Par Horizons nouveaux magazine
Depuis un certain temps, certaines personnes s’activent autour de Guérandi Mbara Goulongo, présenté comme un exilé politique exfiltré du Burkina Faso, où il s’était refugié depuis 1984, non sans rappeler au peuple Camerounais et Africain et aux instances nationales et internationales qui est véritablement ce Camerounais et encore moins ses faits d’armes.
Pourtant, ce nouvel héros Camerounais traine des casseroles fort bruyantes pour ceux qui le connaissent ou l’ont côtoyé.
Un passé pas du tout glorieux
Le tout dernier défenseur de la cause Guérandi n’est autre que le MAC. Le Mouvement pour l’Alternance au Cameroun, sorti de nulle part et dont la légalité est à interroger au même titre que le mouvement « J’OSE » dont l’existence n’a été révélée aux Camerounais que le 06 Avril 1984. Une date qui ne saurait être oubliée par beaucoup de compatriotes vivant au pays. Le jour où le Cameroun avait failli basculer dans l’inimaginable. Fort heureusement, Dieu ne l’avait pas autorisé.
Guréandi Mbara Goulongo est donc ce capitaine de l’armée qui avait juré honneur et fidélité à la nation mais qui s’était parjuré pour servir des intérêts tribaux et de pouvoir. Il avait pris les armes, en compagnie de quelques camarades d’armes originaires du Septentrion pour renverser le pouvoir en place et instaurer un régime de terreur où certains Camerounais allaient « marcher nus comme des vaches ». Le discours diffusé fort heureusement uniquement dans la ville de Yaoundé grâce à la perspicacité du jeune Gabriel Ebili avait des relents de revanche envers tous les filles et fils qui n’étaient pas originaires des trois régions du Nord. Que serions-nous devenus aujourd’hui ? Pire que le Libéria, le Nigéria, la République Démocratique du Congo ou la République Centrafricaine ? Difficile d’imaginer.
Toujours est-il que de nombreux Camerounais avaient perdu la vie au cours de cette tentative de coup d’Etat. Certains anonymes, d’autres très connus du grand public comme le grand-père de Yannick Noah, le tennisman Camerouno-Français.
Mais au lieu de répondre de ses actes et d’expliquer au peuple Camerounais ses profondes motivations qui auraient conduit à la partition du pays et à la mort de plusieurs centaines ou milliers de ses compatriotes, il préféra fuir hors du pays et se la couler douce au Burkina Faso. Faut-il donc en faire un exilé politique, un héros ou un assassin ?
A-t-il seulement eu une pensée pour ceux qui sont morts ? A-t-il eu quelque regret pour ceux qu’il a entrainés dans cette aventure ?
A-t-il pu s’excuser auprès du peuple Camerounais qu’il a meurtri ? A-t-il payé le prix de sa forfaiture et de son parjure ? Difficile de répondre à ces douloureuses et lancinantes questions. Et faute d’y répondre, arrêtons de pleurer sur le sort de quelqu’un qui ne le mérite pas du tout.
Le MAC, sur les traces de «J’OSE»?
S’appuyant sur des prétendus comptes à régler avec le pouvoir en place pour la prétendue disparition de Guérandi, le communiqué publié par le MAC suscite tout de même quelques appréhensions.
Dans son dernier paragraphe, l’on peut lire «Lancé officiellement le 04 Janvier 2015, le MAC est un mouvement citoyen politique qui regroupe diverses forces politiques et sociales, qui militent pour une alternance pacifique au sommet de l’Etat du Cameroun d’ici 2018. Le Mac entend promouvoir une alternance basée sur un nouveau contrat de confiance entre les gouvernants et les citoyens pour un changement systémique au Cameroun». Cette déclaration ne nous renseigne pas sur comment va se dérouler ce changement systémique. Est-ce une tactique de combat ? Nous doutons quelque peu quand on sait que nous vivons dans une société faite d’êtres humains et que le changement ne se fait pas avec un bâton magique mais en opérant sur les mentalités. En trois (03) ans, comment le MAC va-t-il faire pour changer des mentalités vieilles de plus de vingt (20) ans. En outre, en dehors de signaler la date de sa création fort récente, le communiqué ne dit pas quelles sont les forces politiques et sociales qui le composent. Si l’on veut gagner la confiance des hommes, a-t-on encore besoin de leur cacher des choses?
Si a priori, l’on peut s’entendre sur le changement, de quel changement voulons-nous ?
Celui d’un homme (Paul Biya), celui des hommes (les gouvernants d’aujourd’hui) ou celui de la gestion publique des hommes et des biens de notre pays ? Là encore, il nous est dit un changement au sommet de l’Etat.
S’il faut changer l’Homme Biya cela suffirat-il à faire émerger le Cameroun ? S’il faut changer les gouvernements et le système de gestion, que va-t-on mettre à la place?
