Un Camerounais aux commandes de l’Association des banquiers de Maurice

Outre cette nomination, Mathieu Madeng sera également président du Global business de l’Ile Maurice.

 Le Camerounais Mathieu Madeng vient d’être nommé président de l’Association des banquiers de Maurice (MBA). Il sera également président  du Global business (Segment B) dans le même pays. «Je suis honoré d’avoir été choisi pour exercer ces fonctions deux ans après mon arrivée au sein du paysage bancaire et économique de Maurice. Je vais travailler pour être une voix efficace pour une industrie qui est  aujourd’hui l’un des principaux piliers de l’économie», a-t-il déclaré suite à sa désignation.

Ancien directeur général de la Standard chartered bank Cameroun, Mathieu Madeng avait été muté à l’Ile Maurice en 2015. Il était, avant cela, président de l’Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam).

Mathieu Madeng est né en 1964 au Cameroun.  Après des études primaires et secondaires passées en zone rurale, Mathieu arrive à Yaoundé où il va poursuivre des études en sciences économiques. Après sa licence, il se rend sur Bordeaux et obtient une maîtrise en sciences économiques puis un MBA en relations entreprises. Il poursuit sa formation à l’université d’Orléans où il décroche un master en contrôle de gestion.

Alors qu’il avait la possibilité d’intégrer l’entreprise France telecom, Mathieu Madeng choisit de débuter sa carrière dans le groupe BDE, une société de conseil en management évoluant dans la sidérurgie. Il y connaitra un plein succès et deviendra formateur consultant. Il revient au Cameroun dix-sept ans après et rejoint le groupe Citibank. Puis, en 2004,  il change de cap et s’engage auprès de la filiale camerounaise de la Standard Chartered Bank. Il en deviendra le CEO en 2007. Sous lui, la Standard Chartered Bank reçoit, en 2013, le prix du «meilleur placeur des titres publics» camerounais sur le marché de la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale).

Gabon: Ali Bongo met en garde l’opposition

Le président Ali Bongo a durci le ton au lendemain des violents heurts lors d’une manifestation interdite du parti d’André Mba Obame à Libreville

A l’occasion de son traditionnel discours à la nation, à la veille de la fête nationale de son pays qui se célèbre ce 17 août, le président Ali Bongo a fermement condamné la manifestation interdite organisée par l’Union Nationale (UN) d’André Mba Obame. Et qui s’est terminée mercredi 15 août par de violents heurts. « Je ne vais pas laisser notre pays entre les mains de ceux qui, après avoir été aux affaires et s’être illustrés par la trahison, la manipulation, l’enrichissement personnel, l’intolérance et le mépris des populations, veulent aujourd’hui casser et détruire le Gabon » A-t-il fait savoir. Avant de conclure « Force doit rester à la loi et force restera à la loi» Dans son discours, il fait une allusion à peine voilée à André Mba Obame, principal opposant et leader de l’UN récemment revenu d’exil, qui avait dénoncé « l’acharnement » du pouvoir à l’égard de sa formation politique.

Mercredi 15 Août, au moins dix personnes ont été blessées dans de violents affrontements entre policiers et partisans du parti dissout Union nationale (UN), dans la capitale gabonaise, Libreville. L’UN, de l’opposant André Mba Obame, récemment revenu d’un exil de quatorze mois, avait appelé à cette manifestation pour réclamer une conférence nationale. La police avait procédé à au moins une dizaine d’interpellations. Dans un premier bilan, l’opposition faisait état de 3 morts, avant de se ressaisir 24heures plus tard en avançant le chiffre d’un seul mort. Du coté du pouvoir, le président gabonais salue la « réaction mesurée » de la police, et avance qu’il y’a aucune victime recensée par le ministère de l’intérieur. M. Mba Obame a notamment lancé un vibrant appel à ses partisans: « Ou c’est la violence politique ou la conférence nationale. C’est le seul moyen de sortir le pays de la crise sans verser de sang». M. Mba Obame avait contesté la victoire à la présidentielle d’Ali Bongo, le fils de l’ancien président Omar Bongo, mort en 2009, et s’était autoproclamé président de la République en 2011, avant de se réfugier plus d’un mois dans une agence Onusienne, d’où il a été évacué en France pour suivre des soins médicaux.

