Cameroun : le lamido de Garoua dément son implication pour la libération des détenus du Grand Nord

Le chef traditionnel nie la tenue d’une réunion autour de lui dans le but de revendiquer la libération de Marafa Hamidou Yaya, Iya Mohamed et Amadou Vamoulke.

Trois jours après la libération de l’ancien ministre de l’Eau et de l’Energie Basile Atangana Kouna, les esprits s’échauffent dans le Grand-Nord. Invoquant l’argument d’une justice à deux poids deux mesures, certains ressortissants de la région du Nord, demandent la libération des leurs détenus pour détournements de deniers publics.

Cette initiative reprise dans plusieurs documents et les réactions qui en découlent ont provoqué la sortie des autorités. En premier, le Lamido de Garoua. Dans un communiqué, le monarque tient à apporter « un démenti formel » à des « allégations » informant de la tenue d’une « prétendue réunion autour du lamido de Garoua, à laquelle auraient pris part certaines élites du Nord dont l’ex délégué du gouvernent, des députés à l’Assemblée nationale et  le waziri du lamidat de Garoua ».

Sa Majesté Ibrahim Elrachdini, dénonce en particulier le document signé d’un certain Haman Bello qui circule sur les réseaux sociaux. Pour lui, de telles «allégation » sont « dénuées de tout fondement », tout comme « une quelconque candidature liée aux élections avenir ». L’autorité traditionnelle les considère comme des « actes malveillants et ignobles qui n’engagent que leurs auteurs animés d’intentions malsaines et criminelles pour des buts inavoués », déclare-t-il. Aux dernières nouvelles, l’initiateur de marche projetée a été mis  aux arrêts lundi 1er août 2022.

son interpellation est survenue après que l’autorité administrative a été saisie d’une déclaration de marche pacifique. Dans une correspondance adressée au sous-préfet de Garoua 2, le fondateur de la confédération des associations des jeunes solidaires du Cameroun projette une marche dite pacifique.

A la lecture de la lettre, cette marche est prévue pour vendredi 12 août 2022. Elle a pour objet de remercier le chef de l’Etat pour la libération de Basile Atangana Kouna d’une part. D’autre part, à travers cette marche «  nous lui demanderons le même acte de générosité pour les nommés Marafa Hamidou Yaya, Amadou Vamoulké, Iya Mohammed », peut-on lire sur la copie qui circule sur la toile.

Cameroun : la difficile équation des frais médicaux de certains prisonniers VIP

L’univers carcéral camerounais compte de nombreuses anciennes hautes personnalités, qui sont traitées de manières différentes. Pendant que d’importantes sommes sont dépensées pour les évacuations sanitaires à l’étrangers de quelques-uns, d’autres sont abandonnées à la charge de leurs familles.  

L’Etat est essoufflé par les coûts d’hospitalisation des prisonniers. L’information est du journal Kalara. L’Hôpital Central de Yaoundé, l’Hôpital général et le Centre hospitalier de la CNPS croupissent sous les factures impayées par le trésor public des soins administrés aux prisonniers. Une situation qui pousse ces formations hospitalières à se faire payer par les malades au mépris des dispositions légales.

A propos de la santé des détenus, le cas le plus emblématique reste celui du Prof Gervais Mendo Zé dont les obsèques ont eu lieu samedi dernier, près de Sangmelima. Peu avant son décès, les images vidéo de l’ancien DG de la CRTV mourant, pesant à peine 50 kg, se faisant nourrir comme un bébé a fait le tour du monde. En faisant fuité ces images, l’activiste David Eboutou et la famille de nucléaire de Gervais Mendo Zé espéraient une évacuation sanitaire en Europe. Une magnanimité de l’Etat qui n’est jamais venu.

