James Acworth: De nombreux efforts sont faits pour les changements climatiques

Expert en protection des forêts, il aborde la stratégie mise en uvre par la Banque mondiale pour accompagner le Cameroun

Les questions climatiques occupent aujourd’hui les politiques de développement au plus haut point, quelle est la situation des pays d’Afrique centrale?
Pour les questions globales de changement climatique, l’impact sur l’Afrique tout comme le Cameroun soulève de nombreux débats. Sur le plan global, l’Afrique contribue à moins de 4% aux émissions totales de Carbone dans l’atmosphère. Mais beaucoup de Camerounais ressentent déjà un changement des tendances saisonnières, lequel aura des impacts sur la productivité agricole en Afrique et la sécurité alimentaire, particulièrement dans les zones sèches. Dans le domaine énergétique, la construction de barrage pour augmenter l’offre en hydroélectricité est la manifestation de la volonté politique de vouloir développer les énergies propres, ce qui est une bonne chose pour la population camerounaise et la préservation du climat. Nous saluons ces initiatives et les appuieront. Toutefois, il faut soulever qu’entre 15 et 20% des émissions globales des Gaz à Effet de Serre, et 65% des émissions de l’Afrique sont issus de la déforestation, de la dégradation des forêts et du changement d’utilisation des terres dans les pays sub-saharienne. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), constate que le taux de déforestation au Cameroun, estimé à 1% de la superficie de ses forêts perdue par an, est le plus élevé parmi les pays du Bassin du Congo. De plus, il y aura une augmentation rapide de la déforestation avec l’arrivée de plusieurs nouveaux projets miniers, routiers et agricoles de grande échelle. Avec l’appui des partenaires internationaux, le Cameroun devrait donc chercher un équilibre entre le développement économique et la protection des forêts.

Cela fait plusieurs années que la question de l’environnement est prise en compte dans les différentes interventions de la Banque mondiale, qu’est ce qui ne marche pas finalement?
En dépit de l’impact énorme de la déforestation sur le changement climatique, le financement disponible pour la protection des forêts n’était jamais suffisant. Les sommets de Copenhague (Décembre 2009), et puis Cancun au Mexique (Décembre 2010) ont permis de réparer cette situation en proposant un système d’incitation financière, connu sous le nom de mécanisme REDD+ (Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts). Ce mécanisme REDD, sous lequel les pays développés paieraient les pays comme le Cameroun à réduire leurs taux de déforestation est central dans les négociations pour un accord «post-Kyoto» et sera partie intégrante du futur cadre de travail établi par la Convention Cadre des Nations unies sur le changement climatique. Aujourd’hui déjà, quelques pays bénéficient du REDD. L’Indonésie, par exemple, à signé un accord volontaire «REDD» avec la Norvège en 2010 pour un montant de 1 milliard de dollars pour réduire son taux de déforestation élevé, principalement causé par l’exploitation forestière suivie par l’expansion rapide de plantations agro-industriels, typiquement d’huile de palme. Mais avant de pouvoir profiter d’un tel mécanisme REDD, les pays du Bassin du Congo doivent relever de nombreux défis liés à leurs capacités institutionnelles et techniques.

James Acworth de la Banque Mondiale
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Quelle est la stratégie de la Banque Mondiale pour ce qui est de l’assistance aux clients du développement que sont les populations, pour que soit pris en compte l’impératif de changement climatique?
La Banque a adopté une politique globale d’intervenir dans l’atténuation de l’adaptation au changement climatique, et cette politique s’applique sur tous les investissements. Plusieurs volets d’intervention existent, dans une multitude de domaines, notamment en matière agricole. On tend de plus en plus à encourager l’utilisation des variétés qui résistent mieux aux différents problèmes causés par les changements de climat, comme la sécheresse prolongée. Nous promouvons aussi les systèmes d’agriculture qui maximisent le stockage du Carbone dans les sols. Au niveau régional, la Banque mondiale continue d’encourager le développement des énergies propres. Au niveau des forêts, le Fonds pour l’Environnement Mondial vient de lancer à travers la Banque mondiale un programme REDD régional de $13 millions, qui renforcera les capacités institutionnelles et techniques pour la mise en uvre du REDD+, sous la tutelle de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC). Le programme vise aussi à préparer les points focaux à la négociation des avantages liés au marché du Carbone. Au niveau national, une action soutenue par la Banque a déjà été lancée il y a trois mois pour l’appropriation du mécanisme REDD+. Sous le leadership des ministères en charge de l’Environnement et des Forêts, le Cameroun commence d’élaborer une stratégie pour la protection des forêts à travers le mécanisme REDD+.

Comment se présentera la nouvelle forme d’implication de la Banque mondiale dont l’approche est d’abord celle des partenariats et enfin le financement?
Dans notre stratégie, nous nous devons de composer avec toutes les parties prenantes. En matière forestière, il ne s’agit pas seulement de l’Etat, mais aussi des populations riveraines qui vivent dans les zones forestières. On collabore encore avec les organismes non gouvernementaux, les populations autochtones et même des entreprises privées qui opèrent dans le domaine forestier. De manière globale, on a toujours discuté avec les bénéficiaires de la prestation de développement, pour nous assurer qu’on répondait à leurs besoins et que les programmes mis en place portaient tous les résultats attendus.

Livre: La protection des minorités et des peuples autochtones dédicacé à Douala

Cet ouvrage du Dr James Mouangue Kobila sera présenté au public ce 30 juin 2009

Un nouveau livre sera dès ce 30 juin 2009 officiellement dans les librairies. La protection des minorités et des peuples autochtones, nom du livre sera présenté au public au cours d’une conférence-dédicace à 17 heures au centre culturel Français de Douala. Cet ouvrage qui est du Dr James Mouangue Kobila , met en lumière la question de la protection des minorités et des peuples autochtones qui est au c ur du débat public au Cameroun comme dans nombre de pays développés, à l’instar du Canada, de la France, de la Belgique ou de l’Australie.

Ce livre aborde également le fondement de cette protection qui se trouve essentiellement dans l’évolution du libéralisme et du constitutionnalisme, porteuse d’une nouvelle signification des concepts fondamentaux de démocratie, d’égalité et de non-discrimination. Aux fins de légitimer la protection des minorités et des peuples autochtones au Cameroun, l’auteur de ce livre de 295 pages fait le point du débat doctrinal en cours dans ce pays sur ce problème majeur du constitutionnalisme contemporain. Il démontre surtout le caractère coutumier de la protection des minorités et des peuples autochtones au plan international, à partir de l’universalisation de la protection constitutionnelle de ces catégories de population vulnérables de par le monde et de la consécration de leur protection à l’échelle régionale et universelle. Ce faisant il remet en cause nombre d’idées proposées à la crédulité publique sur cette question comme des vérités d’évidence.

La protection des minorités et des peuples autochtones qui coûte 20 000 FCfa est parue en mai 2009 aux éditions Dianoia de la collection Jus Data. Son auteur, le Dr James Mouangue Kobila est un ancien boursier de doctorat de l’académie de droit international de La Haye. Il est docteur en droit public (Université de Yaoundé Il (Soa)) et Chargé de cours à l’Université de Douala au Cameroun. Le Dr Mouangue Kobila est l’auteur d’une quinzaine d’articles et de travaux de doctrine relatifs à la lutte contre le terrorisme international, au Cycle de négociations de Doha, aux droits de l’homme, à la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale, à l’accès des étrangers à la propriété foncière et à la Constitution camerounaise.


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