La manifestation a dégénéré à Libreville et fait de nombreux blessés au moins.
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Gabon: Le président autoproclamé André Mba Obame perd son immunité parlementaire

Accusé de haute trahison et de tentative de déstabilisation des institutions, il risque la prison et la mort politique

André Mba Obame devient un citoyen gabonais ordinaire. L’Assemblée nationale a levé le jeudi 5 mai son immunité, lui qui s’était autoproclamé président du Gabon en janvier dernier, ouvrant ainsi la voie à une procédure de justice contre l’opposant qui a de son côté accusé le pouvoir de vouloir l’éliminer physiquement. L’Assemblée a levé l’immunité par 79 voix pour, 3 contre et 3 abstentions, lors d’un vote secret électronique sans surprise de l’Assemblée au sein de laquelle le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) détient une confortable majorité absolue. Ni M. Mba Obame, ni aucun membre de sa formation l’Union nationale (UN), n’étaient présents à la séance. Se déclarant menacé par le pouvoir, M. Mba Obame avait annoncé qu’il ne se rendrait pas à l’Assemblée. Il n’y a pas eu de débat contradictoire comme prévu mais une simple lecture en public du rapport de la commission qui avait entendu M. Mba Obame en avril. « L’Assemblée nationale autorise la justice à entendre le député sur les faits qui lui sont reprochés. Il (Mba Obame) reste député et peut siéger. Toutefois, il doit se présenter aux différentes » convocations du juge d’instruction, a résumé le président de l’Assemblée Guy Nzouba Ndama, membre du PDG.

Ex-ministre de l’Intérieur, ex-baron du parti au pouvoir, André Mba Obame s’était autoproclamé président du Gabon le 25 janvier et avait formé son propre « gouvernement». Il s’était ensuite réfugié pendant un mois au siège d’une agence des Nations unies à Libreville avec ses « ministres » et plusieurs cadres de son parti l’Union nationale (UN). M. Mba Obame revendique la victoire à la présidentielle d’août 2009 où il est officiellement arrivé troisième et qui a été remportée par Ali Bongo, selon les résultats contestés par l’opposition. Les autorités avaient dissous l’UN le 27 janvier et demandé la levée de l’immunité parlementaire estimant que « M. Mba Obame et consorts ont porté atteinte à l’ordre et la sécurité publique, à l’autorité de l’Etat et au crédit de la Nation », selon la ministre de la Justice Ida Reteno Assonouet.

Accusé de haute trahison et de tentative de déstabilisation des institutions, André Mba Obame court les risques tels que la prison et la mort politique. La levée de son immunité étant le dernier verrou qui a sauté, au moment où l’intéressé, animait une conférence de presse au siège de l’ex Union Nationale (UN), l’honorable André Mba Obame devient simple citoyen devant la loi. Rappelons que le 13 avril dernier, l’ancien Ministre de l’Intérieur était entendu en commission par ses collègues. Certains analystes avaient, au lendemain de l’auto proclamation de M. Mba Obame, estimé ne pas laisser cet acte impuni.André Mba Obame a confié qu’il n’entendait pas être jugé par un tribunal correctionnel: « J’ai posé un acte politique, j’attends des réponses politiques. Si la réponse est judiciaire, il faut que ce soit devant les juridictions compétentes », suggérant la Cour de sûreté de l’Etat ou une Haute cour. « En attendant, je continue mon action politique. Je ne m’interdis rien, ni meeting, ni tournée. Je serai chez moi, qu’on vienne me chercher », a-t-il conclu.

