur place. Des mesures sont toutefois prises pour conserver la mémoire de manière numérique ou encore par des reproductions de documents.
D’autres départements ministériels de la France ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour la déclassification des archives.
L’ambiance dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest était loin des violences observées sur place à la même période l’année dernière.
La journée du 1er octobre s’est déroulée dans un calme relatif dans les deux régions anglophones du Cameroun. Non pas que les séparatistes ont renoncé à l’indépendance de leur territoire par rapport à la République, mais les violences enregistrées ont eu lieu dans le cadre d’événements isolés. Bien loin de l’ambiance du 1er octobre 2017.
Ce jour-là, des manifestations populaires avaient simultanément eu lieu dans ces parties du pays. Des foules en liesse avaient investi les rues des villes et villages, pancartes en mains, pour réclamer la libération de tous les détenus de la crise anglophone, l’arrêt des violences, ainsi que l’indépendance de l’Ambazonie.
Les manifestations, d’abord pacifiques, se sont vite muées en affrontements entre sécessionnistes et forces de défense et de sécurité. Plusieurs personnes sont mortes ce dimanche-là et les jours d’après.
Hier, quelques incidents ont été notés à quelques endroits, notamment à Buea, où un homme a été blessé par balle alors qu’il se trouvait hors de son domicile. Il a rendu l’âme ce mardi. Des affrontements avec les soldats ont eu lieu à Bambili (Nord-Ouest) après que des sécessionnistes ont pris d’assaut la chefferie de ladite localité et hissé le drapeau de l’Ambazonie. Sept membres de cet Etat imaginaire auraient été tués lundi à Wum (Nord-Ouest).
L’écrivain camerounais est récompensé pour son ouvrage « Confidences», lequel relate les luttes pour l’indépendance du Cameroun tel que vécues par une vielle femme rencontrée en pays bassa.
Un livre sur l’indépendance du Cameroun et sa guerre cachée sera couronné au Salon du livre et de la presse de Genève ce vendredi, 28 avril 2017. Il s’agit de «Confidences», un ouvrage écrit par le Camerounais Max Lobe, par ailleurs auteur de «La Trinité bantoue» (2014), «39 rue de Berne» (2013) et de «L’enfant du miracle» (2011).
Dans «Confidences», paru en 2016 aux éditions Zoé, le narrateur, de retour au Cameroun, voyage en pays Bassa, au cœur de la forêt. Il y rencontre Ma Maliga, vieille maman pleine d’esprit, gourmande, insolente et, mine de rien, résistante de premier plan. Voilà une femme à qui on ne la fait pas, mais aussi une femme pleine d’histoires, pleine d’Histoire, petites et grandes, qui ont fait le Cameroun. Tous ses récits rejoignent un combat, celui de Ruben Um Nyobè, dit le Mpodol, militant indépendantiste assassiné en 1958, dont Max Lobe, retrace le geste de résistance. Ma Maliga taquine le narrateur: tu es «curieux comme les singes de notre forêt» lui dit-elle. Et c’est heureux, puisqu’il parcourt avec elle, et avec ses lecteurs, en suivant ses propos, ses rires et ses sentences, la carte des souffrances, des fiertés et des origines.
Tout au long des 288 pages de son ouvrage, Max Lobe revisite, dans un autre genre, le mouvement nationalisme mené par l’Union des populations du Cameroun (UPC). Ce qui lui a valu l’assentiment des jurés du Prix Ahmadou Kourouma2017, dont il a été désigné lauréat. Ce soir, il recevra sa récompense dès 16 heures, au Salon africain du Salon du livre et de la presse de Genève.
«Que ce prix soit remis cette année à un auteur genevois prouve que la littérature africaine francophone se fait également ailleurs qu’à Paris ou Bruxelles», indique Max Lobe cité par Le Monde Afrique.
Le Prix Kourouma récompense est attribué chaque année à un auteur dont les écrits portent sur l’Afrique noire. C’est dans cette logique qu’en 2016, le Mauritanien Beyrouk a reçu ledit Prix pour son ouvrage «Le Tambour des larmes».
Il y a belle lurette que de missive je ne vous en ai faite. Je ne vous ai pas oublié, et ne vous méprenez pas, par mon style, je ne fais point concurrence à votre fils spirituel ou caché, le Fameux Ndongo. Il se trouve que du temps de ma jeunesse, on chantait en choeur un refrain qui nous venait du Congo, du grand Franco -pas celui qui «colle la petite»- : «Le temps passé ne revient plus».
C’est un souvenir des années 60, quand, marquant le pas cadencé à la sortie des classes, nous chantions l’espoir, nouschantions la joie, nous chantions l’espérance et nous y croyions. Comme Camara Laye, nous étions petits et grandissions dans nos villages et nos villes. Nous chantions :
L’indépendance camerounaise qu’en dis-tu ? La voici, la voici, que chacun de nous chante la gloire à travers cette terre chérie !
On nous parlait d’indépendance, on nous parlait de réunification, et, pendant les récréations, l’un de nos jeux favoris était de former des gouvernements, car pour la première fois, nous en avions un. C’étaient des petits gangs, sympathiques, dans lesquels nous nous ingéniions à trouver de l’argent de poche pour nous empiffrer. De beignets, d’arachides caramélisées, de bonbons et de biscuits. Et, dans nos petits gouvernements, nous avions notre Ahidjo, qui signifiait président de la république. Il n’y en avait jamais eu d’autre. Nous chantions même l’hymne national, dont je me souviens très bien.
O Cameroun, berceau de nos ancêtres, autrefois tu vécus dans la barbarie, comme un soleil tu commences à paraître, peu à peu, tu sors de ta sauvagerie.
C’était vraiment ça, ces paroles, et nous étions vraiment convaincus que cette indépendance nous sortait de la barbarie. D’ailleurs, il nous arrivait, pour l’appuyer, de chanter : « Chère patrie, chère chérie… » au lieu de «Chère patrie, terre chérie…». Il faut vous dire, cher Barthélémy, qu’on avait beaucoup d’espoir, et les maîtres nous faisaient chanter :
Dans ce pays, il y a du cacao et du café en abondance, l’administration fait grande chasse, et des criminels, et des oisifs.
Il faut vous dire que nous avions un livre d’instruction civique qui était intitulé : «J’aime mon pays, le Cameroun», et que la première leçon était une leçon de morale avec un thème du jour, comme «J’apprendrai à aimer les bonnes choses », «Voler est un vilain défaut, la gourmandise aussi».
Je vous raconte ces souvenirs car je sais que vous êtes au courant et que vous avez fait, vous, cette fameuse transition du temps colonial aux indépendances. Pire, vous avez remplacé le premier président, vous êtes notre second Ahidjo. Avec vous, tout a empiré. Il arrive à vos compatriotes d’un certain âge de regretter certaines choses de la colonisation et de donner raison à nos colons impérialistes qui continuent à nous narguer en parlant des bienfaits de la colonisation. Dans ce temps passé qui ne revient plus, la vie n’était pas chère. Les planteurs de cacao arrivaient à acheter des véhicules neufs avec l’argent de la vente de leur produit. Dans les dispensaires et les hôpitaux publics, on nous soignait gratuitement. Dans les écoles et les établissements secondaires, c’était aussi gratuit. Les livres, les cahiers étaient donnés gratuitement aux maîtres et aux élèves. Les mots corruption et détournement de fonds n’avaient pas l’ampleur et la légitimité qu’ils ont aujourd’hui. Et pour accueillir nos frères d’outre Mungo lors de la réunification en 1961, nous chantions :
Cameroun du levant, celui du couchant. Mais ne disons plus : Cameroun sous tutelle. Frères d’outre Mungo, entonnez vos chants. Réunification ! O bonne nouvelle ! Réunification souhaitée, te voilà enfin réalisée. Frères, unissons-nous par les cœurs, bâtissons ce pays sans rancoeur.
Pour finir, Monsieur le président, force est de constater que nos fêtes historiques nationales, le 1er janvier 1960, jour de l’indépendance, et le 1er octobre 1961, jour de la réunification, ne sont plus célébrées. D’étranges fêtes ont pris place et sont célébrées avec zèle. L’une d’elles arrive bientôt : le 8 mars, avec ses pagnes, que certaines dames vont soulever, imbibées d’alcool afin d’imiter les hommes, leurs maris, qui ne comprendront rien, comme d’habitude, à cette étrange révolution. C’est juste pour vous proposer que cette année, la prolongation de ces manifestations qui ne sont pas à l’honneur de la nation ne connaisse pas une certaine apothéose dans votre palais d’Etoudi.
Bien que sachant que vous ne m’écouterez point, vous comprendrez que moi aussi, tant que durera cette situation, de salut, je ne vous en ferai point.
Cet ouvrage retrace les seize années cruciales de l’histoire du Cameroun, à savoir celles qui partent de 1945 pour s’achever en 1961, qui l’ont conduit à l’indépendance et à la réunification. Il traite cette période à travers les principaux personnages qui y ont joué un rôle décisif.
Lorsque s’achève le second conflit mondial en 1945, la France est ruinée et en partie dévastée. En plus, sa population est moralement et profondément traumatisée devant ce qui lui est arrivé. Sa classe politique n’a qu’une ambition, en refaire une grande puissance mondiale. Pour cela, elle compte sur le génie des Français, mais également énormément sur l’exploitation de ses colonies et territoires associés d’Afrique.
Mais dans le même temps, cependant, d’une part les mentalités dans les colonies ont changé au point où la peur de l’homme blanc a considérablement régressé, et les peuples sont prêts à se battre de nouveau pour leur liberté perdue par l’invasion coloniale, d’autre part, les Etats-Unis d’Amérique exercent des pressions sur le gouvernement français afin qu’il fasse évoluer le régime colonial, voire carrément qu’il l’abolisse.
Devant cet état de choses, la France entame des réformes non pas pour octroyer l’indépendance aux peuples qu’elle colonise, mais plutôt pour les maintenir sous sa domination. Elle entreprend ainsi «d’humaniser» le régime colonial, en décidant de plus ou moins associer les peuples colonisés à la décision politique, dans l’espoir de leur faire perdre tout désir d’indépendance.
Mais, peine perdue, les réformes qu’elle entreprend vont plutôt produire un effet totalement contraire. Les colonisés vont s’en servir pour l’acculer et finalement lui arracher la proclamation de leur indépendance.
La Grande-Bretagne connaîtra exactement le même sort face à ses colonies.
Au Cameroun, plusieurs personnes se sont jeté dans la bataille pour la liberté, et en ont subi les dramatiques conséquences : emprisonnements, assassinats, et exil. L’indépendance du Cameroun a été ainsi la plus sanglante de toutes les colonies et territoires associés de la France en Afrique noire, parce que les Camerounais ont affronté la France coloniale alors que celle-ci venait de connaître une humiliation en Indochine à travers la retentissante défaite de son armée à Dien-Bien-Phu, et qu’elle était de nouveau en guerre en Algérie, ces deux événements s’étant produits en 1954.
Dans les pages qui suivent, les noms de quelques-uns des protagonistes de cette lutte héroïque pour la liberté sont évoqués, et leur action est succinctement présentée.
Ahmadou Ahidjo: premier président du Cameroun.
Ahmadou Ahidjo est entré dans l’Histoire comme ayant été le second Premier ministre du Cameroun sous administration française et le premier Président de la République du Cameroun, au lendemain de la proclamation de l’indépendance, le 1er janvier 1960.
Le personnage
Ahmadou Ahidjo est né à Garoua le 24 août 1924. Il connaît une enfance classique de jeunes de son époque dans la région du nord en zone musulmane. Ecole coranique d’abord, puis officielle ensuite. Quand il n’a pas classe, il se rend dans les pâturages avec ses camarades de jeu, pour faire paître les moutons. Quand ce ne sont pas les moutons, ce sont les b ufs. Il n’a pas vraiment connu son père et est plutôt élevé par sa mère de condition modeste. Il est ainsi élevé sans grand confort.
Mais, cette origine modeste deviendra finalement un grand atout pour lui. En effet, les notables rechignent à laisser leurs gosses fréquenter l’école occidentale, et y envoient plutôt ceux de leurs serviteurs. C’est de cette manière que le jeune Ahmadou Ahidjo se retrouve dans une école française après l’école coranique. Il y obtient son Certificat d’études primaires élémentaires, C.E. P.E., en 1939, pendant que la guerre se déclenche en Europe.
Ce diplôme en poche, il est quelque temps oisif à Garoua et finit par se faire recruter comme assistant vétérinaire par l’administration coloniale. Ce sera son tout premier emploi.
Mais en même temps, l’administration a déjà lancé une politique d’équilibre régional au Cameroun. Il lui faut promouvoir les jeunes de toutes les régions du pays. Ahmadou Ahidjo qui est déjà un fonctionnaire, se voit retenu parmi les élèves appelés à poursuivre leurs études dans une école primaire supérieure. Il en existe une à Bongor au sud du Tchad, non loin de Garoua, et une autre très loin, à Yaoundé, au sud du pays. Ahmadou Ahidjo se voit affecté à l’Ecole Primaire Supérieure de Yaoundé. Il émigre ainsi dans cette ville. Nous sommes en 1940.
A l’époque, il ne connaît personne à Yaoundé. La communauté fulbé, dont il est originaire, y est quasi-inexistante à cause des restrictions de déplacements auxquels étaient soumis les «indigènes» par l’administration coloniale. En tout cas, elle y compte très peu de personnes. Par bonheur, les élèves de cette école sont tous à l’internat, et sont de ce fait nourris gratuitement, habillés et même disposent de blanchisseurs. Rien d’étonnant à cela, ils sont des privilégiés qui vont servir dans l’administration publique à la fin de leur formation. Leurs déplacements en période de vacances scolaires sont pris en charge par le budget de l’Etat.
Dans cette école, Ahmadou Ahidjo se lie d’amitié avec un de ses camarades dont les parents habitent Yaoundé : Onana Awana Charles. Ce dernier le présente à sa famille, et il y est aussitôt adopté. La maman d’Onana Awana devient ainsi la seconde mère d’Ahmadou Ahidjo.
Elle se met à veiller sur lui comme sur son propre fils. Onana Awana Charles et lui deviennent ainsi des quasi-jumeaux auprès de cette dame. Grâce à son séjour à Yaoundé, Ahidjo se met à parler couramment la langue éwondo en plus du fufuldé.
A la fin de sa scolarité à l’Ecole Primaire Supérieure, il est intégré dans la fonction publique coloniale en qualité de fonctionnaire des Postes et Télécommunications, PTT, en 1944. Il a vingt ans. Il est aussitôt affecté au bureau de poste de la ville de Bertoua. Il y loge au quartier «indigène», Mokolo.
L’entrée en politique
Lorsque s’achève la guerre en Europe, le gouvernement français se retrouve contraint de faire évoluer le régime colonial, de peur de voir naître des mouvements insurrectionnels dans ses différents territoires qu’elle occupe. Il entreprend des réformes qui aboutissent à l’octroi du droit de vote aux «indigènes», et à la création d’Assemblée territoriales où ces derniers sont autorisés à siéger. Au Cameroun, il est créé l’Assemblée Représentative du Cameroun, Arcam.
Cette assemblée présente les caractéristiques suivantes :
1/- elle doit comporter des représentants de toutes les régions du Cameroun ;
2/- elle doit également comporter des élus blancs ;
3/- elle est divisée en deux «collèges», selon les races, un 1er «collège» pour les Blancs, et un 2nd pour les Noirs ;
4/- tous ses membres ne sont pas élus, une partie est nommée par le haut-commissaire de la république française au Cameroun ;
5/- enfin, c’est une assemblée « représentative » comme son nom l’indique, c’est-à-dire, dénuée du pouvoir législatif. Elle ne vote pas de lois.
En sa qualité « d’évolué » du nord travaillant déjà au sud, Ahmadou Ahidjo y effectue son entrée sur désignation par le haut-commissaire de la France au Cameroun. Ce dernier est ainsi son géniteur politique. (.)
La défaite électorale de 1951
1951. L’Assemblée nationale française doit être renouvelée. Un scrutin est organisé dans les territoires coloniaux français d’Afrique, ainsi que dans les deux territoires associés que sont le Cameroun et le Togo. Les «indigènes» peuvent se porter candidats. Le Cameroun y dispose de trois sièges. Le scrutin est divisé en trois circonscriptions électorales, une pour le nord, une pour le centre, une pour le sud. Ahmadou Ahidjo choisit de se porter candidat dans la circonscription électorale du nord, d’autant qu’il est déjà délégué de la Bénoué à L’Arcam.
Toutefois, la tâche ne lui est pas facile.
D’abord, il n’est pas encore suffisamment accepté par les féodaux de la région, qui lui préfèrent encore Ahmadou Mahondé. En conséquence, ceux-ci ne donnent pas de consignes de vote favorable à sa candidature. Pis encore, ils le combattent quasi-ouvertement.
Ensuite, dans la circonscription électorale, il y a le Guadeloupéen Jules Ninine, qui est également candidat et est particulièrement influent. Il est d’autant plus avantagé que d’une part il est candidat à sa propre succession, d’autre part il est de nationalité française, à la différence d’Ahidjo. Enfin, il est en bonne entente avec l’administration coloniale, pour ne pas dire qu’il bénéficie de son soutien.
Enfin, une campagne électorale nécessite de gros moyens, et Ahidjo n’en dispose pas encore, à la différence de Ninine.
Malgré tout, la campagne s’ouvre. Ahmadou Ahidjo entreprend tant bien que mal d’attirer à lui le vote déterminant des lamido avec leurs sujets : en vain.
Ceux-ci disposent en effet de par leur statut, d’une voix qui peut faire élire ou battre n’importe quel candidat, selon le mot d’ordre qu’ils donnent. Leurs milliers de sujets s’exécutent docilement. A l’issue du scrutin, Ahmadou Ahidjo est battu, tout simplement, par Jules Ninine.
Endeley Emmanuel: l’intégration du Southern Cameroon au Nigéria
Le rôle déterminant d’Endeley Mbella Liffaffa Emmanuel dans l’histoire du Cameroun est peu connu des Camerounais, tellement son image a été obscurcie par ses prises de position anti-réunification de dernière minute. Et pourtant, il a joué un rôle majeur dans la conscientisation des populations de la « zone anglaise » en vue de la reconstitution de la patrie dans ses frontières d’avant le partage colonialiste de 1916. Bien mieux, il a été le tout premier Camerounais qui a exercé les fonctions de Premier ministre au Southern Cameroons.
Le personnage
Endeley Mbella Liffaffa Emmanuel est né le 10 avril 1916 à Buéa, soit juste un mois après la division colonialiste du 04 mars 1916. Il est ainsi le cadet de trois ans de Ruben Um Nyobè, né en 1913, a le même âge que John Ngu Foncha, né également en 1916, et l’aîné de huit ans d’Ahmadou Ahidjo, né en 1924. Il fréquente l’école de la Mission Catholique Romaine de Bojongo en «zone anglaise», et l’Ecole Indigène de la ville de Buea. Puis, en 1931, il part pour le Nigeria où il s’inscrit au Yaba High College d’Umuahia. Cette ville située entre Port Harcourt et Enugu, qui se trouve en pays Igbo, est actuellement la capitale de l’Etat d’Abia, au sud-est du Nigeria.
Tout gosse, il est le témoin des brimades coloniales et, tout particulièrement, de la ségrégation raciale que pratiquaient sans vergogne les Anglais dans les actuelles régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. En effet, de nombreuses échoppes et lieux publics sont interdits aux Noirs un peu partout, en « zone anglaise ». Il y règne une sorte d’Apartheid qui ne dit pas son nom.
Arrivé à Umuahia, il retrouve la même ségrégation raciale et les mêmes brimades à l’endroit des Noirs. Cela le marque profondément. Pis encore, il y découvre quelque chose d’encore plus grave : le statut de sous-homme, face aux Nigerians, qui est celui réservé aux Camerounais de la « zone anglaise » vivant au Nigeria. Ils sont des sujets de l’empire britannique, au même titre que les Nigerians, mais en plus, en quelque sorte des «sujets» du Nigeria lui-même. Cela le révolte énormément.
Ces brimades et cette double discrimination que subissent tous les Camerounais vivant au Nigeria sont telles que ceux-ci décident de créer, le 27 mars 1940, une association qu’ils dénomment Cameroon Youth League. Endeley y est élu Secrétaire Général. Elle vise à regrouper les étudiants camerounais inscrits dans des établissements scolaires au Nigeria, en vue de défendre leurs intérêts communs face aux autorités anglo-nigérianes. Elle se présente en même temps comme un embryon de mouvement nationaliste, qui exalte la grandeur du pays natal dans cette terre d’exil nigériane. Enfin, elle est un mouvement de solidarité et d’entre ‘aide d’étudiants camerounais, voire des Camerounais tout court résidant au Nigeria.
Ses études secondaires achevées, il change de ville. Il se rend à Yaba, et s’inscrit à la Nigerian School of Medicine of Yaba. Il en sort diplômé avec pour spécialité, la chirurgie en 1943. Il est alors affecté à l’hôpital de Port Harcourt, d’abord, puis à Lagos.