Hors, le guide des règles Mandela éditées par les Nations unies est ratifié par le Cameroun est formel : «  L’État ayant la responsabilité de ceux qu’il prive de liberté, il doit fournir des soins de santé en prison, et ceux-ci doivent être de même qualité que ceux dispensés dans la société. Dans le cadre des bonnes pratiques, les soins de santé en prison doivent être organisés en relation étroite avec les services généraux de santé, pour faciliter notamment la continuité des soins. Les Règles détaillent en quoi doivent consister les services de soins de santé en prison, y compris pour les enfants séjournant en prison avec leur parents ».  (Règles 24-29, 31)

Hors dans les faits, la prise en charge des détenus au Cameroun est discriminatoire. La nouvelle de la rétention de Jean Baptiste Nguini Effa  à l’Hôpital Central Yaoundé a fait le tour des réseaux sociaux la semaine dernière. Faut-il le rappeler, l’ex-DG de la Société Camerounaise des Dépôts pétroliers est un prisonnier VIP de la prison central de Kondengui, depuis 2008. Après un traitement de la Covid-19, commencé le 10 mars, il a pu se tirer d’affaire, après que son épouse ait payé la note, estimée à un million de Fcfa.

En fait, M Nguini Effa n’est pas le seul prisonnier à se retrouver confronté au problème du règlement de la facture des soins de santé non-payées. Jean Marie Atangana Mebara, Marafa Hamidou Yaya, Urbain Olanguena Awono, Iya Mohammed et bien d’autres sont des clients réguliers des hôpitaux de premières catégories, à savoir : l’Hôpital Central de Yaoundé, l’Hôpital général et le Centre hospitalier de la Cnps. Avant leur évacuation sanitaires au frais de l’Etat du Cameroun, Ephraim Inoni (Suisse) et Yves Michel Fotso (Maroc) faisaient partis des concernés. Mais, entre de temps, les choses semblent avoir changé.

L’Etat aurait de plus en plus du mal à solder les factures liées aux soins de  santé des prisonniers, contraignant les gestionnaires des hôpitaux à espérer des recouvrements sur les malades et leurs familles. Pour les personnalités d’un certain rang, il n y a que des chambres VIP pour les accueillir. Or, ce sont des chambres très onéreuses. Il faut par exemple 30 000 FCFA pour une seule journée d’hospitalisation au haut standing à l’hôpital central. En un mois, rien que pour les frais d’hospitalisation, on avoisine le million.

Cameroun : Marafa Hamidou Yaya écrit à la famille de Germaine Ahidjo

L’ancien ministre de l’Administration territoriale condamné à 25 ans de prison ferme pour « complicité intellectuelle » dans une opération de détournement de deniers publics, adresse ses condoléances à la famille de Germaine Ahidjo, l’épouse de l’ex-président du Cameroun, décédée le 19 avril à Dakar au Sénégal. Ci-dessous l’intégralité du message de l’ancien secrétaire général de la présidence de la République.

« Madame AHIDJO, veuve du premier Président de la République du Cameroun, s’est éteinte cette nuit à Dakar. Je dis bien « éteinte », car elle portait dans son cœur la flamme ardente de l’amour de son pays, une flamme que presque quarante ans d’exil n’avaient pas fait vaciller, et que seule la mort a fait tomber.

Ce qui reste vivant au-delà de sa disparition, c’est l’exemple des qualités qu’elle a su incarner dans son fier combat pour le retour de la dépouille de son mari dans sa terre natale et pour la réhabilitation de sa mémoire, ainsi que dans sa digne résistance aux épreuves de l’éloignement de sa patrie. Un exemple qui éclaire le chemin que doit suivre notre nation : celui de l’unité et de la réconciliation.

À sa famille et à ses proches, j’adresse mes condoléances émues et reconnaissantes, auxquelles se joignent, je le sais, les Camerounaises et les Camerounais.

Ayons à cette occasion une pensée de gratitude particulière pour le peuple et l’État sénégalais, qui ont prêté hospitalité et soutien au Président AHIDJO et à son épouse. Leur exil n’en a pas été moins cruel, mais il en a été moins pénible.«