André Mba Obame risque la prison

Un ex-colonel de l’armée équato-guinéenne arrêté au Cameroun

L’ancien lieutenant-colonel Cipriano Nguema Mba qui s’était évadé de prison en guinée équatoriale a été retrouvé

Retrouvé après 14 jours d’évasion
Selon une information relayée ce mardi 26 octobre 2010 par la presse espagnole, l’ex lieutenant-colonel qui est aussi le neveu du président Teodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale, a été arrêté au Cameroun. Il avait été disgracié et jeté à la prison d’Evinayong en Guinée équatoriale, avant de s’évader il y a quelques semaines. Le journal La Météo qui selon la presse espagnole a donné l’information affirme que cet ex-colonel a été arrêté dans un contexte où pèse sur lui de lourds soupçons de tentative de coup d’Etat. Cipriano Nguema Mba, aurait été arrêté vendredi après-midi par des membres de la police camerounaise au cours d’une vérification de routine, selon le rapport. Le journal note que l’ancien soldat après sa dernière évasion, se réfugiait au Cameroun. Des sources rapportent que suite à son évasion, le président Obiang Nguema aurait offert une récompense d’un million de dollars à celui qui arrêterait son neveu. En revenant au Cameroun, indique le journal La Météo, Cipriano Nguema pensait qu’il pourrait bénéficier de la protection du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

L’ancien soldat était en disgrâce depuis Octobre 2003 avec un autre de ses oncles, le général Agustin Ndong Ona. Après avoir été accusé d’avoir conspiré contre le gouvernement, il avait fui le pays en novembre de cette année-là, avec une somme d’argent estimé à un demi-milliard de FCFA. Selon des sources proches du pouvoir en guinée équatoriale, c’est durant son exil au cours duquel il avait effectué un bref séjour en Espagne qu’il aurait conspiré contre son oncle l’actuel président Obiang Nguema Mbazogo. C’était en mars 2004. Alors qu’il séjournait au Cameroun, il a été condamné par contumace par un tribunal de Bata, pour son implication avec une centaine d’autres personnes. En Octobre 2005, le procureur du tribunal militaire de Bata avait requis la peine de mort pour lui et cinq autres accusés. En octobre 2008, l’affaire Cipriano Nguema Mba rebondit à nouveau, lorsqu’il est arrêté au Cameroun par deux policiers qui l’ont remis à l’ambassade de Guinée équatoriale à Yaoundé, sans attendre les instructions du gouvernement camerounais. Il sera ensuite transféré en Guinée équatoriale dans un véhicule de l’ambassade et détenu à la prison de Black Beach. Une situation qui à son époque avait frôlé l’incident diplomatique entre la Guinée équatoriale et le Cameroun lorsque le gouvernement avait sévèrement puni les deux policiers impliqués. Il était revenu au Cameroun par la suite où il avait, apprend-on, obtenu le statut de réfugié par le HCR.


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Journaliste, consultant en communication, littéraire, conseiller d’affaires, poète… Thierry Mouelle II est un multicartes

Alors qu’il vient d’obtenir un International Executive MBA qui lui ouvre d’autres horizons, il a accepté de nous parler de lui. Entretien

Pendant longtemps journaliste et Conseiller en communication stratégique, on vous a retrouvé dans la peau d’un romancier avec « Le Pharaon Inattendu », un livre bien accueilli par les critiques. Aujourd’hui Consultant en Management International, vous êtes, entre autre, titulaire d’un International Executive MBA. Et si on vous demandait, qui est Thierry Mouelle II ?
Je suis né au Cameroun il y a une quarantaine d’années et je vis actuellement à Paris. J’ai commencé ma carrière professionnelle comme journaliste politique et économique même si j’ai toujours versé dans la sociologie, la sémiologie, la philosophie et la poésie. J’ai embrassé le journalisme par la passion du partage de la connaissance et de l’information. J’ai travaillé à la CRTV radio pendant trois ans. Ensuite, j’ai été recruté comme chef des services politique et économie à Génération, un hebdomadaire d’enquêtes et d’analyses qui paraissait à Yaoundé. Je travaillais aux côtés de feu Vianney Ombé Ndzana, Directeur de publication; Maurice Kamto, Administrateur délégué, feu Mongo Béti, Éditorialiste et Ambroise Ebonda, chef des services société et investigations. Je me suis assez vite rendu compte que la ligne éditoriale affichée contrastait profondément avec la réalité interne du journal.