Mais, l’exil lui pèse beaucoup, et il a une grande nostalgie du pays. Bien mieux, il estime que celui-ci à davantage besoin de lui que le Nigeria où, après tout, il n’est qu’un étranger. En 1945 finalement, il se fait nommer médecin chef à Buea. C’est le retour au pays, après plusieurs années passées au Nigeria.
Ministre au Nigeria
Sur la base de cette double élection, et en sa qualité de leader politique incontesté de la région de l’extrême-est du Nigeria, à savoir le Southern Cameroon, il est désigné, la même année, au gouvernement fédéral à Lagos, au poste de Ministre du Travail. A Enugu, dans le gouvernement de la région de l’est du Nigeria, Tandeng Muna est également nommé au même poste, à savoir Ministre du Travail.
La «Constitution Macperson», du point de vue des Camerounais de la «zone anglaise» satisfait à moitié leurs attentes. Elle crée une administration autonome de la région de l’est du Nigeria, et y rattache le Southern Cameroon. Ils désirent la transformation totale de leur territoire en une région à part entière et également autonome, autrement dit, différente de la région de l’est du Nigeria.
Dès l’année 1953, les élus du Southern Cameroon au Nigeria, critiquent ouvertement la mainmise et la condescendance des Nigérians à leurs égards. Le 30 Juillet 1953, à travers une motion, ils réclament officiellement leur propre Etat séparé. Le 22 Août 1953, les autorités coloniales acceptent le principe de l’autonomie de la province. Finalement, en 1954, le Southern Cameroon obtient sa propre administration avec pour capitale Buea. Il devient effectivement et enfin autonome de la région de l’est du Nigeria. C’est la matérialisation des dispositions de l’accord de tutelle du 13 décembre 1946. Celui-ci en fait un territoire sous tutelle des Nations Unies et à l’administration confiée uniquement à la Grande-Bretagne, et non conjointement au Nigeria. C’est une évolution décisive.
Moumié échappe à l’arrestation
Le 26 mai 1955, le Dr Félix Moumié se rend le matin à son bureau de l’hôpital Laquintinie. A peine avait-il entamé la tournée de ses malades, que le médecin-chef de l’hôpital, un médecin militaire français du nom de Merle, reçoit successivement deux appels téléphoniques. Le premier demande si le Dr Moumié est bien à son bureau. «Oui, il est là», répond le Français. Le deuxième appel l’informe que la police est en route pour procéder à l’arrestation de son collègue «indigène».
Par solidarité de corps, le Dr Merle informe Moumié qu’il doit rapidement quitter l’hôpital avant l’arrivée de la police. Moumié ne demande plus son reste. Il se sauve à toute vitesse de l’hôpital par le portail arrière de celui-ci aujourd’hui fermé, pendant que la police y effectue son entrée par le portail avant. Il échappe ainsi de justesse à l’arrestation. Pendant cinq longs jours, une battue de la police est organisée à travers la ville de Douala pour le retrouver. Seule solution pour échapper aux forces coloniales : l’exil.
Départ pour l’exil
Lundi le 30 mai 1955, il part pour la ville de Kumba, en zone d’occupation anglaise, déguisé en femme, pour échapper à la police. Il s’est fait épiler les sourcils et couper les cheveux. Il porte un foulard à la tête et des sandales de femmes aux pieds. Son beau-frère Otye Gustave, le transporte derrière sa moto, une «Triumph». Celui-ci le dépose à Kumba, en passant par Loum, car l’axe Douala-Tiko n’existait pas encore. Aux différents contrôles de police, personne ne soupçonne que la dame que transporte ce motocycliste est l’un des hommes les plus recherchés du Cameroun en ce temps-là.
Il rejoint à Kumba les très nombreux patriotes camerounais ayant échappé aux arrestations, aux tortures et aux assassinats de la police et de l’armée coloniales.
Expulsion de la «zone anglaise»
Mais, là-bas, bien vite, au début de l’année 1957, sur pression de l’administration coloniale française, ces réfugiés politiques sont déclarés indésirables au Southern Cameroon par les colonialistes britanniques.
Le 13 juin 1957, à quatre heures du matin, la police anglaise fait irruption dans les différents domiciles des upécistes. Ils sont tous arrêtés et embarqués vers une destination inconnue, à bord de deux véhicules. Finalement, ils sont débarqués à Victoria (Limbe), puis enfermés dans leur «white house» (maison blanche) tout à côté du bureau de police. Au bout de plusieurs jours de cellule, Moumié finit par interpeller un jeune policier pour lui dire : (.)
Elle n’a toujours pas été reconnue officiellement, pourtant la France a bien mené une guerre au Cameroun avant et après l’indépendance du pays dans les années 50 et 60
Elle n’a toujours pas été reconnue officiellement, pourtant la France a bien mené une guerre au Cameroun avant et après l’indépendance du pays dans les années 50 et 60. Adepte de la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire, l’administration coloniale a employé tous les moyens (bombardements, élimination d’opposants, torture, regroupement forcé des populations, etc.) pour éradiquer le mouvement nationaliste de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Après leur somme qui a fait date, les auteurs de «Kamerun !» publient un ouvrage synthétique intitulé «La guerre du Cameroun. L’invention de la Françafrique». Sur RFI, Thomas Deltombe, l’un des auteurs, revient sur le sujet.
Avec ce livre, vous synthétisez, vous prolongez aussi le travail que nous avez effectué depuis plusieurs années sur la guerre du Cameroun. Vous commencez par un témoignage inédit d’un pilote d’hélicoptère français, Max Bardet. Qui est-il ? Et que vous a-t-il raconté ?
Max Bardet est un pilote d’hélicoptère français qui a été envoyé au Cameroun après la guerre d’Algérie, qui était d’ailleurs un très chaud partisan de l’Algérie française. Il a été envoyé au Cameroun entre 1962 et 1964. Et il a participé pendant cette période à ce qu’il appelle lui-même «des massacres contrôlés», à l’ouest du Cameroun en particulier, qui ont fait, selon lui, au moins 1 500 morts. Et il survolait donc ces zones de massacre en hélicoptère, sa mission étant en particulier de signaler les fuyards pour qu’il ne reste aucun témoin.
Vous parlez aussi des bourreaux en cravate qui ont rendu possible ces massacres. Qui sont-ils ?
Ce qui nous semble important, c’est de ne pas se limiter à une description des massacres. Il y a eu des massacres, c’est effectivement très important. Mais ce qui nous semble utile, c’est de comprendre dans quel contexte, dans quel système et dans quel processus historique se sont inscrits ces massacres. Il se trouve que ce processus historique a été décrit très bien par Pierre Mesmer qui a été, avant d’être ministre des Armées, avant d’être Premier ministre, qui a été le haut-commissaire de la France au Cameroun [1956-1958]. Et il dit dans ses mémoires, et je le cite, «Nous accorderons l’indépendance à ceux qui la réclamaient le moins, après avoir éliminé politiquement et militairement ceux qui la réclamaient avec le plus d’intransigeance». C’est très intéressant comme déclaration écrite. Nous allons éliminer politiquement et militairement ceux qui réclament l’indépendance pour placer à la tête du pays des gens qui seront des Camerounais, qui seront prêts à travailler main dans la main avec Paris, pour finalement poursuivre «l’ uvre coloniale» malgré ou même grâce à l’indépendance.
Cette guerre, est-ce qu’elle a été masquée par une autre guerre qui se déroulait à peu près en même temps et, vous l’évoquiez, la guerre en Algérie ?
Ce qui est assez compliqué, assez étonnant avec la guerre du Cameroun, c’est que personne n’en a entendu parler. Pour la raison que vous évoquez effectivement : la guerre d’Algérie avait lieu au même moment et monopolisait d’une certaine façon l’attention de l’opinion publique française. Mais cette guerre a été délibérément camouflée. Une des instructions était : il faut faire régner le silence. Pour une raison simple, avant l’indépendance de 1960, c’est que le Cameroun n’était pas une colonie au sens strict du terme, mais un territoire international, confié à la tutelle de l’Onu et administré par la France et l’Angleterre. La France n’avait pas le droit juridiquement et légalement de réprimer le mouvement nationaliste qui, d’ailleurs, ne faisait que réclamer finalement ce que l’Onu avait promis aux territoires sous tutelle, c’est-à-dire l’autonomie, l’indépendance, la justice sociale etc. Et donc, comme la France se retrouvait coincée par le droit international, elle a décidé d’utiliser la force pour, comme disait Messmer, éliminer politiquement et militairement ceux qui réclamaient l’indépendance.
Cette guerre est aujourd’hui, c’est vrai un peu oubliée. Elle n’est pas reconnue officiellement. Est-ce que aussi ce n’est pas dû au fait qu’elle n’est pas vraiment délimitée dans le temps ?
Effectivement, c’est compliqué puisque que cette guerre n’a pas eu un début fracassant comme ça a été le cas en Algérie en 1954 et elle n’a pas eu de fin fracassante non plus, comme les Accords d’Evian de 1962 avec l’Algérie. Donc c’est une guerre qui s’est instillée progressivement au Cameroun, et qui s’est arrêtée également progressivement. Donc il est difficile de la saisir d’une certaine façon d’un point de vue historique. Et ça a permis également une forme de camouflage puisque c’est une guerre dont on ne voit ni le début, ni la fin, est-ce que c’est une guerre ? Ou est-ce que simplement ce n’est pas une simple opération de maintien de l’ordre, tout ce qu’il y a de plus banal.
En 2009, l’ancien Premier ministre François Fillon avait nié l’existence de ce conflit. Six ans plus tard, le président François Hollande, lui a dit qu’il y avait bien eu une répression en Sanaga-Maritime, au pays bamiléké. Il a parlé d’épisodes extrêmement tourmentés. Est-ce que tout ça, ça va quand même dans le bon sens ?
On est passé d’une logique d’occultation totale à une logique de minimisation, d’euphémisation, voire de maquillage. Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion d’aller sur le site de l’ambassade de France au Cameroun, mais il y a une chronologie sur l’histoire du Cameroun, d’ailleurs chronologie qui commence le 1er janvier 1960, c’est-à-dire au moment de la proclamation de l’Indépendance, comme s’il n’y avait pas d’histoire avant, mais passons sur ça. Il est écrit : «1961-1963 : répression avec l’aide des forces françaises de l’insurrection orchestrée par l’UPC». C’est intéressant comme formulation parce que, en réalité, elle est extrêmement mensongère. Ce n’est pas une répression, c’est une guerre ; avec l’aide des forces françaises : en réalité ce n’est pas l’aide des forces françaises, la France a été l’initiatrice, l’organisatrice de cette guerre à partir de 1956 avec le fameux Pierre Messmer ; et l’insurrection, quelle insurrection ? Orchestrée par l’UPC ? Non. En réalité la formulation devrait être que «La France a orchestré une guerre pour éliminer politiquement et militairement le mouvement nationaliste porté par l’Union des populations du Cameroun». Donc vous voyez, on n’est plus dans une logique d’occultation totale, mais dans une logique de maquillage, qui finalement est mensongère.
[b La Grande-Bretagne a une histoire plutôt similaire avec le Kenya, la répression des Mau-Mau [1952-1956]. Silence d’Etat pendant plusieurs années sur des massacres commis ; et puis enfin en 2013, reconnaissance officielle des crimes coloniaux, indemnisation de certaines victimes. C’est un exemple à suivre peut-être pour la France ?]
Je trouve que cette comparaison n’est pas à l’honneur de la France. Oui, ça peut être un exemple. En tout cas, il faut absolument que les autorités françaises sortent de leur autisme sur ces questions-là. C’est urgent car les archives -en raison du climat et du mauvais entretien- sont en train de disparaître et surtout les témoins sont également en train de disparaître.
«La guerre du Cameroun», c’est le titre de votre livre. Vous sous-titrez «L’invention de la Françafrique». Pourquoi «l’invention»?
C’est une guerre qui rentre dans une logique beaucoup plus globale qui est celle de la réforme conservatrice du système colonial et le Cameroun a été le premier pays où la France a entrepris, et finalement réussi, à contrôler l’indépendance d’un pays africain, au lieu de la subir, comme ça avait été le cas en Indochine en 1954 ou en Guinée en 1958. A cause de ces échecs, les autorités françaises ont imaginé un système qui permettait effectivement d’octroyer l’indépendance, comme disait Pierre Messmer, «Nous allons accorder l’indépendance», mais comme il le disait également, de ne pas la confier au Cameroun, mais simplement à une partie des Camerounais qui travailleraient main dans la main avec la France, contre finalement les intérêts du peuple camerounais. Et donc l’indépendance a été falsifiée, de sorte qu’elle ne sert plus les intérêts du peuple camerounais et des colonisés, mais au contraire elle est utilisée, elle est retournée contre le peuple. Et ça, c’est la base du système françafricain.
L’indépendance, c’est des larmes, du sang, des morts. Cette phrase d’Aimé Césaire aux Martiniquais, devrait être opportunément rappelée aux indépendantistes du Nord-ouest et du Sud-ouest aujourd’hui déchaînés. Bien mieux, elle devrait servir de boussole à tous les manifestants de ces deux régions actuellement en furie qui adhèrent au discours des premiers, d’autant plus que ceux-ci se retrouvent confrontés à la barbarie classique, et finalement devenue banale, hélas ! Des « forces de maintien de l’ordre » camerounaises.
Agir dans le sens de l’Histoire.
Tout peuple soumis à un régime qu’il considère comme tyrannique a le droit et même le devoir suprême de se révolter. Cela est légitime. C’est ce qu’ont fait les peuples de ces pays occidentaux dont nous admirons et envions tant la liberté et le bien-être des citoyens aujourd’hui. Ils se sont révoltés contre des régimes tyranniques, d’abord de la féodalité – c’est-à-dire des rois -, ensuite des dictatures du 20ème siècle – Mussolini, en Italie, par exemple, a été arrêté en fuyant et exécuté. C’est ce qu’ont fait également tous les peuples colonisés à travers le monde, parce que la colonisation, c’est avant tout un régime tyrannique. Ils ont agi dans le sens de l’Histoire, qui est celui de la liberté des hommes, la liberté des peuples. C’est pourquoi, dans le cas de la décolonisation, ils ont très souvent bénéficié d’un soutien international, y compris au sein des pays qui les opprimaient.
Mais, dans le même temps, il faudrait prendre garde à ne pas agir dans le sens contraire de l’histoire. Aujourd’hui, autant l’Humanité était favorable au mouvement d’indépendance à travers la planète, autant, en revanche, elle ne l’est pas pour les mouvements séparatistes. Ils sont extrêmement peu nombreux les pays membres des Nations Unies qui en soutiendraient un à ce jour, pour la simple raison qu’il pourrait également en naître, de manière totalement inattendue, à l’intérieur de leurs propres frontières. Sur le plan diplomatique, en conséquence, c’est plutôt un colossal handicap pour les indépendantistes camerounais. Il est possible de se retrouver avec quelques intellectuels qui acclament un projet séparatiste quelque part dans le monde, mais c’est totalement insuffisant.
Il faut savoir arrêter un mouvement révolutionnaire qui est sans issue.
Actuellement, les morts s’accumulent au Nord-ouest et au Sud-ouest, sans que pour autant l’issue rêvée, à savoir, un Etat nouveau et indépendant quant à elle ne se rapproche. Les jours passent, et rien ne point à l’horizon. Continuer dans ces conditions à souffler sur les braises, est suicidaire, voire même, carrément criminel. Il faut savoir que ces étudiants qui meurent au nom d’une improbable indépendance ne reviendront plus à la vie. Leurs familles les ont perdus à jamais. Elles les ont élevés jusqu’à l’Université, dans d’énormes sacrifices, et à présent ils ne sont plus. C’est dramatique. C’est le prix à payer pour la liberté ? Oui, facile à dire, quand ce sont les enfants des autres qui le paient .
C’est le lieu ici de rappeler une vérité cardinale : un authentique révolutionnaire doit pouvoir comprendre que la partie est perdue, et entreprendre aussitôt d’arrêter les pertes en vies humaines en stoppant le plus rapidement possible la révolution. Mais cela suppose avant tout un mouvement organisé, un authentique parti révolutionnaire déclencheur de la révolution et qui la conduit.
Egalement, il faut que les objectifs poursuivis par cette révolution soient clairs, à savoir : 1/- le renversement du régime en place ; 2/- la prise du pouvoir afin d’imposer ses réformes.
Malheureusement, dans le cas du Cameroun, c’est la pagaille totale. Un mouvement s’est, de manière spontanée et opportuniste, déclenché, sans véritable leader, et a pris de l’ampleur. Des individus éparpillés au Cameroun et à travers le monde, tout particulièrement aux Etats-Unis d’Amérique, tentent tant bien que mal de le récupérer. Ils ne disposent d’aucun plan d’action, d’aucune coordination entre eux, d’aucune stratégie. Pis encore, ils courent les uns après les autres après les exactions du « Lumpen prolétariat » (le prolétariat en haillons), constitué au Cameroun des vendeurs à la sauvette et des innombrables laissés pour compte des cinquante-six ans d’indépendance et cinquante-cinq de réunification. Ils tentent de capitaliser des frustrations découlant d’une réunification poignardée par les « élites » de l’époque où elle s’était produite.
Tout cela aboutit à une grandiose bouillabaisse par réseaux sociaux interposés où personne ne sait où l’on va. Un coup, on incendie une automobile, un coup, on s’oppose par un déchaînement spontané de violence à la tenue d’un meeting du parti gouvernemental, manière de répondre à la violence que lui-même inflige habituellement aux partis de l’opposition – les gosses disent dans ces conditions « ashuka » ! -, un coup on lève un drapeau nouveau sous les vivats et la clameur endiablée de la foule, après avoir pris soin auparavant de brûler celui du Cameroun, un coup on exhibe des photos de malheureuses victimes de la répression surdimensionnée et classique des « forces de maintien de l’ordre », etc. Bref, on tâtonne. On agit à l’aveuglette. On s’accroche au déroulement des événements. La révolution, ou tout au moins ce qui en tient lieu, part ainsi dans tous les sens. Rien d’organisé, rien de structuré, rien de programmé. Le mouvement est tout simplement chaotique. Et des hommes meurent .
Nos indépendantistes réfugiés aux Etats-Unis d’Amérique ne peuvent rien contre la tournure dramatique qu’est en train de prendre cette révolution que les a pris de court et dont ils désirent se présenter en leaders. Ils voient les cadavres s’amonceler, et se résolvent, impuissants, à tenter d’émouvoir la communauté internationale, étant eux-mêmes dans l’incapacité totale de faire quoi que ce soit d’autre. Ils ne peuvent opposer une force militaire à celle du gouvernement. Ils n’en disposent pas. Ils ne peuvent par conséquent pas protéger les insurgés.
Quelque part même, finalement, le sang qui coule les arrange, car il permet de mettre à nu la violence et la barbarie des « Francophones » qui oppriment le pauvre peuple sans défense et aux mains totalement nues que constitue les « Anglophones » qui ne désire qu’une chose, vivre dans la liberté et la dignité, acquérir son indépendance, au nom du droit internationalement reconnu des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En fin de compte, au plus grand regret de tout le monde, en tout cas des Camerounais épris de démocratie, c’est le B.I.R. qui viendra malheureusement mettre un point final à la « révolution » en cours et sans lendemain, mais à quel prix ? Qui pourra jamais dénombrer les victimes qu’il va causer ? Combien de personnes écoperont-elles de lourdes peines de prison par la suite, si jamais des poursuites étaient entreprises à l’encontre des insurgés ? Après la guerre retour à la politique paisible.
Mais avec quel interlocuteur ?
La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique sous forme violente. Aussi, le plus souvent, elle intervient lorsque les voies pacifiques ont échoué. En l’occurrence, ici, il s’agit d’un dialogue de sourds entre un gouvernement autocratique et traditionnellement réfractaire au dialogue avec qui que ce soit, et une mosaïque d’individus se proclamant les uns les autres les porte-paroles des « Anglophones », mais sans véritables troupes constituées, et dont la tribune principale est simplement les réseaux sociaux.
Voici donc venu, normalement, le temps du dialogue, épilogue classique à l’issue de toute crise politique. Voici venu le temps de la diplomatie. Mais, en même temps, grosse question : face au gouvernement de Yaoundé, quel interlocuteur ? Qui représente « les Anglophones », ceux qui se sont insurgés, ou qui y ont été entraînés, de gré ou de force ? Les députés du parti gouvernemental ? Ceux de l’opposition ? En désigner un d’office, c’est tout bonnement l’anoblir, et rien d’autre, lui permettre enfin de disposer de troupes, à savoir des gens qui, à grandes enjambées, vont le rejoindre parce que le pouvoir s’apprêterait à dialoguer avec lui. En vérité, cela reviendrait ni plus ni moins à le créer politiquement, tout simplement, à le sortir de « Cameroons_politics », Facebook, et autres. En désigner plusieurs, sur quel critère ? Le nombre de voitures incendiées ? La violence ou l’extravagance des mots d’ordre ?
Pas de possibilité de pourparlers sans être en position de force.