Ces interrogations nous poussent à croire que le MAC n’est pas auusi loin du «J’OSE», lui qui entendait chasser le Chef de l’Etat et qui ne proposait pas un programme de société après son départ. C’est peut-être là la cause de son échec et si d’avance le MAC ne précise pas sa vision, lui aussi est voué à l’échec. Ce dont les Camerounais ont le plus besoin en ce moment, c’est d’un programme de société devant aboutir au bien-être de tous, devant transformer les conditions actuelles de vie des populations, devant permettre au grand nombre de bénéficier des fruits de la croissance. Ce programme, jusqu’ici, n’est pas encore sorti des tiroirs, différent de celui que propose le Président Paul Biya. Sans lui accorder une confiance aveugle, reconnaissons tout de même qu’en dépit de nombreux écueils, il ne s’en est pas mal sorti. La machine nécessite peut-être de nouveaux réglages mais dans l’ensemble, elle n’est pas grippée et lui-même en est conscient. Nous devrions plus l’aider à redresser la barre qu’à vouloir détruire cette embarcation dans laquelle nous nous trouvons en ce moment.
Et pendant que nous nous devons de le faire, voilà qu’une certaine presse, elle, s’emploie à créer la psychose au sein des populations, publiant des chiffres incontrôlables des victimes de la secte Boko Haram dans le septentrion.
Des massacres de civils
Alors que tout le peuple Camerounais s’emploie à galvaniser les forces de défense sur le terrain des opérations, un confrère lui a pris sur lui pour annoncer à la Une de son journal, le massacre de 400 civils à Fotokol. Nous voulons bien croire qu’il détient une infotmation de première main et l’on se serait attendu en lisant à l’intérieur du journal à avoir une liste exhaustive des 400 victimes ou un décompte complet de celui-ci. Il n’en a rien été. On se serait attendu qu’il loue également la bravoure des militaires Camerounais et Tchadiens tombés au front mais cela n’a pas été le cas. Le reporter est plutôt critique sur la levée du dispositif survenu lors de l’arrivée des forces de défense Tchadiennes. Ces militaires tombés au front n’ont eu droit qu’à un petit filet, une petite phrase, comme si leur acte ne valait pas la peine.
La France derrière la manip?
Cette omission volontaire pue à mille lieux une manip française, tant il est vrai que ces dernières années, la France, malgré le sourire de façade, ne cache plus sa volonté de venir à bout du régime de Paul Biya. C’est d’ailleurs pour cela que certains observateurs avertis, à l’instar d’un politologue enseignant à l’université de Douala, estiment que le pays de François Hollande devrait être décrété persona non grata dans le règlement du conflit qui oppose de nombreux pays africains à la secte terroriste Boko Haram financée et armée par l’Occident -la France et les Etats-Unis notamment-. Selon lui, le sommet extraordinaire de la CEEAC qui s’est tenu à Yaoundé lundi 16 février 2015 devrait prendre cette résolution de n’accepter aucune aide de la France, question de ne pas laisser à un pyromane la chance de réaliser l’imposture de se muer en sapeur pompier.
En définitive, il est temps de suggérer une attitude à plusieurs d’entre nous professionnels de l’information. Par ces temps de mobilisation générale autour d’une cause juste, la défense de l’intégrité nationale de notre pays, il faut faire preuve de discernement.
Savoir diffuser des informations qui sont de nature à consolider cet état d’esprit et non de privilégier celles qui vont dans le sens contraire. Sans avoir la prétention de nous prononcer sur cet façon de faire, il est cependant utile de demander à l’organe de régulation du secteur des médias, d’inviter les uns et les autres à plus de retenue dans la publication des nouvelles venant du front.
Nous avons vu des situations similaires avec la presse américaine ou occidentale qui se réservait de faire état du théâtre des opérations et ne communiquer que ce qui était utile et nécessaire à leurs concitoyens. Les journalistes Camerounais n’en ont pas l’expérience, il serait temps qu’on organise une session de formation, une réunion d’échanges ou ce qui en tiendrait lieu afin que les uns et les autres se montrent plus responsables dans le traitement de ces informations-là. Des informations hautement sensibles et davantage stratégiques. Au lieu de se montrer très critiques sur les informations qui leur sont données, ils gagneraient à diffuser celles qui leur sont fournies en l’état et par patriotisme, quitte à y revenir plus tard pour rétablir la vérité. De mémoire de journaliste, cela s’est déjà fait plus d’une fois dans le monde. Jusqu’à ce jour, des informations continuent à nous parvenir sur la première guerre Mondiale ou sur la seconde alors que ces deux évènements ont eu lieu soixante-dix ans.
Entre volonté d’information de la population et tentative de démobilisation, il y a certes un douloureux choix à faire pour tout journaliste qui respecte les canons de sa profession mais c’est un choix circonstanciel qui ne ternit nullement la crédibilité ni des journalistes, ni de la profession. Il y va de la cohésion sociale, de l’intégrite nationale et cela n’a pas de prix.

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