Que s’est-il passé par la suite ?
J’y ai passé deux ans et je suis allé créer mon propre journal, Grands Horizons, un bimensuel. C’est à cette même époque qu’Ambroise Ebonda est également parti au journal Le Messager comme Rédacteur en Chef. Dans le contexte de remous sociopolitiques de l’époque et les sacrifices que cela demandait en termes de courage de positionnement, certaines grandes plumes du paysage médiatique camerounais, pour l’entretien de leur talent, d’autres pour m’apporter leur aide, ont contribué qualitativement au journal bien que ce fût essentiellement sous des pseudonymes. À ma satisfaction, ils estimaient que le ton et le format périodique de Grands Horizons étaient plus à même d’aller au fond des sujets. Quelques acteurs de la vie publique, ou du moins ceux qui souvent se présentaient comme tels, virent notre approche d’un mauvais il. Vous savez, beaucoup d’actes légalement ou moralement répréhensibles sont souvent posés par des individus zélés ou de moralité douteuse et qu’une certaine presse, par facilité, a tôt fait de mettre sur le dos personnel du Chef de l’État. J’en ai eu plus d’une preuve à l’époque. Ces acteurs politiques usaient de tout, y compris de la violence, pour que leurs abus ne soient pas rendus publics. Certains de ces acteurs sont aujourd’hui décédés ou ne sont plus au pouvoir par effet de renouvellement de l’élite gouvernante, d’autres sont en prison pour des actes que nous dénoncions déjà à l’époque.

Et comment cela se passait du côté de l’Opposition ?
À l’analyse, on avait du mal à cerner ses vraies motivations. En dehors d’une très forte agitation dans la rue, sa feuille de route politique manquait de clarté, comme si elle ne savait que faire du statut qui faisait d’elle, comme dans toute démocratie, l’incarnation « naturelle » de l’alternance. Beaucoup égrenaient une liste d’écarts politiques et socioéconomiques, qu’à leurs yeux, le Pouvoir ne cessait de creuser, ce qui était loin de les dédouaner des mêmes pratiques décriées. L’on avait l’impression qu’il s’agissait d’un règlement de compte entre princes d’une même famille, ou des leurres censés nous détourner de la priorité essentielle: la consolidation des frêles acquis démocratiques. Nous sortions à peine de longues années de censure administrative et de liberté sous contrôle! Directeur de journal, je rencontrais des décideurs au Pouvoir comme au sein de l’Opposition. S’il était clair pour le Pouvoir qu’on ne gère pas un État comme on gèrerait une épicerie, et que l’instabilité de la conjoncture économique internationale exigeait de réajuster constamment les plans de croissance de l’économie nationale et de redéfinir les priorités budgétaires, du côté de l’Opposition, j’avais fini par me lasser d’entendre le même slogan « Biya doit partir ». A la question de savoir ce qu’ils feraient à la place, vu la pertinence des arguments avancés par le Pouvoir pour justifier la flexibilité de ses actions, la réponse rendait perplexe : « Qu’il parte d’abord, ensuite on verra ».

A votre avis, quelles étaient les raisons d’une telle attitude ?
Peut-être une panne d’imagination ou l’Opposition manquait-elle de clairvoyance politique. Un troisième facteur y a sans doute joué un rôle clé: l’absence d’une vision stratégique à la fois globale et séquentielle dans l’esprit des décideurs. Tout le monde ne voyait pas demain comme un jour à construire, mais comme une fatalité. Demain sera là, quoiqu’on veuille. Peu importe son contenu. De même qu’il était de mon devoir d’analyser avec froideur ce que les faits me poussaient à relever comme sujets de dangerosité quant à la cohésion nationale, ce qui devait attirer l’attention des gouvernants, de même je ne faisais aucune concession au manque de responsabilité de certains membres de l’Opposition. Dans le cadre de mes missions de Consultant en Communication Stratégique, j’ai fait une série de propositions sur ce que devrait être la gestion stratégique de quelques dossiers conflictuels, et comment le marketing politique du Cameroun pourrait être envisagé sur le plan international pour donner de la voix au droit qui était déjà de notre côté sur ces sujets précis.