Autre vérité cardinale : aucun gouvernement au monde ne négociera avec un mouvement insurrectionnel qui ne l’aura pas, militairement, mis en difficulté, à défaut de l’avoir vaincu. Il faut qu’il se retrouve en position de faiblesse et de manière définitive pour se résoudre à négocier. Nos indépendantistes d’Amérique le savent-ils et sont-ils capables de créer une telle situation ? Ces jeunes gens qui, à Bamenda, lèvent un drapeau nouveau en sont-ils conscients ?
Malgré tout, le gouvernement se doit de répondre, d’une manière ou d’une autre, aux revendications tumultueuses en provenance des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, parce qu’il a la responsabilité du pays, la responsabilité du peuple, de tout le peuple, et non uniquement celui du RDPC, ou celui de l’ex-Cameroun oriental. Il ne serait guère intelligent de sa part de se cantonner dans son arrogant et suffisant statu-quo. Les événements du Nord-ouest et du Sud-ouest appellent en dernier lieu à repenser les institutions camerounaises, la réorganisation de l’Etat. Celui créé le 16 avril 1957, réaménagé en 1958, en 1960, en 1961, en 1972, en 1984, en 1996, est déjà obsolète. Il n’est plus en phase du tout avec le Cameroun d’aujourd’hui.
Pourquoi s’échiner dans une aventure sans lendemain, telle qu’une sécession, et ne pas plutôt chercher à conquérir le pouvoir à Yaoundé et imposer les réformes que l’on désire ? Tel est le gros point d’interrogation qui scintille sur la face ténébreuse du groupuscule d’agitateurs burlesques qui prônent le séparatisme au Cameroun depuis des lustres sans espoir d’y parvenir un jour. Les chances zéro d’une sécession au Cameroun.
En effet, comment ne pas comprendre que les chances d’aboutissement d’un projet sécessionniste au Cameroun sont quasi-nulles et s’enfermer dans la stupide illusion que les « Nations Unies sont de notre côté » ? Simple question à laquelle tout Camerounais est en mesure de répondre : qu’ont fait ces « Nations Unies » hier quand nous réclamions la perte du « Northern Cameroons » ? Rien du tout. Qu’ont fait ces « Nations Unies » hier également quand Roland Pré faisait tirer l’armée française sur nos parents indépendantistes en 1955 alors que nous étions même encore un territoire sous leur tutelle ? Rien du tout. Qu’ont fait ces « Nations Unies » encore quand la cause de notre l’indépendance était juste, mais que la torpillait allègrement le gouvernement français ? Rien du tout.
Comment penser qu’aujourd’hui, elles voleront cette fois-ci au secours des révolutionnaires de « Facebook » et « Cameroon politics » qui se disent « anglophones », reniant ainsi lamentablement et totalement leur africanité ? C’est un gigantesque leurre. Mao Tsé-Toung, que l’on ne présente plus, avait énoncé une vérité fondamentale : « ne compter avant tout que sur ses propres forces ». Si le Soudan du sud a pu obtenir son détachement du Soudan, tout court, c’est par le fait qu’il disposait d’une puissante force militaire ; il en a été de même pour l’Erythrée. De quelle force de ce type disposent nos « libérateurs anglophones » ? Le peuple. Ah bon ! Mais c’est qui « le peuple » ? Celui qui, en 1991, n’est pas parvenu à renverser le régime de Paul Biya malgré huit long et pénibles mois de « villes mortes » et une paralysie totale de sept provinces sur dix ? Il faudrait y réfléchir .
L’indépendance c’est le feu, le sang, les larmes et des cadavres.
En fait, la classe politique camerounaise, ou tout au moins ce qui en tient lieu, est caractérisée par une niaiserie révoltante. Tout lui paraît simple, évident, couler de soi, naturel. Elle ne comprend pas ainsi que l’aventure sécessionniste actuelle au Cameroun ne pourra, dans le meilleur des cas, c’est-à-dire si des armes sont trouvées et une armée constituée, que se solder par un sanglant et retentissant fiasco comme ce fut le cas au Nigeria voisin où la guerre du Biafra avait, hélas !, duré trois douloureuses années, du 6 juillet 1967 au 15 janvier 1970, laissé des millions de morts et un profond traumatisme dans le pays. Rappelons-nous à ce propos, les mots emprunts de sagesse d’Aimé Césaire aux Martiniquais : « l’indépendance, c’est le feu, le sang, et des cadavres ».
Pourquoi pas le palais d’Etoudi comme les Afro-américains ont conquis la Maison Blanche avec Obama ?
Revenons à notre interrogation de départ : pourquoi ne pas plutôt prendre résolument la décision de conquérir Etoudi ? Les Afro-américains nous fournissent un bel exemple de lutte victorieuse. Dans les années 1960, certains de leurs mouvements politiques envisageaient – à vrai dire bien vaguement – la création d’un Etat qui leur fut uniquement réservé dans la fédération américaine. Mais, par bonheur, d’autres ont farouchement combattu cette idée – véritable discours séparatiste -, et ont plutôt insisté sur la conquête totale des droits civiques. Résultat des courses : voici huit ans qu’un Afro-américain dirige les Etats-Unis d’Amérique.
Pourquoi les séparatistes camerounais excluent-ils d’office la conquête du palais présidentiel par l’un d’eux et ainsi le triomphe de leurs idées ? Les Afro-américains constituent 20% de la population américaine, la communauté qui se réclame « anglophone » également représente sensiblement le même pourcentage au Cameroun. Si comparaison était raison, n’y a-t-il pas similitude ?
Par Modestine Carole Tchatchouang Yonzou, Combattante des Droits humains et des libertés
Mes chers compatriotes, je voudrais avant toute chose saluer votre courage et votre dévouement à la lutte contre les injustices de divers ordres qui minent notre pays.
Toutefois, par ma modeste voix, je me permets ici de vous faire quelques suggestions pour qu’ensemble, nous puissions obtenir le résultat escompté. Car il est important de savoir que toute lutte s’inscrit dans une dynamique qui se structure sur plusieurs plans.
Primo, la dynamique de l’action. Elle s’enracine dans la prise de conscience d’une injustice. Celle-ci – qui n’est pas forcément nouvelle – nous apparaît alors dans toute sa dureté et le sentiment s’impose à nous qu’elle est littéralement «insupportable» et que, par conséquent, nous ne pouvons pas la supporter plus longtemps : « ça ne peut plus durer ». Nous décidons alors de la faire cesser et d’agir en conséquence. Nous décidons d’entrer en résistance.
Toutefois, il est important de comprendre qu’Il est essentiel que l’action soit décidée à partir d’une connaissance exacte de la situation dans laquelle s’inscrit l’injustice que nous voulons dénoncer et combattre. S’il advenait que nous soyons pris en défaut sur la connaissance des faits, cela viendrait discréditer gravement notre initiative et amoindrir ses chances de succès.
Or, nous sommes à présent plongés dans une situation trouble ou l’objet de la résistance semble s’éloigner des enjeux de départ.Alors que l’annonce portait sur une revendication des enseignants, nous entendons de plus en plus le désir de la transformer en un mouvement Sécessionniste de partition du Cameroun.Je voudrais donc par ma modeste voix vous dire que le Cameroun est « UN ET INDIVISIBLE ». Nous avons du Nord au Sud du Cameroun les mêmes problèmes et pâtissons des mêmes douleurs, et c’est ensemble dans l’unité que nous sauverons notre pays des mains des vautours.
Dans tout mouvement de revendication, dans un premier temps, la tentation est de grossir les faits et d’exagérer leur gravité dans la présentation que nous en donnons, en allant jusqu’à caricaturer la position de nos adversaires. Mais c’est une illusion de penser que ce stratagème peut avoir une quelconque efficacité. Au contraire, il sera alors facile à ceux que nous mettons en cause de faire valoir, en s’appuyant sur des arguments convaincants, l’aspect outrancier des accusations portées contre eux et, par là même, d’apparaître pouvoir se justifier entièrement. En revanche, la connaissance rigoureuse des faits et leur présentation la plus rationnelle et la plus objective possible constituent un atout majeur en notre faveur qui renforce notre position. La possibilité de justifier chaque fois, preuves à l’appui, les affirmations avancées est un élément de première importance dans le rapport des forces qui va s’établir entre les adversaires.
Deuxio, le choix de l’objectif : « Où est le sel ? » est capitale. C’est également à partir de l’analyse de la situation que nous devons choisir l’objectif à atteindre. Le choix de l’objectif est un élément essentiel d’une campagne d’action; de lui seul peut dépendre la réussite ou l’échec. C’est une nécessité stratégique que l’objectif soit clair, précis, limité et possible. Il convient, pour cela, de discerner ce qui serait souhaitable et ce qui est possible. C’est se condamner à l’échec que de choisir un objectif dont l’importance se trouve disproportionnée par rapport aux forces que l’on peut raisonnablement prétendre mobiliser pour mener l’action. Il importe donc que l’objectif soit à la portée du mouvement social que l’action peut susciter. Il est essentiel que l’objectif choisi permette la victoire. La campagne d’action ne doit pas se trouver réduite à une simple campagne de protestation et de sensibilisation. Il faut obtenir gain de cause. Il faut gagner. Cette victoire, nécessairement partielle et limitée, viendra donner confiance aux militants et permettra alors de se donner des objectifs plus ambitieux.
Bien qu’il importe de se situer dans une perspective qui englobe l’ensemble du système politique qui domine la société, c’est une nécessité stratégique de choisir un point précis du système qui permette d’avoir prise sur lui, de pouvoir le faire bouger et de le faire basculer en agissant comme avec un levier. Ce point précis, ce sera la prise. Il faut se donner le maximum de garanties pour que la prise soit la bonne. Il ne faudra pas la lâcher et il ne faudra pas qu’elle nous lâche.
En outre, il faut miser sur une campagne de résistance non-violente. Pour cela, il faudra trouver un objectif qui soit l’équivalent de la loi sur le sel dont l’abolition a été choisie par Gandhi en 1930 pour organiser une campagne de désobéissance civile en vue d’obtenir l’indépendance de l’Inde. L’objectif stratégique à long terme était l’indépendance de l’Inde, l’objectif tactique à court terme était l’abolition de la loi sur le sel. Dans la situation globale dans laquelle s’inscrit le mouvement de résistance, il s’agit donc de se poser la question : « Où est le sel ? Where is the salt ? » Il faut donc chercher et trouver le sel.
Le choix de la non-violence est une option stratégique qui implique que toutes les actions mises en uvre soient non-violentes. La stratégie de l’action non-violente à sa dynamique propre, son efficacité propre et toute action violente ne peut que venir la contrarier et, en définitive, la mettre en échec. Lorsque la violence et la non-violence coexistent dans un même espace de lutte, c’est la violence qui impose sa logique. Une lutte qui comporte 90% d’actions non-violentes et 10% d’actions violentes ne serait pas une lutte non-violente avec 10% d’actions violentes, mais une lutte violente avec 90% d’actions non-violentes. Si trois cents personnes font un sit-in face à un déploiement policier en gardant une attitude parfaitement non-violente, il peut suffire que trois individus lancent des pierres sur les policiers pour que l’action tout entière soit placée sous le signe de la violence.
Selon toute probabilité, l’image qui ouvrira le journal télévisé et qui fera la une des journaux ne sera pas la manifestation non-violente, mais celle des lanceurs de pierres. Et les pouvoirs établis, comme l’opinion publique, ne manqueront pas de considérer que trois cent trois manifestants ont eu recours à une violence inacceptable à l’encontre des policiers. De même, si quelques milliers de personnes défilent pacifiquement dans les rues d’une ville, il suffit que quelques dizaines d’individus brisent les vitrines des magasins pour que tous les manifestants soient considérés comme des casseurs. Et cela viendra justifier la répression policière qui sera légitimée par les pouvoirs publics sous prétexte qu’il est nécessaire de « rétablir l’ordre ».
C’est pourquoi, dès le commencement d’une action, il convient d’afficher » clairement le choix stratégique de la non-violence en sorte que tous les interlocuteurs des résistants – qu’il s’agisse des partenaires, des adversaires ou des opinions publiques – ne puissent pas ne pas le savoir. Cet « affichage » de la non-violence doit permettre de créer un climat, une atmosphère qui favorise le développement optimal des potentialités de l’action non-violente et lui permet d’exprimer toute son efficacité. Ainsi le choix de la non-violence ne peut qu’exclure le principe de la « diversité des tactiques », selon lequel il conviendrait de concilier dans une même lutte des actions non-violentes et des actions violentes.
Ainsi, pour ce qui concerne les combinaisons possibles entre la violence et la non-violence, il n’existe pas de réciprocité : des actions non-violentes renforcent l’efficacité d’une lutte violente, tandis que des actions violentes contrarient l’efficacité d’une lutte non-violente. D’où la nécessité de redéfinir en urgence la stratégie et mettre en place une méthode de lutte favorable à la réussite.
Par Modestine Carole Tchatchouang Yonzou, Combattante des Droits humains et des libertés
Mes chers compatriotes, je voudrais avant toute chose saluer votre courage et votre dévouement à la lutte contre les injustices de divers ordres qui minent notre pays.
Toutefois, par ma modeste voix, je me permets ici de vous faire quelques suggestions pour qu’ensemble, nous puissions obtenir le résultat escompté. Car il est important de savoir que toute lutte s’inscrit dans une dynamique qui se structure sur plusieurs plans.
Primo, la dynamique de l’action. Elle s’enracine dans la prise de conscience d’une injustice. Celle-ci – qui n’est pas forcément nouvelle – nous apparaît alors dans toute sa dureté et le sentiment s’impose à nous qu’elle est littéralement «insupportable» et que, par conséquent, nous ne pouvons pas la supporter plus longtemps : « ça ne peut plus durer ». Nous décidons alors de la faire cesser et d’agir en conséquence. Nous décidons d’entrer en résistance.
Toutefois, il est important de comprendre qu’Il est essentiel que l’action soit décidée à partir d’une connaissance exacte de la situation dans laquelle s’inscrit l’injustice que nous voulons dénoncer et combattre. S’il advenait que nous soyons pris en défaut sur la connaissance des faits, cela viendrait discréditer gravement notre initiative et amoindrir ses chances de succès.
Or, nous sommes à présent plongés dans une situation trouble ou l’objet de la résistance semble s’éloigner des enjeux de départ.Alors que l’annonce portait sur une revendication des enseignants, nous entendons de plus en plus le désir de la transformer en un mouvement Sécessionniste de partition du Cameroun.Je voudrais donc par ma modeste voix vous dire que le Cameroun est « UN ET INDIVISIBLE ». Nous avons du Nord au Sud du Cameroun les mêmes problèmes et pâtissons des mêmes douleurs, et c’est ensemble dans l’unité que nous sauverons notre pays des mains des vautours.
Dans tout mouvement de revendication, dans un premier temps, la tentation est de grossir les faits et d’exagérer leur gravité dans la présentation que nous en donnons, en allant jusqu’à caricaturer la position de nos adversaires. Mais c’est une illusion de penser que ce stratagème peut avoir une quelconque efficacité. Au contraire, il sera alors facile à ceux que nous mettons en cause de faire valoir, en s’appuyant sur des arguments convaincants, l’aspect outrancier des accusations portées contre eux et, par là même, d’apparaître pouvoir se justifier entièrement. En revanche, la connaissance rigoureuse des faits et leur présentation la plus rationnelle et la plus objective possible constituent un atout majeur en notre faveur qui renforce notre position. La possibilité de justifier chaque fois, preuves à l’appui, les affirmations avancées est un élément de première importance dans le rapport des forces qui va s’établir entre les adversaires.
Deuxio, le choix de l’objectif : « Où est le sel ? » est capitale. C’est également à partir de l’analyse de la situation que nous devons choisir l’objectif à atteindre. Le choix de l’objectif est un élément essentiel d’une campagne d’action; de lui seul peut dépendre la réussite ou l’échec. C’est une nécessité stratégique que l’objectif soit clair, précis, limité et possible. Il convient, pour cela, de discerner ce qui serait souhaitable et ce qui est possible. C’est se condamner à l’échec que de choisir un objectif dont l’importance se trouve disproportionnée par rapport aux forces que l’on peut raisonnablement prétendre mobiliser pour mener l’action. Il importe donc que l’objectif soit à la portée du mouvement social que l’action peut susciter. Il est essentiel que l’objectif choisi permette la victoire. La campagne d’action ne doit pas se trouver réduite à une simple campagne de protestation et de sensibilisation. Il faut obtenir gain de cause. Il faut gagner. Cette victoire, nécessairement partielle et limitée, viendra donner confiance aux militants et permettra alors de se donner des objectifs plus ambitieux.
Bien qu’il importe de se situer dans une perspective qui englobe l’ensemble du système politique qui domine la société, c’est une nécessité stratégique de choisir un point précis du système qui permette d’avoir prise sur lui, de pouvoir le faire bouger et de le faire basculer en agissant comme avec un levier. Ce point précis, ce sera la prise. Il faut se donner le maximum de garanties pour que la prise soit la bonne. Il ne faudra pas la lâcher et il ne faudra pas qu’elle nous lâche.
En outre, il faut miser sur une campagne de résistance non-violente. Pour cela, il faudra trouver un objectif qui soit l’équivalent de la loi sur le sel dont l’abolition a été choisie par Gandhi en 1930 pour organiser une campagne de désobéissance civile en vue d’obtenir l’indépendance de l’Inde. L’objectif stratégique à long terme était l’indépendance de l’Inde, l’objectif tactique à court terme était l’abolition de la loi sur le sel. Dans la situation globale dans laquelle s’inscrit le mouvement de résistance, il s’agit donc de se poser la question : « Où est le sel ? Where is the salt ? » Il faut donc chercher et trouver le sel.
Le choix de la non-violence est une option stratégique qui implique que toutes les actions mises en uvre soient non-violentes. La stratégie de l’action non-violente à sa dynamique propre, son efficacité propre et toute action violente ne peut que venir la contrarier et, en définitive, la mettre en échec. Lorsque la violence et la non-violence coexistent dans un même espace de lutte, c’est la violence qui impose sa logique. Une lutte qui comporte 90% d’actions non-violentes et 10% d’actions violentes ne serait pas une lutte non-violente avec 10% d’actions violentes, mais une lutte violente avec 90% d’actions non-violentes. Si trois cents personnes font un sit-in face à un déploiement policier en gardant une attitude parfaitement non-violente, il peut suffire que trois individus lancent des pierres sur les policiers pour que l’action tout entière soit placée sous le signe de la violence.
Selon toute probabilité, l’image qui ouvrira le journal télévisé et qui fera la une des journaux ne sera pas la manifestation non-violente, mais celle des lanceurs de pierres. Et les pouvoirs établis, comme l’opinion publique, ne manqueront pas de considérer que trois cent trois manifestants ont eu recours à une violence inacceptable à l’encontre des policiers. De même, si quelques milliers de personnes défilent pacifiquement dans les rues d’une ville, il suffit que quelques dizaines d’individus brisent les vitrines des magasins pour que tous les manifestants soient considérés comme des casseurs. Et cela viendra justifier la répression policière qui sera légitimée par les pouvoirs publics sous prétexte qu’il est nécessaire de « rétablir l’ordre ».
C’est pourquoi, dès le commencement d’une action, il convient d’afficher » clairement le choix stratégique de la non-violence en sorte que tous les interlocuteurs des résistants – qu’il s’agisse des partenaires, des adversaires ou des opinions publiques – ne puissent pas ne pas le savoir. Cet « affichage » de la non-violence doit permettre de créer un climat, une atmosphère qui favorise le développement optimal des potentialités de l’action non-violente et lui permet d’exprimer toute son efficacité. Ainsi le choix de la non-violence ne peut qu’exclure le principe de la « diversité des tactiques », selon lequel il conviendrait de concilier dans une même lutte des actions non-violentes et des actions violentes.
Ainsi, pour ce qui concerne les combinaisons possibles entre la violence et la non-violence, il n’existe pas de réciprocité : des actions non-violentes renforcent l’efficacité d’une lutte violente, tandis que des actions violentes contrarient l’efficacité d’une lutte non-violente. D’où la nécessité de redéfinir en urgence la stratégie et mettre en place une méthode de lutte favorable à la réussite.
[Ce texte fut écrit le 21 avril 2002, j’allais dire sous maquis, alors que nous subissions la dictature de la pensée unique et la répression des idées. Il ne fallait surtout pas avoir de la sympathie pour le Front National de Jean-Marie Le Pen] et la télévision occidentale se chargeait de le diaboliser. Nous avons été longtemps abusés par la télévision du nouvel ordre mondial occidental tant au sujet du Front National qu’à celui de la Russie de Poutine présentés comme étant les pires dictateurs au monde dit libre. Heureusement que nous sommes désormais affranchis et pouvons afficher notre soutien à Marine Le Pen et au Front National en toute liberté, en uvrant pour qu’elle gagne l’élection présidentielle en France, comme Trump aux USA, afin de donner un coup de massue à l’ordre mondial régnant, ainsi qu’à la françafrique.
Je vais penser bête et oser tout haut ce que certains pensent tout bas au risque de subir une volée de bois verts qu’ils ne manqueront pas de recevoir de la part de ceux qui ont toujours raison et même de la part de certains frères. C’est un avis que beaucoup répugne à donner à visage découvert. Donc sus à l’hypocrisie.
J’ai suivi pendant un moment la foule et vomi à l’unisson Jean-Marie Le Pen qui a l’outrecuidance de vouloir rapatrier nos frères installés sur le sol Français et empêcher ceux qui se planquent dans les maquis de franchir nuitamment la frontière s’il était élu président.
Mais si j’essaie de prendre la chose par l’autre bout et n’ayant d’autre objectif que l’intérêt de l’Afrique et des Africains, je dois admettre qu’une analyse à contrario ne manque pas du piquant.
L’unanimité faite contre sieur Le Pen, arrivé deuxième à la course à la présidentielle Française, m’apparaît antidémocratique. Le peuple souverain Français a exprimé librement son suffrage en faveur de Le Pen et des idées qu’il défend. D’où vient-il qu’il soit contesté à ce peuple son droit à l’auto détermination ? Son droit à maintenir la voie qu’il a librement choisie ?
Tout le monde multiplie des arguments contre lui et agite le spectre d’Hitler pour décourager ceux qui le suivent. On soutient qu’il est fasciste, raciste et xénophobe, qu’il va renvoyer chez eux tous les étrangers s’il est élu. Soit.
Mais si l’Afrique Francophone est unanime sur le fait qu’avant et après les » indépendances « , la France (et par la suite la banque mondiale et le FMI) a joué un rôle néfaste dans son développement politique et économique, je crois qu’elle devrait saluer l’opportunité qui se présente avec l’avènement de Le Pen en France qui affirme vouloir rompre avec cette relation incestueuse que dénonce son compatriote François Xavier Verschave dans ses livres, aussi bien dans NOIR SILENCE que dans La Françafrique.
De tout temps nous nous sommes plaints de la fuite de cerveaux vers l’occident, de la fuite des capitaux vers l’occident, de la fuite des personnes et de nos biens pour développer l’occident.
Le Pen nous offre l’occasion de nous renvoyer nos cerveaux, nos investisseurs, nos joueurs, nos concitoyens chez nous et de nous aider à rester chez nous, dans un confort à moyen terme égal à celui que nous recherchons chez eux.
Toutes ces compétences viendront nous aider de leurs lumières à développer nos pays comme ils aident l’occident à être toujours devant nous, à nous exploiter à l’occasion et à bien vivre de nos misères.
Imaginez que tous les impôts qu’un Manu Dibango, un Yannick Noah, une Calixte Beyala ou un Sokana (homme d’affaires) paient à l’Etat français et pensez que tout cet argent servira à construire des écoles pour nos enfants, à faire des routes pour désenclaver nos différentes villes disséminées à travers la brousse, à développer le tourisme sur l’île de Djebala ou de Manoka etc.
Imaginez tout cet argent qu’apporteront les investisseurs africains de la France pour le réinvestir chez nous et songez aux emplois nouveaux dont nos chômeurs vont bénéficier.
‘Afrique n’a-t-elle pas là une chance de briser les liens maffieux qui se sont tissés depuis les indépendances » octroyés » par les puissances coloniales ?
Le Nazisme et le Fascisme sont des philosophies développées en occident entre les deux guerres » mondiales « . Il s’agissait pour Hitler en Allemagne comme pour Mussolini en Italie, de protéger la race pure contre la souillure des races intermédiaires et notamment juive. En quoi l’Afrique est-elle concernée puisqu’elle ne compte même pas au regard de ceux-là ?
Je soutiens qu’il n’y a jamais eu de » guerre mondiale » mais qu’il y a eu deux guerres occidentales. Quelle était la place de l’Afrique dans les deux guerres occidentales ? Celle de réservoir à chair à canon, celle des tirailleurs » Sénégalais » !
C’est comme il y trois cents ans quoi, pour développer leurs pays ou couper leur canne à sucre, ils venaient tout naturellement dans leurs réservoirs à main d’ uvre prendre ce qu’il leur était nécessaire. Pour lutter contre leurs voisins, ils ont eu besoin d’africains pour » économiser » leurs soldats.
L’Afrique n’a pas fait la guerre occidentale, on lui a juste pris ses fils pour prêter main forte à l’armée occidentale. Pendant la première guerre, le Cameroun sous protectorat allemand a envoyé ses fils combattre aux côtés de l ‘Allemagne contre les alliés. Ils ont perdu la guerre. Pendant le seconde, le Cameroun sous mandat français, les a naturellement laissés aux français et alliés pour combattre l’Allemagne.
Avons-nous eu le choix dans l’un comme dans l’autre cas ?
Et aujourd’hui ils agitent le spectre du nazisme et du fascisme dont ils ont gardés quelques frayeurs depuis leurs guerres pour nous convaincre de ce que Le Pen est un diable pour avoir ressuscité Hitler!
Je ne suis pas sûr que nous perdions au change si la France venait à renvoyer nos concitoyens qui travaillent pour sa prospérité, sa renommée et son développement, pour nous aider à repartir d’un nouveau départ. Nous avons là une chance incroyable de parvenir à une indépendance véritable de l’Afrique, de nous prendre en main et de vaincre les réseaux de la françafrique. Est-ce fasciste de prôner ou d’envisager le développement de l’Afrique sans les serres de la France ?
Au lieu de pleurnicher au motif que Le Pen va nous renvoyer chez nous, soyons plutôt positifs et contents de pouvoir enfin rentrer chez nous pour rendre notre chez nous aussi agréable que le chez eux !
Pourquoi les gens sont-ils effrayés par la perspective Le Pen ? Parce que nos Etats sont des prisons aussi bien politiques que de droit commun, les gens y meurent de misère lorsqu’ils ne sont pas tués au coin de la rue par les forces de l’ordre, par des bandits et autres coupeurs de route. La formation scolaire comme professionnelle est approximative, les élites elles même qui sont fortunés envoient leurs progénitures loin des misères nationales. Les autres partent à travers champs pour tenter une aventure occidentale qui dans tous les cas leur sera plus profitable que s’ils étaient restés là avec pour seul horizon le chômage, la prison et la mort. Songez que le SMIG est de 700.000Fcfa en France alors qu’un magistrat africain gagne à peine 200.000Fcfa et vous comprendrez pourquoi les gens s’évadent et combien rude sera la tâche de Le Pen.
Si tous les autres gouvernants pouvaient nous permettre d’atteindre un SMIG de 700.000Fcfa par mois, nous n’y verrons aucun inconvénient à rester chez nous.
Non, Le Pen ne sent pas mauvais pour l’Afrique, c’est pour la France qu’il empeste. Désolé pour Emmanuel De Solère Stinzy et tous nos amis français, la France n’a que les dirigeants qu’elle mérite.
Mais ce n’est qu’un rêve, Le Pen ne sera pas élu demain dimanche. La coalition contre lui est trop grande, mais il a déjà gagné à nous montrer qu’il est risqué voire dangereux pour nous de circuler en France comme nous le ferions chez nous en Afrique, dans notre belle forêt équatoriale ou dans notre jungle sauvage. On court le risque d’être pendu par des Lepenistes dont la couleur de la peau ne diffère guère de celle d’un français de gauche ou de droite. Prudence chers amis Africains de France, vous courrez un grave danger.
Post Scriptum
Lors des dernières élections présidentielles françaises, les camerounais ont été impressionnés par le nombre élevé des partisans du Front National, tant à Douala qu’à Yaoundé.
La France comprendra-t-elle enfin que l’Afrique et les peuples africains ont besoin d’un toilettage de leurs accords de coopération pour un nouveau partenariat gagnant-gagnant? Comprend elle que jusqu’à maintenant elle a régulièrement donné l’impression qu’elle n’a que ses intérêts à protéger au détriment de ceux des africains? Une grande majorité d’amis français s’étonne du soutien français aux dictateurs et dénonce ce que François Xavier Verschave appelle la Françafrique sans que la France officielle daigne s’émouvoir. Tout se passe comme si les diplomates français accrédités en Afrique ne souhaitaient pas déplaire au prince hôte, mieux comme s’ils lui donnaient un concours actif pour terroriser, tromper, vilipender, appauvrir, spolier et mépriser les peuples africains.
L’exemple le plus éloquent est celui d’un ancien ambassadeur de France au Cameroun devenu depuis sa retraite dorée, conseiller spécial du président Paul Biya. On se souvient avec rage et amertume que pendant l’exercice des hautes fonctions de cet ambassadeur, les droits de l’homme ont été le plus violés au Cameroun. On peut imaginer quels genres de conseils Ivon Omnes, puisqu’il s’agit de lui, peut donner au prince d’Etoudi. « Il faut tirer dans le tas » doit-il lui répéter lorsque le peuple manifeste dans la rue!
J’ai appris récemment d’une bouche française parmi les plus autorisée, que nous (les Noirs) sommes très indisciplinés ! Comment ne pas penser que la France n’est pas complice lorsqu’un de ses représentants parmi les plus illustres a pu conseiller au chef de l’état la création du Commandement Opérationnel et faire partager à la France amie la responsabilité d’un crime fratricide et parricide?
Même si on est réjoui que le parlement européen ait condamné cette organisation militaro criminelle, on reste perplexe lorsque la France officielle dispose d’autant de conseillers diplomatiques, militaires, politiques etc. aux côtés des dictatures africaines, depuis plus de quarante ans sans que l’Afrique évolue vers la démocratie, mais au contraire on a l’impression qu’elle recule plus qu’elle n’avance.
Sommes-nous donc les seuls à entrevoir cette sanglante explosion populaire due aux nombreuses frustrations qui se profile chaque jour d’avantage à l’horizon, ou est-ce volontairement que l’on pousse ce peuple stoïque jusqu’à ses derniers retranchements dans la perspective prochaine de son génocide?
[Ce texte fut écrit le 21 avril 2002, j’allais dire sous maquis, alors que nous subissions la dictature de la pensée unique et la répression des idées. Il ne fallait surtout pas avoir de la sympathie pour le Front National de Jean-Marie Le Pen] et la télévision occidentale se chargeait de le diaboliser. Nous avons été longtemps abusés par la télévision du nouvel ordre mondial occidental tant au sujet du Front National qu’à celui de la Russie de Poutine présentés comme étant les pires dictateurs au monde dit libre. Heureusement que nous sommes désormais affranchis et pouvons afficher notre soutien à Marine Le Pen et au Front National en toute liberté, en uvrant pour qu’elle gagne l’élection présidentielle en France, comme Trump aux USA, afin de donner un coup de massue à l’ordre mondial régnant, ainsi qu’à la françafrique.
Je vais penser bête et oser tout haut ce que certains pensent tout bas au risque de subir une volée de bois verts qu’ils ne manqueront pas de recevoir de la part de ceux qui ont toujours raison et même de la part de certains frères. C’est un avis que beaucoup répugne à donner à visage découvert. Donc sus à l’hypocrisie.
J’ai suivi pendant un moment la foule et vomi à l’unisson Jean-Marie Le Pen qui a l’outrecuidance de vouloir rapatrier nos frères installés sur le sol Français et empêcher ceux qui se planquent dans les maquis de franchir nuitamment la frontière s’il était élu président.
Mais si j’essaie de prendre la chose par l’autre bout et n’ayant d’autre objectif que l’intérêt de l’Afrique et des Africains, je dois admettre qu’une analyse à contrario ne manque pas du piquant.
L’unanimité faite contre sieur Le Pen, arrivé deuxième à la course à la présidentielle Française, m’apparaît antidémocratique. Le peuple souverain Français a exprimé librement son suffrage en faveur de Le Pen et des idées qu’il défend. D’où vient-il qu’il soit contesté à ce peuple son droit à l’auto détermination ? Son droit à maintenir la voie qu’il a librement choisie ?
Tout le monde multiplie des arguments contre lui et agite le spectre d’Hitler pour décourager ceux qui le suivent. On soutient qu’il est fasciste, raciste et xénophobe, qu’il va renvoyer chez eux tous les étrangers s’il est élu. Soit.
Mais si l’Afrique Francophone est unanime sur le fait qu’avant et après les » indépendances « , la France (et par la suite la banque mondiale et le FMI) a joué un rôle néfaste dans son développement politique et économique, je crois qu’elle devrait saluer l’opportunité qui se présente avec l’avènement de Le Pen en France qui affirme vouloir rompre avec cette relation incestueuse que dénonce son compatriote François Xavier Verschave dans ses livres, aussi bien dans NOIR SILENCE que dans La Françafrique.
De tout temps nous nous sommes plaints de la fuite de cerveaux vers l’occident, de la fuite des capitaux vers l’occident, de la fuite des personnes et de nos biens pour développer l’occident.
Le Pen nous offre l’occasion de nous renvoyer nos cerveaux, nos investisseurs, nos joueurs, nos concitoyens chez nous et de nous aider à rester chez nous, dans un confort à moyen terme égal à celui que nous recherchons chez eux.
Toutes ces compétences viendront nous aider de leurs lumières à développer nos pays comme ils aident l’occident à être toujours devant nous, à nous exploiter à l’occasion et à bien vivre de nos misères.
Imaginez que tous les impôts qu’un Manu Dibango, un Yannick Noah, une Calixte Beyala ou un Sokana (homme d’affaires) paient à l’Etat français et pensez que tout cet argent servira à construire des écoles pour nos enfants, à faire des routes pour désenclaver nos différentes villes disséminées à travers la brousse, à développer le tourisme sur l’île de Djebala ou de Manoka etc.
Imaginez tout cet argent qu’apporteront les investisseurs africains de la France pour le réinvestir chez nous et songez aux emplois nouveaux dont nos chômeurs vont bénéficier.
‘Afrique n’a-t-elle pas là une chance de briser les liens maffieux qui se sont tissés depuis les indépendances » octroyés » par les puissances coloniales ?
Le Nazisme et le Fascisme sont des philosophies développées en occident entre les deux guerres » mondiales « . Il s’agissait pour Hitler en Allemagne comme pour Mussolini en Italie, de protéger la race pure contre la souillure des races intermédiaires et notamment juive. En quoi l’Afrique est-elle concernée puisqu’elle ne compte même pas au regard de ceux-là ?
Je soutiens qu’il n’y a jamais eu de » guerre mondiale » mais qu’il y a eu deux guerres occidentales. Quelle était la place de l’Afrique dans les deux guerres occidentales ? Celle de réservoir à chair à canon, celle des tirailleurs » Sénégalais » !
C’est comme il y trois cents ans quoi, pour développer leurs pays ou couper leur canne à sucre, ils venaient tout naturellement dans leurs réservoirs à main d’ uvre prendre ce qu’il leur était nécessaire. Pour lutter contre leurs voisins, ils ont eu besoin d’africains pour » économiser » leurs soldats.
L’Afrique n’a pas fait la guerre occidentale, on lui a juste pris ses fils pour prêter main forte à l’armée occidentale. Pendant la première guerre, le Cameroun sous protectorat allemand a envoyé ses fils combattre aux côtés de l ‘Allemagne contre les alliés. Ils ont perdu la guerre. Pendant le seconde, le Cameroun sous mandat français, les a naturellement laissés aux français et alliés pour combattre l’Allemagne.
Avons-nous eu le choix dans l’un comme dans l’autre cas ?
Et aujourd’hui ils agitent le spectre du nazisme et du fascisme dont ils ont gardés quelques frayeurs depuis leurs guerres pour nous convaincre de ce que Le Pen est un diable pour avoir ressuscité Hitler!
Je ne suis pas sûr que nous perdions au change si la France venait à renvoyer nos concitoyens qui travaillent pour sa prospérité, sa renommée et son développement, pour nous aider à repartir d’un nouveau départ. Nous avons là une chance incroyable de parvenir à une indépendance véritable de l’Afrique, de nous prendre en main et de vaincre les réseaux de la françafrique. Est-ce fasciste de prôner ou d’envisager le développement de l’Afrique sans les serres de la France ?
Au lieu de pleurnicher au motif que Le Pen va nous renvoyer chez nous, soyons plutôt positifs et contents de pouvoir enfin rentrer chez nous pour rendre notre chez nous aussi agréable que le chez eux !
Pourquoi les gens sont-ils effrayés par la perspective Le Pen ? Parce que nos Etats sont des prisons aussi bien politiques que de droit commun, les gens y meurent de misère lorsqu’ils ne sont pas tués au coin de la rue par les forces de l’ordre, par des bandits et autres coupeurs de route. La formation scolaire comme professionnelle est approximative, les élites elles même qui sont fortunés envoient leurs progénitures loin des misères nationales. Les autres partent à travers champs pour tenter une aventure occidentale qui dans tous les cas leur sera plus profitable que s’ils étaient restés là avec pour seul horizon le chômage, la prison et la mort. Songez que le SMIG est de 700.000Fcfa en France alors qu’un magistrat africain gagne à peine 200.000Fcfa et vous comprendrez pourquoi les gens s’évadent et combien rude sera la tâche de Le Pen.
Si tous les autres gouvernants pouvaient nous permettre d’atteindre un SMIG de 700.000Fcfa par mois, nous n’y verrons aucun inconvénient à rester chez nous.
Non, Le Pen ne sent pas mauvais pour l’Afrique, c’est pour la France qu’il empeste. Désolé pour Emmanuel De Solère Stinzy et tous nos amis français, la France n’a que les dirigeants qu’elle mérite.
Mais ce n’est qu’un rêve, Le Pen ne sera pas élu demain dimanche. La coalition contre lui est trop grande, mais il a déjà gagné à nous montrer qu’il est risqué voire dangereux pour nous de circuler en France comme nous le ferions chez nous en Afrique, dans notre belle forêt équatoriale ou dans notre jungle sauvage. On court le risque d’être pendu par des Lepenistes dont la couleur de la peau ne diffère guère de celle d’un français de gauche ou de droite. Prudence chers amis Africains de France, vous courrez un grave danger.
Post Scriptum
Lors des dernières élections présidentielles françaises, les camerounais ont été impressionnés par le nombre élevé des partisans du Front National, tant à Douala qu’à Yaoundé.
La France comprendra-t-elle enfin que l’Afrique et les peuples africains ont besoin d’un toilettage de leurs accords de coopération pour un nouveau partenariat gagnant-gagnant? Comprend elle que jusqu’à maintenant elle a régulièrement donné l’impression qu’elle n’a que ses intérêts à protéger au détriment de ceux des africains? Une grande majorité d’amis français s’étonne du soutien français aux dictateurs et dénonce ce que François Xavier Verschave appelle la Françafrique sans que la France officielle daigne s’émouvoir. Tout se passe comme si les diplomates français accrédités en Afrique ne souhaitaient pas déplaire au prince hôte, mieux comme s’ils lui donnaient un concours actif pour terroriser, tromper, vilipender, appauvrir, spolier et mépriser les peuples africains.
L’exemple le plus éloquent est celui d’un ancien ambassadeur de France au Cameroun devenu depuis sa retraite dorée, conseiller spécial du président Paul Biya. On se souvient avec rage et amertume que pendant l’exercice des hautes fonctions de cet ambassadeur, les droits de l’homme ont été le plus violés au Cameroun. On peut imaginer quels genres de conseils Ivon Omnes, puisqu’il s’agit de lui, peut donner au prince d’Etoudi. « Il faut tirer dans le tas » doit-il lui répéter lorsque le peuple manifeste dans la rue!
J’ai appris récemment d’une bouche française parmi les plus autorisée, que nous (les Noirs) sommes très indisciplinés ! Comment ne pas penser que la France n’est pas complice lorsqu’un de ses représentants parmi les plus illustres a pu conseiller au chef de l’état la création du Commandement Opérationnel et faire partager à la France amie la responsabilité d’un crime fratricide et parricide?
Même si on est réjoui que le parlement européen ait condamné cette organisation militaro criminelle, on reste perplexe lorsque la France officielle dispose d’autant de conseillers diplomatiques, militaires, politiques etc. aux côtés des dictatures africaines, depuis plus de quarante ans sans que l’Afrique évolue vers la démocratie, mais au contraire on a l’impression qu’elle recule plus qu’elle n’avance.
Sommes-nous donc les seuls à entrevoir cette sanglante explosion populaire due aux nombreuses frustrations qui se profile chaque jour d’avantage à l’horizon, ou est-ce volontairement que l’on pousse ce peuple stoïque jusqu’à ses derniers retranchements dans la perspective prochaine de son génocide?
Qu’est ce qui pourrait actuellement encore justifier la lutte des forces de progrès pour le changement au Cameroun, si le pays était indépendant comme le suggèrent ceux qui prétendent qu’il se pose désormais un simple problème d’intendance ? Et plus encore, est-ce que nous devrions alors dans ce cas, continuer à gratifier le régime de l’étiquette de régime néocolonial et avoir pour stratégie de le renverser pour installer à sa place, une démocratie nouvelle basée sur le progrès et la justice sociale, un pouvoir uvrant essentiellement pour le bien-être des masses populaires ? Enfin, est-ce que l’UPC devrait alors toujours être partie prenante – et aux premières loges – pour un tel objectif qui fut l’une des raisons de sa fondation le 10 avril 1948 ?