Comment ces propositions ont-elles été accueillies ?
Favorablement. Les politiques qui m’avaient approché me savaient conscient du caractère sensible de ces dossiers. Je partageais avec eux l’idée que lorsque le pays était attaqué dans son intégrité, il revenait à chacun de ses enfants de le défendre sans réserve, chacun avec ses armes, mais coordonnées par le décideur suprême, le Chef de l’État. J’appelle cette période, l’État d’Urgence Patriotique. Une fois la paix et la sécurité restaurées, chacun pouvait reprendre ses activités normales. En ce qui me concerne, il s’est toujours agi de séparer mes activités de Directeur de journal de celles de Consultant en Communication. Certaines personnes cernaient mal la différence, tant au sein du Pouvoir que de l’Opposition. Pour elles, un journal ne pouvait être indépendant que d’un bord et non de l’autre. Être indépendant des deux, était absurde. Le clivage informationnel était tel que pour beaucoup, on devait être soit du côté du Pouvoir, soit de celui de l’Opposition. Un peu comme devant un pavé mosaïque en noir et blanc, je quêtais perpétuellement la zone grise. Certains donnaient au mot « indépendance » le sens politique de sortie d’un système d’asservissement (ou de refus du futur asservissement qu’ils voyaient venir avec l’Opposition) et non celui d’absence de parti pris. L’indépendance journalistique se résumait à saper l’action du Gouvernement, ou celle de l’Opposition, peu importait sa pertinence. Certains journalistes dits « indépendants » se faisaient ainsi les principaux porte-voix du programme « Biya doit partir » imaginé par l’Opposition. Ou celui, simpliste, de « Fru Ndi est un illettré », imaginé par des universitaires proches du Pouvoir. À la suite de quoi, des directeurs de journaux « indépendants » se sont vu ministre des finances, du budget ou de Responsable de la Communication Présidentielle de l’après-Biya qu’on disait alors inéluctable. Certains journalistes « indépendants » eux aussi, mais travaillant pour le Pouvoir, se mirent à attendre les fruits de leur « indépendance » en traquant la moindre rumeur relative à leur nomination à la tête de la Sopécam, la CRTV, ou même, bonheur suprême, leur entrée au gouvernement. J’étais de ceux qui décriaient cette indépendance dépendante. Mais le Cameroun n’était pas prêt pour une information dépassionnée ; je ne sais pas s’il l’est déjà. Quelques professionnels comme Mutations ou Le Jour, montrent la voie. Le ministère de tutelle s’échine à clarifier le jeu, mais ce n’est pas facile. La course à la mangeoire n’a jamais épargné les milieux de la presse camerounaise.

Thierry Mouelle II
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Et puis vous avez quitté le Cameroun. C’était en 1998. Voulez-vous revenir sur les circonstances de ce départ ?
Non, le passé, c’est le passé. Seul l’avenir m’importe et je compte y intégrer tout le monde de bonne volonté. Ce n’était pas facile de venir d’Afrique et se faire accepter dans le cercle élitiste de journalistes français. J’avais vingt-neuf ans. Mon parcours rapide faisait peser un soupçon de faux sur mon CV. Parfois, je me sentais presque coupable d’être ce que je suis. Je fais à peine quelques piges dans les journaux associatifs qui souvent « oublient » de payer. J’écris pour un grand quotidien pour une saison ; je vends du contenu aux groupes de presse et de l’audiovisuel. Exercer en tant que journaliste en France quand on est d’origine africaine est extrêmement difficile. Ce n’est pas déjà facile pour les nationaux qui peuvent rester des années simples pigistes ou intermittents de spectacle alors qu’ils sont de vrais professionnels.