Cameroun : une indépendance « génétiquement » modifié (I « G »M)
Voilà un échantillon de questions que se posent en général les Camerounais et en particulier les militants de notre parti préoccupés par la situation actuelle et le devenir de notre pays. A la question de savoir si le Cameroun est indépendant nous affirmons sans ambages et sans l’ombre d’un doute qu’il ne l’est pas car, d’abord, d’un point de vue philosophique et objectivement, il y a une différence fondamentale entre la reconnaissance internationale de la souveraineté d’un pays et l’état réel de l’indépendance de celui-ci.
En effet, l’indépendance est avant tout et surtout un état d’esprit et non pas une affaire de simple bonne gestion administrative, économique et sociale. C’est bien plus que cela. C’est notamment l’idée que le pays a de lui-même et le sens aigu qu’ont ses populations et leurs mandataires a s’assumer librement sans devoir en référer à qui que ce soit d’autre qu’à eux-mêmes, dans tous les actes qui concernent son existence en tant qu’entité.
Ensuite, sur le plan métaphysique, le Cameroun n’est pas indépendant du point de vue des conditions dans lesquelles il a accédé a ce statut. En parlant de l’indépendance qui lui a été octroyée, l’on pourrait parler en se référant aux organismes génétiquement modifiés (OGM), d’une indépendance « génétiquement » modifiée (I « G »M). En effet, c’est dans les officines coloniales tenant lieu de laboratoire pour tout ce qui se fait dans les pays du pré-carré, qu’a été concocté l’ersatz de ce qui tient lieu d’indépendance aujourd’hui dans notre pays. La potion qui nous a été administré comportait alors deux principes actifs. Premièrement, se débarrasser des authentiques demandeurs de la véritable indépendance que représentaient notamment : Um Nyobé, Roland-Félix Moumié, Ernest Ouandié et Abel Kingue ; et ensuite les substituer par les suppôts qui n’en voulaient pas au départ : Amadou Ahidjo et tous ces héritiers toujours en place aujourd’hui encore.
Deuxièmement, vider l’indépendance de son contenu réel grâce à un certain nombre d’accords bilatéraux (souvent secrets) et même internationaux, économiques et militaires notamment, qui lient pratiquement les mains aux potiches mis en poste et en scène. Troisièmement enfin, par le biais de l’école qui n’est pas neutre (aucune pédagogie n’est innocente)s, procéder au lavage de cerveau et formatage de soi-disant élites qui aujourd’hui servent les intérêts étrangers avec un excès de zèle que ce dernier n’attendait même pas d’eux. Voilà ce qu’est en réalité l’indépendance des pays francophones africains.
La mission historique de l’UPC
Après cette définition de l’indépendance qui est encore bien loin d’être exhaustive dans sa description et dans tous ses contours, il n’y a donc plus lieu de se demander si l’UPC est toujours partie prenante pour la libération du Cameroun puisqu’elle a été crée pour une mission qui n’est toujours malheureusement pas réalisée jusqu’à ce jour.
Les militants de l’UPC qui savent donc que le pays n’est pas libre en réalité, sont aussi conscients qu’il ne suffit malheureusement pas de faire seulement ce constat douloureux ou d’opiner de la tête pour que tout change comme par enchantement du jour au lendemain. En effet, les militants conséquents de notre parti savent qu’il faut d’une part pour cela, reconstruire une organisation d’avant-garde forte et digne de ce nom et, d’autre part mobiliser les masses populaires pour en faire une puissance matérielle capable d’abattre la machine de guerre des commanditaires et des bénéficiaires de la fausse indépendance.
Ce travail éminemment politique et organisationnel ne se fait malheureusement pas au Cameroun depuis le retour des exilés politiques en 1990. Il ne se fait pas notamment à cause du schisme provoqué par la démission de Woungly-Massaga de la direction de l’UPC en 1990 et du manque de vision stratégique qui depuis, prévaut dans nos rangs et dont nous devons malheureusement faire le constat à présent, vingt-six ans après. Nous ne le disons pas de gaîté de c ur, croyez-nous, puisque nous connaissons pratiquement, pour avoir milité avec eux, tous ceux qui uvrent passivement à cause de cette impéritie, depuis plus de vingt-cinq ans à la tête des plus importantes chapelles de l’UPC.
En effet, si sur le plan stratégique, il y a besoin d’unir toutes les forces patriotiques de notre pays, sur le plan méthodologique et organisationnel, il y a encore plus que nécessité, avant que ne s’opère la jonction requise de toutes les forces vives de la nation de regrouper les vrais militants de l’UPC actuellement éparpillés dans ses différentes chapelles car, ses militants de conviction que nous considérons comme le fer de lance de notre parti, doivent constituer le noyau, le ciment et le ferment de son action politique à venir et de celle du Mouvement révolutionnaire camerounais.
Devant la simplicité apparente de l’équation qui précède, l’on est objectivement non seulement fondé mais aussi en droit de se demander pourquoi cette nécessaire convergence n’a pas lieu. Est-ce pour des raisons idéologiques où simplement pour des questions de positionnements personnels qu’elle ne se fait pas ? Nous laissons ces questions ouvertes et sans réponse pour le moment bien qu’elles ne nous embarrassent pas. Nous ne bottons pas en touche.
Nous faisons simplement le choix de traiter une troisième hypothèse que nous considérons comme plus explicative et évitant à notre propos la personnalisation qui pourrait accentuer les divisions. Et nous le faisons avec d’autant plus d’aisance qu’avec le recul du temps passé entre les années 1974, date de notre adhésion à l’UPC ; années 1990, date de la rupture de l’unité de l’UPC ; 2016, année du constat indiscutable de l’enlisement de la lutte pour le changement au Cameroun, au-delà des slogans du genre « l’UPC vaincra » qui sont encore coutumiers aujourd’hui même s’ils ne portent vraiment plus à conséquence, ne trompent plus grand monde en réalité et surtout, n’ont absolument plus rien à voir avec ses mots d’ordre qui naguère avaient tout un autre contenu pratique et avaient fait de l’UPC en clandestinité que l’on voyait agir intelligemment.
Notre parti était en effet alors une référence parmi les mouvements de libérations africains en exil en France notamment. Il suscitait l’admiration et était souvent sollicité pour donner des conseils à des militants africains qui sont aujourd’hui au pouvoir dans leurs pays. Son action était en effet aux antipodes de celle des directions de ses différentes obédiences dont le manque de lisibilité et de crédibilité crève désormais pour tout le monde, les yeux dans notre pays. Ceci, aussi bien sur le plan des orientations politiques que dans leurs mises en uvre pratiques. Manifestement et pratiquement, ceux qui sont à la barre de ses appareils, sont en panne d’idées, d’innovations et d’imaginations.
Et ce, de manière même plutôt surprenante et inquiétante car ces militants ont paradoxalement blanchi le harnais dans le parti au temps de notre exil commun et sont des cadres qui de ce fait ont donc été à l’école de Woungly-Massaga. Le vétéran de l’UPC et de la lutte pour l’indépendance réelle de notre pays que le destin semble exprès avoir épargné pour qu’il soit encore là, en ce moment crucial de la relance de la lutte et du Mouvement révolutionnaire camerounais. Un dirigeant émérite dont la foisonnante et importante production militante prospective, intellectuelle, politique, organisationnelle et stratégique étonne et, curieusement, détonne paradoxalement avec le manque de génie et d’inspiration qui caractérise ses disciples dont la vacuité fait perdre son latin à plus d’une personne.
Alors que faire ?
Avec l’expérience, on se rend en effet combien le maître avait raison d’insister quand il était aux commandes de l’UPC unie dans la clandestinité, sur l’importance de la formation des cadres pour le développement du Mouvement révolutionnaire camerounais. En effet, il n’est ni exagéré ni encore moins déplacé de dire aujourd’hui que, si la lutte piétine et ne retrouve pas l’essor qu’elle a connu dans les années 1970 après l’odieux assassinat du président Ernest Ouandié, c’est notamment parce qu’elle manque cruellement de vrais cadres en nombre suffisant et surtout de cadres ayant véritablement intégré la nécessité d’une vision stratégique d’ensemble des différentes tâches qu’induit le processus complexe et dynamique qu’est une Révolution, comme la nôtre.
Le dire n’est absolument pas sous-estimer les difficultés et la force de l’adversaire que nous avons en face de nous. Oh que non ! Mais, vouloir expliquer et excuser toutes nos dérives, nos faiblesses et nos échecs depuis 1990 en arguant que de sa seule puissance de feu n’est ni honnête, ni sérieux, ni surtout honorable et responsable de notre part car, faire la révolution, c’est exactement comme faire la guerre. C’est un art et un exercice difficiles dans lesquels il faut exceller, tout prévoir et dont il faut se donner les moyens.
Un processus complexe et dynamique au cours duquel, il faut également et surtout être capable d’imaginer et d’innover sans cesse afin de faire face aux nombreux problèmes qui se posent constamment et qu’il faut résoudre pour avancer. En effet, pour vaincre et faire triompher le noble idéal de la cause pour laquelle l’on a pris les armes, il faut faire preuve de beaucoup d’intelligence politique et organisationnelle. C’est en effet cette donnée qui, au pire des cas, lorsque l’on a pas gagné en fin de course, permet de perdre tout au moins avec l’honneur et la satisfaction morale d’avoir objectivement et concrètement fait tout ce qui était politiquement et humainement requis et possible, pour prendre le pouvoir et faire le bonheur de nos compatriotes.
En effet, dans l’histoire des nations, aucune autre entreprise humaine, en dehors de la volonté politique d’une avant-garde de patriotes résolus à contribuer au bonheur d’un peuple, ne mêle si inextricablement autant d’ingrédients que celle qu’a initié en toute connaissance de causes, par les créateurs en 1948 de l’UPC. Une entreprise titanesque qui ne peut jamais aboutir si elle ne repose pas sur les épaules de femmes et d’hommes politiquement et solidement formés pour uvrer durablement pour l’objectif qu’on poursuit. Des femmes et des hommes qui doivent être comparables à des samouraïs, si l’on pouvait emprunter ce nom aux Japonais.
Une démarche qui ne demande pas seulement à ceux qui l’initient ou l’engagent ou la dirigent après, d’avoir les grandes capacités que sont, une claire conscience des enjeux, un savoir-faire politique et organisationnelle réel, du courage et de la détermination, mais, d’avoir également une vision stratégique d’ensemble du dispositif à mettre en place pour atteindre dans une durée indéterminée, l’objectif qu’on s’est fixé et qui, dans le temps, peut voir passer et épuiser plusieurs générations de femmes et d’hommes résolus et conscients.
Ces nobles objectifs politiques et organisationnels sont encore aujourd’hui malheureusement à atteindre au Cameroun qui n’en déplaise à d’aucuns et bien qu’administrativement indépendant, est encore une néo-colonie de fait du pré-carré français. Pour atteindre cette cime et mettre un terme à l’ignominieuse outrage de la servitude volontaire qui continue plus d’un demi-siècle alors que l’on dit que le pays est indépendant, tout militant de l’UPC, la locomotive du changement au Cameroun, doit sans cesse se former pour mieux lutter. Mais il doit aussi aider le peuple dont il est le serviteur à s’éduquer en luttant avec détermination contre l’obscurantisme qui souvent dans notre parti, revêt paradoxalement la forme du tribalisme.
Bâtir une nouvelle démocratie d’une part, et d’autre part instaurer un pouvoir politique basé sur le progrès et la justice sociale et, uvrant essentiellement pour le bien-être des masses populaires, sont notamment deux des principaux axes de la perspective historique que l’UPC nourrit naturellement et doit ouvrir pour notre pays. Pour le faire, elle a déjà payé un lourd tribut à travers les sacrifices et le sang versé de ses martyrs, et le dévouement des milliers de militants qui se succèdent dans ses rangs depuis sa création. Pour poursuivre la réalisation de ce noble objectif, les upécistes doivent faire bloc et uvrer unis dans l’action militante car l’UPC, aujourd’hui plus qu’hier, doit être une classe, une fraternité et une unité au service exclusif des intérêts moraux et matériels du peuple camerounais dont elle est l’âme immortelle.
Ce n’est malheureusement pas encore le cas à présent car, s’il en avait été ainsi, on en serait pas aujourd’hui dans les forums des échanges inter-upécistes des réseaux sociaux, depuis que le Cdt Kissamba a mis sur les rails le projet de la reconstruction de la Grande UPC, à tenir des discours qui n’ont absolument rien à voir avec ce mot d’ordre de la plus haute importance. Et, on n’en serait pas non plus à constater le silence étonnamment assourdissant de l’UPC dite des fidèles qui se considère pourtant comme le gardien du temple de l’orthodoxie patriotique et de la tradition du combat pour la dignité de notre pays, et qui donc à ce titre, plus que toute autre groupe de l’UPC, est pourtant censée savoir ce qu’est la mission première du parti que Ruben Um Nyobe et ses compagnons ont créé le 10 avril 1948.
Encore une fois, puisque nous l’avons déjà dit dans le passé, l’observation objective de cette situation alarmante et désolante nous amène à répéter que l’heure est vraiment grave et demande que ce qui reste de vrais militants de l’UPC se secouent. Et ce ne sont pas là que des mots. C’est une réalité que doivent non seulement appréhender ceux qui ont encore un minimum de soucis pour la continuation de la lutte pour la libération véritable du Cameroun engagée par nos grands précurseurs, mais c’est également une nécessité pour eux d’en entreprendre le redressement et la poursuite.
En effet, il est manifestement devenu impératif de faire une réelle catharsis pour remettre sur pied l’ensemble des éléments qui doivent servir de refondation à notre pays où le délitement à atteint des sommets et touche même aux fondements et aux secteurs clés de notre société qui ont naturellement pour rôle de veiller sur son bon fonctionnement et d’assurer la garde et la pérennité de son existence que sont : la patrie, la population, l’harmonie qui doit y régner et la projection de cet ensemble sacré dans le futur.
Notre demeure est réellement en péril. Nous devons absolument et impérativement la sauver. Le berceau de nos ancêtres ne doit pas mourir.
L’ouvrage Langue d’écriture, langue de résistance. Mongo Beti et les romans du retour paraît en France en 2014. Sa forte popularité dans le milieu des chercheurs ne surprend personne. L’objectif du présent article, remanié de ce livre, est de rendre immortelle la pensée de l’écrivain Mongo Beti, victime de la « censure officielle » des gouvernants périclités en mal de génie et de contradictoire.
Le 30 juin 1932, au fond d’un village pittoresque (Akométam) de l’ancienne province Centre-Sud du Cameroun, un esprit averti est né.
À cette époque, rien ne semble présager l’hypothèse qu’un enfant prodige vient de naître et que l’opiniâtreté le caractérisera au point d’en faire un révolté engagé pour la cause noire. Si Akométam pouvait être fier de compter parmi ses fils ce digne enfant, convaincu par ses options idéologiques et sociales, ce village aura à peine vu grandir sa progéniture. Le jeune enfant, très tôt, doit aller à l’école primaire missionnaire de Mbalmayo, hors de son village natal. L’éloignement commence, pour la première fois, par le fait du devoir d’instruction et donc d’initiation à la science occidentale. Si seulement une dizaine de kilomètres l’éloigne de son père, qu’il a comme modèle, et de sa mère, pour qui il éprouve des liens viscéraux d’attachement, avec l’entrée au secondaire, la distance géographique va davantage s’imposer. Ses études au lycée Leclerc à Yaoundé vont le contraindre, une nouvelle fois, à la déchirure du dépaysement et du sevrage de tout ce qu’il a de plus cher : sa famille et sa naturelle campagne idyllique.
Un constat est à faire à ce niveau : l’éloignement qui a été très tôt le principe de vie du désormais adolescent, ne le quittera plus jamais. En réalité, bachelier à 19 ans (1951), son parcours académique le contraint de nouveau à l’éloignement vis-à-vis de ceux et du monde qu’il ne devra, au final, que côtoyer en pensée et en imagination. Son départ pour la France, grâce à une bourse d’études, le destine, dès 1951, à 40 ans de vie en Europe ponctués de 32 ans d’exil ininterrompu et donc d’interdiction de séjour au Cameroun. Dès lors, vivre hors du contact soit épisodique, soit régulier avec les siens lui est désormais impossible. Pourtant, malgré cet état de choses, Mongo Beti, vous avez bien compris qu’il s’agit de lui, a su maintenir son attachement sans faille à son pays.
L’ensemble de sa création littéraire et journalistique, très prolifique d’ailleurs, s’est donné pour unique objectif de libérer l’Afrique et les Africains de la dictature externe (colonialisme/néocolonialisme) et interne (néobourgeoisie triomphante, bureaucratie galopante, éternisation au pouvoir) qui sont de véritables embûches à tout espoir de développement du continent noir. Le franc parler de Mongo Beti va l’exposer au sacrifice extrême, c’est-à-dire perdre, tout perdre, mais alors, attirer contre lui les foudres de ceux qu’il critique, attaque et accuse.
Son style frondeur et son ton acerbe dessinent clairement une intention tenace d’en finir avec ce qu’on appellerait le pouvoir central et tenancier des régimes fantoches des « bois africains ». Voici comment, dans son roman Trop de soleil tue l’amour (1999 : 50), il formule son exaspération et, par la même occasion, le bien-fondé de son combat : [i « Les Français nous sortent par les yeux avec leur francophonie et leur franc CFA [.] ; il est temps qu’ils nous foutent définitivement la paix ici et s’en aillent chez eux »].
Cette volonté de combattre pour l’indépendance (réelle) tient quand même d’une définition qu’il s’est donnée de son écriture dans ses réflexions tirées de l’ouvrage d’Ambroise Kom (2002 : 191) intitulé Mongo Beti parle : « La vocation de l’écrivain n’est pas de bénir le monde tel qu’il va. C’est au contraire de dire : « Ça ne va pas » ». Cela consiste à penser que les forces intérieures doivent aussi être évaluées dans ce qu’elles présentent comme lacunes. C’est pourquoi Mongo Beti estime, dans le même ouvrage de Kom (2002 : 182) que « le combat contre le colonialisme ou le néocolonialisme commence par le combat contre les forces qui, localement, servent de relais au néocolonialisme. »
Malheureusement, Mongo Beti meurt en 2001, le 7 octobre, des suites de ce qu’il a lui-même combattu de son vivant à savoir : l’absence d’infrastructures suffisantes pouvant garantir la santé des citoyens. Les Africains et l’Afrique sont restés dans un état de fébrilité qui fait que le désir de prospérité ne puisse être assuré si l’on est en proie au taux de mortalité le plus élevé du monde. Mongo Beti s’en est allé mais en nous laissant la charge de continuer l’entreprise d’émancipation des masses. Il l’a héritée d’Um Nyobé qui lui avait personnellement dit ceci : « C’est vous qui prendrez la relève », Kom (2002 : 53).
Puisque le combat est loin d’être achevé ; puisqu’il y a toujours cet essoufflement de la pensée critique en chacun ; puisque ce sont toujours les mêmes qui gouvernent et que rien ne change pour la masse muette ; puisque le tâtonnement et l’approximation imposent au peuple la gouvernance de la médiocrité ; puisque l’évacuation sanitaire en Europe est la seule voie de salut pour certains d’échapper à la mort dans ce qu’il convient de nommer avec des réserves les « hôpitaux » du Cameroun ; puisque l’éducation, ainsi abusivement qualifiée au Cameroun, reste à définir ; puisque la notion de patrimoine national est une faveur de caste ; puisque la politique en vigueur au Cameroun est un manteau utile aux vautours, alors, toute la force de la pensée de Mongo Beti demeure vive et actuelle. Il faut donc se l’approprier.
Puisse Mongo Beti exister en chacun de nous afin que son discours et son idéal ne puissent disparaître pour toujours. Les grands esprits ne meurent-ils pas ? Mongo Beti est de ce genre singulier dont la pensée profonde résonne encore aujourd’hui et fait tressaillir ceux contre qui elle est dirigée. Son credo, à cet égard, était clair : « même mort, j’aimerais faire peur ».
En ce quinzième anniversaire marquant la « présence parmi nous » d’Alexandre Biyidi Awala, nous tenons à demander au chantre de la dignité noire inconditionnée de bien vouloir accueillir cette salutation fraternelle de la tribu bene à laquelle il appartenait fièrement : bia souk wa a ndzo meyoñ mese (nous te saluons, toi le porte-parole de toutes les nations).
Deux Présidents à Libreville, au lendemain de la décision de la Cour Constitutionnelle, dont l’un dit « élu », et l’autre, dit « proclamé »: situation ubuesque, s’il en est, mais avec déjà des tueries à déplorer !
« Le genre de nègreries auquel l’Afrique finit par nous habituer. », se gaussent sans doute certains, mais la crise est là, sans que personne à ce jour ne puisse en prédire, ni l’intensité, ni la durée. Difficile d’éviter de se demander pourquoi les lendemains d’élections se ressemblent-ils toujours tous, particulièrement en Afrique Centrale!?…
S’il est un enseignement à tirer dès à présent de la crise consécutive à ce scrutin, il serait le suivant, me semble-t-il : A moins que celui-ci tire sa force d’urnes justes, transparentes, équitables et adossées à des règles consensuelles, aucune cohabitation n’est possible entre un Homme dit « fort », et des institutions fortes.
Les Institutions mises en place par un Homme dit fort, se révèleront toujours être taillées sur mesure, pour lui permettre de prolonger indéfiniment un règne, se drapant de simples dehors démocratiques. Vivement que la proclamation de résultats puisse se faire un jour dans nos pays, sans nécessiter une forte présence armée, et quel que soit l’issue du scrutin; tel que nous le voyons dans des pays ou la démocratie a définitivement acquis droit de cite.
Seule la démocratie est garante d’une paix civile réelle et pérenne, qui ne nécessite de présence armée qu’aux frontières pour la préservation de l’intégrité territoriale, ou en cas de menace grave pour la sécurité intérieure. Le principal challenge des pays africains, est de gagner le combat contre le sous-développement. Or ce que les difficultés à y parvenir 60 ans après les Indépendances révèlent à suffisance, ce sont les limites de systèmes dont la marche au quotidien autant que la stabilité reposent sur un individu juge providentiel, et qui a ce titre est objet de tout un culte!
Verbatim: des institutions fortes, et/ou de l’homme fort.
A la question de savoir si l’Afrique a besoin d’hommes fort plutôt que d’institutions fortes, ma réponse est clairement NON. Cette réponse ne variera pas, quant à savoir si oui ou non des institutions fortes ont besoin d’hommes forts pour fonctionner, gagner en solidité et devenir pérennes! En réalité, institutions fortes et homme fort sont une antinomie fondamentale, celle-ci aggravée par les exigences d’un siècle, plus demandeur en compétences cognitive: Partout où la force avance, c’est le droit qui recule, à proportion au moins égale !
Or le Gabon autant que tous les pays de la sous-région, dont le Cameroun, plutôt que d’évoluer en suivant l’air du temps, est resté sous le paradigme quelque peu attarde et anachronique de l’homme fort. Si la présence d’un homme fort pouvait être d’un apport bénéfique quelconque aux institutions, sans doute aurions-nous au Cameroun par exemple, une architecture institutionnelle d’une force inégalée, au bout de 35 ans d’un Magistère ininterrompu. Le Cameroun ne vivrait pas dans l’inquiétude consécutive à une transition qui tarde à se dessiner! La force des Institutions ne saurait être liée à l’homme qui les dirige, mais davantage à leur nature consensuelle, qui elle en garantit l’autorité.
Bien que les institutions soient le fait des hommes, elles sont par la suite sensées les transcender, être au-dessus de tous. Ce n’est donc pas l’homme-Dirigeant qui fait les institutions ou leur force, mais plutôt l’inverse, c’est-à-dire les institutions qui font la force de cet homme. De plus, les institutions fortes ont besoin d’intelligence, et non de force pour fonctionner et jouer pleinement leur rôle. Certes, il peut arriver qu’un homme dit fort se trouve à la tête d’institutions fortes. Mais dans ce cas, la force de cet homme ne proviendra jamais d’un décret, ni de sa brutalité physique; et donc pas de la crainte qu’il pourrait inspirer: seule, une légitimité authentique fera sa force, non pas pour opprimer son peuple, mais afin qu’en compagnie ainsi qu’au nom de ce dernier, il soit en mesure de défendre pleinement les intérêts de ce peuple. La légitimité authentique sous-entend un scrutin libre, juste, transparent; aux règles connues et fixées d’avance, de manière consensuelle.
Mais le consensus doit se chercher et se trouver suffisamment en amont, tant en ce qui concerne les règles applicables, que la façon de gérer le contentieux inévitable. Le Nigeria vient de nous donner une illustration grandeur nature, en matière d’organisation et d’anticipation. Ainsi, tout ce qui pourrait être conçu hors ce cadre relèverait du bricolage dangereux, qui ne nous mènerait guère plus loin que nous ne sommes aujourd’hui, au cas peu probable, ou nous réussirions à éloigner de nous la relégation. Autant le savoir, autant se le dire dès à présent. Mais déjà, par ces temps difficiles qui s’ouvrent, la France en critiquant sévèrement la décision rendue par la Cour Constitutionnelle, se positionne dans le jeu, comme le meilleur protecteur de la volonté du peuple, donc de la démocratie. Pour lui avoir permis de réaliser combien les mentalités des masses ont évolué, l’expérience du Burkina n’y est sans doute pas étrangère.
Or la démocratie véritable, seule permettrait à nos pays une Indépendance véritable. Si l’on admet que le déficit de légitimité de nos dirigeants est un des principaux moyens de perpétuation du système néo-colonial, une telle indépendance serait-elle réellement compatible avec l’intérêt de la France?
Le premier secrétaire du Purs (Peuple uni pour la Rénovation Sociale), s’est exprimé lors de la célébration des 58 ans du décès de ce héros de lutte pour l’indépendance du Cameroun, lâchement assassiné par les Français le 13 septembre 1958.
Voici 58 ans maintenant que Ruben Um Nyobè, l’une des figures de proue, de l’Union des populations camerounaises est décédé. Ses compagnons de lutte nous renseigne qu’il dirige la lutte pour l’indépendance du Cameroun jusqu’à son exécution en plein maquis par un commando de la force coloniale française.
58 ans après sa mort Um Nyobe garde toute sa force comme source d’inspiration pour de nombreux camerounais. Mais de nos jours, il se pose surtout avec acuité la question de savoir si la pensée et le combat mené par ce dernier est encore d’actualité ? Selon Serge Espoir Matomba, sa lutte trouve encore toute sa place dans la société camerounaise d’aujourd’hui : « Vous savez qu’il a balisé le chemin à ce qui est fait aujourd’hui, la commémoration à toute sa place. Nous sommes certes attristés mais le combat mérite d’être salué, surtout pour ceux qui aspirent à une vraie libération de l’Afrique. Ruben Um Nyobé demeure pour les progressistes africains comme nous une figure emblématique de la lutte de libération nationale. C’est un l’homme qui a donné une âme au peuple camerounais. En gros c’est un éveilleur des consciences, c’est d’ailleurs pour cela que son combat vaut tout pesant d’or aujourd’hui. »
Une grande partie de l’histoire camerounaise demeure méconnue par l’essentiel de l’opinion du landerneau national. La guerre du Cameroun, est amorcée en 1955 avec l’interdiction de l’Union des populations camerounaises (UPC) par le gouvernement Edgar Faure. Trois ans plus tard, elle est intensifiée le pouvoir gaulliste après l’exécution sommaire du secrétaire général de l’UPC, Ruben Um Nyobé, poursuivie après « l’indépendance » octroyée de 1960 sous prétexte de coopération militaire avec le gouvernement d’Ahmadou Ahidjo. Près de 56 ans après l’indépendance, c’est toujours l’histoire des vaincues qui figure dans les manuels scolaires camerounais.
Pour l’homme politique, il faut changer la donne, car l’enseignement de l’histoire des luttes dans le système éducatif camerounais, s’avère être un impératif : « L’éducation est le point fondamental d’un pays, nous militons que les cours de nationalisme puissent être inscrits dans les programmes scolaires et que cela serve de levier aux apprenants. Il n’est pas normal que dans les manuels scolaires, on sert seulement, l’histoire des autres pays. Dans notre manifeste pour la refonte du système éducatif camerounais, nous préconisions qu’il faille enseigner à nos enfants la vraie histoire du Cameroun. Car nous avons les personnes qui se sont battues pour l’indépendance de la nation Cameroun ».
Au Cameroun, la problématique de la célébration des héros et martyrs, n’est pas une priorité du gouvernement en place. Ceux qui s’aventurent sur ce chemin, voient leurs efforts anéantis. Le dernier en date, est André Blaise Essama, l’activiste camerounais, avait entrepris la destruction de la statue du général Leclerc à Bonanjo, depuis lors il croupit à la prison centrale de New-bell. Tout en Saluant sa bravoure, le numéro 1 du Purs, demande sa libération. « Nous saluons au passage Blaise Essama qui est une personne qui milite pour l’indépendance totale du Cameroun. Il est d’ailleurs inconcevable, que l’Etat du Cameroun puisse le condamner ainsi. Nous demandons sa libération immédiate », conclut cet homme politique.
Un détachement de 46 éléments du Bataillon spécial Amphibie du Fako a pris part au défilé marquant ladite célébration. Leur retour sur le territoire national est prévu pour le 10 août
L’armée camerounaise a été l’invitée spéciale de la 56è fête de l’indépendance de la Côte d’Ivoire célébrée, dimanche, 07 août 2016, à Abidjan, en présence du Chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, des corps constitués et des diplomates accrédités dans le pays.
Arrivé en terre ivoirienne dans l’après-midi du vendredi 29 juillet 2016, dans le cadre de la célébration des 56 ans d’indépendance de la Côte d’Ivoire, le détachement camerounais, issu du Bataillon spéciale Amphibie (BSA) de Fako, a visité, le 3 août, les édifices touristiques du District autonome de Yamoussoukro.
Après une escale au Groupement 2 de la Garde Républicaine (GR) de Yamoussoukro, le détachement, fort de 46 éléments, a été conduit sous haute escorte à la résidence du président Félix Houphouët Boigny, puis successivement à la Basilique notre Dame de la Paix, à la Fondation Félix Houphouët Boigny avant de se rendre tour à tour à l’Institut National Polytechnique Houphouët Boigny, à l’Hôtel le Président et à la Maison du Parti.
Entre prises de photos, causerie-débats et buffet, cette visite au regard des membres de la délégation a marqué un grand pas dans les relations entre les deux armées s urs. «Cette visite restera dans nos esprits comme un moment inoubliable», comme l’a reconnu le Commandant Tsague, le Chef du détachement.
Crée au lendemain du conflit qui a opposé le Cameroun au Nigéria en 1998, le Bataillon Spécial Amphibie (BSA) est implanté dans le département de Fako, au sud-est du Cameroun. Cette unité, a pour tâche d’effectuer des missions ponctuelles sur toute l’étendue du territoire national.
Comptant près de 600 hommes, le BSA intervient sur Terre, dans l’Air et sur l’Eau.
L’auteur développe le sujet dans son ouvrage intitulé « Indépendance du Cameroun, gloire et naufrage politiques de l’UPC » qui sera dédicacé le vendredi 05 février 2016 à Paris
Revisiter les actions anticolonialistes et nationalistes de l’Union des populations du Cameroun (UPC) au lendemain de la seconde guerre mondiale. Telle est l’aventure à laquelle Pierre Bouopda Kame invite le public dans son ouvrage intitulé « Indépendance du Cameroun, gloire et naufrage politiques de l’UPC ». Pour y parvenir, l’ouvrage qui sera dédicacé le vendredi 05 février 2016 au café littéraire Killy-Jen de paris, fait un détour dans l’histoire du Cameroun.
A travers son ouvrage, Pierre Bouopda Kame entend expliquer pourquoi un mouvement nationaliste progressiste et imprégnée d’une tradition anticolonialiste forte a pu recourir aux armes pour la réalisation de leurs revendications. Dans cette lancée, l’écrivain d’origine camerounaise divise son uvre en deux articulations. Lesquelles représentent deux périodes de l’histoire dans la quête de l’indépendance du pays.
La première se situe au début des années 1950. « c’est la période de gloire politique de l’UPC ». A cette période les combats reposent principalement sur une argumentation inspirée par les textes organiques du statut international du Cameroun et les résolutions des instances de tutelle de l’organisation des nations.
« les instances des Nations Unies produisent une série de résolutions invitant les puissances administrantes à accélérer les réformes politiques et sociales ouvrant rapidement la voie à l’indépendance des Territoires camerounais. l’UPC le parti dominant au Cameroun. Toutes les instances internationales de la tutelle le savent. Ruben Um Nyobé est à cette période une notoriété politique nationale et internationale ».
Pierre Bouopda Kame amorce un virage dans son texte à caractère historique. Dans les années 1955, l’UPC entreprend d’unifier le peuple camerounais dans sa quête de libération politique. C’est ainsi que le 22 avril 1955, le document « Proclamation commune pour la fin du régime de tutelle (et) l’édification d’un État camerounais souverain », signé par Félix Roland Moumié, Abel Kingué et Ernest Ouandié est publié. Il s’en suit alors une série de violences qui sont attribuées au parti révolutionnaire.
« Dès lors, l’UPC est assimilée à une organisation révolutionnaire intéressée, par la prise du pouvoir politique au besoin par la contrainte, voire la force armée. Dès le mois de juillet 1955, toutes les organisations politiques signataires de la Proclamation commune du 22 avril 1955 sont dissoutes par le gouvernement français. Les dirigeants et les militants de ces organisations sont pourchassés et certains d’entre eux sont arrêtés et emprisonnés. L’UPC et ses principaux dirigeants en liberté entrent en clandestinité. C’est le début des dissensions internes et le commencement de son naufrage politique ».
Le nouveau monument implanté à cet endroit affiche fière allure et améliore le décor de la capitale camerounaise
La place de l’indépendance « new-look » est là, le monument est impressionnant de par sa taille et fait courir du beau monde.
L’on y accède en « affrontant » les sculptures de gros lions assis. De forme rectangulaire, la place de l’indépendance du Cameroun a de chaque côté deux fontaines artificielles.
Des dames aux visages reluisants les embellissent. Non loin de ces fontaines, des places assises ont été prévues pour les visiteurs ainsi que des parkings.
Il y est d’ailleurs indiqué que c’est là où se trouve le monument qu’avait été prononcé le discours de l’indépendance du Cameroun en 1960 par le président Ahmadou Ahidjo. On peut également y voir six armoiries de l’Etat du Cameroun. En gros caractères et au-dessus, est consignée la date « 1960 », année de l’indépendance du berceau de « nos ancêtres ».
« Le monument a deux compartiments. Il y a un socle fait en béton armé, avec les emblèmes du Cameroun. L’intérieur de ce socle est actuellement vide. Il pourra servir plus tard comme boutique ou coin de lecture. Au-dessus du socle, il y a un cône avec une torche au sommet. La nuit, la lumière de cette torche est visible à une bonne distance. Du sol jusqu’à la torche, la hauteur est de 25m », explique l’un des architectes de l’ouvrage.
La nouvelle place de l’indépendance du Cameroun a ouvert ses portes au public le 09 janvier 2016. Les populations ne boudent pas le plaisir de la visiter. Certains ne manquent de l’immortaliser dans leurs smartphones.
« C’est très beau. Construire un tel monument à Yaoundé est merveilleux. Il me rappelle un que j’ai vu aux Etats-Unis. Je félicite le délégué du gouvernement pour cette uvre. Nous avons besoin des travailleurs comme lui », fait savoir un visiteur.
Le nouveau visage de la place de l’indépendance.Droits réservés)/n
L’élection de Justin Trudeau est accueillie avec beaucoup d’enthousiasme, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Par sa vision politique novatrice, le nouveau premier ministre canadien ouvre des perspectives nouvelles quant à l’orientation future en matière de politique étrangère. Sa vision du monde et son vif intérêt de renouer avec la politique traditionnelle du Canada, suscitent beaucoup d’espoir et d’attente au niveau international.
L’Afrique aussi espère retrouver un interlocuteur qui lui prête une oreille attentive. En effet, depuis les années 1960, le Canada a toujours été sensible aux problèmes des jeunes États africains nouvellement indépendants.
En 1960, alors que la République démocratique du Congo, quelques mois à peine accédait à l’indépendance sombra dans le chaos, le Canada, fort de son expérience dans les opérations de maintien de la paix, n’hésita pas à jouer un rôle déterminant au sein de la mission des Nations Unies au Congo (ONUC) pour rétablir la paix.
Depuis, le Canada bénéficiait de beaucoup de considération en Afrique, comme un pays qui contribuait au maintien de la paix et la sécurité internationale, notamment par son engagement aux opérations de paix des Nations Unies, sa diplomatie préventive efficace qui privilégiait le dialogue, la médiation et le consensus, et sa contribution financière importante aux programmes d’aide au développement en vue de combattre la pauvreté dans les pays en développement.
Mais pendant la décennie écoulée, le Canada a pris un virage à 180 degré en s’éloignant politiquement de l’Afrique. Du coup, la dynamique de la coopération canadienne d’autrefois a considérablement changé en donnant priorité essentiellement à la croissance économique et aux investissements privés. Ottawa n’a manifesté que peu d’intérêt politique à l’égard de l’Afrique.
Maintenant que la donne politique vient de changer à Ottawa, du moins sur le plan idéologique, une opportunité se présente de renouer politiquement avec l’Afrique. Ottawa devrait rétablir des relations cordiales avec les pays africains. Il devrait irrémédiablement revoir la politique qui a limité à 7 le nombre de pays africains bénéficiant du soutien financier et de l’assistance technique du Canada. Inutile de rappeler que cette politique n’avait pas du tout été bien accueillie par l’opinion publique africaine.
Ottawa devrait axer sa politique africaine sur trois volets essentiels (politique et diplomatique; humanitaire et développement; et économique et investissements privés) pour lancer un signal clair aux africains que le Canada de Justin Trudeau a une réelle volonté de renouer avec l’Afrique. Ces trois volets devraient être soutenus par des aides bilatéraux substantiels pour garantir les intérêts canadiens dans le continent.
Volet politique et diplomatique
Le volet politique est très important pour renforcer les relations bilatérales entre les États et ouvrir des portes pour des opportunités d’affaires. D’ailleurs les spécialistes, tant de relations internationales que de développement international, sont très conscients et reconnaissent que toutes formes d’aide bilatérale comportent un certain degré de manipulation politique, économique ou diplomatique de la part du pays donateur.
En effet, le Canada est le seul développé qui n’a pas un passé colonial en Afrique et qui pouvait se prévaloir d’être un partenaire privilégié de l’Afrique, dans la mesure où il appartient à deux organisations intergouvernementales (Francophonie et Commonwealth) dont la plupart des pays africains sont membres soit de l’une, de l’autre ou de deux.
Dans ces deux organisations intergouvernementales, le Canada a une position de membre influent, politiquement et diplomatiquement, notamment par sa contribution financière au bon fonctionnement de celles-ci.
Et pourtant, la présence et l’influence politique du Canada en Afrique a diminué sensiblement. Le Canada a tout simplement fait mine d’ignorer l’importance politique que représentait l’Afrique comme un allié éventuel sur l’échiquier international. J’en veux pour exemple tous les efforts entrepris par la diplomatie canadienne pour persuader les États africains, membres de la Francophonie et du Commonwealth, d’appuyer la candidature du Canada au Conseil de sécurité des Nations Unies, qui ont aboutis aux résultats non concluants.
Tout ceci pour dire que l’aide au développement est profitable, de part et d’autre, aussi bien pour celui qui donne que pour celui qui reçoit. Elle demeure un outil important dont disposent les diplomates qui s’en servent allégrement pour influer sur les décideurs politiques de leurs pays d’affectation. Elle facilite également la progression des intérêts politiques, économiques et diplomatiques de pays donateurs.
Volet humanitaire et développement
L’assistance humanitaire comme un support aux efforts de paix dans le monde et l’aide publique au développement (APD) qui, autrefois, étaient d’une importance vitale pour l’Afrique, ont vu leur budget se fondre comme neige au soleil, d’année en année.
Le Canada a sensiblement réduit sa participation aux opérations de maintien de la paix en Afrique, alors que nombre et l’intensité des conflits armés dans cette région du monde n’ont cessé d’augmenter au courant des dix dernières années.
Selon les statistiques de l’OCDE, l’APD du Canada se situerait aux alentours de 0.24 % du revenu national brut (RNB) en 2014, soit une baisse de 10.7 % en termes réels par rapport à 2013. Alors qu’il devrait normalement être d’au moins de 0.7% du RNB. L’APD du Canada a donc reculé tant en volume qu’en pourcentage du RNB, au point qu’aujourd’hui le Canada se classe au 16e rang des donneurs membres du Comité d’aide au développement (CAD) pour le rapport de l’APD au RNB et à la 10e place pour le volume de l’aide.
La part belle du budget du développement international est destinée essentiellement à la promotion des intérêts économiques privés, ce qui n’est pas mauvais en soi, si on pouvait faire de même pour l’assistance humanitaire aussi.
Avec l’adoption en septembre dernier des Objectifs du développement durable (ODD), espérons que le Canada pourrait se réengager avec un programme ambitieux pour aider l’Afrique dans le processus de réalisation des ODD.
Volet économique et investissements privés
Point n’est besoin de rappeler que l’Afrique regorge d’immenses ressources naturelles qui suscitent bien des convoitises.
Les quelques entreprises canadiennes qui sont présentes en Afrique, investissent essentiellement dans le secteur des ressources naturelles, notamment énergétique et de l’exploitation des mines.
Au cours des dix dernières années, le Canada a signé des accords de promotion et de protection des investissements étrangers (APIE) avec plusieurs pays africains pour éliminer les barrières discriminatoires et garantir aux entreprises canadiennes l’accès aux marchés nationaux, ce qui est une très bonne chose pour encourager les investissements étrangers dans le continent.