Comment avez-vous réagi face à ces difficultés ?
Il fallait opter pour de nouvelles perspectives avec des références françaises. Je suis retourné à l’Université pour faire un Bac+5 en informatique, réseaux et gestion de projets. Cela m’a permis plus tard d’administrer et de diriger la rédaction du site www.Africafoot.com pendant quelques temps de même que celle de la chaîne de Télévision 3A Telesud, où j’ai travaillé à la refondation de la formule en tant que Rédacteur en Chef et éditorialiste.

Et puis, une rencontre va tout changer. Radicalement. Racontez-nous.
À l’occasion d’un dîner-débat dans lequel j’intervenais sur l’économie internationale, je fais la connaissance d’un haut responsable de la Société Générale. Mon parcours l’intéresse, et il me recrute comme analyste chez Groupama Banque, une joint-venture que la SG mettait sur pied avec le géant de l’assurance Groupama. C’était fin 2002, début 2003. Formé à l’ouvrage et suivant des stages appropriés, je suis référent dans une équipe d’analystes de crédits. Je passe ensuite responsable des crédits aux particuliers, aux PME agricoles et aux Travailleurs Non Salariés, dès lors que ces crédits franchissent le seuil de 21 500 euros ou que le profil du client s’avère atypique et requiert une analyse de risque plus approfondie. En 2004, j’ai pour mission d’étudier et de proposer à la banque les mécanismes de mise en place de nouvelles normes de gestion de risque telles qu’émises par le Comité de Bâle, notamment Basel II, volets I & II. Basell II contraint les établissements à réorganiser en profondeur les métiers, à créer de nouveaux services, et à élever le niveau de formation et de sensibilisation aux fraudes et blanchiments d’argent. La systématisation de la diffusion du savoir au sein de la banque devient un facteur de sécurité, de qualité et un sérieux gage de fidélisation de la clientèle.

Votre transition du journalisme à la banque semble donc définitive.
En effet. Les bases du projet Basel II posées, je suis chargé par le Directoire de créer une Unité de Management de la Connaissance, en 2006. Le projet exige une forte connaissance des métiers de la banque en général, la gestion des bases de données dynamiques, les réseaux informatiques, et un savoir-faire rédactionnel. À l’ouvrage, je réalise le degré d’interrelation conjoncturelle existant entre les métiers de la banque et les métiers de l’assurance des biens et des personnes. Dès la fin des années 1990, les banques avaient débordé de leur périmètre traditionnel d’établissements de crédit pour rogner dans le domaine réservé des assurances dans le but de saturer la clientèle. Ce nouveau modèle économique appelé bancassurance, très étendu au sud de l’Europe, et quasi inconnu aux États-Unis et au Japon, a fortement contribué à l’atténuation des effets du crash financier de 2008-2009 sur les banques françaises.

Comment la bancassurance a-t-elle pu amortir le choc du crash financier en France ?
Le fait d’avoir une réserve de liquidité décentralisée dans leurs Unités d’Affaires Stratégiques que sont les comptoirs d’assurance, a permis aux banques françaises de garder une main sur l’économie réelle, contre la volatilité de l’économie spéculative des fonds de pensions issue du model de Wall Street. Elles ont pu ainsi contrebalancer les pertes. Le revers de la médaille, c’est que la bancassurance, en empiétant dans le domaine réservé des assureurs classiques, a contraint ces derniers à réagir. C’est ce qui poussa Groupama Assurance à requérir un mandat IOB (Intermédiaire en Opérations Bancaires) et à imaginer la création d’une banque en 2001.

Cette fois, il s’agit de l’assureur qui se fait banquier ?
Oui, et cela s’appelle de l’assurbanking. Mais les assureurs supposés distribuer les produits bancaires dans leur réseau n’y connaissent rien ;