L’Afrique offre beaucoup d’opportunités d’affaires pour les entreprises canadiennes. Avec une volonté politique, le Canada peut faire davantage pour renforcer les liens économiques avec l’Afrique. Il dispose de ressources et de savoir-faire nécessaires pour obtenir des parts de marché importantes dans divers domaines tels que la construction des infrastructures de base.
En effet, pendant que le Canada a délaissé l’Afrique pour se tourner essentiellement vers l’Asie, notamment en Chine et en Inde, ces derniers se positionnaient en Afrique avec des gros investissements et raflaient les parts de marché importantes dans le continent. Aujourd’hui, la Chine devient pratiquement le premier partenaire économique de l’Afrique, dépassant même les partenaires traditionnels du continent. Elle est présente dans la plupart des pays africains et importe massivement les matières premières africaines.
Comme le nouveau premier ministre canadiens l’avait indiqué dans sa plate-forme électorale: «Nous allons rétablir le leadership du Canada sur la scène mondiale.» et répété après son élection: «le Canada est de retour sur la scène internationale», nous avons bon espoir et restons confiants que le gouvernement Trudeau va déployer des efforts substantiels pour rétablir des rapports cordiaux avec l’Afrique et consolider des relations politiques, économiques et diplomatiques avec celle-ci.
Les populations africaines aimeront voir un premier ministre canadien qui parle sincèrement aux dirigeants africains, pas seulement de l’économie et d’inopportunités d’affaires pour les investisseurs canadiens, mais aussi de l’État de droit, du respect des droits de la personne, de la démocratie, de l’égalité entre les sexes, de la non-discrimination et de la préservation de la paix et la sécurité internationale, telles sont des valeurs chères aux Canadiennes et Canadiens.
Par Martine Ostrovsky, membre du Conseil d’Administration de Reporters sans frontières
Indépendance des médias, indépendance des journalistes, le défi est universel. Il n’est propre ni a un pays, ni à un continent, ni même à une époque. Partout dans le monde le pouvoir politique se méfie d’une presse libre. A cela s’ajoutent les pressions économiques ainsi que le manque de soutien de l’opinion publique. Qu’en est-il en Afrique ? Vers quoi s’oriente-t-on ? Comment mieux armer les journalistes pour répondre à ces défis ?
Chaque année Reporters sans frontières publie un classement mondial de la liberté de la presse. Les pays y sont évalués au regard de leurs performances en matière de pluralisme, d’indépendance des médias, de respect de la sécurité et de la liberté des journalistes.
Dans ce tableau les différents pays d’Afrique ne se retrouvent pas toujours bien placés, avec toutefois des disparités importantes. C’est ainsi que l’Erythrée est 180ème et dernier, le Soudan 174ème, la Somalie 172ème mais à l’autre bout de l’échelle la Namibie est 17ème et le Ghana 22ème. Le Gabon, quant à lui, est dans la moyenne à la 95e position.
Quels sont les facteurs qui font obstacle à l’indépendance des journalistes?
Ils sont de plusieurs ordres, certains tenant à des pressions extérieures, d’autres étant imputables à la situation des journalistes dans leurs rédactions. Les régimes politiques autoritaires supportent mal l’expression libre d’opinions dissidentes ; ceux où existe un véritable pluralisme des partis voient chaque camp s’affronter de façon frontale, ce qui se retrouve dans les prises de position des médias. Les journalistes se heurtent aussi à la pression de groupes économiques puissants qui n’acceptent pas les critiques et cherchent à influencer les médias dans le sens de leurs intérêts. Par ailleurs, à l’intérieur des rédactions, les journalistes peuvent être tenus par la ligne politique de médias qui sont l’émanation de partis politiques ou qui sont la propriété de grands industriels. A cela s’ajoute l’incertitude de leur situation matérielle: contrats précaires, rémunérations insuffisantes et manque d’une véritable formation.
De quelles protections peuvent-ils disposer?
Des lois solides, conformes aux standards internationaux sur la liberté d’expression et le respect des médias. Des juges indépendants et conscients de l’importance d’une presse libre et considérée. Des institutions de contrôle elles aussi indépendantes du pouvoir. Une opinion publique suffisamment éduquée pour avoir conscience du rôle majeur de la presse dans l’instauration et la défense d’un débat démocratique.
Dans les différents Etats africains, comme dans d’autres parties du monde, la prise de conscience du rôle des journalistes dans l’émergence d’une société démocratique est en marche. Il appartient aux pouvoirs publics de s’en convaincre et aux institutions régionales et internationales d’ uvrer dans le même sens. Des progrès sont accomplis, accompagnés parfois de soubresauts, de retours en arrière.
Reporters sans frontières, qui assure la promotion et la défense de la liberté d’informer et d’être informé partout dans le monde, soutient les journalistes africains dans leur combat pour obtenir et défendre leur indépendance.
Des journalistes lors d’une conférence de presse à Abidjan, en 2010AFP)/n
A l’issue du passage du général Semengue à la télévision tout récemment, il nous est apparu nécessaire d’apporter quelques éclaircissements aux Camerounais, sur cette sinistre page de l’histoire de notre pays. Nous voulons nous attarder sur les raisons du déclenchement du maquis, sur, le rôle historique du maquis, ensuite, sur le bénéfice politique qu’a procuré celui-ci à de nombreux politiciens camerounais.
Raison du maquis.
Le maquis, en vérité la guerre d’indépendance, n’a été, ni un acte de cinglés assoiffés de sang, selon la propagande d’Ahidjo, ni une barbarie assimilable aux bandits de Boko Haram, ainsi que l’a bien maladroitement fait le président de la République, au cours d’une calamiteuse sortie médiatique. Il n’a été, en réalité, que la solution ultime pour les Camerounais épris de liberté et désireux de voir leur pays accéder à l’indépendance, d’amener la France et l’Onu à accepter de lever la tutelle sur notre pays.
Signés le 13 décembre 1946 à New-York, les accords de tutelle avaient habilement éludé la question de la date de la fin de la tutelle au Cameroun. En fait, la délégation française avait tenté de gagner du temps dans l’espoir d’amener les Camerounais à accepter, à terme, l’intégration de notre pays dans l’ensemble politique qui avait succédé en 1946 à l’empire colonial français, à savoir, «l’Union Française».
Aucune date n’avait ainsi été retenue pour la fin de la tutelle, à la différence de la Somalie ou de la Lybie, autres territoires de même statut que le Cameroun. Pour ceux-ci, une période maximale de dix ans, (10), avait été arrêtée. Toute l’action politique des nationalistes camerounais portera par conséquent sur l’obtention d’une date pour la proclamation de l’indépendance, ce que refusait systématiquement d’entendre l’administration coloniale française. Celle-ci uvrera donc, de son côté, plutôt à étouffer toute voix qui tentait de s’élever dans ce sens.
Tout d’abord, dans ce corps à corps entre les nationalistes et le gouvernement français, le trucage électoral a été pratiqué, afin de démontrer à l’Onu que les personnes qui réclamaient l’indépendance n’étaient nullement représentatives de l’opinion de la population. Les nationalistes ont été ainsi systématiquement humiliés, par mille subterfuges, lors des élections législatives de mars 1952: fixation brusque de la date du scrutin, nombre extrêmement réduit de jours de confection des dossiers, ceux-ci intégrant par ailleurs les jours de repos hebdomadaire, à savoir samedi et dimanche ( ), et, enfin, rectification des résultats par les chefs de subdivision (sous-préfets).
Mobilisation des élus français de l’Assemblée territoriale afin de démontrer que ceux qui réclamaient l’indépendance n’étaient rien d’autre qu’une bande de vauriens mythomanes. Le député de la Bénoué, Jules Ninine, un Antillais, donc un Français anti-indépendantiste, avait par exemple tenu un meeting à Garoua au mois de janvier 1954, pour annoncer aux populations que Um Nyobè, contrairement aux «allégations» des upécistes, n’était même pas arrivé à New-York, et que celui-ci n’avait parlé nulle part. Or, Um avait bel et bien pris la parole à l’Onu, (c’était la dernière fois du reste qu’il l’avait fait, au point où à son retour au Cameroun, il avait été accueilli par un mandat de comparution au tribunal), le 3 décembre 1953 devant la 4ème commission de l’Onu.
Mais, malgré ce type de ruses, la mobilisation des foules par les nationalistes ne faiblissait pas. Bien au contraire, elle croissait de manière exponentielle à un point tel que plus personne ne traitait plus de chimère la question de la réunification et de l’indépendance du pays. La population y croyait de plus en plus.
Devant ce constat d’échec, Louis-Paul Aujoulat, le colon à la fois le plus puissant et le plus nuisible du Cameroun, s’était résolu à obtenir l’affectation à Yaoundé d’un haut-commissaire brutal, totalement différent du fraudeur électoral invétéré qu’avait été jusque-là André Soucadaux. Son choix s’était porté sur le tristement célèbre Roland Pré. Celui-ci était arrivé au Cameroun au mois de décembre 1954. Cinq mois plus tard, à savoir en mai 1955, il a ordonné les tueries que l’on sait. Puis, au mois de juillet 1955, l’Upc était interdite, et ses militants et sympathisants étaient pourchassés sur l’ensemble du territoire.
La revendication des nationalistes s’était de ce fait enrichie de deux thèmes nouveaux:
1.amnistie générale et inconditionnelle des personnes arrêtées et emprisonnées ;
2.rétablissement de l’Uc. Sur ces deux points également, l’administration coloniale avait opposé une fin de non-recevoir. Bien mieux, elle avait poursuivi son action d’intégration du Cameroun dans «l’Union française». C’est ainsi qu’elle avait inclus le Cameroun dans la loi-cadre Defferre du 23 juin 1956, qui n’était rien d’autre qu’un refu d’indépendance aux territoires coloniaux d’Afrique. Que préconisait-elle? «L’autonomie interne». Un simple accroissement du pouvoir local de ces territoires. Donc, du sur place. Les manifestations de rejet de cette décision française avaient été monstres au Cameroun.
Comment sortir de cette situation? La réponse des Camerounais, a été la même que celle des Américains, du nord au sud, la même que celle des Indochinois, la même que celle de Algériens, la même que celle des Angolais, la même que celle des Mozambicains, etc.: la guerre. Nous ne l’oublions pas, la guerre c’est toujours la politique. C’est la continuation de la politique sous une forme violente. Et tout au long de l’histoire de l’Humanité, la guerre a toujours été utilisée pour débloquer des situations qui s’étaient enlisées.
Déclenchement du maquis.
Le 2 décembre 1956, a vu le jour la première armée camerounaise, sous le nom de «Comité national d’organisation», C.N.O. Elle était dirigée par Isaac Nyobè Pandjock, un ancien combattant de la 2ème Guerre mondiale. Et dans la nuit du 18 au 19 décembre 1956, elle a lancé ses premières attaques contre les intérêts français. La répression a été sauvage. Nous ne nous attardons plus sur cela, c’est connu. Mais, les Camerounais ont gagné, car ils sont ainsi parvenus à tordre le bras à la France colonialiste et à l’Onu, qui se sont retrouvées acculées. Aussi, à contrec ur, ils ont enfin consenti à fixer une date pour la lever de la tutelle du Cameroun. Le 1er janvier 1960 a été choisi, au lendemain de l’assassinat de Um Nyobè, Paris étant rassuré sur le fait qu’il ne pourra plus, de quelque manière que ce soit, accéder au pouvoir.
Rôle historique du maquis au Cameroun.
Le «maquis» au Cameroun, a de ce fait rempli sa mission historique: arracher l’indépendance à l’Onu et à la France. Sans le maquis, il n’y aurait pas eu de proclamation d’indépendance le 1er janvier 1960. Cela est une vérité historique. En plus, au-delà du Cameroun, il a également joué un rôle capital : celui d’accélérateur de l’histoire pour les autres territoires colonisés par la France, y compris le Togo qui était également un territoire sous tutelle des Nations Unies au même titre que le Cameroun. De ce fait, l’assimiler maladroitement aujourd’hui à Boko Haram . quelle monumentale bévue !!!!!!
Pourquoi le maquis s’est-il poursuivi après 1960?
Laissons la polémique sur la «vraie» et la «fausse» indépendance, pour expliquer, sur la base d’autres éléments, la continuation du maquis. Rappelons simplement qu’il y avait une grande discorde politique qui portait sur l’amnistie à accorder aux nationalistes, et la nécessité d’élections avant la proclamation de l’indépendance.
Voici, à ce sujet, le point de vue de Marcel Eyidi Bebey, député du Wouri, dans La Presse du Cameroun du 26 avril 1960: « . Il fallait accorder l’amnistie et faire des élections avant l’indépendance. On aurait ainsi fait l’économie de bien de morts et de beaucoup de désordre.
Pourquoi M. Ahidjo s’est-il formellement opposé à ce programme simple et salutaire, alors que sa réélection était assurée et que l’Upc n’a pratiquement pas d’influence dans le Nord-Cameroun? Pourquoi n’a-t-il pas saisi l’occasion de la proclamation de l’indépendance pour faire en sorte que le linge sale se lave en famille et permettre un nouveau départ de tous les Camerounais réconciliés par l’amnistie?»
La proposition de Moumié Félix pour la paix et la réconciliation nationale.
Moumié Félix, à la faveur d’une conférence de presse tenue à Accra au Ghana au mois de février 1960, où il est réfugié, a posé cinq conditions pour un arrêt immédiat de la guerre au Cameroun, par conséquent, un retour de la paix:
1.report des élections législatives prévues pour le mois d’avril 1960, au mois de juillet;
2.envoi d’observateurs internationaux à ces élections;
3.départ des troupes françaises du Cameroun;
4.amnistie totale et inconditionnelle décrétée;
5.libération de tous les détenus politiques et fermeture de tous les camps de concentration.
Si ces conditions sont acceptées, l’Upc, de son côté:
1.s’engage à ordonner un cessez le feu immédiat de la part de ses troupes;
2.garantit qu’aucun militaire français ou camerounais ne sera plus attaqué;
3.surseoira à la formation de son Gouvernement Provisoire de la Révolution Kamerunaise, G.P.R.K.
La surprenante réponse d’Ahidjo.
Réponse dédaigneuse du Premier ministre Ahidjo ( ): «Monsieur Moumié, sous la protection et avec l’aide de pays étrangers, revendique la responsabilité du terrorisme et du banditisme. Monsieur Moumié est donc responsable de la présence au Cameroun des troupes françaises qui aident, provisoirement, les troupes camerounaises à protéger les populations Bamiléké, contre les crimes odieux de ses agents. » ( ) Bref: «niet!».
Bilan de «l’aide» des troupes coloniales françaises au Cameroun pour «protéger les populations bamiléké»: 24 avril 1960, incendie du quartier Congo, quartier dominé à l’époque par les Bamiléké ; bombardements au napalm pendant plusieurs mois en région bamiléké ; «train de la mort» au début du mois de février 1962 ; des milliers de têtes tranchées et exposées sur les places publiques, à Douala, à Mbanga, à Njombé, à Manjo, à Nkongsamba, à Melon, à Kekem, à Bafang, à Banganté, à Dschang, à Bafoussam, à Mbouda, bref, au Cameroun ; des centaines de villages rasés ; départ des troupes françaises cinq ans plus tard seulement, à savoir en 1965, au lieu de 1960 ; continuation de la guerre par l’armée du gouvernement et celle de l’U.P.C., l’Armée de Libération Nationale Kamerunaise, ALNK, jusqu’en 1970.
Les raisons du «niet !» d’Ahidjo.
Pour quelle raison Ahidjo avait-il dédaigneusement repoussé les propositions de Moumié Félix? Non pas parce que la France le lui aurait ordonné, ainsi que vont répondre automatiquement les lecteurs de cet article. Non. Mais, tout simplement pour trois raisons:
.Il était un homme très impopulaire, à qui il était vivement reproché par la population de n’avoir pas combattu pour l’indépendance. Celle-ci le considérait comme un individu qui avait usurpé le pouvoir, un personnage qui ne méritait pas d’être à la place où il se trouvait.
.Il était un homme extrêmement intolérant qui ne souffrait pas de la moindre contradiction. Naturellement, il habillait ce trait de caractère par des phrases toutes mielleuses de rassembleur. Il était tyran sanguinaire dans l’âme. En fait, le modèle politique d’Ahidjo, était la chefferie traditionnelle de son nord natal: le lamida. Il était véritablement, au sens propre du terme, un «président-lamido». Est-ce qu’on ouvre la bouche devant un lamido? Celui-ci n’a-t-il pas droit de vie et de mort sur ses sujets? Ahidjo ne s’était-il pas octroyé ce droit sur les Camerounais qu’il considérait véritablement au fond de lui-même comme ses sujets?
.Grâce au maquis, il était assuré d’éradiquer toute contestation de son régime. Le maquis était ainsi une merveilleuse aubaine pour lui d’instaurer sa terrible dictature sanguinaire au Cameroun. Donc, il avait intérêt à ce que dure le plus longtemps possible le maquis, en tout cas, jusqu’à traumatiser les Camerounais, et tuer en eux toute velléité de contestation de son pouvoir.
Voici, par exemple, l’arsenal de mesures qu’il avait prises, soi-disant pour le combattre, et qu’il avait maintenues jusqu’à la fin de son règne, soit plus de dix ans après la fin de la guerre. «Dès la proclamation de l`état d`urgence dans un ou plusieurs départements déterminés (.),les préfets pourront, par arrêtés immédiatement exécutoires:
1.Soumettre la circulation des personnes et des biens à des mesures restrictives et éventuellement à une autorisation administrative;
2.Ordonner la remise des postes de radio, ainsi que de faire procéder à leur recherche et à leur enlèvement;
3.Interdire toutes réunions et publications de nature à entretenir le désordre ;
4.Instituer des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé;
5.Interdire le séjour dans tout ou partie du département à tout individu cherchant à entraver de quelque manière que ce soit l`action des pouvoirs publics;
6.Requérir les autorités militaires de participer en permanence au maintien des pouvoirs publics;
7.Autoriser, par tout officier de police judiciaire civil ou militaire, des perquisitions à domicile de jour comme de nuit;
8.Organiser le contrôle de la presse et des publications de toute nature, ainsi que celui des émissions radiophoniques, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales ou artistiques; 9.la compétence de la juridiction militaire s`étend à toutes les affaires dans lesquelles se trouve inculpé un militaire ou un assimilé; aux crimes et délits contre la sûreté intérieure de l`Etat, et aux infractions à la législation sur les armes; etc.
Il a quitté le pouvoir sans mettre fin à cette législation. Elle a même été maintenue après lui. Il aura fallu attendre l’an 1990 pour qu’elle soit abolie.
Les militaires: au service du Cameroun ou d’Ahidjo?
Aujourd’hui, la cruciale question que devraient légitimement se poser les Camerounais est la suivante: dès lors qu’Ahidjo était secrètement favorable à la prolongation du maquis, refusant toute tentative de cessez-le-feu, qui, par conséquent, du Cameroun ou d’Ahidjo, les militaires qui «ramenaient l’ordre» en coupant les têtes des Camerounais, faits dont ils se vantent actuellement, servaient-ils en réalité ? Réponse toute évidente: Ahidjo, et non le Cameroun, car Ahidjo ne voulait pas la paix immédiate, mais à long terme, le temps d’asseoir par la terreur son pouvoir. Les militaires, aujourd’hui généraux de l’armée, n’étaient que des pions de pouvoir dictatorial entre ses mains. Ahidjo ont fait preuve de cynisme, tout simplement.
Ahmadou Ahidjo au centre, premier président du Cameroun.Droits réservés)/n
. Considérant le fait que M. Biya se fait généralement entourer des individus qui ont tellement peur de lui qu’ils n’arrivent pas à lui dire la vérité sur la véritable situation socio-économique du pays, et du fait qu’il ne donne pas lui-même l’impression de vouloir savoir ces vérités.
. Considérant le fait qu’il passe chaque année 7 mois sur 12 hors du pays se coupant ainsi encore plus des réalités nationales.
. Considérant le fait qu’il ne communique jamais en utilisant les media locaux.
. Considérant le fait que les lettres sensibles adressées à Mr. Biya sont systématiquement détournées par le Secrétariat Général de la présidence.
Le Rev. Bertin KISOB, président du Parti pour la Justice Sociale au Cameroun PJSC, conduira une délégation de quelque membres et sympathisants de sa formation politique avec la participation sporadique d’autres leaders politiques et d’opinions, à travers une marche du Cinquantenaire de la Réunification et de l’Indépendance (Macri 50) Buea – Douala – Yaoundé à pied, avec des spéciales de 01 KM ou de sit-in dans des lieux stratégiques de tous les chefs lieux de régions, de grandes ou petites agglomérations du pays et de Paris, Londres et Washington DC du 01er octobre au 06 novembre 2014 pour remettre AU PEUPLE notre premier mémorandum pour le changement au Cameroun. La première phase de cette marche commencera le 01er octobre 2014 à partir de 10 heures au monument de réunification de Buéa et se terminera le 06 novembre à 10 heures au Palais de l’unité à Yaoundé. Noter que le 01er octobre est la date anniversaire de la réunification des deux Cameroun et le 06 novembre est la date de l’accession de M. Biya à la magistrature suprême.
Voici les points essentiels de notre premier memorandum pour le changement au Cameroun:
1.Que M. Biya arrête de passer plus de la moitié de l’année hors du pays et d’utiliser les fonds publics pour les séjours privées de sa famille nucléaire hors du pays.
2.qu’il adopte des politiques plus sociales et un SMIG à 150 000 FCFA proportionnel au coût de la vie.
3.Qu’il nomme aussi des membres de la vraie opposition au gouvernement, car ils sont les seul capables de lui dire certaines vérités.
4.Qu’il commence à communiquer aussi avec le peuple en utilisant les media locaux.
5.Qu’il crée un compte bancaire spécial pour les fonds récupérés à travers Opération Epervier et qu’il y attache des projets sociaux spécifiques, Sans oublier de libérer tous ceux qui ont déjà payé notre argent. Car, notre problème c’est argent et non de savoir que des gens sont en prison.
6.Qu’il adopte une nouvel constitution fédérale à 10 Etats avec gouverneurs et délègues de gouvernement des grandes villes élus aux suffrages directs ou indirects. Ceci permettra de résoudre le problème anglophone et de promouvoir le développement du pays. Sinon, l’organisation d’un referendum pour les Anglophones sera la seul option restante.
7. Qu’il Crée des ONG à financements publiques pour réduire le problème du chômage des jeunes.
8.Qu’il réorganise le fichier des partis politique du MINATD en trois catégories par rapport à leur degré de représentation national. Qu’il donne un coup de pousse à la démocratie en adoptant le bulletin unique pendant les élections. Qu’il accorde aussi des subversions aux partis politiques non représentés à l’assemblée nationale. Car, ils participent aussi à la construction nationale.
9.Qu’il demande au Secrétariat Général de la Présidence de ne plus soutirer ses courriers.
10.Qu’il lutte effectivement contre inertie en demandant à ses ministres d’être proactifs et de ne plus pratiquer son culte de personnalité.
11.Qu’il arrête de payer des rançons à BOKO HARAM. Car, c’est financer les attaques terroristes au Nigeria et dans notre sous-région. Qu’il Crée un système de protection multidimensionnel avec un numéro libre accessible à tous les Occidentaux vivant dans notre pays.
12.Qu’il adopte un système de sécurité sociale universel et un système éducatif gratuit de l’école primaire de l’université en utilisant les 350 0000 f CFA qui revient de droit à chaque camerounais après le partage équitable du profit que notre pays fait par mois.
13.Qu’il adopte la vision de DOMINATION AFRICAINE ET MONDIAL DES MAATISTS et le système Maatist de lutte contre le détournement des fonds publics, la corruption sociale et judicaire.
14.Qu’il renouvelle son désir de protéger l’environnement, les bonnes m urs et les droits de l’homme.
15.qu’il change le nom de notre pays de Cameroun – crevettes, à KEMATI – la terre des Noirs. Qu’il adopte le SHAHILI comme langue officielle, remplace le franc esclavagiste CFA par une monnaie africaine la MAAT. Qu’il renonce à tous les accords néocolonial avec la France et autres. 50 ans après les indépendances il est temps pour nous de reconcevoir notre indépendance idéologique à travers le MAATISM.
16.Qu’il prenne des dispositions urgentes pour le rapatriement de la dépouille d’Ahmadou Ahidjo.car, cela peut dans un futur proche être aussi son sort.
17.Qu’il supprime le régime de titres fonciers en adoptant le système D’ALLOCATION OU DE CONCESSION FONCIERE à durée déterminée avec contrôles réguliers par les autorités administratives, judicaires et traditionnelles locales, ce qui est plus conforme à nos traditions africaines. Sinon, une révolution sociale incontrôlable le surprendra tôt ou tard !
Noter que nous allons collecter 250 000 signatures à travers toutes les villes et villages que nous allons traverser et que la couleur officielle de notre marche et mouvement est le JAUNE. Au cas où les forces de sécurité du régime nous dérangent, nous allons radicaliser notre position en demandant la démission de Mr. Biya pour INCOMPETENCE ET NEGLIGENCE. Ceci à travers un sit-in à durée indéterminée dans une mission diplomatique à Yaoundé ou HORS DU PAYS avec grève de la faim ET AUTRES.. si nécessaire. Avant cette marche, des copies de ce mémorandum en français ou en anglais seront distribuées à tous les camerounais de l’intérieur comme de la diaspora. Cette phase n’est que la première de trois autres QUI NOUS CONDUIRA DIRECTEMENT A LA PRISE DU POUVOIR SUPREME AU CAMEROUN. Nous donnerons en temps réel au PEUPLE la conduite à tenir pendant ces différentes phases.
Nous demandons à tous les Camerounais, aussi bien de l’intérieur que de la diaspora, sans oublier les amis véritables du Cameroun de nous donner tous leur soutien et protection pour la réussite de cette noble mission en créant chacun à son niveau UN COMITE D’IMPLEMENTATION ET DE SOUTIEN du MACRI-50, composé 01 à 03 personnes au maximum, pour la coordination de nos activités au niveau de chaque famille, quartier, bloc de quartiers, ville, village, arrondissement, département, région et pays du monde.
L’Afrique a attendu 50 ans pour atteindre sa puberté économique. Aujourd’hui, ses gardiens ont les racines africaines, la rigueur allemande, le soft power étasunien
L’Afrique a attendu 50 ans pour atteindre sa puberté économique. Aujourd’hui, ses gardiens ont les racines africaines, la rigueur allemande, le soft power étasunien et la puissance de travail des ouvriers chinois. Ils ne traitent que l’urgence.
Une demi-douzaine d’années de sensibilisation intensive, adossée à d’intéressants chiffres de la croissance, ont permis de tourner les radars des décideurs économiques mondiaux vers l’Afrique. Ce ne fut facile tant les perceptions ont la peau dure. La dernière conférence annuelle de Bank of America-Merrill Lynch, le 28 janvier à Paris, n’a pas cité une seule fois l’Afrique… Mais les analystes ne marqueront pas de temps d’arrêt pour digérer ces premiers résultats, car un phénomène se fait jour : l’entrée en scène de nouveaux « spécialistes des marchés africains ».
Les nouveaux experts de l’Afrique
Des stratèges aux rapaces, en passant par les bras cassés, et ceux qui ont échoué en Asie, en Amérique et en Europe. ils sont nombreux à se ruer sur l’Afrique, « continent de tous les possibles », « nouvelle frontière de la croissance mondiale », « marché vierge», etc. Ces nouveaux « experts de l’Afrique » vous accompagnent sur le continent, depuis leur smart phone, grâce au génie de Google Actualité, au grand désarroi de leurs clients. Mais pour combien de temps ? « Le mensonge donne des fleurs, mais pas des fruits », prévient la sagesse africaine.
50 ans pour atteindre la puberté
L’Afrique a attendu cinquante ans pour atteindre sa puberté économique. On ne traverse pas plusieurs décennies d’esclavage pour se faire avaler par des opportunistes à la petite semaine. C’est principalement pour cette raison qu’une certaine Afrique restera dangereuse pour les personnes physiques et morales qui estiment qu’il faut puiser en Afrique parce que la corde est au puits… La dure réalité du terrain, ou plutôt la destruction créatrice de Schumpeter, à la sauce malawite, leur rappellera toujours que « celui qui désire la pluie doit aussi accepter la boue ».
Ils ne traitent que l’urgence
Aujourd’hui, les gardiens de l’économie africaine existent. 7j/7, ils répondent aux demandes de notes de conjoncture, d’études de marché, de due diligence, de recherche de partenariats ou de lobbying international. A quoi les reconnait-on ? Ils ont les racines africaines, la rigueur allemande, le soft power étasunien et la puissance de travail des ouvriers chinois. Ils ne traitent que l’urgence. Ils ont uvré pour que l’Afrique soit aujourd’hui le centre des attentions mondiales. «Si tu vois une tortue posée sur un mur, c’est qu’on l’a posée là», disent-ils.
N’allez pas les distraire
Leur capacité à traiter efficacement les dossiers africains n’attire pas que les clients sérieux. Elle attise aussi la convoitise des nouveaux « experts » cités plus haut. Mais «Si tu lèches la langue du lion, il te dévore», avertissent les Massaï. En français facile, on paraphrasera l’avertissement du professeur Ababacar Mbengue, Ancien de HEC Paris et Agrégé en sciences de gestion, dans son propos du 1er mars 2014 : « ne venez pas nous distraire. Malgré l’humilité, il y a ici des experts pointus et reconnus, chacun dans son domaine. On ne nous la raconte pas. »
Le chef de l’Etat camerounais s’est exprimé pour donner la signification de la remise de peine accordée à certains prisonniers le 18 février 2014.
Après l’inauguration du monument des cinquantenaires de l’Indépendance et de la Réunification à Buea au cours de la journée du 19 février, le président camerounais a répondu à quelques questions de la presse. Celles du directeur de l’Information à la télévision publique nationale, Charles Ndongo. Concernant le décret pris le 18 février 2014 pour accorder des commutations et remises de peines, Paul Biya a expliqué que : « C’est pour montrer l’importance qu’il y a à cultiver l’unité. Nous avons voulu que ce soit un grand moment de joie et que cette joie atteigne même les personnes en marge en quelque sorte de la société. Certains retrouvent la liberté. Aussi, nous voulions que ce soit un grand moment de joie et d’allégresse pour renforcer l’unité nationale. »
Le chef de l’Etat a également apprécié le monument qu’il a inauguré. « Il est magnifique, très expressif et je crois qu’il représente réellement le Cameroun réunifié, l’unité camerounaise dans sa diversité. C’est une belle réalisation », a-t-il jugé. Sur la célébration du cinquantenaire de la réunification proprement dite, Paul Biya a invité ses compatriotes à renforcer l’unité. « C’est un événement intérieur, pour que les Camerounais se sentent plus unis, plus proches les uns avec les autres au-delà des diversités culturelles, linguistiques et cela c’est le but final. Les monuments sont des symboles mais ce qu’on veut c’est que les Camerounais se sentent de plus en plus unis », a déclaré Paul Biya au cours de son deuxième jour passé dans la région du Sud-Ouest.
le chef de l’Etat a souhaité qu’en ce cinquantenaire, les Camerounais se sentent plus unisDroits réservés)/n
Attendue depuis 2010, la date de célébration de la réunification a été rendue publique par le cabinet civil de la présidence de la République. Ce sera le 20 février 2014.
« Monsieur le président de la république, son excellence Paul Biya, effectuera, en compagnie de Son Epouse Madame Chantal BIYA, une visite officielle dans la Région du Sud-Ouest, pour présider, le jeudi 20 février 2014 à Buea, les manifestations du Cinquantenaire de la Réunification du Cameroun », indique intégralement le communiqué qui a été rendu public ce vendredi en début d’après-midi. Information du directeur du cabinet civil de la Présidence de la République, Martin Belinga Eboutou.
Il faut dire que cette date vient rassurer nombre de Camerounais sur la tenue effective de cet événement qui a été tant reporté. On se souvient en effet que c’est dans son discours « à la Nation » du 31 décembre 2009 que le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, eut à annoncer la célébration des cinquantenaires de l’indépendance et de la réunification du Cameroun. « Mes chers compatriotes, Le cinquantenaire de l’indépendance en 2010 vient comme en prélude au cinquantenaire de la Réunification que nous célébrerons en 2011 », avait -il alors déclaré. Dans son discours à la jeunesse prononcé le 10 février 2014, le président de la République indiquait que ce serait « dans quelques semaines ».
Si l’indépendance que le Cameroun a acquis le 1er janvier 1960 a été effectivement célébré en 2010, il a fallu attendre ce 14 février 2014 pour être fixé sur la date du cinquantenaire de la Réunification, événement survenu le 1er octobre 1961. Cette date rappelle l’intégration du Southern Cameroon (qui était alors britannique) à la République du Cameroun (francophone), indépendante depuis 1960. Buea, chef-lieu de la région du Sud-Ouest, sera l’hôte de cet événement. La ville fut de 1961 jusqu’à l’avènement de l’Etat unitaire en 1972, la capitale de l’Etat fédéré du Cameroun occidental. Au début du XXè siècle, c’est également elle qui fut érigée, pendant une courte période, de 1901 à 1909, en capitale de la colonie allemande du Cameroun.
Les commentateurs politiques pourront s’interroger sur la symbolique du 20 février 2014 comme choix de célébration pour une réunification qui a eu lieu un 01er octobre. Il faudra toutefois se rappeler que le cinquantenaire de l’indépendance n’a pas également célébré un 01er janvier. Le clou des festivités pour cet événement avait en effet été la tenue de la Conférence internationale « Africa 21 » du 18 au 19 mai 2010 sur le thème : « L’Afrique, une chance pour le monde : réalités et défis ». Buea redevient le 20 février, le temps d’une célébration, la capitale.de la réunification.
Dans la capitale, la célébration a été marquée par les activités traditionnelles de défilé, réceptions et feu d’artifices. Malgré le boycott de quelques partis d’opposition
Tradition respectée.
Le Cameroun célébrait le 20 mai 2012 le quarantième anniversaire de son unification. Une ultime cérémonie qui clôturait une semaine débutée dans la localité de Bakassi reconquise en 2002 après des années de désaccord avec le Nigéria voisin, et celle Darak à l’extrême nord du pays aux confins du Lac Tchad. Le thème de la célébration cette année a mis en avant le rôle de l’armée dans la consolidation de l’unité du pays, et celui qu’il pourrait continuer à jouer dans ce sens. Les autorités ont choisi : « Armée camerounaise au service d’une nation forte, prospère et résolument tournée vers l’émergence, dans un climat de paix et d’unité ». Comme il est de tradition, les célébrations ont débuté par le défilé militaire. Pour les curieux de Yaoundé qui ont fait le déplacement du boulevard du 20 mai, ils ont pu voir à nouveau l’appareil des forces armées et de police en marche. Un passage militaire qui aura eu deux principales attractions, le défilé des forces armées congolaises et le passage du BIR Delta (bataillon d’intervention rapide) et son équipement d’intervention. Après les militaires, les civils ont pris le relais avec pour la première fois le défilé des députés juniors, une version non effective du parlement et qui regroupe parfois des jeunes dans le rôle de représentant des populations. Le moment attendu aura été celui des partis politiques. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais au pouvoir n’a pas manqué au rendez-vous. Ils a été accompagné par des parties proches du pouvoir, à l’instar de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) de Maïgari Bello Bouba, formation politique représentée à l’Assemblée Nationale, l’Union des Populations du Cameroun (UPC), le Front National pour le Salut du Cameroun (FNSC) du ministre Issa Tchiroma, l’Alliance Nationale pour la Démocratie et le Progrès (ANDP) du Ministre Hamadou Moustapha et le Mouvement pour la Défense de la République (MDR).
. Mais absence de la première dame et boycott de l’opposition
La célébration pour certains s’est achevée dans les quartiers où les uns et les autres ont pu se retrouver autour d’un verre retrouvant parfois aussi, ceux qui n’ont pas fait le déplacement du boulevard pour regarder le défilé à la télévision. Comme chaque année, une réception était organisée au palais présidentiel. Dans la soirée, les feux d’artifice ont fait leur entrée en scène. Trente minutes durant, de nombreuses personnes proches du boulevard ont pu voir le spectacle du ciel illuminé. Tout aura donc été presque parfait à l’exception de grosses absences. La première, l’épouse du chef de l’Etat n’aura été aperçue durant cette célébration. Madame Chantal Biya a été annoncée, mais n’a finalement été vue ni à la place du défilé, ni à la réception, alimentant de nombreuses conversations avec à la clé plusieurs commentaires difficile à confirmer. Autre absence, celle – là prévisible, celle des partis politiques signataires de l’accord de Foumban. « Nous ne serons pas là, le parti au pouvoir sera tout seul avec quelques micro-partis qui sont à sa solde. C’est très symbolique, nous pensons qu’aujourd’hui l’unité nationale n’existe plus que sur papier. Nous pensons que l’heure est grave et l’heure n’est pas à la fête », déclarait déjà Josuah Osih le vice-président du Social Democratic Front (SDF) sur les ondes de RFI dans la matinée du jour de la fête. 7 autres partis ont suivi le même mot d’ordre. Donc l’UDC d’Adamou Ndam Njoya, le CPP de Kah Walla, et d’autres partis qui disent protester contre une unité factice au Cameroun. Proche du parti au pouvoir, on déplore une attitude à deux vitesses : « Lorsqu’il faut jouir des avantages du pays comme le salaire de député, certains n’hésitent pas à revendiquer leurs droits de camerounais, mais quand il faut remplir son obligation de citoyens, on trouve à redire, comme si le 20 mai on célébrait la fête de Paul Biya, je trouve que ce n’est pas juste », a commenté Messanga Nyamdi, professeur de droit et militant du RDPC. Ce boycott et l’absence de la première dame risquent d’alimenter toutes les chroniques dans la semaine, avec ses vérités et contre-vérités.
Pour l’occasion, le président Boni Yayi a accordé la grâce présidentielle à 828 détenus
Le chef de l’Etat béninois M. Boni Yayi, a, à l’occasion du 51e anniversaire de l’indépendance du Bénin le 1er août 1960, gracié 828 détenus de droit commun, selon un communiqué issu du conseil des ministres tenu samedi dernier à Natitingou, environ 600 Km au nord-ouest de Cotonou. Cette mesure qui découlerait du souci de l’amélioration des conditions de détention et du désengorgement des prisons civiles, ne concerne pas les personnes condamnées pour des faits de détournement de deniers publics ou pour des infractions similaires, à moins qu’elles remboursent les sommes détournées ou mises en péril, des amendes et des frais de justice, précise le communiqué. Le président Boni Yayi, a aussi annoncé dans ce message, la création prochaine d’une banque agricole qui financera la création d’entreprises agricoles au profit des jeunes. Il a par ailleurs annoncé la création de deux agences chargées respectivement de la mécanisation agricole et de l’aménagement des périmètres hydro agricoles, précisant que le marché nigérian constitue une opportunité qu’il faudrait davantage exploiter, en vue d’intensifier leurs échanges à la faveur de leur proximité avec ce pays de près de 160 millions de consommateurs.
Contrairement aux autres années, les manifestations connaissent une légère modification à Natitingou selon le Sp Conamo Marcel Codjo. Certaines manifestations qui avaient d’habitude lieu le 31 ont été ramenées au 30 et celles qui avaient lieu le 1er août ont été ramenées au 31. A ce titre, les cultes pour communier en union de prière avec la nation ont été ramenés au 30. Et le 31 août s’est tenu dans la ville le désormais traditionnel conseil des ministres. Ensuite se sont déroulés au stade municipal de Natitingou le festival culturel et la finale de la coupe de l’indépendance. Et l’événement le plus attendu est le défilé militaire et para militaire de ce jour 1er août. Après cela, le chef de l’Etat va offrir un déjeuner à tout le monde à divers endroits.
L’histoire politique du Bénin
De la date de son accession à l’indépendance, le 1er août 1960 à nos jours, l’histoire politique du Bénin est marquée par deux périodes, notamment celle de 1960 à 1990, caractérisée par une instabilité politique et celle de 1990 à nos jours, sous l’avènement de la démocratie. Depuis l’indépendance, le Bénin a connu une histoire politique mouvementée. Les douze premières années furent marquées par une instabilité chronique, les anciennes élites coloniales, pour la plupart originaires du Sud, se disputèrent le pouvoir. En 1963, le nord du pays veut sa revanche, tandis que les élites et la nouvelle bourgeoisie semblent peu préoccupées par les nombreux défis du sous-développement. C’est à cette période qu’un colonel de l’Armée Dahoméenne, Christophe Soglo arrive sur la scène politique du pays, en forçant Hubert Maga (1er Août 1960 -27 Octobre 1963), premier président de la République du Dahomey indépendant, à démissionner. En dix ans, on enregistra une douzaine de coups d’État et régimes militaires, qui voient se succéder Christophe Soglo (28 Octobre 1963 -24 janvier 1964), Sourou Migan Apithy (25 janvier 1964 -26 Novembre 1965), Tahirou Cougacou (27 Novembre 1965 -21 décembre 1965), Alphone Alley (21 décembre 1967 -16 juillet 1968) Emile Derlin Zinsou (17 juillet 1968 -9 décembre 1969) , Maurice Kouandeté (10 décembre 1969 -12 décembre 1969) et Paul Emile de Souza (13 décembre 1969 -6 mai 1970) au pouvoir. Et pour faire court, en mars 2006, Mathieu Kérékou, à la fin de ses deux mandats constitutionnels et frappé par l’âge limite de 70 ans pour se présenter à une nouvelle élection, n’a pu modifier la loi fondamentale du pays Le 6 avril 2006, un nouveau président de la République du Bénin, le docteur Yayi Boni, 54 ans, est officiellement installé dans ses fonctions à Porto-Novo.